Sous le Chêne | Under the Oak Tree
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Max voulait réconforter Idcilla et lui dire que tout irait bien, mais elle avait peur d’ouvrir la bouche et d’attirer une attention non désirée.

Toutes les femmes étaient couvertes par leurs robes qu’elle ne pouvait pas voir clairement leurs visages mais la plupart d’entre elles étaient des jeunes femmes. Et elles aussi étaient tendues comme des pierres durcies, chaque fois que le chariot se balançait en roulant sur une surface rugueuse, elles s’ébranlaient comme des cailloux dans un sac.

Max s’appuya contre la paroi du wagon et regarda par la fenêtre. Des dizaines de chariots remplis de provisions s’alignent pour sortir de la grande porte de la ville en une file organisée.

“Combien de temps faut-il pour atteindre le château de Servyn ?”

Idcilla a soudainement ouvert la bouche. Même si sa voix était un son doux, elle sonnait fort contre le silence que les yeux de tous volaient vers elle.

Max avait peur que quelqu’un les ait déjà reconnus, mais Selena a répondu calmement.

“Environ une semaine à 10 jours.”

“Je ne pensais pas que ce serait aussi loin quand je l’ai regardé sur la carte….”

“Avec une poignée de troupes et des fournitures à transporter en chariot, cela prend beaucoup plus de temps.”

Après leur échange, le silence a immédiatement envahi à nouveau le chariot. Seul le bruit des sabots des chevaux, le cliquetis des roues et le bruissement occasionnel des armures des soldats emplissaient l’air.

La lueur de l’aube s’est infiltrée dans l’atmosphère tendue. L’unité a franchi les portes de la capitale et, à un moment donné, s’est arrêtée dans un champ.

“Pourquoi on s’arrête ? Nous venons de partir.”

Idcilla murmure nerveusement. Max a remarqué qu’elle s’inquiète qu’ils soient découverts dans leur déguisement.

“Les chevaliers de l’archiduc Aren vont nous accompagner.” Selena lui a rapidement expliqué en chuchotant pour apaiser ses inquiétudes.

“J’ai entendu dire que l’archiduc sera aux commandes de cette procession. Comme nous avons une quantité excessive de nourriture avec nous, des gardes supplémentaires sont nécessaires pour assurer la sécurité.”

A l’explication de Selena, les visages d’Idcilla et de toutes les autres prêtresses ont soupiré de soulagement. Seul Max s’est recroquevillé. Si ce que Selena a dit est vrai, alors elle devra éviter le regard de l’archiduc jusqu’à ce qu’ils atteignent le château de Servyn dans 7 à 10 jours.

Max s’est mordue la lèvre. Elle voulait prendre des contre-mesures et mettre Selena et Idcilla au courant, mais elle n’osait pas parler, craignant d’être découverte par l’une des prêtresses. Elle avait peur que quelqu’un la reconnaisse grâce à son bégaiement très particulier.

Max est devenu très méfiante et n’a pas dit un seul mot. Quand midi arriva, les soldats et les chevaliers s’arrêtèrent dans un grand champ de mauvaises herbes pour manger. Les prêtresses ont immédiatement commencé à distribuer de la nourriture aux hommes. Comme Max et Idcilla cachent leurs identités nobles, elles se sont également joints à la tâche assignée.

Elles distribuèrent du pain, du fromage et du vin aux hommes, puis de la nourriture aux prêtres. Après avoir terminé, les prêtres se sont rassemblés près de la rive et ils ont mangé leur propre nourriture.

Max s’est assis avec Idcilla et a mâché le pain d’orge rassis qui raclait le toit de sa bouche.

En marchant sous la lumière intense du soleil, des perles de sueur se sont formées autour de son nez et la chaleur qu’elle ressentait sous ses robes était semblable à celle d’un sauna. Mais peu importe à quel point son visage était rouge à cause de la chaleur emprisonnée, elle n’osait pas enlever sa capuche pour laisser entrer la brise.

Elle se concentrait sur sa nourriture et surveillait attentivement son environnement. Les chevaliers de l’archiduc étaient à l’avant et à l’arrière de l’énorme procession. Elle serait capable d’éviter d’être vue par eux si elle est prudente.

“Nous avançons trop lentement.”

Idcilla se plaignait après être revenue se laver le visage et les mains dans la rivière.

“Si le temple découvre notre absence trop tôt, ils vont vite nous rattraper à la vitesse à laquelle nous voyageons.”

“Vous avez dit que… Vous vous étiez occupé de tout avant de partir.”

Max, qui était constamment sur ses gardes, demanda à voix basse. Bien que personne ne puisse entendre puisqu’ils étaient assis à une certaine distance, elle s’inquiétait quand même du pire.

“Je l’ai fait. Mais il y a toujours la possibilité que quelque chose se passe mal.”

“Mais qu’est-ce que tu as fait ?” Selena a demandé avec une mâchoire serrée, mais Idcilla a juste haussé les épaules.

“J’ai payé des gens pour qu’ils se fassent passer pour nous. Dès l’aube ce matin, elles rejoindront les autres dames et feront comme si elles rentraient chez elles dans des calèches louées.”

Selena a ri, stupéfaite par ce plan ridicule. “Il est impossible que le temple central se laisse prendre à un plan aussi boiteux. Ils auraient sûrement tout compris depuis le temps.”

“Ce serait vrai si la guerre n’était pas de cette ampleur. Mais pour l’instant, ils ne peuvent pas se permettre d’y prêter attention. Si deux femmes de notre corpulence portent un voile et montrent leurs papiers d’identité, elles monteront facilement dans le carrosse. J’ai aussi payé le cocher.”

Selena soupira d’exaspération. “Lady Alyssa ne le saura pas ?”

“Elle est complètement dans son propre monde en ce moment. Elle peut trouver étrange que je sois rentrée chez moi sans lui parler, mais tant que les prêtres lui diront que je suis rentrée chez moi… elle sera convaincue.” Puis Idcilla a ajouté avec amertume. “Je prie seulement pour qu’elle ne reprenne pas ses esprits trop tôt… sinon elle se méfierait de mon comportement et contacterait ma famille…”

Les sourcils de Selena se froncèrent devant le plan fracturé d’Idcilla, puis elle se tourna vers Max.

“Et la dame ?”

“J’ai… laissé une lettre… disant qu’Idcilla m’a invité… à rester avec elle. Et en parlant de ça…”

La personne à qui elle a adressé la lettre est avec eux en ce moment. Elle a soupiré un moment puis a finalement avoué.

“La personne… qui était censée veiller sur moi… est l’archiduc A-Aren. Il est proche de mon mari… et mon mari m’a confié à lui avant de partir à la guerre…”

A cette nouvelle révélation, un moment de silence suspensif les traversa. Selena se serra brusquement la tête en signe de frustration et gémit bruyamment tandis qu’Idcilla se caressait le menton pensivement.

“Ne vous inquiéter pas. Personne ne fait attention aux prêtresses. Nous sommes à l’arrière et elles sont à l’avant, donc tant que vous ne vous approchez pas trop de lui lors de la distribution de la nourriture, tout devrait bien se passer.”

Idcilla la réconforta avec son optimisme habituel.

“V-vous le pensez ?”

Idcilla a hoché la tête avec enthousiasme.

“En fait, c’est mieux. Si Sa Grâce a reçu la lettre, cela ne fera que compliquer les choses car il pourrait vérifier si vous êtes bien chez moi, dans ma maison. Les prêtres ne passeraient pas par ce détail.”

Ses paroles semblaient plausibles, et Max sentit qu’elle retrouvait un peu de son calme, finissant sa part de pain. Une fois le déjeuner terminé, l’expédition se poursuivit sans tarder.

Max monta dans l’étroite voiture où il n’y avait même pas la place de se dégourdir les jambes jusqu’au coucher du soleil. Tout le corps de Max était raide et souffrait de crampes, et de la sueur froide dégoulinait sur ses joues, mais c’était plus fort qu’elle. Elle a reposé ses hanches palpitantes sur une épaisse couverture pendant un moment.

Elle était absolument épuisée mais elle n’avait pas le temps de se reposer car elles devaient aider à monter le camp. Pendant que les chevaliers et les soldats s’occupaient des chevaux et arpentaient la région, les femmes étaient chargées de préparer les feux et le dîner.

Max suivit les traces des prêtresses et ramassa des branches sèches et de la paille pour le feu. Idcilla aida à apporter de l’eau pour remplir le chaudron et ramassa des pierres pour construire un poêle de fortune.

Mais ce n’est pas tout. Ils devaient préparer les ingrédients, les faire cuire, puis les distribuer. Ce n’est qu’après qu’ils s’asseyaient près du feu pour déguster la soupe copieuse et les pommes de terre rôties.

Dormir sur le sol couvert de couvertures était inconfortable, mais Max n’est pas en position de se plaindre. Elle a fermé les yeux et a essayé de s’endormir sous le ciel clair et étoilé.

Le lendemain matin, elle s’est réveillée avec cinq piqûres de moustiques sur ses doigts et ses mollets. Des fourmis rampaient également sur la jupe de sa robe et son dos était couvert de terre. Le repos qu’elle a acquis ne correspondait pas vraiment à du sommeil, c’était plutôt comme fermer les yeux.

Après s’être lavé le visage, elle est remontée dans la voiture. La journée se déroula dans la même routine monotone. Ils partaient à l’aube, s’arrêtaient à midi pour déjeuner, et repartaient immédiatement après.

Comme l’avait dit Idcilla, l’archiduc ne regarda même pas dans sa direction. Max l’a vu parcourir les environs avec ses chevaliers à la recherche de monstres, mais aucun d’entre eux n’a jeté un regard aux prêtresses en tenue terne. Personne ne se souciait d’elles.

Grâce à cela, Max a pu se détendre et s’adapter aux exigences de l’expédition. Étonnamment, Idcilla était celle qui avait le plus de mal à s’adapter.

Elle ne pleurait pas et ne se plaignait pas, mais chaque nuit, elle se tournait et se retournait, et l’étroitesse était difficile pour elle, qui avait de longs bras et de longues jambes.

“Le voyage risque d’être plus long que je ne le pensais.”

Selena a commenté avec une expression anxieuse en regardant le visage pâle et fatigué d’Idcilla.

“J’ai entendu les chevaliers dire qu’ils prenaient la route la plus longue vers Servyn par sécurité. Est-ce que ça ira ?”

“Bien sûr.”

Idcilla a répondu sans hésiter.

“Je peux m’adapter comme tout le monde.”

L’orgueil de la jeune fille était si féroce que tout acte de compassion et de sollicitude à son égard était intolérable. Cependant, lorsque Max a préparé une tisane pour l’aider à dormir, Idcilla n’a pas refusé. À en juger par le teint d’Idcilla le lendemain matin, elle semblait avoir réussi à dormir profondément.

Elles montaient dans le wagon qui se balançait violemment. Chaque fois que le wagon se secouait et se balançait, toutes les femmes rebondissaient sur leurs sièges. Et quand la voiture se balançait dans l’autre côté, elles étaient toutes projetées sur le côté du véhicule comme des cailloux roulants. Il n’y avait pas un centimètre de peau qui n’était pas couvert d’ecchymoses à cause de ce trajet difficile.

Quand ils ont finalement approché de leur destination, Max a réalisé que le voyage avait été étonnamment et suspicieusement paisible. Comme si cela portait la poisse, le son d’une flûte aiguë résonna dans le cortège, et tous les carrosses se mirent immédiatement à trembler violemment comme si un tremblement de terre avait éclaté. Des cris provenant de partout lui transpercent les oreilles.

Max s’est accrochée au rebord de la fenêtre pour ne pas tomber sur le plancher du carrosse et a regardé par la fenêtre. Les soldats se précipitent vers leurs chevaux et dégainent leurs épées à l’unisson. Max a vite compris pourquoi. Des monstres géants vert foncé se sont précipités vers eux, provoquant une tempête de poussière avec leurs pas.

La horde de monstres a mis les hommes en émoi et les a poursuivis comme des taureaux enragés. L’arrêt soudain de la voiture les a fait se précipiter à l’intérieur, et Max est tombé sur le sol, tremblant. Les rugissements tonitruants des trolls frappaient ses oreilles comme un fouet.

“Tout le monde ! Prenez vos affaires et sortez maintenant !”

Le soldat leur a crié en ouvrant la porte. Les femmes étaient serrées les unes contre les autres, sanglotant de peur alors qu’il les forçait à sortir.

“Nous ne pouvons pas mettre une barrière sur chaque chariot. Si nous nous rassemblons tous au même endroit, nous pourrons construire un bouclier magique pour tout le monde. Dépêchez-vous !”

Elles ont attrapé leurs sacs et ont sauté de la voiture à l’ordre de l’homme. Les soldats ont conduit les prêtresses au centre de la procession.

Max avait du mal à suivre, car elle luttait pour trouver son équilibre dans le chaos. Cependant, au moment où les trolls sont apparus, ses jambes se sont figées de peur. Sans les réflexes rapides de Selena, elle se serait effondrée sur le sol.

Max s’est laissé guider comme un mouton alors qu’elles se faufilaient à travers la foule des gens. Une fois que tous les sans-défense ont été rassemblés en un seul endroit, les prêtres de haut rang ont immédiatement jeté une barrière autour d’eux avec de la magie divine.

Max s’accroche à Idcilla et regarde autour d’elle, les yeux déconcentrés sur le chaos qui se déroule devant eux. Les monstres vert foncé revêtus d’une armure de fer balançaient leurs massives masses et les corps des soldats volaient dans les airs comme de simples épouvantails.

Max hurle en voyant le sang qui gicle partout. La taille des trolls est deux à trois fois plus grande que celle des hommes.

Les chevaliers se sont précipités en avant à une vitesse incroyable pour trancher les corps des trolls, mais les monstres n’ont même pas bronché. Lorsque Max a vu la blessure se refermer en quelques secondes, ses yeux se sont assombris d’une peur inexplicable.

Ce qu’elle avait lu dans les livres était complètement différent dans la vie réelle. Comment, sur cette terre, les humains ont-ils pu combattre des êtres aussi monstrueux et dotés d’une force aussi formidable ?

D’un coup de marteau de fer, le géant écrase une poignée de chevaux de guerre. Max réprima à peine l’envie de vomir et serra les yeux. Même Idcilla s’est accrochée à Max comme si elle était au bord de la mort.

À ce moment-là, la voix rugissante de l’archiduc Aren leur a percé les oreilles.

“Les renforts sont arrivés ! Reprenez tous vos esprits !”



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