Sous le Chêne | Under the Oak Tree
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Max était complètement perdue en voyant la détermination dans les yeux de la jeune fille. Idcilla, qui avait quatre ans de moins qu’elle, était cent fois plus courageuse qu’elle. Se sentant mal à l’aise sous son regard, Max détourne le regard.

“I-Idcilla, il n’y a aucune raison pour que vous… partiez jusque là-bas.”

“Pourquoi pas ?” Idcilla a répondu sèchement. “Parce que je suis une noble et une femme ? Ce n’était pas mon choix d’être l’un ou l’autre.”

“Si quelque chose vous arrive I-idcilla… votre famille sera dévastée.”

“Cela s’applique à tout le monde. Les gens qui partent à la guerre laissent tous leur famille derrière eux. Tout le monde supporte le même sacrifice.”

Max ne pouvait que se taire. Il lui est soudain venu à l’esprit que tout le monde ne supporterait pas la même souffrance. Si Riftan tombait, elle le pleurerait de tout son cœur. Mais ce ne serait pas le cas pour elle, ni le duc de Croix ni Rosetta ne cilleraient devant son cadavre froid.

Tout à coup, Max a senti sa gorge se serrer. La voix de Riftan disant qu’elle était sa seule famille résonnait dans ses oreilles.

En ce moment, la seule personne qui me considère comme une famille se bat dans un endroit dangereux, qu’est-ce que je fais ici ? Quel est l’intérêt de vivre pendant cent ans si je ne le revois pas ?

Alors que Max était perdu dans ses pensées dépressives, Idcilla a commencé à parler de son but.

“L’année dernière, mon frère a souffert d’une grave blessure au bras droit lors d’une joute. Bien qu’il ait été soigné par la magie divine, les séquelles n’ont pas disparu et sa main trembler de temps en temps. Lorsque l’ordre de rejoindre l’expédition est arrivé, toute la famille s’est battue pour l’empêcher de partir. Malgré cela, il a choisi d’honorer son honneur de chevalier. Alors pourquoi je ne peux pas être comme mon frère aussi ?”

Il y avait de la colère dans le ton d’Idcilla, et Max fit de son mieux pour apaiser son agitation.

“I-Idcilla, il n’y a pas besoin de prendre une décision irréfléchie… à cause de l’indignation que tu ressens pour ton frère.”

“Je ne fais pas cela parce que j’ai de la rancoeur envers Elba. Peu importe ce que dit la Dame, ma décision ne faiblira pas.” La jeune fille a dit en levant obstinément le menton. “Je n’ai pas révélé cela à la dame parce que j’étais indécise sur mon départ. L’unité de soutien part dans cinq jours. Avant de partir, j’ai l’intention d’apprendre au moins un sort de guérison utile. Je sais que le temps restant est court, mais je veux emporter avec moi ce que je peux apprendre. Est-ce que vous m’aiderez ?”

Les lèvres de Max sont restées fermées. Elle avait l’impression qu’un typhon se déchaînait actuellement dans ses pensées. Tout lui criait d’informer immédiatement les prêtres et Alyssa du plan irréfléchi d’Idcilla, mais son cœur lui disait quelque chose de complètement différent.

Elle ouvre la bouche, mais rien ne sort. Après avoir bégayé pendant quelques instants, elle finit par lâcher sa réponse. “Je… je… je vais venir avec toi aussi.”

Même elle était choquée par sa propre déclaration. Riftan ne l’avait-il pas suppliée de rester ici et d’attendre ? Max pouvait pratiquement voir le visage enragé de Riftan devant elle en ce moment. En fouillant dans sa poche, Max a touché le shekel nerveusement. Idcilla lui offre un sourire incertain.

“Je pense que Dame Calypse est plus impulsive que moi. Il n’y a pas besoin de vous mettre la pression pour que vous veniez.”

“Peut-être… Je suis irrationnelle. Cependant…”

Max ne savait pas comment justifier son raisonnement et Idcilla s’est également tue. Idcilla semblait en conflit avec la question de savoir si elle pouvait entraîner quelqu’un d’autre dans une expédition dangereuse. Après un moment d’hésitation, Idcilla a repris la parole.

“Pour moi, il n’y a que deux options : rentrer à la maison ou rejoindre l’unité de soutien. Les prêtres prévoient de renvoyer chez elles la plupart des dames qui restent au monastère. Bientôt, je serai appelée à rentrer immédiatement à la maison. Quand cela arrivera, il sera encore plus difficile de recevoir des nouvelles des forces alliées. Je ne pourrai pas le supporter. Cependant, la Dame peut rester au monastère, elle n’a donc pas à prendre le même risque que moi.”

“C-Ce n’est pas vrai… Moi aussi…” Max se mord la lèvre.

La douleur dans son cœur s’accumulait maintenant au point de devenir insupportable. Elle regrettait vraiment d’avoir été laissée derrière et de ne pas avoir fait plus d’efforts pour persuader Riftan de l’emmener avec lui. Il n’y avait rien de plus douloureux dans ce monde que d’être loin de lui.

Max a un talent extraordinaire pour se torturer, elle imaginait le pire scénario possible et un avenir sombre et morose. Il aurait été préférable d’entrer dans le champ de bataille que d’être tourmentée pendant des mois par des cauchemars.

Max ouvrit à nouveau la bouche, le ton grinçant comme si elle avait des épines coincées dans la gorge.

“Je veux aussi… Je veux partir. Je dois partir.”

“Vous êtes sûre ?”

Max a lentement hoché la tête et elle a vu du soulagement dans les yeux d’Idcilla. La jeune fille regarda à nouveau autour d’elle pour s’assurer qu’elles étaient seules et raconta en détail à Max son plan pour se faufiler dans l’unité de soutien.

“Alors ma Dame, préparez vos affaires à l’avance. J’ai une amie parmi les prêtresses, je vais demander son aide. J’ai l’intention de me déguiser en prêtresse. Comme les robes des prêtresses couvrent tout le corps, y compris le visage, ce sera un moyen parfait de cacher mon identité et de rejoindre l’unité de soutien.”

“Et moi… que dois-je faire ?”

“Je vais vous trouver une robe de prêtresse aussi.”

“Et s’ils découvrent notre déguisement… ça ne serait pas un énorme p-problème ?”

“Ca ira. Beaucoup de sœurs qui ont été affectées à l’unité de soutien n’ont pas encore été officiellement nommées prêtresses. Si nous sommes prises, nous pourrons prétendre que nous envisagions de devenir prêtresses mais que nous avons changé d’avis.”

Max regarda Idcilla avec scepticisme, ne sachant pas si quelqu’un croirait de manière absurde une simple excuse mais elle n’avait pas d’autre choix.

“Mais, êtes-vous vraiment sûre de vouloir venir avec moi ?”

Max acquiesça et se lécha les lèvres. Le jour où Riftan découvrirait cette histoire, il y aurait un enfer ardent à payer. Mais même si Riftan la grondait sans cesse, elle devait le faire car elle était en train de devenir folle de lui.

“Très bien. Alors… plus tard, quand le service sera terminé, venez dans le patio. Nous avons beaucoup de choses à préparer.”

Les deux femmes quittèrent le verger et se rendirent à la chapelle pour les prières du matin comme si de rien n’était. À la fin de l’office, les nobles dames se réunirent entre elles pour discuter de leur avenir, le visage sombre. Leurs attentes étant anéanties par la nouvelle tournure des événements, Alyssa retourne dans la chambre, disant qu’elle veut être seule.

Cela laissait à Max et Idcilla beaucoup d’intimité pour planifier leur infiltration de l’unité de soutien. Max a emballé une généreuse réserve d’herbes et quelques pierres de mana, un kit de couture, des plâtres, et d’autres fournitures de secours dans son sac en cuir qu’elle avait apporté d’Anatol. Elle a également pris une partie du linge de maison du monastère.

Quand elles n’étaient pas occupées à préparer leur départ, elle enseignait à Idcilla les herbes médicinales et ce à quoi il fallait faire attention s’ils rencontraient des monstres. Idcilla n’avait aucune expérience pratique, mais venant d’une famille de chevaliers, ses connaissances en matière de monstres étaient au même niveau que celles des chevaliers.

“Il y a deux façons de tuer un troll. La première est de leur couper la tête.” Idcilla expliqua tout en dessinant un diagramme sur le sol avec une fine brindille.

“On dit que les trolls ont une régénération rapide, tout dommage se guérit en un clin d’œil. Les livres vont même jusqu’à dire qu’un membre coupé pourrait simplement être rattaché. La seule partie qui ne peut pas se régénérer est sa tête. Deuxièmement, ils sont vulnérables au feu. S’ils sont brûlés, leurs blessures ne peuvent pas guérir immédiatement, c’est pourquoi les mages du feu sont extrêmement efficaces contre les trolls.”

La description du monstre n’a fait qu’attiser sa peur, et Max a avalé la boule dans sa gorge. L’idée de se rendre dans un endroit infesté de monstres terrifiants et résistants aux attaques la faisait frémir. Cependant, c’était le genre de monstres contre lesquels son mari se battait actuellement. Au fil des jours, Max était de plus en plus déterminé à partir avec Idcilla.

Le temps passait si vite que le jour où ils partiraient enfin avec l’unité de soutien était déjà le lendemain. Max a attendu jusqu’à tard dans la nuit pour se faufiler secrètement hors de sa chambre. Idcilla l’attendait dans un coin du jardin, et elle a poussé un soupir de soulagement en voyant Max.

“J’avais peur que vous changiez soudainement d’avis et que vous ne veniez pas.”

“Je suis là maintenant, c’est absurde.” répondit Max et regarda autour d’elle pour s’assurer que personne ne la suivait.

“Idcilla… dites-moi honnêtement si vous avez des doutes. Il n’est pas trop tard si vous le dites maintenant.”

“Rien ne me fera changer d’avis. Mon seul regret est de ne pas y avoir pensé plus tôt.”

Elle expira par le nez et se dirigea vers les quartiers de la prêtresse. Max l’a suivie sur la pointe des pieds, aussi prudemment que possible. Au cœur de la nuit, seuls les cris des insectes et le doux bruit du vent se font entendre. Elles quittèrent le jardin sombre et entrèrent dans un petit bâtiment tranquille. En traversant le couloir lugubre, Idcilla se dirigea vers une porte dans un coin et frappa. La porte s’est immédiatement ouverte et un léger murmure s’est fait entendre.

“Entrez.”

Max est entré rapidement derrière Idcilla. Dans la chambre compacte éclairée par de faibles bougies se tenait une femme d’une vingtaine d’années au visage raide et à la peau sombre. Elle a regardé entre Idcilla et Max, qui avait son sac attaché derrière son dos, et a froncé les sourcils, comme si elle ne pouvait pas croire que cela se produisait réellement.

“Vous êtes vraiment sûre de vous ?”

“Oui, comme je te l’ai dit plusieurs fois.”

“… J’espérais que vous changeriez d’avis au dernier moment.”

Les yeux de Max s’élargirent de surprise, elle pensait que la prêtresse serait coopérative comme Idcilla l’avait prétendu. La prêtresse fixa l’expression de défi d’Idcilla d’un regard contradictoire. Finalement, elle se résigna avec un soupir, puis alla chercher deux robes de prêtresse dans son coffre à vêtements et les tendit.

“On dirait que personne n’arrête la miss. S’il vous plaît, ne me laissez pas être punie pour ça.”

“Ne t’inquiètes pas. Même si nous sommes torturées, nous n’avouerons jamais que c’est Selena qui nous a aidées.”

Idcilla rassura avec une confiance absolue et alla derrière la cloison pour se changer en robe de chambre. Max s’est simplement blottie sur place en regardant la prêtresse d’un air inquiet.

A contrecœur, la prêtresse se présente. “Je m’appelle Selena Keyman. J’étais la compagne de jeu de Lady Calyma lorsque nous étions enfants. Depuis l’enfance, je suis une pauvre âme obligée d’être la complice involontaire de la miss entêtée.”

“Je t’entends.” Idcilla a crié de derrière l’écran, mais Selena n’a pas été impressionnée.

“Comme ça.” Selena a poussé un gros soupir et a regardé Max de haut en bas.

“Il n’est pas trop tard pour retourner dans votre chambre maintenant. Vous n’avez pas besoin de te laisser entraîner dans ses bêtises.”

Max fronce les sourcils devant son attitude irrespectueuse. “Je suis Maximillian Calypse. Enchanté de vous rencontrer.”

Elle essayait d’être aussi polie que possible, mais en même temps franche. “Et pour votre suggestion… bien que je vous en sois reconnaissante, je vais devoir refuser.” Elle a ajouté.

La prêtresse frotta sa tête douloureuse comme si elle venait d’être accablée par tous les problèmes du monde. Max attendit en silence qu’Idcilla ait fini de se changer avant de passer derrière le paravent pour changer ses vêtements. Au moment où sa robe de soie est tombée sur le sol, il n’y a pas eu de retour en arrière. Max a tiré la longue robe terne sur sa tête et l’a fait tomber sur ses chevilles, puis elle a tiré la capuche sur sa tête.

“J’ai fini.”

“La robe est un peu grande. Bien que ce ne soit pas très visible…” Idcilla murmure en ajustant la coupe. Max a lissé les plis de la robe. Elle voulait vérifier et se voir devant un miroir mais comme c’était une chambre de prêtresse, il n’y avait pas de commodes ou de miroirs autour.

“Ne vous inquiétez pas, la plupart des prêtresses n’ont même pas vu le visage des autres. Seules celles qui sont entrées en vocation en même temps se sont vues. Tant que vous vous taisez, vous ne vous ferez pas prendre.” Selena a expliqué en attachant les lacets autour de la taille de Max. “De plus, personne ne soupçonnera jamais que deux femmes nobles entrent dans une zone de guerre déguisées en prêtresses.” ( C’est clair XD )

Son ton était empreint de sarcasme face à ce plan ridicule, mais Idcilla l’a simplement ignoré. “Je t’en remercie. En entendant ces mots, je me sens plus à l’aise.”

Toutes deux restèrent dans la chambre de Selena pour se reposer jusqu’à l’aube. Dès que le soleil a commencé à déverser de la lumière par la fenêtre, toutes les prêtresses sont sorties de leur chambre une par une. Selena a jeté un coup d’œil par les fentes de sa porte et, dès que le couloir a été en grande partie dégagé, elle s’est glissée dehors.

Max et Idcilla ont suivi Selena dans la cour du temple. Au pied de l’escalier, des dizaines de chariots remplis de bagages et de fournitures remplissaient le grand espace. À l’avant, des chevaliers portant l’écusson royal de Livadon s’alignaient.

Max frotta ses paumes moites sur sa robe et rejoignit la file des prêtresses qui entraient dans les chariots couverts tirés par des chevaux. Comme Selena l’avait dit, elles étaient passées inaperçues car les soldats s’affairaient et n’avaient même pas trouvé quelque chose de suspect dans leurs fausses identifications, les laissant monter dans les calèches sans un mot.

Dès qu’elle est entrée dans le wagon avec une douzaine d’autres prêtresses, Max a rampé jusqu’au coin le plus éloigné et a serré son sac très fort. Selena et Idcilla se sont assises en face d’elle. Après que tout le monde soit monté, un signal fort a retenti dans toutes les directions, indiquant qu’ils étaient prêts à partir. Bientôt, le wagon dans lequel elle se trouvait s’ébranla et se mit à rouler lentement.

Le cœur de Max était en danger de sauter hors de sa poitrine. On part vraiment. Pour de bon.

Max releva prudemment la tête et jeta un coup d’œil à Idcilla, mais il était difficile de lire l’expression de la jeune fille par-dessus la robe qui lui couvrait le visage jusqu’à l’arête du nez. Cependant, Max pouvait voir que ses jointures, qui reposaient sur ses genoux, étaient blanches de tension.



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