« Le clan Boyd ? » Une pensée traversa l’esprit de Bébé qui jeta un coup d’œil à Salomon, tout près de lui.

Bien qu’assez turbulent, il était très intelligent et perspicace. Au moment où Salomon, après que Linley ait sauvé Nisse, lui avait révélé son vrai nom, Bébé n’y avait d’abord pas prêté particulièrement attention mais le fait de l’entendre à nouveau le rendit perplexe.

« Voilà longtemps que Nisse et moi sommes ensemble et elle n’a jamais voulu me révéler son nom de famille! Pour agir ainsi, son patronyme doit être très important. Ce n’est que récemment que Salomon a confié à mon patron qu’il s’appelait Boyd… Serait-il membre de ce clan auquel cet ancien se réfère ? »

Bébé réfléchissait tout en regardant Linley. Ils n’étaient que trois présents lorsque Salomon avait révélé son nom : Linley, Nisse et lui.

« Le Patron médite ? » Partagé entre le rire et les larmes, Bébé regarda Learmonth, l’homme en vert et l’ancien aux cornes blanches. « Apparemment, il va y avoir du changement », pensa-t-il. « Learmonth attaquerait-il par cupidité ? »

En cet instant, l’ancien aux cornes blanches semblait être dans une terrible situation. Jamais il n’aurait pensé que l’homme en robe verte révèle ceci. Par ailleurs, Learmonth était bien plus puissant que lui. S’il passait à l’attaque…

« Même avec l’aide du jeune maître, nous ne pourrions faire face à Learmonth », pensait l’ancien aux cornes blanches. « Par ailleurs, il ne sera pas le seul, en apprenant ce secret, à être en proie à la cupidité. Il y a aussi les frères Edwards… »

Ces derniers, en effet, faisaient partie de la mission d’escorte et bien qu’ils n’aient encore pas fait montre de capacités surprenantes, aucun d’eux n’était mort. C’était dire à quel point ils étaient forts.

« Dussé-je mourir, je ne puis révéler l’identité du jeune maître », se dit-il, résolu.

– « Vous avez parlé du clan Boyd ? » Learmonth haussa un sourcil : « Ce clan, en effet, a une longue histoire et bien que vivant sur le continent du Bourgeon Rouge, je connais sa renommée. »

– « C’est évident. Vous pouvez donc imaginer à combien se monte sa fortune », répondit l’homme en robe verte.

Les frères Edwards se regardèrent et échangèrent quelques mots par le biais de leur sens divin.

« Oho, on dirait que les choses se compliquent », se dit Bébé dont le regard passait de l’un à l’autre. Il s’arrêta sur l’homme aux cornes blanches, visiblement le plus faible de tous. « Je ne donne pas cher de sa peau. Trop de gens aspirent à posséder ce trésor. »

Ce dernier semblait furieux :

– « N’oubliez pas, M. Learmonth, que c’est moi qui vous ai engagé! Vous… »

– « La ferme », répondit calmement l’interpelé.

L’homme en vert eut un petit rire :

– « Bon, je vous laisse à présent. »

Soudain, l’énergie d’une épée noire lui transperça le crâne. Stupéfait, l’homme écarquilla les yeux et tomba mort sur le sol. Il n’avait pas été difficile de tuer ce clone Divin.

L’ancien aux cornes blanches, Edwards et les autres en restèrent abasourdis.

Learmonth regarda froidement le cadavre :

« Je vous ai demandé de me révéler le secret, mais je n’ai jamais promis de vous épargner en retour. Puisque vous avez tué l’un de mes employeurs, je me devais de vous tuer. »

Il se tourna ensuite vers l’homme aux cornes blanches dont le visage devint gris.

– « Tuez-moi si telle est votre intention », dit ce dernier qui, après avoir été témoin de sa puissance, s’était préparé à mourir. « Je suis content que vous ayez décidé de tuer Monsieur Vent. »

« Jeune maître, vous devrez vous débrouiller seul à présent », murmura-t-il pour lui-même.

– « Si je vous tue, qui me payera pour cette mission d’escorte ? »

L’homme aux cornes blanches en fut étonné.

– « Dépêchez-vous de faire préparer la créature métallique. Nous partons », ajouta Learmonth en s’éloignant.

« Il ne me tue pas ? » Se demanda l’ancien aux cornes blanches qui ne pouvait pas y croire.

Les dix Démons qui avaient eu la chance de survivre fixaient Learmonth, étonnés eux aussi. Comment quelqu’un qui aimait l’argent aurait-il pu ne pas être tenté par l’immense fortune de ce grand clan ? Par ailleurs, il lui aurait été très facile de tuer ce vieil homme.

Les trois frères Edwards se regardèrent :

– « Qu’arrive-t-il à Learmonth ? »

Ils ne s’attendaient pas à cette réaction de sa part et ne pouvaient plus donner suite à leur plan.

– « Prenons sur nous pour le moment, mon frère. »

Si Learmonth pouvait contrôler sa cupidité, eux non. Après tout, il s’agissait de toute la fortune d’un clan dont la renommée retentissait comme le tonnerre!

– « Attendez un peu », intervint Salomon. « Mon ami ici présent s’entraîne. »

Surpris, Learmonth, les trois frères Edwards, l’homme aux cornes blanches et ce qui restait de Démons tournèrent la tête vers Linley dont le corps était auréolé d’un léger vent tourbillonnant.

Ça lui a pris comme ça ? » Se demandaient les survivants. À leurs yeux, il fallait être fou pour s’entraîner immédiatement après avoir mené un combat à mort.

– « Attendre juste pour lui ? Réveillez-le », répondit le second des trois frères Edwards en fronçant les sourcils. En tant que Démon Cinq Étoiles, il n’avait pas la patience d’attendre un simple Dieu.

À ces mots, Bébé ne put s’empêcher de froncer les sourcils.

– « Étrange… très étrange », murmura Learmonth, un léger sourire aux lèvres. « Attendons un peu, nous ne sommes pas pressés. »

Les trois frères Edwards n’osant pas le contrarier, les survivants s’installèrent donc temporairement dans le désert. Cette bataille terminée, il ne restait plus de Dieux Supérieurs que Learmonth, les trois frères Edwards et Salomon, et treize Dieux, dont Linley et les siens.

Le temps passait…

Trois jours s’écoulèrent en un clin d’œil mais les Démons, particulièrement patients, n’en avaient que faire.

« Pendant combien de temps le Patron va-t-il encore s’entraîner ? » Se demandait Bébé qui commençait à devenir nerveux. « Pour le moment, les Démons sont patients, mais il ne faudrait pas que ça dure trop longtemps. Ceci dit, je ne peux pas le perturber, cela risquerait d’avoir des conséquences sur lui. »

Selon lui, pour que Linley ait soudain décidé d’entrer en méditation, il fallait qu’il ait eu une brusque illumination. C’était une précieuse opportunité et une fois interrompu, il lui serait difficile de se replonger dans cet état.

Soudain, une vague d’ondulations bien spécifiques aux Lois descendit du ciel, encapsulant Linley.

– « Il a fait une percée! »

Tout le monde, y compris Learmonth, ouvrit immédiatement les yeux et regarda Linley, conscients que cette descente des Lois était le signe que quelqu’un venait de devenir un Dieu par ses propres moyens.

Tandis que Linley planait dans les airs, son clone divin d’affinité Vent, un Linley en robe vert pâle, sortit de son corps et il sortit de sa tête une Etincelle Divine dont émanait une lumière verte et qui se mit à flotter au-dessus de lui.

Une grande quantité d’Essence Élémentaire du Vent, sous la direction des Lois Naturelles, convergea vers l’étincelle de niveau Demi-Dieu qui devint, en quelques instants, une étincelle de niveau Dieu.

Les ondulations se dissipèrent et Linley ouvrit les yeux.

– « Euh… » Fit-il en voyant que tout le monde le regardait.

– « Félicitations, Linley! Vous voici avec un nouveau clone divin de niveau Dieu », dit Salomon en riant.

Learmonth hocha légèrement la tête :

– « Bien joué! », dit-il en posant sur lui un regard appréciateur. « Vous avez réussi à acquérir des connaissances lors d’une crise où votre vie était en jeu. »

Il aimait le combat et les défis et se contentait d’avoir suffisamment d’argent à dépenser. La fameuse fortune du clan Boyd ne l’intéressait pas le moins du monde, son objectif étant de devenir un Démon Sept Étoiles pour pouvoir défier un Asura. Il serait alors l’un des 108 Asuras du Royaume Infernal!

Les trois frères Edwards jetèrent un coup d’œil à Linley et se contentèrent de ricaner. Quelle fierté pouvait-il bien y avoir à devenir un simple Dieu ?

– « Puisque ce gamin a fait sa percée, partons », dirent-ils à l’adresse de l’homme aux cornes blanches.

– « Entendu », répondit aussitôt ce dernier.

À ces mots, Linley réalisa qu’en se mettant soudain à méditer, il avait obligé tous les autres Démons à l’attendre.

– « Combien de temps suis-je resté en méditation ? » Demanda-t-il mentalement à Bébé.

– « Trois jours, Patron. Vous êtes vraiment incroyable! Vous avez réussi à faire atteindre à votre clone divin d’affinité Vent le niveau Dieu », s’exclama ce dernier, ravi.

Intérieurement, Linley poussa un soupir de soulagement. « Trois jours seulement ? Il n’y a pas grand mal », se dit-il. En effet, il aurait été extrêmement embarrassé si ceux qui l’accompagnaient avaient dû l’attendre six mois.

Inigo, accompagné de deux Dieux Supérieurs, se tenait sous une cascade dans une chaîne de montagnes déserte du Continent du Bourgeon Rouge.

« Je ne savais pas que le clan Boyd avait un successeur », pensa-t-il. « Heureusement, je me souviens de ce gars, même s’il n’est entré sur les terres du clan Boyd qu’une seule fois avant de le quitter… »

Même au sein du clan, en effet, l’identité de Salomon était un secret de grande importance et comme il ne s’était rendu qu’une seule fois sur leurs terres, rares étaient ceux qui savaient qu’il était lié au clan Boyd.

Par chance, Inigo l’avait découvert tout à fait accidentellement et en voyant Salomon, il comprit aussitôt.

« Pas étonnant que ces deux vieillards aient fui vers le continent du Bourgeon Rouge et s’efforcent à présent de rentrer. Mais puisque je sais maintenant… »

– « Que faisons-nous, jeune maître ? » Demandèrent les deux subordonnés qui l’accompagnaient.

– « Nous partons », répondit Inigo, impassible.

Aussitôt, il prit son envol en direction du Nord, suivi des deux Dieux Supérieurs.

La forme de vie métallique poursuivait sa route. Comme il y avait peu de monde à l’intérieur, elle avait encore rétréci.

« La fusion entre les aspects Rapidité et lenteur des Vérités Profondes de la Vélocité est faite », pensait Linley. « L’attaque à l’épée qui mêle à la fois dureté et douceur en est la plus puissante! »

Il comprenait à présent pourquoi les experts en Lois Élémentaires du Vent trouvaient que les épées flexibles leur convenaient parfaitement : elles leur permettaient de mettre en avant toute la force contenue dans les mystères.

L’observation des attaques de Learmonth et de l’homme en robe verte lui avait donné de nouvelles idées quant à l’utilisation de son épée.

« Imprévisible et violente! Cela représente bien la plus puissante technique d’attaque des Vérités Profondes de la Vélocité », se dit-il tout en poursuivant sa visualisation dans l’espoir de rendre ses techniques d’attaques plus puissantes et de découvrir comment mieux les utiliser.

Cette technique, qui reposait principalement sur les Vérités profondes de la Vélocité, était donc une attaque matérielle.

« Si je combinais cette technique avec ma Forme de Dragon… » songeait-il. « Sous cette forme, mon corps est incroyablement robuste, extrêmement fort et rapide. Cette puissance, combinée aux Vérités Profondes de la Vélocité et transférée dans Sang Pourpre pourrait me conférer une puissance considérable. »

Si le même mystère, appliqué par un Dieu Supérieur était beaucoup plus puissant que lorsqu’il était utilisé par un Dieu, c’était parce qu’il s’exerçait par le biais du pouvoir divin. Mais Linley, sous sa Forme de Dragon, possédait une vitesse et une défense plus monstrueuses encore que celles de la plupart des Dieux Supérieurs. Son corps était aussi résistant qu’un artefact Divin.

Par ailleurs, il comprenait de mieux en mieux le pouvoir de sa plus puissante attaque à l’épée.

Trois mois passèrent comme le vent…

Il avait atteint un point où sa technique offensive était désormais capable de couper en deux la forme de vie métallique.

« Malheureusement, je n’ai pas assez de place pour le tester dans cette créature métallique », se dit Linley, convaincu que l’homme aux cornes blanches et les autres Démons seraient furieux.

Soudain, une voix retentit :

– « Linley ? »

– « C’est vous Salomon! »

À sa vue, Linley se souvint de ce que lui avait rapporté Bébé au sujet de ce qui s’était passé pendant qu’il s’entraînait. « Et si Salomon était le chef de ce clan ? » Se demanda-t-il.

– « Il y a quelque chose dont je voudrais vous parler », dit ce dernier en souriant.