Les Chroniques d’un Pilleur de Tombes | Grave Robbers' Chronicles | 盗墓笔记
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Chapitre 33 – Réconciliation
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D’ici, le bruit était un peu différent de celui d’avant : il y avait un léger écho, comme s’il provenait d’un endroit profond. Je pouvais aussi clairement sentir que la chaîne vibrait légèrement en rythme avec le son, comme si l’autre extrémité était reliée à l’artère d’un géant.

Ce genre de phénomène avait de quoi me donner des frissons, d’autant plus que je ne sentais aucune sorte de vent soufflant d’en bas. Ce n’était pas non plus comme si nous pouvions tous les deux faire vibrer une chaîne de bronze aussi lourde de façon aussi rythmique. Qu’est-ce qui pouvait bien se trouver dans les ténèbres en dessous pour affecter ces chaînes ?

 

Wang écoutait tranquillement, l’air pensif. Je me dis que s’il n’avait jamais vécu une telle chose auparavant, il aurait dû être plus effrayé que moi, mais en regardant son expression, je le trouvais étonnamment calme, comme s’il réfléchissait à quelque chose.

 

Alors que nous restions dans l’impasse, le bruit s’arrêta et les chaînes finirent par ne plus vibrer. Pour une raison quelconque, je fus soulagé et je me détendis, cela me fit presque perdre mon emprise sur la chaîne.

 

Wang ne réagissait toujours pas et restait là, tranquillement pensif. Puis il sortit une cigarette, l’alluma et en tira une bonne bouffée avant de sortir un petit bâton lumineux de sa poche qu’il secoua deux fois pour le rendre fluorescent.

 

Ne sachant pas ce qu’il comptait faire, je le fixais froidement, jusqu’à ce qu’il jette le bâton dans l’abîme. Alors que nous regardions tous les deux, la lumière verte diminua de plus en plus, à l’instar d’un minuscule phare de lumière dans l’obscurité environnante.

 

Elle poursuivit sa chute et disparut bientôt de notre champ de vision. Je pensais qu’elle continuerait à tomber jusqu’à ce qu’elle disparaisse complètement dans l’obscurité, pourtant, elle sembla heurter quelque chose avec fracas. La lumière rebondit, s’envola vers le mur de bronze sur le côté, retomba, puis disparut instantanément.

 

En fait, il y avait vraiment quelque chose qui pendait à 50 ou 60 mètres sous les chaînes de bronze. Malheureusement, la lumière du bâton fût trop faible et je ne pus distinguer que le contour grossier de la chose. Cela semblait être un cercueil de cristal avec une teinte jaunâtre, ou peut-être un sarcophage Shang classique qui avait été fait d’une pierre jaune translucide.

 

À ce moment-là, le patron Wang releva la tête et me lança un regard de défi. Ensuite, il alluma son briquet, détacha sa ceinture et glissa le long de la chaîne. Alors qu’il entrait dans l’obscurité, tout ce que je pouvais voir était sa petite lumière qui diminuait.

 

Je ne savais pas pourquoi, mais je sentais que quelque chose clochait. Wang paraissait savoir ce qui se passait et avait l’air bien préparé. Il était le genre de personne à avoir vu toutes sortes de choses étranges et exotiques, alors peut-être savait-il déjà ce qui se trouvait en dessous et voulait-il le prendre pour lui ? Je me rappelais de ce que Lao Yang m’avait dit auparavant, et je savais que je ne pouvais pas laisser cette chose tomber entre les mains de Wang comme ça. Je sortis donc rapidement mon couteau de chasse de la racine dans laquelle il était logé et je glissais après lui.

 

Même si ma vitesse avait augmenté au fur et à mesure que je descendais dans l’abîme, elle diminua assez vite alors que je me rapprochais du fond. Je remarquais également que les racines qui s’étaient enroulées autour des chaînes au-dessus ne descendaient pas aussi bas. Il me fallut un peu plus de dix secondes pour atteindre l’endroit où j’avais estimé que l’objet se trouvait. En voyant la petite flamme du briquet de Wang s’arrêter en bas, je resserrai immédiatement mes jambes autour de la chaîne pour arrêter ma descente.

 

Wang avait atteint l’extrémité de la chaîne, mais il restait encore un vide de quelques mètres entre lui et l’endroit où le bâton lumineux avait frappé. Il se penchait et utilisait son briquet pour examiner l’objet, cependant il était trop difficile de voir sa forme globale car l’éclairage n’était pas assez puissant. La seule chose que nous pouvions distinguer était un objet jaune ressemblant à un cristal suspendu dans l’air.

 

Je poussais la lampe de poche au maximum de sa puissance et la dirigeais vers l’objet, la scène devint alors beaucoup plus claire.

 

À ma grande surprise, l’objet suspendu sous les chaînes n’était pas un sarcophage, ni même un cercueil, mais une énorme roche ambrée en forme de cercueil. Non seulement elle semblait s’être formée naturellement, mais elle était également très transparente. Dès que la lampe l’éclairait, la lumière renvoyée prenait une couleur dorée brillante, et le moindre déplacement du faisceau suffisait à remplir l’espace entier de couleurs éblouissantes.

 

Les quatre chaînes de bronze qui pendaient, s’enfonçaient directement dans l’ambre. En les regardant, je remarquai comme une ombre noire de forme humaine à l’intérieur de l’ambre. Cette silhouette étant très floue, il était difficile de distinguer sa tête de ses épaules. Tout ce que je pouvais voir, c’était que les épaules étaient relevées, comme deux bosses, et que tout son corps était recroquevillé en position fœtale.

 

Je n’avais jamais rien vu de tel auparavant, aussi, je restais figé pendant un moment, complètement sans voix. Wang demeurait étonnamment calme. Après l’avoir observé un temps, il se baissa et essaya de marcher sur l’ambre.

 

― Non, ne fais pas ça ! Lui criai-je dessus avec empressement.

 

Il me regarda, confus.

 

― Je n’ai jamais vu un si gros morceau d’ambre. En fait, ça pourrait être de la colophane. Si tu marches dessus, ça peut se casser.

 

― Tu ne sais rien du tout. De l’ambre ? Dit-il d’un air narquois, C’est le cocon d’un cadavre.

 

Sur ces mots, il marcha finalement dessus, et il s’avéra que le cocon était vraiment solide après avoir reçu quelques secousses.

 

Voyant qu’il allait bien, je ne voulais pas me laisser distancer et je desserrais mes jambes autour de la chaîne. En glissant vers le cocon, je maintenais fermement mon couteau dans ma main. J’avais prévu de le remettre à ma ceinture car je savais qu’il serait difficile de marcher sur ce cocon d’ambre glissant avec une lampe de poche dans une main et une dague dans l’autre.

 

Mais je savais que Wang allait réagir. Lorsqu’il me vit descendre, il se prépara clairement à se battre et fit claquer sa ceinture devant sa poitrine. Je me plaçais alors en position défensive, mon couteau pointé devant moi.

 

Pendant un moment, l’atmosphère entre lui et moi devint extrêmement tendue, mais nous ne bougeâmes pas d’un pouce. Principalement parce que nous savions que dans un endroit comme celui-ci, le moindre faux pas entraînerait quelque chose de plus qu’un simple coup de pied au sol. Après tout, nous nous trouvions au-dessus d’un gouffre. Peu importait la force ou le tempérament, il suffisait d’une seconde ou deux pour chuter et mourir.

 

Mais en fin de compte, Wang n’était qu’un intermédiaire dans l’industrie, il pesait le pour et le contre avant de décider de la manière d’agir. Après un moment, il finit par agiter la main et me dit :

 

― Jeune homme, à ce stade, nous devrions tous les deux faire un pas en arrière. Il n’y a rien à gagner à s’entretuer. De plus, ce ne sera pas bon si l’un de nous meurt ici. Ce n’est pas le genre d’endroit d’où l’on peut se sortir seul.

 

Il avait raison. Il fallait au moins être deux pour sortir d’ici. Tant que nous étions tous les deux en bas, il n’oserait probablement pas me toucher. Sinon, sa mort pourrait être plus misérable que la mienne. Néanmoins, cet homme était très rusé, et je savais que je ne pouvais pas trop lui faire confiance.

 

J’abaissai lentement mon couteau, fis un geste de réconciliation et expliquai brièvement ce qui s’était passé avec les interférences radio. De cette façon, les deux parties pouvaient prendre du recul et trouver un terrain d’entente. Mais je venais d’avoir des intentions meurtrières, et il était donc impossible pour lui de baisser sa garde aussi facilement.

 

Il lança un regard sceptique alors qu’il sortait son talkie-walkie et l’allumait. L’espace tranquille fut envahi par une série de bruits statiques aigus. Le son était si dur qu’il ressemblait presque à celui d’une personne criant assez fort à s’en déchirer les cordes vocales. Effrayé, Wang éteignit rapidement le talkie-walkie : 

 

― C’est quoi ce bordel ?

 

J’étais aussi terrifié. Vu la dureté du son, cet endroit devait certainement être très proche de la source de l’interférence. Il était difficile de croire qu’un son aussi horrible puisse exister en ce monde. Si je l’avais écouté quelques secondes de plus, j’aurais pu devenir fou et sauter.

 

Wang remit sa ceinture autour de sa taille :

 

― Cette fois, c’est ma faute. Comme tu le sais, la plupart d’entre nous qui travaillent dans ce secteur ne sont jamais assez prudents. Il montra ensuite son visage gonflé et ajouta, Jeune homme, tu as un sacré punch. Et si nous disions que nous sommes quittes pour cette fois et que l’on remette le règlement de nos griefs personnels à plus tard ? Qu’en dis-tu ?

 

Je ne pus m’empêcher de ricaner. Il révélait enfin sa vraie nature. J’étais à présent certain que depuis le début, il devait avoir prévu de nous tuer une fois que nous serions sortis de cet endroit. Toutes ses paroles n’étaient qu’une tactique pour gagner du temps. Mais nous avions tous deux besoin l’un de l’autre, alors j’hochai simplement la tête et lui jetais la lampe de poche en signe de bonne volonté.

 

En dépit de cette trêve temporaire, je n’osais toujours pas m’approcher trop près de lui, de peur qu’il ne décide tout d’un coup de me régler mon compte. Il partageait manifestement les mêmes inquiétudes, comme en témoignait la façon dont il me regardait sans cesse. Avec cette compréhension tacite que l’on ne pouvait pas faire confiance à l’autre, nous restâmes tous les deux sur nos gardes en nous accroupissant soigneusement et en examinant le cocon sous nos pieds.

 

Il y avait beaucoup de veines naturelles à sa surface et l’intérieur n’était pas très transparent, il était donc impossible de voir le corps de l’extérieur. Je me dis que la seule façon de le voir était de le radiographier ou de briser le cocon. Mais la chose la plus étrange était l’ombre humanoïde à l’intérieur, qui devait être un cadavre humain. Toutefois, sa forme était trop étrange. J’avais beau le regarder sous tous les angles, il n’avait pas du tout l’air humain.





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