Les Chroniques d’un Pilleur de Tombes | Grave Robbers' Chronicles | 盗墓笔记
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Chapitre 32 – Attaque Furtive
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Ce son étrange qui nous avait attiré ici était apparu derrière moi. Bien qu’il ne fût pas fort, il ressemblait à un coup de tonnerre dans ce cercueil mortellement silencieux, suffisant pour me faire trembler, me crisper et me donner des sueurs froides simultanément.

Ce cercueil faisait environ six/sept mètres de long, ce qui n’était ni peu ni beaucoup. À en juger par le son, il semblait provenir de pas plus d’un mètre de moi, pratiquement sur mon dos, assez près pour me taper sur l’épaule. Ce cliquetis rythmique me donnait l’impression d’être appuyé contre une porte tandis que quelqu’un frappait de l’autre côté. Je pouvais sentir un frisson me parcourant de la nuque aux orteils.

Tous les muscles de mon corps se raidirent au point de pratiquement ne plus pouvoir bouger, et je commençais à me demander si je devais me retourner ou faire semblant de ne pas avoir entendu. Mais je me mordis la langue et me rappelais qu’il fallait me calmer. À ce moment-là, je n’eus pas d’autre choix que de me retourner et de faire face à la situation. Après tout, avoir peur et se trouver des excuses dans ce genre de situation, revenait à demander la mort.

Le son fantomatique n’accéléra pas ni ne ralentit. Il n’avait pas l’air de se rapprocher ou de s’éloigner non plus. J’inspirais profondément et serrais les dents avant de cramponner un peu plus fort le couteau dans ma main et de me retourner lentement pour voir ce qui se trouvait derrière moi.

A peine l’eus-je fait que le bruit étrange cessa. Je regardais attentivement le brouillard, et je ne vis rien du tout. La direction d’où venait le son était toujours dans ce brouillard gris. Les seuls signes de perturbation demeuraient les fluctuations d’air causées par mes mouvements précédents, mais elles disparurent rapidement.

Je déglutis, sentant que quelque chose de grave allait se produire, pourtant il n’y avait rien de suspect autour de moi. C’était presque comme si le son n’avait jamais existé.

Sa proximité et le fait que je pus l’entendre clairement signifiait que ce n’était pas une hallucination. Il ne me fallut qu’une seconde pour me retourner, donc si le son avait été produit par quelque chose en mouvement, il n’aurait pas pu disparaître aussi rapidement. Pourrait-il provenir d’un autre endroit ? Mon jugement était-il erroné ?

Machinalement, je fis un pas en avant, essayant de trouver la source du son, quand une silhouette surgit du brouillard à côté de moi. Mes yeux aiguisés, je me précipitais lorsque je sus ce qui se passait. Bien que la silhouette ne m’ait pas attrapé, elle réussit tout de même à me faire tomber au sol. Je roulais de quelques pas et je regardais en arrière en identifiant la personne qui m’avait frappé. Il s’agissait du gros Wang, celui qui m’avait traîné jusqu’ici.

Je pointais mon couteau de chasse devant moi, essayant d’en finir une fois pour toutes. Mais à ma grande surprise, il retourna dans le brouillard, cachant une fois de plus sa présence.

Je ne pus m’empêcher de cracher mon mépris. Son couteau aurait dû tomber par terre lorsque nous nous étions battus, alors il n’osait pas m’affronter me voyant armé également. Il se cachait probablement dans le brouillard, attendant que je m’approche pour pouvoir mener une attaque sournoise. C’était complètement différent de l’arrogance dont il avait fait preuve auparavant. C’était vraiment un bâtard rusé.

En y réfléchissant, ce type agissait de manière anormalement courageuse compte tenu de l’étrangeté de la situation. Si je n’avais ni lampe de poche ni arme, je me serais assis en grelottant dans un coin depuis longtemps au lieu d’attaquer furtivement. Heureusement, l’épaisseur du brouillard était un bon marqueur lorsque quelque chose bougeait, il était évident de voir d’où cela venait. S’il voulait s’approcher en douce de moi, ça n’allait certainement pas être une tâche facile. Sinon, il m’aurait déjà plaqué au sol depuis longtemps.

J’eus soudain un autre sentiment étrange : si le coupable derrière ce son se déplaçait dans ce cercueil, alors il devrait y avoir des signes de son mouvement dans le brouillard. Or, je n’avais remarqué aucune perturbation, aucun mouvement apparent. Cette chose n’avait-elle pas de forme corporelle ? Etait-ce un fantôme ?

Je me levais, me protégeant soigneusement d’une attaque sournoise potentielle de Wang. Il n’y avait pas beaucoup d’espace à l’intérieur de ce cercueil, mais après avoir été envoyé rouler au sol, je ne savais pas où je me retrouvais. Je dus rapidement revenir jusqu’à la paroi du cercueil et essayais de grimper à nouveau.

Au fond, l’endroit n’était vraiment pas si grand, et après avoir regardé autour de moi, je réalisai que j’étais probablement proche du centre du cercueil. À travers le brouillard, j’y vis une sorte d’ombre suspendue, comme si un tas de cordes pendait du haut du cercueil jusqu’au sol. Je pensai d’abord qu’il s’agissait des racines aériennes des branches au-dessus, mais lorsque j’avançais d’un pas supplémentaire et que je braquais la lampe sur elles, il n’en était rien. Il s’agissait en fait de chaînes en bronze aussi épaisses qu’un poignet. Elles étaient couvertes de champignons et de racines fibreuses de banians. D’après mon observation, ces chaînes ne semblaient s’étendre qu’entre le couvercle et le fond du cercueil, néanmoins, elles n’étaient liées à rien en dessous.

Techniquement, ce cercueil en pierre pouvait être considéré comme énorme. En fait, des cercueils de cette taille avaient été trouvés dans plusieurs tombes de nobles de la dynastie des Han occidentaux et de l’ère des Cinq Dynasties. Même si ce genre de chose s’appelait un cercueil, nous devrions plutôt le nommer cercueil extérieur ou chambre du cercueil. Selon les coutumes funéraires de l’époque, le cercueil intérieur devait être placé au centre de cette chambre. Pour ceux qui disposaient de ressources financières abondantes, il y aurait plus d’une douzaine de couches de cercueils extérieurs entourant le cercueil intérieur à l’intérieur de la chambre funéraire en pierre.

Au vu de la taille de cette chambre, j’aurais dû au moins apercevoir le vague contour du cercueil intérieur maintenant que j’avais fait quelques pas de plus, toutefois, il n’y avait que des chaînes, et il ne semblait rien y avoir sur le sol. Cela signifiait-il que la chambre du cercueil extérieur était vide ? Alors, d’où venait ce son à l’instant ? Et d’où provenait cette étrange interférence radio ?

Après une longue pause, je fis un nouveau pas en avant, avec l’intention d’atteindre le centre de ces chaînes et de voir si elles étaient liées à un quelconque mécanisme. Mais dès que j’eus posé mon pied, je ne ressentis que du vide. Alors que tout mon corps basculait vers l’avant et que je commençais à tomber, je tendis très vite le bras pour m’accrocher à la chaîne devant moi, glissant sur plusieurs mètres avant de finalement m’arrêter. Je fus tellement surpris que j’en eus des sueurs froides sur tout le corps.

Qu’est-ce qui se passe ? Me demandais-je. Où est passé ce putain de sol ? Le cœur battant toujours aussi fort, j’orientai ma lampe vers le bas, mais l’épaisseur du brouillard m’empêchait de voir le sol. Je pointais le pied vers le bas pour essayer de trouver quelque chose de solide sur lequel me tenir, malheureusement sans résultat. C’était comme s’il y avait une sorte de dépression ou de trou profond.

Bien sûr, cet endroit était étrange. D’après ce que je savais jusqu’à présent, cette chambre funéraire était encastrée à environ deux mètres sous l’autel sacrificiel au sommet de l’arbre de bronze, mais il n’y avait rien en son centre. Il était possible qu’il y ait plusieurs couches de cercueils extérieurs, un peu comme les méthodes utilisées pendant la période des États Belligérants. Il y avait probablement une dépression au milieu de cette chambre, un « puits à cercueils ». Ce devait être l’endroit où le cercueil intérieur était réellement situé. Je ne connaissais pas la profondeur de ce puits, mais j’étais chanceux de ne pas être tombé dedans, autrement je serais certainement mort.

Les chaînes faisaient probablement partie d’un mécanisme de levage qui avait été utilisé pour descendre le cercueil intérieur dans le puits. De toute évidence, le cercueil contenant le corps devrait être directement en dessous de moi.

Au cours de ma réflexion, je remarquai une autre perturbation dans le brouillard à côté de moi. Elle trahissait la présence de Wang, cette fois avec une arme à la main. Le brouillard était très épais, il avait donc probablement deviné ma position grâce à la lueur de ma lampe :

― Attends ! Arrête ! Lui criais-je.

Mais il était trop tard. Il poussa un cri alors qu’il ne marchait que sur de l’air et commençait à tomber. Puis, je sentis la chaîne en dessous de moi trembler violemment. Il l’avait probablement attrapée pour arrêter sa chute. Au même moment, ma main, qui tenait la chaîne, claqua et mon corps tout entier glissa plus bas.

Je vis que les champignons sous ma main exsudaient un liquide crémeux, semblable à de la cire, après que j’eus accidentellement serré la chaîne trop fort. Ce liquide la rendait si glissante qu’on aurait presque dit qu’elle était enduite d’huile. Conscient de la gravité de la situation, j’essayais rapidement d’insérer mon couteau dans les trous entre les maillons de la chaîne, seulement, cette satanée arme ne passait pas. Heureusement, je parvins à le loger dans l’une des racines proches pour arrêter ma descente. À cet instant, j’avais déjà glissé d’une dizaine de mètres et je me trouvais désormais à l’intérieur du cercueil, dans le tronc de l’arbre de bronze.

Le patron Wang, dont la tête était couverte de sang, était accroché à une chaîne à environ 30 cm en dessous. Tout comme moi, ayant du mal à s’accrocher, il avait passé sa ceinture dans un trou entre les maillons pour arrêter sa descente. Lorsque je braquais ma lampe sur lui, il poussa un juron et détourna la tête pour éviter la lumière vive.

Voyant qu’il ne représentait pas une menace pour moi en l’instant, je portais mon attention sur le puits. Comme l’extérieur, l’intérieur du tronc était gravé de motifs de serpents à double corps qui s’enfonçaient profondément dans le trou. Même les racines de l’arbre serpentaient depuis le haut et suivaient ces motifs jusqu’en bas. Le brouillard à l’intérieur était beaucoup plus fin qu’au-dessus, alors j’observais autour de moi, impatient de voir la taille de ce puits au centre de la chambre du cercueil. S’il était trop grand, je savais que j’aurais probablement beaucoup de mal à essayer de sortir.

Il était de forme rectangulaire, environ quatre mètres de long et deux mètres de large, juste assez grand pour accueillir un cercueil. Je ne savais pas si c’était à cause du brouillard, mais lorsque je posais ma main contre le mur, je remarquais que les racines n’étaient pas couvertes de champignons et que je pouvais voir leur vraie couleur. Je sentis aussi une odeur particulière dans l’air. C’était peut-être parce qu’il y avait beaucoup de brouillard à l’extérieur. De ce fait, l’isolation du masque à gaz commençait à être touché par l’humidité et à perdre en efficacité. En conséquence, je pouvais sentir l’odeur devenir de plus en plus forte, bouchant pratiquement mon nez. Si je souffrais comme ça, je savais qu’il en était de même pour Wang.

Je jetais un coup d’œil vers le bas et je fus surpris : les chaînes pendaient loin dans l’obscurité, là où ma lampe de poche ne pouvait pas aller. En regardant depuis ma position, c’était comme si le puits n’avait pas de fond, comme s’il descendait à l’infini.

C’est impossible, me dis-je. Est-ce que tout cet arbre de bronze est creux ? Je savais que nous avions grimpé au moins trois cents mètres pour arriver au sommet, mais rien ne permettait de savoir à quelle profondeur cet arbre était enfoui. S’il était vraiment creux, alors où était le fond ? Était-il au centre de la terre ? L’enfer ? Quel était l’intérêt d’insérer un si gros cylindre creux ici ?

Wang avait aussi l’air surpris. Alors que nous regardions tous les deux, droit dans l’abîme, sans qu’aucun de nous ne parle, nous entendîmes ce cliquetis effrayant à nouveau. Mais cette fois, on aurait dit qu’il venait de partout à la fois !

Lui et moi, nous échangeâmes un regard avant de nous tourner vers les ténèbres en dessous : le son provenait en fait des abysses.



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