Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Tout en marmonnant, Azik jeta instinctivement un coup d’œil à Quentin Cohen dans l’espoir que celui-ci lui donne quelque indice pour raviver ses souvenirs.

Le professeur aux yeux bleus bien enfoncés secoua la tête et dit sans hésiter :

– « Cela ne me dit vraiment rien. »

– « …Très bien alors. Peut-être ces mots ont-ils simplement une racine similaire », dit Azik en riant de lui-même et en rabaissant sa main.

Plutôt déçu, Klein ne put s’empêcher de rajouter :

– « Maître, M. Azik, comme vous le savez tous les deux, je m’intéresse beaucoup à l’exploration et à la restauration de l’histoire concernant la Quatrième Époque. Si jamais quelque chose vous revient ou si vous obtenez des informations pertinentes, pourriez-vous m’écrire s’il vous plaît ? »

– « Aucun problème », répondit le professeur agrégé principal aux cheveux argentés, plutôt satisfait de la manière dont Klein avait agi.

Azik hocha la tête :

– « Votre adresse est-elle toujours la même ? »

– « Pour l’instant, mais je vais bientôt déménager. Je vous écrirai pour vous en informer le moment venu », répondit le jeune homme avec respect.

Cohen agita sa canne noire :

– « Il est grand temps, en effet, que vous déménagiez dans un meilleur environnement. »

Klein jeta un coup d’œil au journal que tenait Azik et réfléchit :

– « Maître, M. Azik, qu’ont dit les journaux au sujet de Welch et Naya ? La police chargée de l’enquête ne m’a pas appris grand-chose. »

Azik était sur le point de répondre lorsque soudain, Cohen sortit sa montre à gousset, reliée à son smoking noir par une chaîne d’or.

Il l’ouvrit et frappa de sa canne sur le sol :

– « La conférence est sur le point de commencer, Azik. Nous ne pouvons pas nous attarder davantage. Donnez le journal à Moretti. »

– « Très bien », répondit Azik en remettant à Klein le journal qu’il avait fini de lire. « Nous montons à l’étage. N’oubliez pas de nous envoyer un courrier. Notre adresse n’a pas changé, c’est toujours le Bureau du Département d’Histoire de l’Université de Khoy. »

Il fit un léger sourire, se détourna et quitta la pièce en compagnie de Cohen.

Klein ôta son chapeau et s’inclina. Les deux hommes partis, il fit ses adieux à Harvin Stone, traversa le couloir et quitta tranquillement le bâtiment gris.

Dos au soleil, il leva sa canne et déplia le journal dont il lut le nom : « Tingen : Édition du Matin »

Il y a toutes sortes de journaux et de magazines à Tingen… l’Édition du Matin, l’Édition du Soir, le Journal Honnête, le Backlund Daily Tribune, le Tussock Times, des magazines familiaux et des critiques de livres… se remémora Klein avec désinvolture. Toutes sortes de noms lui revenaient à l’esprit dont quelques-uns n’étaient pas locaux. Ils étaient distribués par des locomotives à vapeur.

Avec le progrès des industries du papier et de l’imprimerie, un journal ne coûtait plus qu’un penny et atteignait un public de plus en plus large.

Klein passa rapidement à la section “Actualités” et tomba sur un article intitulé : “Meurtre suite à un cambriolage à main armée “.

« …Selon le département de police, la scène de crime au domicile de M. Welch était un spectacle horrible. Il manquait de l’or, des bijoux et de l’argent, ainsi que tout ce qui avait de la valeur et pouvait être facilement emporté. Les cambrioleurs n’ont pas laissé un centime. Nous avons des raisons de croire que ceci est l’œuvre d’un groupe de criminels sans pitié qui n’hésitent pas à tuer des innocents, comme M. Welch et Mme Naya, pour peu qu’ils aient vu leur visage. 

« C’est un mépris total des lois de notre royaume ! Un défi à la sécurité publique ! Personne ne souhaite faire une telle rencontre ! La bonne nouvelle, par contre, est que la police a localisé le meurtrier et capturé le principal coupable. Nous ferons de notre mieux pour vous tenir informés.

« John Browning, Journaliste. »

L’affaire a été prise en mains et dissimulée… Pensa Klein en traversant le boulevard et en hochant la tête d’une manière à peine perceptible.

Tout en marchant, il feuilleta le journal et lut quelques articles.

Soudain, il sentit les poils de sa nuque se dresser, comme si des aiguilles le poignardaient.

Quelqu’un m’observe ? Me surveille ? Diverses pensées lui traversèrent l’esprit et Klein eut une vague prise de conscience.

Sur Terre, il avait déjà eu cette impression avant de finir par découvrir d’où venait ce regard. Cependant, ce sentiment n’avait jamais été aussi clair que celui qu’il éprouvait en cet instant et qui était exactement le même que celui qu’il avait décelé dans les fragments de souvenirs de son hôte.

Est-ce la transmigration ou le mystérieux rituel d’amélioration de la chance qui a aiguisé mon sixième sens ? Klein lutta contre l’envie de rechercher l’observateur. Il fit appel à ses connaissances acquises en lisant des romans et en regardant des films, ralentit le pas, rangea son journal et regarda en direction de la Rivière Khoy.

Il fit alors mine d’admirer le paysage, tournant lentement la tête à droite, à gauche. L’air naturel, il se retourna et inspecta les environs.

À part les arbres, les plaines verdoyantes et les étudiants qui passaient au loin, il n’y avait personne en vue. Cependant, le jeune homme était certain que quelqu’un l’observait !

Son cœur battait la chamade et son sang s’écoulait dans ses veines avec un bruit sourd.

Il déplia le journal et s’en couvrit partiellement le visage, de crainte que quelqu’un ne lui trouve un air étrange.

Dans le même temps, il cramponna sa canne et se prépara à dégainer son arme.

Un pas. Deux pas. Trois pas. Klein marchait lentement.

La sensation d’être espionné demeurait, mais il ne pressentait pas de danger imminent.

Un peu raide, il traversa le boulevard et arrivait à l’arrêt des transports publics lorsque par chance, une diligence arriva.

« Fer… Zoet…Non, Rue Champagne », annonça le jeune homme en s’efforçant de rejeter ses pensées.

Il pensait pouvoir rentrer immédiatement chez lui, mais craignait de mener jusqu’à son appartement un observateur aux intentions inconnues. Il envisagea ensuite de se rendre Rue Zoeterland pour demander de l’aide aux Faucons de Nuit ou à ses collègues mais craignant de les exposer ou d’attirer l’attention de l’ennemi, il se ravisa.

« Six pence », répondit d’un ton routinier le préposé aux billets.

Or ce jour-là, Klein n’avait pris avec lui que deux billets d’un soli et caché le reste à l’endroit habituel. En décomptant le trajet aller, il lui restait un soli et six pence. Il prit donc toutes ses pièces et les remit à l’agent.

Il monta en voiture, trouva une place libre et une fois les portes fermées, eut le sentiment que son malaise se dissipait.

Il expira lentement et frissonna légèrement.

Que faire à présent ? Se demanda le jeune homme en regardant par la fenêtre, s’efforçant de trouver une solution.

Jusqu’à ce qu’il ait tiré au clair les motifs de la personne qui l’observait, il était obligé de supposer qu’il puisse y avoir derrière tout cela une intention malveillante.

De nombreuses pensées lui vinrent à l’esprit, mais il les écarta. Comme il n’avait jamais rien vécu de tel, il lui fallut quelques minutes pour organiser ses idées.

Il fallait avertir les Faucons de Nuit, eux seuls pouvant vraiment résoudre le problème.

Seulement, je ne peux pas y aller directement, faute de quoi je pourrais les exposer. Peut-être est-ce là leur but…

Klein suivit le cours de ses pensées et à mesure qu’elles se faisaient plus claires, entrevit plusieurs hypothèses.

Il soupira et retrouva un semblant de calme, après quoi il s’attentionna au paysage qui défilait devant lui.

Le trajet qui le séparait de la Rue Champagne se passa sans incident, mais lorsque Klein descendit de la diligence, il eut aussitôt le sentiment désagréable d’être à nouveau observé !

Faisant comme si de rien n’était, il prit son journal, sa canne et se dirigea tranquillement vers la Rue Zoeterland. Au dernier moment, cependant, il prit la direction de la Rue de la Lune Rouge qui se trouvait derrière.

Il y avait là une belle place blanche, ainsi qu’une grande cathédrale au toit pointu : la cathédrale Sainte-Selena !

Le siège de l’Église de la Déesse de La Nuit Éternelle à Tingen !

En tant que croyant, il n’y avait rien d’étrange à ce qu’étant en congé, il prenne part à la Messe ou à la prière.

La cathédrale présentait une architecture similaire au style gothique terrestre. Elle était également dotée, entre deux vitraux à carreaux rouges et bleus, d’une haute tour d’horloge noire et imposante.

Klein entra dans l’édifice et prit une allée qui menait vers la salle de prière. Une lumière colorée pénétrait par les vitraux à motifs rouges et bleus, le bleu étant plus proche du noir et le rouge de la même teinte que la lune cramoisie. Cela conférait à l’environnement une ambiance étrangement sombre et mystérieuse.

Le sentiment d’être observé disparut. Imperturbable, Klein se dirigea vers la salle de prière ouverte.

L’absence de hautes fenêtres accentuait encore l’obscurité mais derrière l’autel sacré en forme d’arc, sur le mur juste en face de la porte, s’ouvraient une vingtaine de trous circulaires de la taille d’un poing qui laissaient entrer les rayons du soleil.

C’était comme si des passants, dans la nuit noire, levaient soudain les yeux vers le ciel pour contempler les étoiles scintillantes dans toute leur noblesse, leur pureté et leur caractère sacré.

Même si Klein avait toujours cru que les dieux pouvaient être analysés et compris, il ne put s’empêcher de baisser la tête.

D’une voix douce, l’évêque prêchait. Klein se dirigea en silence vers l’allée qui divisait les bancs en deux colonnes. Il trouva une place vide près du passage et s’assit discrètement.

Lentement, il plaça sa canne contre le dossier du banc qui se trouvait devant lui, ôta son chapeau et le posa sur ses genoux ainsi que le journal. Puis il joignit les mains et baissa la tête.

On aurait dit qu’il était vraiment là pour prier.

Klein ferma les yeux et écouta en silence la voix de l’évêque qui s’élevait dans l’obscurité.

« Ils manquent de vêtements et de nourriture, ils n’ont rien pour se couvrir dans le froid.

« Trempés par les pluies, ils se blottissent contre les rochers, faute d’abri.

« Ce sont des orphelins arrachés au sein de leur mère, qui ont perdu tout espoir ; ce sont les pauvres contraints de quitter le bon chemin.

« La Nuit Éternelle ne les a pas abandonnés. Elle leur accorde son amour… »

Les échos s’amplifiaient en pénétrant ses oreilles. Klein vit un sentier ténébreux et sentit son esprit ainsi que son mental purifiés.

Il demeura calme et attendit que l’évêque ait terminé son sermon et que la Messe prenne fin.

Cela fait, le prélat ouvrit la porte d’un confessionnal situé non loin et tous, hommes et femmes, se mirent à faire la queue.

Klein ouvrit les yeux et remit son chapeau. Canne et journal en main, il se leva et prit place dans la file d’attente.

Il dut attendre plus de vingt minutes avant que son tour n’arrive enfin.

Il entra, ferma la porte et se retrouva dans l’obscurité.

– « Qu’avez-vous à dire, mon enfant ? » Demanda l’évêque de derrière le clapet de bois.

Klein sortit de sa poche l’insigne de la “Septième Unité, Département des Opérations Spéciales” et le remit à l’homme d’Église par une ouverture.

– « Quelqu’un me suit. Je voudrais voir Dunn Smith », répondit-il d’un ton étrangement doux, comme s’il avait été affecté par le silence et l’obscurité.

L’évêque prit l’insigne, demeura un moment silencieux et lui dit :

– « Lorsque vous sortirez du confessionnal, prenez à droite et allez jusqu’au bout de l’allée. Vous trouverez une porte secrète sur le côté. Entrez, quelqu’un vous guidera. »

Tout en parlant, il tira sur une corde pour sonner un prêtre bien spécifique.

Klein récupéra son insigne, ôta son chapeau, le pressa contre sa poitrine. Puis il s’inclina légèrement et sortit.

Lorsqu’il eut la certitude que son impression d’être surveillé avait bel et bien disparu, il remit son demi haut-de-forme. Sans émotion superflue, sa canne à la main, il prit l’allée de droite et marcha jusqu’à un autel voûté.

Il eut tôt fait de repérer la porte secrète dans le mur, face à lui. Il l’ouvrit silencieusement et se faufila rapidement à l’intérieur.

La porte refermée, il aperçut, à la lueur d’une lampe à gaz, un prêtre d’âge moyen en robe noire.

– « De quoi s’agit-il ? » demanda sèchement ce dernier.

Klein lui montra son insigne et lui répéta ce qu’il avait dit à l’évêque.

Sans poser d’autres questions, le prêtre se retourna et s’éloigna.

Klein hocha la tête, ôta son chapeau, reprit sa canne et le suivit silencieusement.

Rozanne lui avait dit que l’allée de gauche au croisement menant vers la Porte Chanis conduisait à la cathédrale Sainte-Sélène.

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