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Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 22 – L’équipage pirate du Crâne Rouge
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Chapitre 22 – L’équipage pirate du Crâne Rouge

 

Un Transcendant avait été autorisé à quitter la flotte ? Sans les explications détaillées de Danitz, Klein comprenait aisément pourquoi il trouvait cela étrange.

Au sein d’une équipe de Faucons de Nuit, même le personnel civil était soumis à des restrictions strictes. Même une démission en bonne et due forme les obligeait à signer un accord de confidentialité à vie. Ils n’étaient pas autorisés à quitter la région de l’équipe des Faucons de Nuit à laquelle ils appartenaient à l’origine et, une fois approuvés pour déménager dans une autre ville, ils devaient immédiatement s’enregistrer à l’Église locale de la Nuit Éternelle.

Ces règles permettaient de comprendre comment les officiels traitaient les pouvoirs des Transcendants et tout ce qui s’y rapportait. Un Transcendant ayant bu une potion ne pouvait pas quitter son organisation aussi facilement.

Klein se souvenait parfaitement que Mlle Justice avait, à l’origine, les moyens et les voies pour devenir une Transcendante, mais qu’elle ne les avait pas empruntés. La raison évoquée était qu’elle ne voulait pas perdre sa liberté.

Des pensées similaires traversèrent l’esprit de Klein, mais elles ne devinrent pas des mots, car le poli mais froid Gehrman Sparrow ne s’intéresserait pas à de telles rumeurs.

« Et alors ? » demanda Klein d’un ton calme en jetant un regard aux plats posés sur la table.

Tu sais tenir une conversation, toi ? Danitz le Flamboyant inspira discrètement et esquissa un sourire.

« Haha, je trouve ça étrange. Nous nous doutions tous qu’il avait rejoint le MI9 et qu’il utilisait son identité de capitaine pour surveiller les routes maritimes. »

Klein prit un verre d’eau et en but une gorgée.

Les plats qu’il avait commandés lui furent servis un à un, dans l’ordre, selon leur nature. Le restaurant lui offrit même, avant le repas, deux coupes de vin sucré, pétillant et légèrement doré.

Klein se tut et se concentra sur la dégustation des mets, estimant qu’ils étaient bien meilleurs que ceux de la salle à manger de seconde classe.

Les airs mélodieux d’un violon flottaient dans l’air, se mêlant au tintement du léger contact entre les couverts et les assiettes. Au-dehors, la mer d’un bleu profond ondulait tranquillement, et tout semblait parfait.

Alors que Klein était sur le point de se voir servir le dessert, un membre de l’équipage entra en trombe et courut jusqu’à la table où était assis Elland.

« Capitaine, il y a un bateau pirate ! » cria-t-il sans baisser la voix.

La plupart des passagers furent choqués et cessèrent de manger.

Klein leva la tête et regarda Danitz, assis en face de lui, de ses yeux sombres et glacials.

Danitz le Flamboyant se figea un instant, puis esquissa un sourire amer. Il baissa la voix et dit :

« Si je vous dis que cela n’a rien à voir avec moi, me croirez-vous ? »

Les paupières de Klein tressaillirent et il sourit lentement.

« Je m’en doutais. »

Tu t’en doutais ? Fils de pute ! Danitz était si furieux qu’il faillit jurer à voix haute.

Il se força à conserver son sourire et ajouta :

« Votre sagesse est suffisante pour juger de tout. »

À ce moment-là, Elland s’enquit rapidement de la situation. Il se leva, puis s’adressa aux passagers de première classe paniqués :

« Il n’y a qu’un seul bateau pirate. Nous avons largement assez de puissance pour y faire face.

« Mesdames et messieurs, veuillez regagner vos chambres dans le calme et attendre l’arrivée de bonnes nouvelles. Croyez-moi, les dégâts causés par le chaos dépassent de loin ceux que peuvent causer ces pirates. Je n’ai aucune envie d’entendre plus tard des rumeurs selon lesquelles, même si l’Agate Blanche a réussi à repousser les pirates, une poignée de passagers sont tombés et se sont blessés. »

Sous sa direction, et avec le soutien de l’équipage, Donna et les autres quittèrent la salle à manger et retournèrent dans leurs cabines. Il en alla de même pour Klein et Danitz le Flamboyant, qui regagnèrent la chambre 312.

« Je pensais que vous alliez temporairement prendre le commandement de l’Agate Blanche et tenter de la protéger », commenta Danitz en refermant la porte, comme s’il assistait à une pièce de théâtre.

Le fait qu’il soit capable de tendre une branche d’olivier et de parler de credo et de rémunération après avoir trouvé un candidat adéquat montrait bien que c’était un maître d’équipage extraverti qui aimait discuter avec les autres.

Klein lui jeta un coup d’œil, puis s’approcha de la fenêtre et regarda au-dehors. Il vit un grand navire arborant un pavillon à tête de mort rouge flotter en oblique vers eux. Le bâtiment possédait à la fois des cheminées et des voiles.

« Tu les connais ? » demanda Klein en glissant les mains dans ses poches, se plaçant derrière la vitre épaisse.

Danitz se plaça en biais derrière lui. Après avoir observé au loin pendant deux secondes, il répondit :

« Le Crâne Rouge. Un petit équipage pirate.

« Le capitaine, c’est Johnson le Loup de Mer, avec une prime de 900 livres. Le second, c’est Anderson le Borgne, avec une prime de 500 livres. »

Dans le monde des pirates, une prime était un point de référence essentiel pour déterminer le statut et la position d’une personne.

Klein n’ayant pas la capacité de se déplacer aisément sous l’eau, il serait très facile de causer la mort d’innocents s’il laissait les pirates monter à bord du navire. Il resta silencieux quelques secondes avant de demander :

« Est-ce qu’ils te connaissent ? »

« Bien sûr ! » Danitz se redressa instantanément. « Ils sont suffisamment qualifiés pour participer aux réunions entre pirates de haut niveau. Je leur ai déjà botté le cul. »

Comme on peut s’y attendre d’un célèbre pirate valant 3 000 livres…

Sans changer d’expression, Klein demanda :

« Ont-ils des jumelles ? »

« C’est un équipement indispensable. Même lorsqu’un navire est sous contrôle, il y aura toujours des marins postés sur le mât de vigie, utilisant des jumelles pour observer les environs et prévenir toute attaque surprise », répondit Danitz avec mépris.

Il put enfin constater que ce dangereux personnage était un nouvel aventurier, et qu’il s’agissait fort probablement de sa première traversée.

Un célèbre chasseur de primes ? Un membre d’une organisation secrète ? Danitz se surprit à deviner inconsciemment le passé de Gehrman Sparrow.

« Dans ce genre de situation, le capitaine et le second utilisent-ils eux aussi leurs jumelles pour nous observer ? » continua Klein, qui avait failli les appeler “900 livres” et “500 livres” avant de juger la chose un peu impolie.

« Bien sûr. Ils doivent suivre leur cible », répondit Danitz, un peu perplexe.

Il ne comprenait pas pourquoi Gehrman Sparrow posait ce type de questions. De son point de vue, s’il avait eu une telle force, il aurait laissé les pirates du Crâne Rouge s’approcher, cherché une occasion d’aborder leur navire, puis aurait éliminé tout le monde.

Klein inclina la tête et regarda Danitz avant d’afficher un sourire de gentilhomme, doux et chaleureux.

« Parfait. »

Qu’est-ce que tu veux faire ? Ne souris pas comme ça ! Danitz sentit soudain la panique monter en lui et trouva le courage de protester intérieurement.

« Enlève ta perruque », ordonna calmement Klein.

« Hein ? » Danitz, perplexe, ôta lentement la perruque de sa tête.

Klein sortit de sa poche secrète un petit flacon d’extrait spécial et le lui tendit.

« Essuie tes sourcils et ton visage. »

Il s’agissait d’un « Extrait de démaquillage » mystique qu’il avait préparé avant de se mesurer à un Sans Visage. Il l’avait ensuite utilisé contre le Revenant de l’École de la Rose.

Bien que Klein n’en ait désormais plus besoin, il répugnait à le jeter.

« … » Danitz était encore plus confus. Cependant, il ne voulait pas précipiter la situation dans un point de non-retour tant qu’il ne subissait pas réellement d’attaque physique. Il n’eut d’autre choix que d’obéir, retirant son déguisement pour retrouver son visage d’origine.

Après avoir rangé le petit flacon en métal, Klein ouvrit la fenêtre et laissa la brise marine s’engouffrer dans la cabine.

« Mets-toi là et regarde dehors », lui dit-il en désignant le rebord de la fenêtre.

Hébété, Danitz s’approcha prudemment et se tint fermement derrière la vitre.

Klein l’observa quelques secondes, puis déclara calmement :

« Tu as deux possibilités. Premièrement, tu sors par toi-même et tu t’accroches de façon à attirer l’attention. Deuxièmement, je te tiens par le col et tu restes suspendu de façon à attirer l’attention. »

« Qu’est-ce que vous voulez faire ? » s’écria Danitz.

Klein retrouva son sourire aimable.

« Te montrer aux pirates. Je pense que le quatrième maître d’équipage du contre-amiral Iceberg a suffisamment de poids pour les convaincre de battre en retraite. »

« Non, ne faites pas ça ! » Danitz rejeta instinctivement l’idée.

Il pouvait facilement imaginer ce que penseraient les membres de l’équipage du Crâne Rouge en le voyant : soit Danitz le Flamboyant avait été capturé, et il y avait à bord une puissance terrifiante, soit le navire était déjà pris pour cible par le contre-amiral Iceberg, et les autres pirates devaient immédiatement s’éloigner.

Et la façon dont je suis accroché décidera de ce qu’ils penseront… songea Danitz avec une amère tristesse.

Klein sourit encore plus gentiment.

« Je suis quelqu’un de très facile à vivre, tant que tu fais ce que je te dis. »

À cet instant, Danitz ressentit de nouveau cette inexplicable sensation de faim. Il eut l’impression que sa chair et son âme pouvaient être arrachées de son corps à tout moment.

Après avoir pesé le pour et le contre pendant une seconde, il leva à moitié les mains, serra les dents et sourit :

« Je le ferai moi-même. »

Ravalant sa colère et son ressentiment, Danitz se retourna et passa par la fenêtre. Grâce à son sens de l’équilibre et à la force acquise au fil des années, il se suspendit, l’avant-bras accroché au rebord de la cabine.

« N’essaie pas de t’échapper. Je ne suis pas un homme patient », prévint Klein d’un ton froid.

Danitz réprima l’envie de lâcher prise et de sauter directement dans le vide.

Sur le navire pirate au loin, l’équipage chargé d’observer l’Agate Blanche transmit un message à Johnson le Loup de Mer.

« Patron, il y a un type bizarre accroché à une fenêtre, là-bas ! »

Johnson resta stupéfait une seconde. Il leva ses jumelles et les porta à ses yeux.

Il repéra rapidement l’étrange individu décrit par son subordonné. La position de cet homme était tout simplement trop voyante.

N’est-ce pas Danitz le Flamboyant ? Les sourcils de Johnson se froncèrent en le reconnaissant.

Comment a-t-il pu monter à bord de l’Agate Blanche ? Qu’est-ce que ça signifie de le laisser pendre à l’extérieur ? Est-ce la proie du contre-amiral Iceberg ? Après une série de questions silencieuses, le Loup de Mer parvint à une conclusion.

Il leva la main droite et dit :

« Tout le monde, prenez note : restez loin de cette zone, immédiatement ! »

Dans la chambre 305, Cleves se tenait près de la fenêtre, le revolver bien serré en main, paré à une possible escarmouche en mer.

La famille de Donna était un peu effrayée. Ils n’étaient pas retournés dans leurs chambres respectives, mais étaient restés assis dans le petit salon, attendant le début du bombardement. Cécile et l’autre garde du corps, Teague, montaient la garde à leurs côtés, en alerte.

À ce moment-là, une expression de confusion apparut dans les yeux un peu vieillissants de Cleves.

Au bout de quelques minutes, il recula d’un pas, baissa la tête et déclara aux autres :

« Les pirates s’en vont. »

« Quoi ? »

Ce développement laissa Urdi Branch et les autres à la fois surpris et perplexes. Ils n’avaient aucune idée de ce qui pouvait bien traverser l’esprit des pirates.

Chambre 312.

Danitz se laissa retomber à l’intérieur et ne put s’empêcher de grogner :

« Vous empruntez la réputation de mon capitaine ! Elle déteste vraiment ce genre de choses ! »

Attends un peu que le contre-amiral Iceberg te donne une leçon… pensa-t-il avec colère.

Klein l’écouta tranquillement, puis demanda :

« Je me souviens que sa prime à Loen était de 26 000 livres, non ? »

Ce fou… Danitz ne trouva rien à répondre.

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