Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 21 – L’otage
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Lorsqu’il s’aperçut qu’un pirate qui pesait 3 000 Livres était monté à bord du navire sous un déguisement, Klein ressentit de la méfiance. Il sourit à Denton et Donna qui se tenaient à ses côtés et leur dit : 

– « Voilà un ami ».

Puis calmement, il se dirigea vers le quatrième maître d’équipage de la Contre-amirale Iceberg, le regard rivé sur lui.

Le sourire de Danitz Le Flamboyant se figea lorsqu’il vit le jeune aventurier au sang fou s’approcher lentement. Une idée lui vint brusquement à l’esprit : Fuis ! Cours aussi vite que tu peux ! Fais tout ton possible pour t’échapper ! Même si tu dois utiliser tes pouvoirs Transcendants et dévoiler ton identité, il te faut fuir immédiatement !

A ses yeux, cet aventurier réservé et austère était un véritable monstre drapé dans une peau humaine !

Danitz s’apprêtait à passer à l’action lorsque soudain, se remémorant ce qui s’était passé la veille, il se calma : l’aventurier ne l’avait pas attaqué et l’avait laissé partir !

En d’autres termes, il n’a pas nécessairement l’intention hostile de me traquer. Il est possible de le raisonner pour résoudre cette crise… Prendre la fuite ne ferait qu’engendrer un conflit…

Les pensées se bousculaient dans l’esprit du pirate. Fort d’une solide expérience, il prit avec force le contrôle de ses jambes et donna l’impression d’attendre. 

Klein s’approcha pas à pas et sourit.

– « Bonjour, ravi de vous revoir. »

Pour une raison inexplicable, ce sourire doux et courtois fit frémir Danitz. Il pinça les lèvres et répondit : 

– « Bonjour ».

Klein jouait toujours son personnage, mais son expression devint froide.

– « Que faites-vous sur ce navire ? »

– « Je me rends sur l’Archipel de Rorsted », répondit honnêtement Danitz Le Flamboyant, qui était également un célèbre pirate.

– « Qu’allez-vous faire là-bas ? » s’enquit calmement Klein. 

Danitz eut un sourire forcé : 

– « Nous attendons les ordres de notre Capitaine. Peut-être me confiera-t-on une mission. » 

Il va probablement me chasser du navire. Dans tous les cas, il y a un risque potentiel à laisser monter un pirate à bord d’un navire… pensait-il. 

Pour lui, c’était préférable. Tout au plus aurait-il perdu son billet.

Klein ne disait plus rien. Le silence était tel que Danitz sentit ses cheveux se dresser sur la tête.

Il lui fallut attendre cinq ou six secondes avant que son interlocuteur ne reprenne la parole.

– « Dans quelle cabine logez-vous ? »

– « Première classe, chambre 312 », répondit le pirate en levant le billet qu’il tenait à la main à hauteur de ses yeux. 

Il n’osait pas baisser le regard de crainte que l’ennemi n’en profite pour l’attaquer par surprise.

Klein eut un signe de tête imperceptible.

– « Y a-t-il une chambre de service ? »

– « Oui », répondit machinalement Danitz, complètement perdu. 

Il n’avait aucune idée de la raison pour laquelle l’homme lui posait cette question.

C’est alors qu’il entendit son interlocuteur lui dire d’un ton plat, comme s’il s’adressait à un subordonné :

– « Vous dormirez là. »

Hein ? Où ça ? Dans la chambre des domestiques ? Vous n’allez pas me chasser du navire ? 

– « Pour quelle raison ? » s’empressa de demander le pirate, un peu abasourdi.

Klein lui jeta un coup d’œil et lâcha à voix basse : 

– « Otage. »

Un otage ? Il craint donc que je sois un agent infiltré sur le navire, destiné à faciliter le pillage de l’Agate Blanche par la flotte de pirates et il compte m’utiliser comme otage ? C’est sensé. Si vraiment c’est ce qu’il soupçonne, quand bien même il me chasserait du navire, cela n’empêcherait pas l’attaque de la flotte pirate.  Mieux vaut me garder en otage pour faciliter les négociations… Merde. Je déteste ces gens arrogants et froids qui ne disent pas grand-chose. Ils se contentent d’un mot ou deux, voire d’une simple phrase et il faut deviner le reste ! Si je n’étais vraiment pas à sa hauteur, je ne me mêlerais même pas à ce genre de compagnie ! Comment ai-je pu penser que son tempérament me plaisait ? Je devais être fou… pensa Danitz tout en serrant les dents.

Impuissant, il soupira :

– « Très bien. »

– « À votre cabine », ordonna Klein, en parfait Gehrman Sparrow.

Ouf… Danitz Le Flamboyant prit sa valise et, à contrecœur, précéda le monstre drapé de peau humaine jusqu’à la cabine. Ils montèrent sur le pont supérieur et arrivèrent à la chambre 312.

Le pirate ouvrit la porte et Klein jeta un coup d’œil rapide. C’était bien mieux que la seconde classe.

La salle de séjour, qui mesurait environ trente mètres carrés, donnait sur une chambre principale et trois chambres de service. Il y avait une salle de bain séparée, une armoire standard et un bureau en acajou.

Danitz posa sa valise et jeta un coup d’œil aux chambres des domestiques. Une question importante lui vient soudain à l’esprit.

– « La chambre principale va-t-elle rester vide comme ça ? »

Il n’avait pas posé la question qu’il connaissait déjà la réponse.

– « Elle est pour moi », répondit Klein en souriant à la manière d’un gentleman.

Il fallait s’y attendre, c’est pour me surveiller… se dit Danitz, dépité.

Klein fit les cent pas sur le tapis de la pièce et lui montra la porte : 

– « Descendons. »

– « … Très bien » répondit le pirate, un peu perdu, ne sachant pas ce que l’homme voulait faire.

Le duo aventurier-célèbre pirate ne tarda pas à arriver à la chambre de Klein, située en seconde classe. 

Le jeune homme ouvrit la porte, mais n’entra pas. Désignant la pièce, il dit à Danitz : 

– « Prenez tout ce qui se trouve sur le bureau et rangez-le dans la valise ».

Quoi ? Ranger ? Vous voulez que je vous aide à ranger ? Danitz en était presque abasourdi.

En un clin d’œil, il sentit une vague de colère lui monter à la tête.

Moi, Danitz Le Flamboyant, quatrième maître d’équipage de la Contre-amirale Iceberg, célèbre pirate dont la tête est mise à prix pour 3 000 Livres, traité comme un domestique ?!

Ma dignité et ma réputation ne sauraient souffrir une telle humiliation !

Voyant que le pirate restait là, immobile, pétrifié tel une statue, Klein lui lança un regard froid.  

Aussitôt, Danitz se mit à trembler.

Il prit une grande inspiration et répondit avec un sourire qui semblait pire que des pleurs : 

– « Très bien. » 

Mécontent, il se pencha, entra dans la cabine dont le plafond n’était pas très haut et s’empressa de ranger dans la valise tous les objets éparpillés.

Sans que Klein ait besoin de le lui intimer, il les rangea soigneusement, encore plus soigneusement que s’il s’agissait de ses propres bagages.

Cela fait, il prit la valise et suivit le jeune aventurier à l’étage.

L’envie d’attaquer furtivement l’homme dans le dos le démangeait mais finalement, il se retint.

De retour dans la chambre 312, Danitz serra les dents, déglutit et demanda : 

– « Comment dois-je vous appeler ? »

– « Gehrman Sparrow », répondit succinctement Klein.

Gehrman Sparrow… Danitz rumina intérieurement ce nom, jurant qu’il n’oublierait jamais ce qui s’était passé aujourd’hui. Il se promit de faire goûter à cet homme quelque chose de similaire.

Ma Capitaine va certainement m’aider ! pensa-t-il, impatient.

Par égard pour son personnage, Klein, au lieu du fauteuil inclinable, préféra prendre au hasard une chaise de bois.  

Il s’assit et s’adossa à son siège, le corps légèrement voûté, les mains jointes, et dit à Danitz : 

– « Parlez-moi des célèbres pirates que vous connaissez. » 

– « Il y en a beaucoup », répondit l’autre, quelque peu désemparé.

Il restait là sans bouger, tel un serviteur.

Klein releva lentement la commissure de ses lèvres : 

– « Faites-le selon les primes. »

Sur ce, il désigna la chaise en face de lui : « Asseyez-vous. »

Avec un soupir de soulagement, Danitz s’empressa d’obtempérer.

Il eut soudain l’impression que cet homme n’était pas si mauvais. Au moins était-il disposé à lui offrir un siège.

L’Agate Blanche prit le large et maintint une vitesse de 13 nœuds jusqu’à midi.

Danitz Le Flamboyant, qui avait la bouche sèche à force de parler, fut enfin autorisé à s’arrêter. Il prit son billet et conduisit Klein au restaurant de la première classe.

Celui-ci était décoré avec élégance. Des violonistes jouaient dans un coin et des barrières séparaient les tables pour garantir l’intimité de chacun.

Après avoir fait quelques pas, Klein aperçut la famille de Donna accompagnée de Cleves. Assis autour d’une grande table, ils attendaient que le serveur apporte les plats.

– « Oncle Sparrow ! » s’exclama le petit Denton qui, depuis qu’ils avaient un secret, ne s’adressait plus à lui de la même façon. 

Donna cligna des yeux, exprimant pleinement ses doutes.

Dans ses souvenirs, l’oncle Sparrow logeait dans une cabine de seconde classe. Il n’était donc pas censé se trouver dans ce restaurant.

En guise de salutations, Klein leur fit un signe de la main accompagné d’un sourire puis, désignant Danitz, il leur dit :  

– « C’est lui qui régale. »

– « C’est donc ça… » 

Curieuse, Donna examina Danitz et trouva que ce monsieur avait l’air bizarre, en particulier ses sourcils qui n’avaient rien de naturel.

Cleves posa sa fourchette et son couteau, et après un bref silence, demanda : 

– « Un ami à vous ? » 

Klein eut un petit rire et se tourna vers le pirate : 

– « À votre avis, que dois-je répondre ? »  

Danitz serra les dents, puis se força à sourire.

– « Gehrman m’a sauvé un jour. »

C’est vrai. Sans quoi il m’aurait peut-être déjà tué pour réclamer la prime… pensa-t-il pour se consoler.

Cleves jaugea plusieurs fois Danitz, mais n’ajouta rien. 

Passant devant la famille Donna, Klein trouva une table près de la fenêtre.

Le serveur arriva, plein d’enthousiasme, et leur tendit le menu.

– « Steak au charbon de bois, foie gras au vin rouge, salade de légumes… » Danitz ne put s’empêcher de soupirer en le parcourant. « Les navires comme celui-ci qui accostent tous les deux ou trois jours pour se réapprovisionner proposent beaucoup de produits frais. Sur un bateau qui vient de passer une ou deux semaines en mer, les seules alternatives sont la bière, la viande séchée et diverses conserves. La monotonie est telle qu’elle rend fou. Cela dit, la mer elle-même vous fournit de la nourriture fraîche. Mais pour cela, il faut avoir suffisamment de discernement. Un jour, sur notre navire, un marin a mangé un magnifique homard et a souffert de diarrhée jusqu’à ce que son c*l… »

En tant que pirate, il avait l’habitude de décrire les choses vulgairement, mais devant l’expression de Gehrman Sparrow, il changea de vocabulaire : « jusqu’à ce qu’il n’ait presque plus de fesses. »  

J’ai des raisons de penser qu’il y avait d’autres facteurs. Bien que votre capitaine soit une femme, il doit y avoir très peu de femmes dans l’équipage. De plus, comme les marins n’ont pas pu débarquer durant une longue période, ils doivent avoir soif… railla Klein intérieurement.

Il prit le menu et traça une ligne en fonction du prix.

– « Tout ça. »

– « Très bien », répondit le serveur, le visage impassible. 

C’est alors que le Capitaine Elland entra dans la salle à manger et passa devant eux. Klein le salua tout naturellement. 

Lorsqu’il se retourna, il vit que Danitz regardait par la fenêtre, comme s’il observait le paysage.

– « Le Capitaine vous connaît ? » demanda-t-il au pirate sur un ton proche de l’affirmation.

Danitz laissa échapper un petit rire creux.

– « Nous avons affronté son équipage du temps où il était bosco sur le Wilhelm V. De plus, je suis un pirate plutôt célèbre… »

Se rappelant brusquement dans quelle situation il se trouvait, Danitz, abattu, changea de sujet. « Je me suis toujours demandé pourquoi Elland Le Juste avait brusquement quitté la Marine. À l’époque, il était déjà Arbitre. »



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