Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 219 – Créatures sous contrat
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Vol 2 : L’Homme Sans Visage / Chapitre 219 – Créatures sous contrat

Fors ne fut pas le moins du monde surprise par la question de Dorian Gray. Étant en contact avec lui depuis un mois, elle s’y était préparée et avait même demandé au Pendu – qui avait de l’expérience – de décider du type d’expression et de réaction qu’elle devait adopter.

– « Il existe vraiment des Transcendants de ce genre ? » demanda-t-elle, étonnée.

– « Oui », répondit Dorian avec un léger signe de tête.

Il regarda autour de lui pour s’assurer qu’il n’y avait personne, puis il s’approcha d’un arbre dépouillé de ses feuilles et y appuya sa main.

Soudain, la silhouette de Dorian se brouilla. On aurait dit un reflet dans l’eau.

Lorsqu’elle retrouva sa netteté, il était derrière l’arbre, dans la même posture.

– « Oh mon Dieu ! C’est… c’est incroyable ! » s’exclama-t-elle, la bouche ouverte en demi-cercle, se souvenant des enseignements du Pendu et de Justice.

Dorian revint sur ses pas et lui sourit :

– « Voudriez-vous devenir une telle Transcendante ? »

Fors resta un instant silencieuse et « toute excitée » répondit :

– « … Oui ! ».

Maintenant qu’elle allait enfin devenir membre périphérique de la famille Abraham, beaucoup de choses seraient plus faciles pour elle ! Son cœur était rempli d’une joie authentique.

Dorian se mit à rire, puis prit un air grave :

– « Voudriez-vous être mon élève ? »

Fors hocha la tête.

– « Oui ! »

Dorian a laissé échapper un soupir de soulagement, puis ajouta :

– « Je ne suis pas un bon professeur, j’ai même enseigné à un… Euh…ne parlons plus du passé. En bref, n’ayez pas d’attentes trop élevées. »

Après avoir longuement réfléchi, il avait décidé de tirer les leçons de ses expériences passées. Il ne parla pas à Fors de la situation de la famille Abraham et se limita à une relation de professeur à élève. De cette façon, il n’avait pas à craindre que la romancière convoite les quelques objets mystiques qui restaient à sa famille.

– « Non, vos explications au sujet de l’occultisme sont excellentes, vraiment, M. Gray. Je veux dire : professeur », s’empressa de répondre Fors, confirmant la relation établie entre eux.

Dorian regarda la pierre tombale, secoua la tête et soupira :

– « Je n’avais pas l’intention d’accueillir d’autres élèves, mais votre noble caractère m’a contaminé. Sauf imprévu, je pourrai vous donner la potion aujourd’hui ».

– « Aujourd’hui ? » fit Fors, surprise.

Lorsqu’elle était allée chercher Dorian Gray à la gare de Backlund, elle avait remarqué qu’il ne portait qu’une toute petite valise, à peine suffisante pour des vêtements de rechange. Rien n’indiquait qu’il eût sur lui des ingrédients Transcendants.

Elle émit une vague supposition :

Aurait-il ses propres ressources et contacts à Backlund, de ceux qui appartiennent à la famille Abraham ?

Son plan initial était de profiter de la distance qui les séparait pour vendre les ingrédients de la potion d’Apprenti, puis de lui dire qu’elle avait réussi à devenir une Transcendante. Elle pourrait ainsi récupérer une grosse somme en argent liquide et éviter la tragique conséquence d’avoir à reprendre la potion et de passer du temps à l’assimiler.

– « Oui », répondit Dorian sans plus d’explications. Puis, indiquant du doigt la direction opposée : « Allons d’abord voir Laubero et Aulisa. »

Ils prirent un virage, quittèrent le cimetière Grimm et retournèrent à la maison que Fors louait avec Xio dans le Quartier de Cherwood.

Depuis un mois environ, Xio, qui était désormais Shérif, partait tôt et rentrait tard afin de rembourser ses lourdes dettes. Comme elle s’efforçait d’obtenir toutes les primes possibles, elle ne serait certainement pas chez elle vers midi.

– « Y aurait-il une pièce tranquille ? » demanda Dorian en regardant autour de lui avec désinvolture.

– « Beaucoup », répondit Fors en conduisant son nouveau professeur à la salle d’activités du premier étage.

Dorian fit le tour de la pièce, inspecta les alentours et demanda à la jeune femme d’allumer une bougie mélangée à un morceau de bois de santal rouge sombre.

Il a fermé la porte, tira les rideaux, s’approcha de la bougie et sortit deux flacons d’huile essentielle ainsi que quelques poudres de plantes communes.

Vous organisez un rituel ? Ne devrait-il pas y avoir trois bougies ? se demanda Fors qui le regardait faire, intriguée, comme stupéfaite par l’atmosphère.

La première partie du rituel terminée, Dorian recula d’un pas et l’air grave, dit en Hermès ancien :

– « Moi !

« J’invoque en mon nom :

« Le Corps Spirituel spécial qui erre dans les royaumes supérieurs, la créature du vide qui aime la musique, le Compagnon Contractuel de Dorian Gray Abraham. »

Il y eut une soudaine bourrasque, on entendit une voix sanglotante et la flamme vacillante de la bougie se teinta d’un bleu profond.

Des anneaux de lumière se répandirent aussitôt et formèrent une porte hors des concepts de normalité.

Une boule semi-illusoires, semi-corporelle monta du cercle de lumière.

Elle était d’un blanc laiteux, n’avait ni yeux, ni nez, ni bras, ni jambes, seulement une fissure qui ressemblait à une bouche.

Dorian sourit, ouvrit la bouche et se mit à fredonner une douce berceuse folklorique.

La “boule” se balançait de gauche à droite. Elle semblait ravie.

La mélodie terminée, Dorian tendit la main.

– « Malmouth, donne-moi les objets que je t’ai confiés avant-hier. »

La “boule” sauta de haut en bas, se mit à gonfler et, ouvrant la “bouche” en grand, cracha deux ingrédients Transcendants aux étranges reflets.

Dire que c’est possible… pensa Fors, le regard surpris.

Dorian récupéra les ingrédients principaux de la potion de l’Apprenti, annula l’invocation et mit fin au rituel.

Puis il regarda la jeune femme et sourit :

– « Même dans le monde des esprits, les créatures du vide comme Malmouth sont extrêmement rares. Dans des circonstances normales, les rituels d’invocation ne les désignent pas. Il faut qu’un ancien d’une Séquence suffisamment élevée pénètre dans le monde des esprits et, après une longue période de recherche, passe un contrat avec l’une d’entre elles. Il permettra ainsi à ses descendants de l’invoquer par le biais d’un rituel en mentionnant son nom.

« Une fois que la créature du vide s’est manifestée, un nouveau contrat peut être conclu de manière à la lier à soi. Elle ne pourra plus être invoqué par d’autres. »

– « C’est donc ainsi… Ça a l’air intéressant ! », répondit Fors du fond de son cœur.

Elle ne pouvait s’empêcher de se réjouir de l’avenir.

Abstraction faite de la malédiction de la pleine lune ou du fait que les Transcendants ordinaires sont réprimés et constamment confrontés au danger, explorer ce monde merveilleux serait une véritable délectation… J’espère vraiment qu’un jour, je pourrai parcourir le Monde des Esprits….

Dorian eut un petit rire :

– « La principale capacité de Malmouth consiste à avaler sans dommage de nombreux objets. C’est l’équivalent d’un entrepôt mobile, invisible et introuvable pour les autres.

« Bien sûr, il ne peut pas stocker trop de choses car son estomac est limité. De plus, il n’aime pas les gens sans talent musical. Jamais il n’accepterait de contrat avec de telles personnes. »

Au moins, je sais jouer de la lyre… pensa Fors avec un soupir de soulagement.

Dorian lui demanda alors de lui procurer une marmite noire.

Réalisant qu’il était sur le point de concocter la potion, elle n’en laissa rien voir mais intérieurement, elle priait avec ardeur pour qu’un incident se produise.

Je ne veux pas reprendre la potion de l’Apprenti ! Cela me ferait perdre trop de temps ! Si j’avais su, j’aurais été plus honnête… Il est trop tard pour dire la vérité. Le Professeur Gray a dû faire une tentative de divination, mais il y a eu des interférences. Si j’avouais maintenant, il penserait que quelqu’un de puissant me soutient ou me pousse à agir…

En proie à ses pensées, elle vit Dorian se retourner et lui tendre un flacon de potion plein de bulles.

– « Buvez cela et vous serez une Transcendante », dit-il d’un ton plat mais très séduisant.

Puis il la rassura : « Ne vous inquiétez pas. Avec moi ici, vous n’aurez aucun problème. »

– « D’accord. »

Fors serra les dents, prit la potion et la but d’un trait.

Au même moment, une pensée lui traversa l’esprit :

L’honnêteté est la meilleure politique…

La calèche s’arrêta aux abords du Quartier Est, Klein, son chapeau sur la tête et sa canne à la main, pénétra dans le vaste bidonville d’un quartier à l’allure décente.

Il aperçut alors deux silhouettes familières sortir de l’immeuble relativement propre qui se trouvait devant lui.

C’étaient deux jeunes filles – l’une âgée de dix-sept ou dix-huit ans, l’autre d’une quinzaine d’années – les deux filles de la blanchisseuse, Liv : Freja et Daisy. Cette dernière avait été enlevée par Capim et sauvée par l’Empereur Noir.

Daisy, qui l‘avait aperçu, lui adressa un grand sourire :

– « Bonjour, Détective Moriarty ! »

Klein lui rendit son sourire et perplexe, demanda :

– « Daisy, tu ne vas donc pas à l’école primaire publique ? »

À la demande de journalistes comme Mike Joseph et sous l’impulsion de l’Église de la Déesse de la Nuit Éternelle, le gouvernement de Backlund avait créé un fonds de charité avec la succession de Capim, spécifiquement pour aider les femmes et les familles auxquelles il avait nui.

La famille de Daisy en avait profité pour, d’un appartement miteux dans un environnement peu sécurisé, déménager dans la banlieue du Quartier Est, passant d’un studio à un deux pièces où elles n’étaient plus contraintes de manger et dormir dans la buanderie.

En outre, Daisy avait obtenu une bourse pour fréquenter une école primaire publique, et elle était ravie que le fonds de charité prenne en charge ses frais de scolarité et ses repas qui coûtaient trois pences par semaine.

Ce qui laissait Klein perplexe, c’est que le jour de congé, à l’école, était le dimanche. Daisy n’était pas censée être là ce jour-là.

– « L’école est très proche. J’ai profité de ma pause après déjeuner pour aider Freja à rapporter du linge propre à une cliente. Maman et elle ne peuvent pas gérer la charge de travail », répondit franchement l’adolescente.

Depuis son entrée à l’école, en effet, Liv et Freja ne pouvaient plus gérer autant de linge ce qui, évidemment, diminuait le revenu familial. Si Mike ne les avait pas aidées à demander une subvention à l’association caritative, elles n’auraient jamais pu maintenir leur niveau de vie.

Il ne faisait aucun doute que Freja ne pourrait jamais intégrer une école primaire publique et alors que Daisy en parlait à Klein, ses yeux étaient pleins d’une envie et d’une douleur non dissimulées.

Alors qu’elle n’avait même pas encore dix-huit ans, elle ne pouvait que regarder, sans un mot, sa sœur aller à l’école.

Klein, à qui cela n’avait pas échappé, dit à Daisy :

– « Tu dois savoir que ta mère et Freja traversent une période difficile. Traite-les bien. »

Daisy acquiesça gravement :

– « J’y ai pensé. Quand les choses se seront calmées, le soir et le dimanche, j’enseignerai à Freja ce que j’ai appris durant la journée. Je serai sa tutrice personnelle ! »

Freja cligna des yeux et ne put s’empêcher de baisser la tête.

– « Bien, très bien », la félicita Klein, de bonne humeur, avant de les saluer et de tourner dans une autre rue.

Il se rendit rue du Palmier Noir pour revêtir sa tenue d’ouvrier et en quittant son studio, il vit s’approcher un homme d’âge moyen aux vêtements démodés qui lui demanda d’un air aimable :

– « Monsieur, auriez-vous entendu parler du Créateur originel ? »

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