Le Chevalier des Elfes
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Les orques adoptèrent une formation inattendue, au lieu de charger frontalement et sauvagement en faisant peser le poids du nombre, ils optèrent pour un vaste encerclement sans chercher à bouger. Lancelot resta perplexe bien vingt secondes devant ce dénouement imprévu. Mais il finit par se ressaisir et ordonna aux archers d’arroser de projectiles les adversaires. Il eut un nouveau phénomène étrange, l’ennemi ne fut trop pas échaudé par le fait de recevoir quantité de flèches.

Les adversaires se cantonnaient à essayer de parer avec leur grosse épée de fer les traits, et à arracher les projectiles qui se logeaient dans leur corps. Il y eut bien quelques démonstrations de folie furieuse dans le sens d’orques qui foncèrent de façon isolée vers les elfes, mais globalement l’ennemi maintenait son comportement bizarre. Le général ne comprenait pas la manière d’agir de ses antagonistes, mais il n’aimait pas la situation. Il sentait que quelque chose de louche se tramait. Aussi il ordonna une charge massive, que tous les bataillons se dispersent afin de briser l’encerclement. Lancelot pensait qu’il fallait percer le verrou de l’armée orque pour se replier vers un lieu plus propice.

D’accord pour l’instant il y avait des pertes surtout dans la faction ennemie. Cependant les chefs orques devaient avoir mijotés un plan particulier, à moins d’avoir sombré dans l’imbécilité la plus totale. Il y eut quelques protestations d’officiers, qui rechignèrent à abandonner le combat, mais le général était suffisamment respecté pour que ses directives de retraite soient exécutées.

Toutefois Lancelot réagit trop tard apparemment, l’arme secrète des orques se déployait sous ses yeux, une cavalerie aérienne. Des centaines de corbeaux géants fondirent sur les elfes. Les volatiles gigantesques servaient de monture pour des ennemis d’élite, ils supportaient des guerriers adverses d’exception. Les oiseaux mesuraient bien dix mètres d’envergure. Il s’agissait de montures ailées avec un drôle de regard, leurs yeux semblaient vitreux, comme si les corbeaux n’avaient pas de volonté propre. Un sort de domination animale devait servir à contrôler les volatiles. C’était d’ailleurs une explication plausible au fait que les orques déployaient brutalement un atout jamais vu.

Normalement des années de travail étaient nécessaires pour dresser un corbeau géant par des moyens naturels. C’étaient des bêtes assez intelligentes mais d’un naturel farouche. Seule une magie coercitive permettait de s’en servir rapidement sans dégât pour un cavalier. Les elfes ne restèrent pas sans réagir et inondèrent le ciel de flèches afin de descendre les montures ailées, toutefois c’était de la pure perte de temps. Il existait des charmes de protection qui détruisirent le bois des projectiles, dès que les traits s’approchaient des corbeaux leur partie non métallique se mettait à disparaître complètement. Aussi les tirs des elfes ne servirent pas à grand-chose sauf à faire rire les orques qui volaient.

Après deux passages dans les airs histoire de plonger dans le désarroi les elfes, les cavaliers se mirent à foncer vers leurs proies, à se rapprocher histoire de semer le maximum de carnage. La plupart des orques au sol eurent envie de participer à la curée annoncée, mais leurs chefs voulaient tester d’abord l’étendue de l’efficacité de leurs forces aériennes. Ils souhaitaient voir tout le potentiel de leurs corbeaux de guerre, des oiseaux avec suffisamment de forces pour transporter un poids supérieur à deux cent kilos. Les orques volants se bornaient à trimballer un pagne voire à la nudité absolue, leur matériel se limitait à un selle confortable et à pratiquement rien d’autre. Ils ressentaient une certaine frustration à la perspective de faucher des vies sans avoir à donner de violents coups d’épée.

Toutefois ils se montraient dociles à cause des promesses de butin accru comparé aux troupes au sol, et la menace d’avoir le crâne défoncé s’ils emportaient avec eux une arme lourde. Ils avaient bien besoin de leurs deux mains pour manœuvrer les oiseaux. Même si un sort contrôlait l’esprit des volatiles, les cavaliers manquaient de pratique pour attaquer avec efficacité tout en brandissant un outil de mort. Cependant ils ne souffraient pas vraiment d’un handicap, les serres et les becs de leur monture pouvaient déchiqueter un elfe protégé par une armure de bon acier.

La situation s’annonçait dramatique pour les elfes, mais Arthur le berserker refusait de céder au découragement, pendant que ses camarades se faisaient tuer, le fort fonça à toute allure et usa de son épée impressionnante de deux mètres de haut et de vingt kilos comme d’une perche. Il décida de faire un bond spectaculaire pour atterrir sur un corbeau géant. Bien sûr il y avait l’obstacle du cavalier ennemi, mais Arthur parvint à se débarrasser facilement de son opposant grâce à l’avantage de la surprise.

L’orque qui se trouvait sur le chemin du fort ne s’attendait pas du tout à ce qu’un militaire adverse essaie de sauter pour le désarçonner. Le berserker imprima un élan suffisant pour faire tomber un cavalier. Il provoqua quelques secondes de saisissement chez les orques, ce qui lui permit de mieux s’installer sur la selle et d’aboyer des ordres dans la langue gutturale de ses ennemis.

Arthur n’était pas un spécialiste des grognements, mais il maîtrisait suffisamment bien le dialecte de ses adversaires pour ordonner à sa monture de foncer à toute allure. Glil n’était pas en reste, si le fort pouvait monter sur un volatile géant, lui aussi était capable, par contre sa prestation ne lui valut qu’une belle chute dans la boue.

Le fort se mit à rechercher le cristal de commandement des orques. Un de ses professeurs mentionna durant un cours d’histoire l’existence d’une relique locale ayant la faculté d’exercer un contrôle mental sur les animaux. C’était une pierre de grande taille pesant dix à quinze kilos prenant la forme d’un quartz blanc mais fragile comme du calcaire. Heureusement pour Arthur il avait une monture plus rapide que la moyenne, aussi il distançait pour le moment les orques lancés à sa poursuite. Et puis il disposait d’une amulette qui protégeait sa monture des contre-ordres ennemis, une pierre de volonté qui asservissait un seul animal à la fois, mais garantissait que sa monture ne soit pas affectée par des manœuvres magiques adverses.

Mais il restait à localiser le fameux cristal, par chance le chef suprême des orques décida de délivrer un nouvel ordre à une partie de ses montures, ce qui provoqua l’apparition d’une lumière intense visible de très loin. Aussi Arthur se dirigea à toute vitesse vers le signal qu’il aperçut. Il arriva relativement sans encombre à proximité du cristal, encore dix secondes de vol et il pourrait tenter de le tailler en pièces.

Par contre il y avait un obstacle de taille, le chef suprême ennemi avait du répondant, il préparait un sort d’éclair afin de réduire en cendres le corbeau chevauché par Arthur et son cavalier par la même occasion. La situation semblait perdue pour le fort, mais celui-ci rugit des hurlements stupéfiants, il se contenta de grogner les férocement l’onomatopée Grogragro, mais il sema un étonnement vif chez son ennemi. Il prononça des paroles secrètes de défi rituel, entendre un non-orque recourir à ce parler caché avait un côté profondément déconcertant.

Arthur mit à profit le moment de répit pour balancer de toutes ses forces une dague sur le cristal fragile ce qui provoqua sa destruction en plusieurs morceaux. À partir de ce moment les corbeaux se rebellèrent et se retournèrent contre les orques, ce dénouement fut suffisant pour marquer le début de la fin chez les orques, et leur massacre intégral. Les oiseaux géants se mirent à picorer frénétiquement leurs anciens maîtres avec leur bec ou à les lacérer avec des serres labourant sans problème le cuir épais. L’arrivée d’un nouveau front fut immédiatement exploité par les elfes, qui se livrèrent à une charge irrésistible en courant à toute vitesse et en tuant à coup d’épée et de sorts de flammes. Le fort se joignit à la charge victorieuse, puis une fois que les derniers orques furent laminés, des regards admiratifs se posèrent sur lui.

Arthur eut le droit à un enthousiasme débordant de la part de ses subordonnés, il fut porté triomphalement. Lancelot décida d’annoncer une grande nouvelle concernant le fort.

Lancelot : Arthur, en remerciement de tes mérites, je t’intègre dans ma garde rapprochée.

Glil : C’est une grave infraction au code militaire, il faut être au moins un vétéran ayant dix ans de service pour avoir cet honneur.

Lancelot : Même si tu as raison Glil, tu es profondément énervant.

Arthur : Ne vous en faites pas mon général, je suis une personne respectueuse des lois.

Lancelot : Je te remets quand même cent pièces d’or pour récompenser ton héroïsme.

Glil ne comprenait pas comment Arthur pouvait accepter sans trop s’énerver son intervention. Puis Glil eut ce qu’il appelait une illumination, un nouvel accès de délire. Il jugeait que son ennemi le fort devait avoir un plan bien compliqué à mettre en œuvre. Il reçut probablement des instructions de la part des forces des ténèbres. Il pourrait sans doute continuer plus facilement son œuvre de corruption s’il ne se mêlait pas à des elfes d’élite. Pire il risquait d’être démasqué s’il devenait un compagnon d’armes de la garde rapprochée du général. Alors pour le coup Glil avait l’impression d’avoir commis une bourde. S’il avait soutenu Arthur et non le contraire pour sa promotion, il aurait pu amener le fort à être pris en flagrant délit sur le long terme. Il avait envie de donner des gifles pour se punir.

Il tenait une belle occasion d’amener l’opprobre sur le berseker, mais il n’arriva pas à maîtriser sa grande bouche. À moins qu’il n’y ait une autre raison. Glil réfléchit et se dit qu’il fallait chercher ailleurs que chez lui, la raison de son erreur. Il y avait un démon qui le manipula, c’était l’explication la plus logique à sa dernière bourde. Alors Glil ressentit une haine renouvelée pour Arthur. Ce dernier était vraiment dangereux, il arrivait à contrôler temporairement un être pur et resplendissant d’intelligence, de courage et de volonté. C’était inquiétant, Glil pensait sérieusement qu’il devenait nécessaire de contrer très rapidement son adversaire.

En fait la raison qui motivait Arthur à refuser une promotion était plus financière qu’autre chose, sans lien avec des puissances démoniaques. Si le fort intégrait la garde rapprochée de Lancelot, il devrait abandonner ses trafics divers. Tous les gardes-du-corps du général prêtaient un serment contraignant leur interdisant de s’adonner à certaines pratiques, et les elfes ainsi qu’Arthur ne plaisantaient pas sur la notion de promesse formelle.

D’ailleurs le berserker avait besoin d’argent pour des projets importants comme nouer des relations hauts placées. Il jugeait plus profitable pour sa carrière de miser en partie sur l’intrigue, et pas seulement les prouesses martiales.

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