Traductrice : Moonkissed
Auteur : Exallion
Jour 70 – 19h42 – Colonie de New Infanta, Barangay Banugao, Infanta, Quezon
La colonie de New Infanta, c’était la colonie construite grâce à la sueur et aux efforts de chacun.
Après le désastre de la tempête et de l’inondation d’il y a trente jours, les deux différentes colonies de Quezon avaient fusionné en une seule et avaient construit ensemble ce havre de paix. Ainsi, contrairement à la colonie de Bay City, où les survivants comptaient principalement sur l’armée, les habitants d’ici accordaient une grande importance à ce lieu. L’armée n’était pas le seul protecteur de cet endroit. Tout le monde l’était.
Les premiers jours avaient été difficiles. Les infectés des régions voisines et les animaux mutants de l’autre côté de la rivière attaquaient presque tous les jours. Toutes les personnes capables de se battre devaient être prêtes à être appelées au combat à tout moment.
Heureusement pour eux, les animaux apprivoisés par les jeunes filles de la famille Salvador étaient toujours là pour les avertir de l’approche du danger.
Grâce aux efforts de tous, des murs adéquats avaient été construits autour de la colonie. Comparés à ceux de la colonie Bay City, les murs d’ici avaient l’air minables.
Néanmoins, les militaires avaient veillé à ce que ces murs soient suffisamment hauts et solides pour parer aux dangers habituels. Bien sûr, ils s’efforçaient toujours d’améliorer ces murs, mais comme ils devaient encore rassembler suffisamment de matériaux, ils avançaient pas à pas.
Cette nuit, cependant, les soldats étaient debout et se préparaient. Comme il n’y avait pas d’alarme en cas d’urgence, les habitants de la colonie étaient confus.
En se renseignant, ils apprirent qu’il ne s’agissait pas d’une préparation à la bataille, mais d’une préparation à l’arrivée de certaines personnes.
Les gens furent surpris. Comme cet endroit avait déjà été parcouru par la plupart des groupes de charognards, ils savaient tous qu’il n’y avait pas d’autres colonies dans les environs. De plus, comme l’armée avait été informée de l’arrivée, il était très probable que les personnes qui arrivaient appartenaient à l’armée. Ou du moins, qu’ils avaient des relations avec eux.
Cela signifiait que ces gens venaient de loin et avaient réussi à traverser le monde infecté par le mutagène pour arriver jusqu’ici. C’était une excellente nouvelle pour eux.
Ainsi, outre les militaires, de nombreuses personnes s’étaient rassemblées pour attendre l’arrivée des invités.
Après huit heures du soir, le convoi arriva enfin.
Les badauds furent alarmés par le monstre qui suivait le convoi. Cependant, comme les soldats ne bougeaient pas, il était fort probable que le monstre ne soit pas une menace. Certains d’entre eux ne pouvaient s’empêcher de se souvenir de l’incident du dragon qui s’était produit auparavant. Il y avait aussi les animaux de la famille Salvador.
Des animaux et des monstres comme celui-ci pouvaient être apprivoisés avec les bonnes méthodes. C’est ce qu’ils pensaient.
Les portes s’ouvrirent rapidement pour laisser entrer le convoi.
En voyant certains véhicules aux apparences étranges, les gens et les soldats furent surpris. Ils avaient l’impression que des groupes dotés d’une technologie avancée étaient arrivés.
Le convoi fut conduit par quelques véhicules militaires jusqu’à l’enceinte militaire située à l’ouest de la colonie.
***
Mark et son groupe observèrent la scène à l’intérieur du village pendant que les véhicules traversèrent les rues.
Contrairement à la dernière fois qu’il était venu ici, il y avait eu beaucoup d’améliorations. Les terres agricoles étaient maintenant remplies de nouvelles cultures, il y avait des murs autour, et l’atmosphère dévastatrice des gens avait disparu.
Il semblait qu’en participant à la reconstruction de la colonie à partir de zéro, les gens commençaient à accepter la situation actuelle du monde.
En arrivant à l’enceinte militaire, les responsables de l’armée attendaient déjà. Dirigés par le général Faustino, ils avaient accueilli les membres du convoi.
Mark, le commandant du convoi, accepta l’accueil.
« C’est bon de vous revoir. »
dit le général Faustino en tendant sa main droite vers Mark pour lui serrer la main.
Mark, qui détestait toujours les poignées de main, se résigna et accepta le salut.
« On m’a confié une mission, alors me voilà. »
Mark répondit par un haussement d’épaules. S’il n’était pas nécessaire d’amener Chervil et sa famille ici, ainsi que les soldats et leurs familles, Mark et son groupe seraient allés directement à la base dans les montagnes.
Le major Bautista, le père de Karlene, était également présent et se réjouissait du retour de sa fille. Bien sûr, comme elle allait encore partir rejoindre le groupe de Mark, il chérissait le temps qu’il passait avec sa fille.
Le premier lieutenant Baller et les soldats qui avaient participé à la mission avaient également été félicités par les officiels. Ce qui rendait chaque soldat le plus heureux, c’était le fait que pas un seul soldat n’avait été perdu au cours de cette mission. C’était presque un miracle, car chaque coin de rue de ce monde pouvait désormais causer la mort à tout moment.
« Karlene ! »
Deux voix s’empressèrent d’appeler Karlene. Il s’agissait de Joash et de Tyson.
Joash essaya de prendre Karlene dans ses bras. Bien sûr, comme un chat à qui l’on marche sur la queue, elle esquiva et se cacha en s’accrochant à Mark qui se trouvait à proximité. Ce qui ne manqua pas d’agacer Mark.
« Ton père est là, pourquoi te caches-tu derrière moi ?
– Désolée, je l’ai fait par réflexe. »
Karlene avait l’air d’une enfant qui avait fait une mauvaise action. Elle s’était vraiment cachée derrière Mark sans réfléchir. Elle se tourna lentement vers Mei qui était à côté de Mark et soupira de soulagement en constatant qu’elle n’avait pas l’air fâchée de s’être accrochée à Mark.
Joash ne put que s’avancer devant Mark avec un regard d’admonestation.
« Alors, c’est vraiment vrai, hein ? »
dit Joash en posant ses yeux sur Mei.
Comme Joash se tenait devant eux, Mei, qui ne faisait pas vraiment attention, le vit.
« Cousin ? »
Elle parla d’un ton confus tout en tirant sur la manche de Mark.
Il s’agissait d’une réunion plutôt stérile pour deux membres d’une même famille. Même s’ils se connaissaient, ils n’étaient pas vraiment proches.
Joash n’y voyait pas d’inconvénient. Il connaissait les circonstances que Mei avait vécues auparavant à cause de sa famille. Voyant qu’elle n’était pas trop attachée à Mark et qu’elle avait l’air mieux qu’avant, il n’avait pas à se plaindre de Mei. Bien sûr, Karlene, c’était autre chose.
« Tu as aussi pris Karlene comme femme ? »
Joash demanda franchement à Mark d’un air agacé.
« Qu’est-ce que tu racontes ? » répondit Mark avant de tourner son regard vers Karlene. « Tu ne peux pas te laisser aller ? Tu donnes de fausses idées aux autres. »
Karlene recula lentement avant de se précipiter vers son père.
« Voilà la réponse que tu cherches. »
Mark s’adressa à Joash qui se grattait la tête.
« Je sais, j’ai été grossier, mais tu n’as pas besoin d’être aussi dur avec Karlene. »
Joash avait déjà compris que Mark ne s’intéressait pas à Karlene. Bien sûr, il se sentait un peu troublé de voir la personne qu’il aimait se faire réprimander de la sorte. C’était aussi en partie de sa faute et il se sentait un peu coupable.
« Oh~ ! Jo ! »
Une autre voix appela Joash. Bien sûr, il fut surpris de voir Analynn lui faire signe par la fenêtre du camion qui ressemblait à un véhicule de science-fiction.
***
Les procédures s’étaient déroulées sans encombre et le convoi s’était finalement dispersé.
Avant que tout le monde ne prenne des chemins différents, les soldats venus de Bay City avaient exprimé leur gratitude au groupe de Mark pour avoir assuré la sécurité de tout le monde tout au long du voyage.
Il y a eu de nombreux incidents qui auraient pu coûter la vie à un ou deux soldats à chaque fois, mais Mark et son groupe avaient fait beaucoup d’efforts pour protéger tout le monde.
Si le groupe de Mark n’avait pas participé à cette mission, on aurait pu se demander s’ils seraient arrivés jusqu’ici. La gratitude et le respect de ces soldats envers le groupe de Mark étaient déjà extraordinaires.
Quant au groupe d’Harold, il avait suivi un chemin différent. En tant que survivants sauvés par les soldats, ils seraient emmenés dans une installation pour examiner leur état de santé dès demain.
Le groupe de Mark, quant à lui, avait été emmené dans un autre endroit pour y passer la nuit. Cet endroit se trouvait juste à l’extérieur de l’enceinte militaire et servait de logement temporaire aux soldats avant la création de l’enceinte.
Le général Faustino voulait en fait amener Mark et son groupe dans un meilleur endroit. Cependant, les installations de la colonie étaient encore très insuffisantes et c’était la plus grande hospitalité qu’ils pouvaient montrer.
Le groupe de Mark n’avait eu aucun problème avec les logements temporaires. Même si ce n’était pas aussi bien que le manoir d’hier soir, c’était bien mieux que les deux endroits où ils avaient passé la nuit précédente.
Certains décidèrent donc de se coucher pour la nuit, tandis que d’autres décidèrent de se regrouper pour visiter la colonie.
Il faisait déjà nuit, mais cela ne signifiait pas que les activités dans la colonie avaient déjà cessé.
***
Alors que tout le monde se dispersait, Edzel décida de se promener sous le ciel nocturne. Il ne savait pas pourquoi, mais il en avait envie.
Edzel n’était pas étranger à cet endroit, car il y était déjà venu plusieurs fois avant l’épidémie. C’était à l’époque où il vendait sa part de poisson lors de leurs séances de pêche. La vie à l’époque était difficile pour un orphelin comme lui. Néanmoins, c’était amusant et paisible.
Mark lui donnait des conseils pour se battre et Karlene lui apprenait à se servir correctement d’une arme à feu. Il ne niait pas qu’il était devenu plus fort. Néanmoins, il ne pouvait pas nier le fait que Mark se retenait de le rendre plus fort. Ce n’était plus un secret pour le groupe que Mark pouvait transformer quelqu’un en Évolué ou en Mutateur.
Pourtant, Mark ne lui avait pas encore donné son tour.
Cela le rendit plutôt confus. C’était comme s’il lui manquait encore quelque chose et que Mark attendait qu’il l’apprenne. Karlene semblait également être au courant.
« S’ils me le disaient franchement. »
murmura Edzel.
Mais il lui vint aussi à l’esprit qu’il valait mieux s’en rendre compte par lui-même. Ainsi, il comprendrait mieux que si d’autres personnes le lui disaient. Il souhaitait simplement pouvoir se comprendre davantage.
Edzel avait des pensées si profondes dans son esprit qu’il se mit à marcher dans le vide.
C’est alors que…
« Tu sembles troublé, jeune homme. »
Edzel s’arrêta en entendant une voix qui semblait résonner dans son cœur et son esprit. C’était comme s’il connaissait le propriétaire de la voix et cela lui donnait même un sentiment de nostalgie. Pourtant, il ne se souvenait de rien.
Il se tourna vers le côté de la route et vit la silhouette d’un homme appuyé sur un arbre. Comme l’homme se tenait dans une direction où la lumière de la lampe la plus proche n’éclairait pas, tout ce qu’il pouvait voir, c’était la forme du corps de l’homme.
« Qui êtes-vous ? Est-ce que je vous connais ? »
Telles furent les premières questions qui sortirent de la bouche d’Edzel.
En entendant cela, l’homme sembla sourire.
« Je suis désolé, mais je ne peux pas répondre à cette question. Du moins, pas tout de suite. »
L’homme répondit, ce qui rendit Edzel encore plus confus.
« Assez parlé de moi. » L’homme continua. « Il semble qu’il te manque quelque chose, n’est-ce pas ? »
Edzel se figea. Il réalisa enfin que cet homme mystérieux semblait savoir ce qui se passait dans son esprit.
Il avait l’impression que cet homme avait les réponses qu’il cherchait. Cependant, il décida de chercher lui-même les réponses.
« Je ne sais pas qui vous êtes ni si vous connaissez la réponse que je cherche. Mais je n’ai pas besoin que vous me le disiez. »
Je ne veux pas décevoir le patron et tout le monde.
ajouta-t-il dans sa tête.
En entendant cela, l’homme sous l’arbre sembla sourire encore plus. C’était un sourire solitaire mais fier.
« Tu es devenu mature en peu de temps. »
Ces mots donnèrent à Edzel l’impression que l’homme l’observait depuis longtemps.
« Je suis désolé, mais je dois y aller. »
Edzel dit et se retourna pour partir.
« Au nord d’ici, sous le pont d’Agos. La cabane est faite d’une vieille bâche avec plein de bric-à-brac autour. »
L’homme parla à nouveau avec des phrases qu’Edzel ne put comprendre immédiatement.
« Monsieur, qu’est-ce que vous… »
Edzel se retourna une nouvelle fois. Il n’a pas pu terminer sa phrase.
L’homme n’était plus là.
Les poils de ses bras se hérissèrent. Il regarda autour de lui, mais ne vit aucun endroit où il aurait pu se cacher. L’arbre devant lequel l’homme s’était appuyé était complètement au bord de la route, loin de toute autre structure. C’était comme s’il avait disparu comme un fantôme.
Le fait de se rappeler que l’existence des fantômes était vraie lui donna encore plus la chair de poule.
Pourtant, l’endroit que l’homme avait indiqué semblait s’être gravé dans son esprit et son cœur. Il y avait en lui une énorme envie de s’y rendre.
C’est ainsi que sa promenade au hasard de la nuit s’était enrichie d’un lieu précis. Il ne pouvait s’empêcher de se demander ce qui l’attendait à cet endroit.