Traductrice : Moonkissed
Auteur : Exallion
Jour 59 – 14h48 – Paseo Verde, Avenue Diego Cera, Barangay Pulang Lupa Uno, Las Piñas, Metro Manila
La bataille à l’intérieur du condominium avait duré environ quinze minutes. Non pas parce que les ennemis s’étaient bien battus, mais parce que Mark avait ajusté le contrôle de ses capacités petit à petit.
En fait, il n’était pas totalement maître de la situation. Il était à peine capable d’éviter de dépasser sa limite. C’est que la vue du sang qui s’écoulait des corps des ennemis commençait à stimuler ses instincts de prédateur. Il souriait même sous son armure avec une jubilation qui se lisait dans ses yeux lorsque le sang éclaboussait le sol.
En ce moment même, il se tenait avec une aura menaçante autour de lui, entouré des corps démembrés des membres de Sombre Avarice. Le sang qui se répandait sur le sol ainsi que le désespoir et la douleur sur les visages des têtes décapitées qui roulaient partout complétaient parfaitement son apparence actuelle.
Un Diable en Armure entouré de carnage et d’effusion de sang, c’était un nom approprié pour cette scène.
« Je ne peux pas revenir tout de suite comme ça. »
dit Mark. Quelque chose en lui réclamait plus de sang, mais il n’y avait plus d’ennemis à tuer. Il devait d’abord se calmer avant de revenir. Ce n’était peut-être qu’une réflexion excessive. Néanmoins, il ne voulait en aucun cas mettre Mei et les petites filles mal à l’aise.
C’est pourquoi il décida de libérer les femmes emprisonnées en premier. Tous les membres de Sombre Avarice étaient déjà morts. Il ne restait plus que les trois chefs. Bien sûr, leur état actuel ne pouvait pas être qualifié de vivant non plus. Sans personne à côté de leurs geôliers, ces femmes allaient mourir sur place. Le fait d’être emprisonnées indéfiniment sans eau ni nourriture en serait la cause.
Pourtant, il y avait une chance qu’elles ne meurent pas à cause de cela et qu’elles parviennent à ouvrir leur prison par elles-mêmes. Mais des hordes d’infectés auraient déjà envahi cet endroit. D’autant plus que l’odeur du sang imprégnait déjà l’enceinte.
Mark serait la cause indirecte de leur mort. Ce n’était pas une bonne chose.
Il battit donc des ailes et s’élança vers les étages supérieurs du bâtiment principal. Il passa devant la fenêtre et vit plusieurs femmes jeter un coup d’œil à l’extérieur. Elles semblaient avoir observé ce qui se passait en bas.
Lorsque Mark s’approcha, les femmes eurent des expressions différentes. Néanmoins, elles étaient toutes effrayées, à l’exception d’une personne qui le fixait directement, l’examinant minutieusement pour une raison quelconque.
Il s’arrêta brusquement devant la fenêtre, ce qui fit reculer plusieurs femmes de peur, tandis que d’autres reculèrent lentement à l’intérieur. À l’exception de cette même femme qui le fixait sans crainte.
« Fais place. »
Mark parla alors qu’il transformait lentement ses griffes en une série d’épées courtes et tranchantes.
La femme recula immédiatement après avoir entendu ses mots.
SHING ! SHING ! CLANG ! CLANG ! CLANG !
Mark agita plusieurs fois son bras droit, ce qui fit tomber des morceaux de barres d’armature sur le sol. En quelques coups, ses griffes avaient fait tomber les grilles qui bloquaient la fenêtre. Il s’y engouffra.
En regardant autour de lui, Mark ne put s’empêcher de saluer le goût du groupe de Gifre. Certes, toutes les femmes emprisonnées ici étaient belles. Néanmoins, leur goût pour les femmes variait grandement puisqu’il y avait trois femmes enceintes dans le groupe.
Néanmoins, il semblait qu’en dehors de leurs états mentaux et émotionnels, leurs états physiques étaient correctement pris en charge. Enfin, si Sombre Avarice était avide, ce n’étaient pas des loups qui jouaient avec les gens jusqu’à la mort. Vem n’aurait pas survécu pour devenir l’un des chefs de ce groupe si c’était le cas.
Mark passa devant les femmes qui tremblaient de peur et se dirigea vers la porte menant au couloir. En quelques mouvements de bras, la porte renforcée par des barres de métal se brisa en morceaux.
Il n’y avait plus rien à faire ici. A coup sûr, ces femmes savaient déjà ce qu’elles allaient faire par la suite.
Il retourna vers la fenêtre qu’il avait détruite et s’apprêta à partir. Puis, il se figea. Une nouvelle connexion mentale entra dans son esprit. Les gens normaux ne le sentiraient pas. Mais comme il avait déjà plusieurs connexions mentales avec les [Enfants de sang] et Chaflar, il y était déjà sensible.
« Attends ! »
Mark entendit une voix. Elle n’entra pas dans son oreille, mais fut directement transmise à son esprit.
Lorsqu’il tourna la tête pour savoir d’où venait la voix, ses yeux tombèrent sur la femme qui le fixait depuis tout ce temps. Cette fois-ci, cependant, elle était plus pâle et de la sueur perlait sur les courbes de son visage.
« C’est toi ? »
demanda Mark et, comme il s’en doutait, la femme acquiesça.
Autour d’eux, cependant, les autres femmes, à part la peur, se sentaient confuses quant à la raison pour laquelle Mark s’adressait soudainement à cette femme.
« Je suis désolée de communiquer ainsi. » La voix résonna dans la tête de Mark. « Je suis physiquement muette. »
Rien d’étonnant à cela. Mark comprenait maintenant pourquoi elle le fixait depuis tout ce temps. Elle ne pouvait pas parler et devait donc se connecter mentalement à Mark pour pouvoir communiquer. Cela n’aurait pas été facile pour elle, car les capacités mentales de Mark étaient d’un autre niveau. C’est pourquoi elle devint rapidement fatiguée et pâle.
Néanmoins, c’était une surprise de trouver quelqu’un comme elle dans cet endroit. Mark n’était venu ici que pour tester certaines choses et récolter quelques capacités de Mutateur. Il n’aurait jamais pensé rencontrer une télépathe dans cet endroit.
« Qu’attends-tu de moi ? »
Mark s’exprima également par l’intermédiaire de son esprit. La femme fut surprise.
« Ne te méprends pas, je ne suis pas un télépathe comme toi. J’utilise le lien que tu as établi pour communiquer ainsi. Dis-moi simplement ce que tu veux. »
demanda Mark. Il était sûr que ce n’était pas pour sauver tout le monde ici, car pour une raison quelconque, cette femme n’avait pas de sentiment envers les autres femmes ici.
« Peux-tu m’emmener avec toi, s’il te plaît ? Tu as un groupe qui attend dehors, n’est-ce pas ?
– Pourquoi ? J’ai déjà ouvert la porte. Vous êtes tous libres de partir. »
Bien que le fait que cette femme soit une télépathe l’intéressait déjà, il voulait quand même savoir.
À cette question, la femme baissa les yeux tout en jetant un coup d’œil aux autres femmes qui commençaient déjà à s’éclipser de la pièce.
« Elles peuvent y aller ensemble, mais je ne pense pas qu’elles me laisseront me joindre à elles. »
Il y avait beaucoup de tristesse dans ses yeux. Il semblait que malgré le fait qu’ils soient tous prisonniers ici, elle avait été mise à l’écart pour une raison ou une autre. La meilleure preuve en était que les autres femmes commençaient à s’enfuir sans même se préoccuper de celle qui fixait Mark.
« Tu n’as pas peur que je t’utilise aussi comme un jouet ? »
« J’ai peur. » Son corps frissonna, les souvenirs de ses expériences dans cet endroit défilèrent dans son esprit. « Mais je ne pense pas que tu sois comme eux. Tes yeux expriment plus le meurtre que la convoitise. »
Elle souleva alors les haillons déjà minces qu’elle portait, exhibant ses pics généreux en direction de Mark.
« Tu vois, tes yeux n’ont même pas changé. Dans le pire des cas, tu me tueras, mais je ne pense pas que cette mort soit mauvaise. Bien sûr, je veux encore vivre. Tu peux m’utiliser comme tu veux tant que tu ne joues pas avec mon corps. J’en ai assez.
– Tu n’as pas honte de faire ça ? »
demanda Mark avec un soupir et un froncement de sourcils. Non seulement elle faisait quelque chose qu’elle ne devrait pas faire, mais elle souriait même.
« Avant, peut-être… » Répondit-elle en baissant à nouveau ses vêtements. « Mais avec le nombre de fois et d’hommes qui ont vu mon corps et qui ont joué avec, je n’y pense plus vraiment. »
Elle sourit ensuite.
« Peut-être que je suis déjà brisée. »
Mark secoua la tête après avoir vu ce sourire. Alors que la pitié l’enveloppait, le meurtre dans ses yeux et son aura commencèrent à reculer.
« Tu es la première muette bavarde que je vois. »
Il abaissa ensuite son corps.
« Monte sur mon dos. Je vais te sortir de cet endroit.
– C’est vrai ? Merci ! »
Elle grimpa sur le dos de Mark sans hésiter.
***
C’est ainsi que Jaeya Agoncillo quitta l’endroit abandonné où elle avait été emprisonnée avec les autres femmes de la collection de Sombre Avarice. Elle avait fait le pari de survivre et maintenant, elle chevauchait le dos du diable pour se mettre à l’abri.
Jaeya était une belle femme d’une vingtaine d’années. Elle s’était mariée tôt et, il y a quatre mois, elle était sur le point de devenir mère.
Cependant, sur le chemin de l’hôpital pour son accouchement, l’ambulance avait eu un accident. Dans cet accident, elle avait perdu sa voix. Mais ce n’était pas le pire. Elle avait perdu son mari et le fils qu’elle était sur le point de mettre au monde. Ils étaient morts dans l’accident, ainsi que les deux infirmières qui les accompagnaient dans l’ambulance.
Elle s’en était heureusement sortie sans trop de blessures, mais elle souffrait de dépression depuis lors.
L’accident lui avait permis d’acquérir la capacité de communiquer par l’esprit, mais cela ne l’avait pas vraiment aidée à améliorer son état mental et le fait de le révéler lui avait fait plus de mal que de bien.
Lorsque l’épidémie avait éclaté, sa maison avait été dévalisée, les parents de son mari avaient été tués et elle avait été enlevée par Sombre Avarice. Depuis, au lieu de se rétablir, son état mental s’était aggravé.
De plus, comme elle était muette, malgré son apparence, elle n’avait pas la préférence des membres de Sombre Avarice. Ils préféraient ceux qui émettaient des bruits excitants et ceux qui plaidaient en jouant avec eux. De ce fait, elle s’attira les foudres des autres femmes emprisonnées, car elles étaient plus utilisées qu’elle.
Bien sûr, ce n’était pas sa faute. Les autres femmes voulaient simplement avoir quelque chose pour diriger leurs griefs et elle fut la malchanceuse à le recevoir.
Au milieu de la souffrance, elle avait craqué. C’est ainsi qu’était née la femme actuelle. Une femme sans honte, prête à tout pour survivre.
Pour survivre, elle prendrait n’importe quel risque. Le pari qu’elle avait pris cette fois-ci était de montrer ses capacités et d’obtenir un contrat avec le diable. Si elle n’y parvenait pas, elle mourrait sûrement prématurément.
***
Mark atterrit de nouveau dans le campement temporaire de leur groupe. Tout le monde fut surpris de voir Mark sous sa forme actuelle et d’apprendre qu’il avait ramené quelqu’un.
Alors que Jaeya descendait de son dos en regardant curieusement les gens que Mark avait ramenés, l’armure de Mark se transforma lentement en liquide et se retira à l’intérieur de son corps.
Mei s’approcha alors précipitamment de Mark, un mouchoir à la main. Elle commença à essuyer le visage de Mark.
« Mei’er ? »
Mark était confus.
« Du sang. »
Mei essuya doucement le sang qui tachait son visage.
En entendant cela, Mark lui caressa la tête et la laissa faire. Le sang des personnes qu’il avait tuées avait pu se glisser dans son casque sans qu’il s’en aperçoive. Comme il n’avait pas essayé d’absorber le sang de qui que ce soit pendant sa transformation, il avait été laissé à sécher sur son visage sous l’armure et avait été exposé une fois l’armure enlevée.
« Maître, qui est-elle ? »
Amihan s’approcha et se cacha derrière Mei tout en fixant le nouvel arrivant. Elle avait encore peur des étrangers, mais elle était curieuse.
« Oh, elle. Une radio humaine bien pratique. »
La réponse de Mark n’éclaircit rien et brouilla encore plus les pistes.
Tous les membres du groupe de Mark le regardèrent avec confusion.
La personne en question, elle, ne parlait pas, mais restait figée sur place. Elle regardait fixement quelqu’un.
Cette personne fixait également Jaeya.
Calmement, la personne agita la main et parla.
« Tatie. »
Abbygale salua calmement.
La voix calme de la petite fille figea tout le monde sur place. Surtout Mark, qui avait ramené Jaeya parce qu’il s’intéressait à sa capacité télépathique. Qui aurait pu penser qu’une telle chose se produirait ?
La salutation de la petite fille ayant servi de catalyseur, les larmes coulèrent des yeux de Jaeya qui se précipita vers la petite fille pour l’embrasser.
Jaeya sanglota en silence. Sa bouche s’ouvrit sans qu’aucune voix ne sorte, mais tout le monde était sûr qu’elle appelait le nom d’Abbygale.
