Les Chroniques d’un Pilleur de Tombes | Grave Robbers' Chronicles | 盗墓笔记
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Chapitre 16 – L’Embryon de Kunlun
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Chapitre 16 – L’Embryon de Kunlun

Nous restâmes figés, contemplatifs devant cette silhouette glacée, avec sa tête gigantesque et inhabituelle ainsi que son corps couvert de poils dressés. Mais qu’était donc cette chose ? Elle semblait aussi haute qu’un bâtiment de cinq étages. Serait-ce une créature marine, arrachée des profondeurs de l’océan lors de l’éruption volcanique qui avait soulevé ces montagnes hors de l’eau ?

Enfonçant nos haches dans la glace, nous descendîmes nos cordes pour atteindre la surface du glacier afin d’examiner l’étrangeté de plus près.

― Que faisons-nous? Demanda Chen Pi.

Après lui avoir expliqué ce que nous avions vu, il s’exclama :

― Mon Dieu, aurions-nous découvert un Embryon de Kunlun ?

― De quoi parlez-vous ? demanda Gros-lard.

― Un Embryon de Kunlun est un phénomène naturel rarement observé. À des endroits où l’aura du ciel et de la terre se concentre, souvent dans des rochers, des glaciers ou des forêts, des choses bizarres en forme d’enfant se forment, appelées ‘Embryons de Kunlun’. Selon les légendes, certains de ces embryons terrestres renferment des esprits maléfiques.

― J’ai lu à ce sujet, interrompit le moine Hua, Des Tibétains ont découvert un embryon de mammouth congelé dans les montagnes de Kunlun, aussi grand qu’une montagne et dont le visage ressemblait à celui d’une petite fille très réaliste. Cet embryon prit le nom d’Embryon de Kunlun. Un temple appelé le Temple de l’Enfant Kunlun a été construit juste sur le nombril du bébé. Dans le domaine du Feng Shui, l’Embryon de Kunlun désigne un endroit précieux divinement déterminé, distinct de ceux créés par les êtres humains. Ces endroits ne peuvent être découverts que par chance fortuite. Lorsqu’ils sont trouvés, une tombe est construite à leur emplacement, destinée à abriter les plus royaux des hommes..

― Une chose aussi étrange existe réellement ? Le Gros s’accroupit et scruta l’ombre, Mais cette chose n’est pas humaine, n’est-ce pas ?

― Bien sûr, ce n’est qu’une supposition de ma part, dit Chen Pi, hésitant, S’il s’agissait vraiment d’un Embryon de Kunlun, une tombe serait construite à l’intérieur. Toutefois, si c’était vraiment le cas…

― Je crois comprendre, dis-je, cet Embryon de Kunlun marque un endroit précieux. Alors pourquoi le Palais dans les Nuages n’est-il pas construit ici plutôt que dans les Pics de la Trinité ? Cet endroit devrait être le plus sacré de tous.

― C’est vrai, il n’y a pas de meilleur feng shui que l’Embryon de Kunlun, c’est là où le ciel et la terre convergent. Un seul endroit pourrait être meilleur, si le Palais était vraiment construit dans le ciel.

Chen Pi était très sérieux et cela me donna des frissons.

― Impossible, dis-je, C’est impossible. Voilà pourquoi l’apparition d’un Embryon de Kunlun en ce lieu pose définitivement un problème. Que fait-il ici ? Est-ce que cela pourrait être artificiel ? Les ruses symboliques sont parmi les conceptions les plus courantes dans les tombes anciennes. Cela pourrait être un tour pour nous égarer. Je traite de vieux livres et d’objets antiques dans mon entreprise et je vois des faux tous les jours – c’est assez courant.

Chen Pi se concentrait exclusivement sur les montagnes environnantes; il n’avait rien écouté de ce que je venais de dire. Je me retournai vers Poker-face. Il avait l’air aussi perplexe que nous tous. Seul Hua me répondit :

― Vous avez peut-être raison. Regardez la couleur de cette chose. Il y a différentes nuances de luminosité à l’intérieur. Cela ne me semble pas réel.

― Merde alors, criai-je, Cette chose est en forme de bébé. Est-ce que quelqu’un l’a fabriquée pour attirer un esprit maléfique ? A-t-elle été construite par le même bâtisseur qui a érigé le Palais dans les Nuages, ce maître des secrets du feng shui, Wang Canghai ?

― N’avançons rien au hasard, déclara le Gros, Le seul moyen d’en savoir plus sur cette chose est de la déterrer. Commençons.

― Comment ? demanda le moine, Si nous utilisons nos piolets, il nous faudra au moins deux semaines pour entrer dans cette chose.

Gros-lard fixa la glace sous ses pieds en agitant la main de manière désinvolte :

― À quel point trouvez-vous cela difficile ? Laissez-moi m’en occuper.

― Que comptes-tu faire cette fois-ci, le Gros ? demandai-je.

― Tu remets en question mon jugement, jeune Wu ? Je me suis déjà rendu dans les montagnes Kunlun. Il en est de même pour toi ? Je sais ce que je fais. Je l’ai déjà fait.

― Alors, pourquoi ne nous racontes-tu pas ton expérience sans pareille ? Ne sois pas si modeste, le taquinai-je, sachant qu’il ne pouvait jamais résister à raconter une bonne histoire.

― Très bien, d’accord, grogna-t-il, Dans les montagnes de Kunlun, les glaciers se fissurent souvent en d’immenses crevasses et à l’intérieur se trouvent des choses étranges. Des bâtiments en ruine de civilisations passées reposent en pièces éparpillées dans la glace. Mon guide m’a dit qu’ils avaient été détruits par des avalanches. Maintenant, si cette chose là-dessous avait été construite au-dessus de nous et emportée dans le glacier, elle ne serait plus en un seul morceau. Elle a été construite là où elle se trouve maintenant, ce qui signifie que la glace dans laquelle elle est enchâssée n’est pas celle d’un véritable glacier. Elle sera mince et facile à traverser, croyez-moi. Regardez à quel point elle est claire et transparente, comme du verre de fenêtre et presque aussi fragile. Ce que nous regardons ressemble à une tombe ordinaire, faite d’une couche de glace fine. Es-tu d’accord avec moi désormais, jeune Wu ?

J’acquiesçai. Sa théorie était solide. De ce fait, il se gonfla de fierté et annonça :

― Vous voyez, pas besoin de douter de moi. Je sais plus de choses que vous ne pourriez jamais le penser. Vous voulez une solution simple à notre problème ? Nous nous frayons un chemin en faisant exploser la glace.

― Je ne veux pas être piégé dans une autre avalanche, ou pire, merci bien, le Gros, dis-je, Nous ne voulons pas non plus effondrer le bouclier protecteur de glace et détruire l’embryon ou le tombeau ou le monstre ou quoi que ce soit d’autre que nous cherchons. Je n’oserai même pas utiliser des pelles pour atteindre cette chose.

― Espèce de ver de bibliothèque, ricana Gros-lard, Tu crois qu’on ne sait même pas utiliser une pelle ? Alors, qu’est-ce que tu proposes, une cuillère ? Tout ce que tu sais faire avec ta formation universitaire, c’est exagérer les choses et inventer des histoires pour nous effrayer et créer davantage de problèmes.

― Je suis aussi inquiet que toi, lui dis-je, Si tu ne me crois pas, alors vas-y avec ton plan et mets-le à l’épreuve. Néanmoins, d’après ce que je peux voir, résoudre ce problème à ta manière ne fera qu’entraîner un problème plus important.

Tandis que nous nous dévisagions, Qilin prit silencieusement notre petit réchaud de camp et le posa sur la surface de la glace. Des bruits de craquements se firent entendre alors que la chaleur du réchaud faisait fondre de petites parties du glacier :

― Et ça ? demanda-t-il doucement, Le feu ?

― Bien sûr, dis-je, Nous pouvons affaiblir la surface de la glace, tailler notre chemin, puis chauffer la couche suivante et continuer.

Nous sortîmes nos petits réchauds et les allumâmes tous. En les plaçant à nos pieds, nous attendîmes quelques minutes avant de pouvoir tailler la glace. Finalement, nous créâmes une large fissure qui nous conduit plus loin dans le cœur du glacier, mais cela nous avait pris énormément de temps. Après trois heures, nous avions suffisamment creusé pour que le Gros puisse se glisser à l’intérieur. Il frappa la couche de glace suivante et un grand espace creux s’ouvrit, précédé d’un bruit puissant. L’espace fut assez grand pour qu’il puisse s’y tenir debout.

― J’avais raison ! cria le Gros.

Nous nous pressâmes autour de lui, les lampes torches éclairant l’ouverture. Il y avait un espace en forme de dôme, tel un bol de verre retourné avec des poutres en bois recouvertes de stalactites pointues qui s’entrelaçaient sur ses parois pour former un échafaudage qui le soutenait. Ces poutres étaient les « épines » que nous pensions avoir vues sur le corps de notre embryon. Sous le dôme se trouvait un abîme sombre et terrifiant, et sur sa pente abrupte, à trois cents pieds en contrebas, résidait notre embryon : une immense grotte en forme de bébé. Alors que nous contemplions cette vision, Gros-lard poussa un hurlement :

― Regardez. Il y a un putain de palais juste là !

Il avait raison. Un palais soutenu par des piliers en bois avec des plateformes attachées semblait flotter dans les airs au-dessus de la grotte.

― C’est le sanctuaire où sont conservés les objets funéraires des morts, nous expliqua Hua, Nous trouverons le premier tombeau que nous cherchons sous ce palais, à l’intérieur de la montagne.

Le Gros commença à rire alors que nous le suivions, nous bousculant et nous poussant mutuellement dans notre excitation à approcher la première partie de notre objectif.

― Arrêtez, gronda le moine, Regardez la neige au-dessus de nous. Une autre avalanche nous engloutirait tous.

Peu de voleurs de sépulture avaient l’opportunité d’entrer dans une tombe impériale. Si je pouvais simplement y jeter un coup d’œil et en ressortir pour raconter l’histoire, je serai reconnaissant, peu importe les trésors qui pourraient s’y trouver.

― Grand-père Chen, devrions-nous aller à la tombe maintenant ou attendre demain matin ? demanda le moine.

― Combien d’entre vous pourraient supporter d’attendre jusqu’à demain ? répondit-il d’un air sacarstique.

Nous rassemblâmes rapidement notre équipement et nous restâmes près de l’ouverture, en regardant le terrain que nous allions bientôt parcourir. Aucun d’entre nous ne voulait faire le premier pas. D’où nous étions, il y avait une chute de 100 mètres et un écart de vingt-deux mètres qui nous séparait de la grotte en forme d’embryon. Nos cordes étaient assez longues pour nous permettre de descendre les 100 mètres, par contre il nous serait impossible de franchir l’écart pour atteindre le palais.

Chen Pi se fraya un chemin à travers nous :

― Dégagez de mon chemin, bande d’imbéciles. Maudit soit mon sort d’être tombé sur un groupe d’ignorants comme vous. Il s’accroupit avec Ye Cheng à côté de lui et les deux parlèrent tranquillement ensemble. Puis le vieil homme se leva et hurla :

― L’un de vous, idiots, doit prendre une corde et grimper jusqu’au toit carrelé de ce sanctuaire.

― J’y vais, dit Grande-Gueule, Ça ne peut pas être pire que de traverser un champ de mines, et j’ai déjà fait ça quand j’étais dans l’armée.

Nous attachâmes une corde autour de sa taille et lui remîmes des outils légers dans un sac à dos. Chen Pi lui fit boire un peu de vin tout en le mettant en garde :

― Ne t’emballe pas trop. C’est seulement le premier pas vers notre objectif.

Grande-Gueule hocha la tête, inspira profondément et débuta sa descente. Lorsqu’il atteignit le premier pilier qui s’avançait au-dessus de l’abîme, nous entendîmes tous le bruit de craquement de la glace en train de se briser et nous retînmes notre souffle pendant une seconde, espérant que le bois gelé resterait en un seul morceau. Il tint bon. Nous relâchâmes notre souffle en un grand soupir de soulagement.

Grande-Gueule avançait toujours, marchant comme s’il dansait sur une musique au rythme extrêmement lent. Nos cœurs battaient à la même cadence que ses pas prudents alors qu’il atteignait l’extrémité du pilier qui dépassait. La grotte s’étendait loin en dessous de lui.

En allumant une demi-douzaine de fusées éclairantes à la fois, il les lança dans l’abîme. Elles flottèrent comme des étoiles filantes, devenant de plus en plus brillantes en tombant. Avec sa corde qu’il déroulait dans l’obscurité, il suivit les traînées de lumière jusqu’au toit carrelé du niveau inférieur du palais. Il y parvint et nous fit signe de le suivre. Les uns après les autres, nous le rejoignîmes sur le toit.

Nous descendîmes jusqu’à l’entrée du sanctuaire. Devant lui, telle une sentinelle silencieuse, se tenait une grosse tortue en pierre. Elle gardait une porte en marbre blanc éclatant, couverte de sculptures d’oiseaux au visage étrange flottant dans les nuages. Des têtes de tigre en laiton jetaient des regards menaçants depuis le sommet de la porte.

Gros-lard rompît le charme qui nous avait tous figés, immobiles devant l’entrée du palais. En saisissant un pied-de-biche, il commença à forcer la porte, l’écarta d’un cran, puis stoppa tandis que nous pointions tous nos lampes dans le sanctuaire. L’obscurité à l’intérieur était si totale que nous ne pouvions rien voir du tout.

Avec une touche surprenante d’humilité, le Gros se tourna vers Poker-face :

― Pourrais-tu utiliser tes compétences supérieures pour vérifier s’il y a des pièges, Zhang Qilin ?

Avec précaution, ce dernier passa ses doigts sur les sculptures de la porte et parut perplexe :

― Je ne peux pas dire s’il y en a, admit-il, Suivez-moi tous. Ne vous mettez pas devant moi et ne parlez pas.

Nous savions que lorsque ce type prenait la peine d’ouvrir la bouche, il était dans notre intérêt de l’écouter. Nous nous mîmes en file indienne, suivant Qilin alors qu’il franchissait le seuil élevé et entrait dans le sanctuaire. Nous pourrions être les premières personnes à pénétrer cet endroit depuis mille ans, pensai-je. Qu’est-ce qui pourrait nous attendre ici ?



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