Les Chroniques d’un Pilleur de Tombes | Grave Robbers' Chronicles | 盗墓笔记
A+ a-
Chapitre 14 – Les Cinq Montagnes Sacrées
Chapitre 13 – Les Secrets de la Peinture Murale Menu Chapitre 15 – Un lien suicidaire

― La montagne que vous désirez atteindre se situe de l’autre côté de la frontière, en Corée, nous expliqua Shunzi, sous nos regards ébahis. Elle fait partie d’une chaîne montagneuse distincte, les Pics de la Trinité. Cette montagne majestueuse culmine à plus de 2300 m au-dessus du niveau de la mer et marque la frontière entre notre pays et la Corée.

― Comment allons-nous faire ? demandai-je, perplexe, Nous avons trois frontières parmi les plus surveillées du monde : l’Inde et le Pakistan, Israël et le Liban, et cette frontière de treize kilomètres ici aux Pics de la Trinité. Qu’est-ce que mon oncle avait en tête ?

― Les contrebandiers parviennent à traverser la pente ouest de la montagne Changbai. Quant aux montagnes de la Trinité, j’ai entendu dire qu’il y a des tunnels menant de la Chine à la Corée, mais ils sont très fortement gardés, expliqua Gros-lard, Malheureusement, nous ne disposons pas de suffisamment de nourriture pour envisager une autre option que de traverser directement la frontière et de gravir la montagne où notre tombe est creusée.

Les périls de notre voyage n’étaient plus d’ordre fantastique, tels que des zombies, des vampires ou des insectes carnivores, désormais, notre plus grande crainte était d’affronter des rafales de balles tirées par des fusils d’assaut, lancées par des bataillons de soldats aguerris et alignés en rangs serrés.

― Ne vous inquiétez pas, les gars, nous rassura Grande-Gueule, Il doit y avoir des sentiers longeant la frontière que nous pouvons emprunter sans être repérés. C’est pour cela que nous payons Shunzi, et nous lui verserons une somme encore plus importante une fois qu’il nous aura escortés à notre destination. Toi, mon vieux camarade, tu connais bien ces chemins secrets, n’est-ce pas ?

Shunzi plissa le front et secoua la tête :

― Même avec une grande somme d’argent, il n’y a aucun moyen de me persuader de faire cela. Ces sentiers sont tous extrêmement surveillés. Vous ne pouvez même pas vous approcher des sentinelles de notre côté de la frontière. Quand j’étais en poste là-bas, j’ai reçu l’ordre de tirer si quelqu’un s’approchait. La première balle en l’air, la deuxième dans le genou.

― Et pourquoi ne pas acheter des fruits et se déguiser en locaux venus rendre hommage et remerciements ? demanda le Gros.

Shunzi esquissa un sourire :

― Vous plaisantez, j’espère. Où allez-vous trouver des fruits ? Nous attirerions encore plus l’attention si nous arrivions avec ça dans ce pays glacial et enneigé.

― Alors, quelle est notre prochaine étape ? Vous suggérez qu’il n’y a pas de moyen de traverser la frontière ? Je ne vous crois pas. Même Alexandre a brisé la ligne de défense macédonienne autrefois. Cette vieille frontière peut-elle être plus forte que celle de la Macédoine ? Vous pensez que nous ne vous payons pas suffisamment ? Vous voulez plus d’argent ? Dites-le franchement, combien voulez-vous? Argumenta le Gros.

― Aiya, ce n’est pas une question d’argent. S’il y avait un moyen d’atteindre notre destination, pourquoi me compliquerais-je la vie ainsi ? Et si vous m’aviez informé plus tôt de votre voyage en Corée, je ne vous aurais pas fait prendre ce chemin. Maintenant que nous sommes dans cette situation, je ne sais pas quoi faire.

Le moine Hua commença à parler avec Chen Pi à distance de nous, alors que nous restions silencieux, plongés dans nos pensées. Je sentais que nous n’avions pas d’autre choix que de traverser à cet endroit même où nous nous trouvions. Si nous prenions un chemin plus long, nos réserves alimentaires ne dureraient pas, et repartir depuis le début serait simplement une perte d’efforts. Nous devons continuer, me dis-je, ne serait-ce que pour sauver mon oncle de Ning et de son groupe – je suis certain qu’il est entre leurs mains. Une fois que nous l’aurons trouvé, je serai prêt à abandonner le reste de ce petit stratagème.

Chen Pi afficha un air soucieux, laissant échapper un profond soupir sans prononcer un mot. Connaissant son passé d’ancien gangster de Changsha, je savais qu’il n’hésiterait pas à recourir à la violence ou à l’incendie criminel pour atteindre ses objectifs. Cependant, je pouvais également percevoir sa réticence à s’opposer à la bureaucratie des officiels du gouvernement.

Je tournai alors mon regard vers Poker-face, mais Qilin, comme à son habitude, évita habilement le sujet, détournant le regard vers les montagnes, comme si nos précédentes discussions ne le concernaient pas.

Alors que nous étions tous plongés dans le silence, Ye Cheng brisa celui-ci en criant :

― Venez voir ça ! 

En effet, sur la colline d’en face, le groupe de Ning se dirigeait à toute vitesse vers les montagnes de la Trinité. Ils avaient laissé derrière eux la majorité de leurs affaires, jetant sacs et boîtes dans la neige pour alléger leur charge.

― C’est étrange, remarqua Ye Cheng, Ne savent-ils pas qu’ils se dirigent tout droit vers la frontière ? Leur guide ne les a-t-il pas prévenus ? N’est-il pas au courant comme Shunzi ? Prend-t-il le risque de voir ses clients devenir des cibles pour les troupes frontalières ?

― Ce n’est pas possible, dis-je. Ce sont des professionnels qui ont engagé les meilleurs guides du coin. Ils ont étudié le terrain et planifié leur itinéraire avant de partir. Ils savent ce qu’ils font.

Gros-lard grogna : 

― Alors, qu’est-ce qui se passe avec notre guide ? Êtes-vous un professionnel ou un imposteur ? Connaissez-vous des chemins que les locaux ne connaissent pas ?

Shunzi scruta le groupe à l’horizon et répondit :

― Il n’y a qu’un seul chemin pour eux. Ils essayent probablement de contourner une autre montagne par le col devant nous, d’entrer en Corée depuis cette partie de la frontière, puis de revenir sur leurs pas vers les montagnes de la Trinité. C’est risqué, mais c’est une meilleure option que de traverser la frontière ici. Ils ont évidemment plus de nourriture que nous, ce qui leur permet de parcourir une plus longue distance.

― Que devrions-nous faire alors ? Arrêtons de parler et suivons-les, proposa Ye Cheng en se tournant vers Chen Pi.

Ce dernier pointa du doigt une petite colline sur le côté des montagnes de la Trinité et demanda à Shunzi : 

― Quelle colline est-ce ?

Shunzi observa à travers les jumelles :

― C’est la Petite Montagne Sacrée, située de notre côté de la frontière. Avec les montagnes de la Trinité et la Grande Montagne Sacrée là-bas, elles forment les Cinq Pics Sacrés.

― Pouvons-nous atteindre la Petite Montagne Sacrée depuis notre position actuelle ? demanda le vieil homme, suscitant notre curiosité quant à son plan.

― Aucun problème. Nous pouvons y arriver en une journée. C’est loin des postes de garde à la frontière et même si l’itinéraire est difficile, ce n’est pas hors de notre portée.

― D’accord, emmenez-nous là-bas, ordonna Chen Pi.

― Cela en vaut-il la peine ? Êtes-vous sûr que c’est une bonne idée ? Nous risquons de perdre notre nourriture en cours de route, objecta le moine Hua.

Chen Pi désigna la chaîne de montagnes d’un geste de la main et expliqua :

― Ces montagnes s’étendent dans trois directions et sont constamment enneigées. C’est un rare Dragon à Trois Têtes, également connu sous le nom de « l’Endroit où les Dragons se Reposent » pour les adeptes du feng shui. Les montagnes de la Trinité sont les têtes de dragon et sont des emplacements clés pour les tombes royales. Si le Palais dans les Nuages est situé sur les falaises de la montagne du milieu, la reine et les autres membres de sa famille devraient être enterrés sur les deux têtes de dragons plus petites de chaque côté. La disposition de ce Dragon est très particulière : toutes les têtes doivent être reliées pour que le dragon ne vole pas séparément dans toutes les directions, provoquant le chaos et la guerre parmi les descendants qui y sont enterrés. Par conséquent, ces tombes sont reliées par des passages cachés menant au Palais dans les Nuages.

Bien que je sois peu familier avec le feng shui, il était évident que Grand-père Chen avait raison. D’autres mausolées furent également découverts là où des tombes étaient reliées par des passages souterrains menant à la tombe principale. Quant à comment il en était arrivé à cette conclusion, cela demeurait un mystère pour moi.

Après avoir fini son discours, Chen Pi demanda à Qilin : 

― Jeune homme, suis-je dans le vrai ? 

Pour la première fois, Poker-face répondit à une question posée par quelqu’un d’autre. Il le regarda, puis sans dire un mot, se tourna de nouveau pour fixer les montagnes majestueuses au loin. Avec son approbation tacite, nous nous sentîmes tous un peu soulagés quant à notre nouvelle destination.

Une fois arrivés à l’endroit où Ning et son équipe avaient campé, nous constatâmes l’absence totale de nourriture ou d’articles utiles. Nous suivîmes ensuite les traces des sabots de leurs chevaux dans une vallée, guidés par Shunzi, en direction de la Petite Montagne Sacrée.

Le paysage était d’une blancheur immaculée, s’étendant à perte de vue, ponctué uniquement par la couleur bleu pâle de la glace. Nous marchâmes sur un glacier, une véritable rivière figée, parsemée de profonds cratères, certains contenant de petits lacs et d’autres ayant l’apparence de gouffres sans fond. À d’autres moments, des formations de glace semblables à des statues bloquaient notre passage, prenant des formes étranges et dégageant des ondes de froid qui nous transperçaient le corps alors que nous escaladions par-dessus.

Au crépuscule, nous atteignîmes la base de la Petite Montagne et établîmes notre campement dans une grotte. Nous nous trouvions désormais en altitude, avec un ciel rempli d’étoiles brillantes au-dessus de nos têtes.

― Où sont les sources chaudes quand on en a besoin ? grogna Gros-lard.

― Nous sommes trop hauts pour ça, répondit Shunzi, Mais si vous vous ennuyez, vous pouvez toujours essayer d’en trouver une. Et il y a un petit cimetière à proximité qui pourrait vous intéresser Messieurs.

Le mot « cimetière » suffisait à faire déplacer les pilleurs de tombes. Nous suivîmes Shunzi en direction d’une falaise surplombant la vallée en contrebas, à l’exception de Chen Pi et du moine, qui étaient trop épuisés.

En illuminant la nuit avec une fusée éclairante, Shunzi nous montra des formes humaines recroquevillées sous la glace :

― Les gens pratiquaient l’inhumation glaciaire jusqu’à la Libération, nous expliqua-t-il, Même aujourd’hui, des personnes âgées viennent célébrer des cérémonies pour leurs ancêtres. Vous voyez ces points dans la glace ? Ce sont des corps enterrés il y a plus de mille ans.

Il y avait plus de points que je ne pouvais en compter, peut-être des centaines de milliers.

― Pensez-vous que certains de ces points étaient des esclaves ayant aidé à construire le Palais dans les Nuages ?  demanda le Gross sans s’adresser à quelqu’un en particulier.

― C’est possible, répondit Qilin, nous laissant tous bouche bée en entendant sa voix. La lumière de la fusée s’était éteinte. Nous retournâmes à notre campement, mangeâmes et nous endormîmes rapidement. Au milieu de la nuit, je fus réveillé par les ronflements assourdissants de Grande-Gueule, Gros-lard, le moine Hua et Lang Feng, tous ensemble dans un chœur sinistre.

Pleinement conscient que cela allait durer, je sorti de ma tente et demandai à Shunzi d’aller se coucher, que je prendrai son tour de garde.

Il m’offrit une cigarette en me demandant de lui tenir compagnie : 

― C’est pour ça qu’on me paie, je ne peux pas me permettre de baisser la garde, ajouta-t-il.

― Entendu. Je préfère discuter avec vous plutôt que d’entendre ces quatre phoques là-bas dans la tente toute la nuit.

― Je suis habitué à passer mes nuits en montagne. Avant de rejoindre l’armée, je récoltais des plantes pour en faire des remèdes. Ne vous inquiétez pas, je sais comment assurer la garde.

J’étais un peu dubitatif. Comment as-tu pu perdre connaissance avant même que nous commencions l’ascension de la montagne ? lui demandai-je mentalement, mais je continuai à l’écouter, même si je ne prenais pas tout ce qu’il disait au sérieux.

Au cours de la nuit, nous nous détendions lorsque Shunzi explosa tout d’un coup :

― Dites-moi la vérité, que faites-vous réellement ici ? Pourquoi vouloir conquérir les montagnes?

Il venait de me prendre de court, alors je pris le temps de réfléchir avant de répondre. Si je lui disais que nous cherchions le Palais dans les Nuages, me croirait-il ? Je ne pouvais certainement pas lui avouer que nous étions venus pour piller une tombe et que nous n’étions pas des touristes ordinaires. Je devais simplement lui dire la vérité :

― Je ne peux pas vous le dire.

Un sourire apparut sur son visage :

― Ce n’est pas grave. Je voulais juste savoir.

― Puisque nous jouons aux devinettes, pourquoi avez-vous arrêté de ramasser des plantes pour devenir guide de montagne ? Vous pourriez gagner beaucoup plus d’argent avec cette activité, et vous n’auriez pas à supporter des clients stupides comme nous. Ce serait également plus sûr, n’est-ce pas ?

Je ne m’attendais pas à une réponse, mais celle qu’il me donna me fit presque avaler ma langue.

― Je ne suis pas un guide, je suis toujours un cueilleur. De temps en temps, j’emmène des gens dans les montagnes, mais uniquement jusqu’à ce grand lac que nous avons traversé le premier jour. Je n’ai jamais emmené personne aussi loin que nous sommes allés aujourd’hui.

― Arrêtez de plaisanter.

― Il n’y a pas de mensonge dans mes paroles. Aucun guide professionnel ne vous emmènerait dans les montagnes en hiver. Si ce n’était pas pour les bénédictions du Bouddha, nous serions déjà tous morts. C’est un miracle que nous soyons arrivés jusqu’ici sans perdre personne dans le groupe. Mais ne vous inquiétez pas. Même si je n’ai jamais amené personne ici auparavant, j’y suis venu seul de nombreuses fois. Je suis très familier avec ce territoire et je ne vous ai pas menti à ce sujet. Tout ira bien.

Son expression était grave et je réalisai que ce n’était pas une plaisanterie :

― Mon dieu, si c’est si dangereux, pourquoi nous avoir amenés ici ? Êtes-vous à ce point à court d’argent ?

― L’argent n’est pas la raison principale de ma venue ici. C’est plutôt à cause de mon père qui a disparu il y a dix ans alors qu’il emmenait un groupe dans les montagnes en hiver, sur un itinéraire similaire à celui que vous suivez actuellement. Malheureusement, ils ont tous disparu et n’ont jamais été retrouvés. Je me souviens vaguement que les membres du groupe étaient habillés comme vous et semblaient déterminés à atteindre les montagnes. Ainsi, en vous voyant, j’ai eu l’impression que je devais suivre les traces de mon père. Je ne voulais pas que vous subissiez le même sort que lui. De plus, j’espérais peut-être trouver des réponses sur ce qui lui est arrivé. Je sais que c’est une pensée naïve, mais peut-être que votre raison de venir est la même que celle du groupe de mon père il y a dix ans. Je suis conscient qu’ils ont probablement été emportés par une avalanche et qu’ils sont probablement enterrés profondément dans la neige quelque part. Mon sourire moqueur envers moi-même reflète simplement l’absurdité de mes espoirs.

Je compris alors pourquoi Shunzi était si intéressé par notre détermination à atteindre les montagnes. Il avait vécu la même expérience douloureuse que moi, avec la disparition de son père enseveli quelque part dans les Pics Sacrés.

Cette révélation changea complètement ma perception de notre guide. Il n’était pas là pour nous arnaquer, mais avait une raison personnelle bien plus impérieuse pour atteindre les sommets. Je me demandai alors, en regardant les corps prisonniers de glace, s’il ne pensait pas à son propre père.

Je me mis également à réfléchir sur le groupe que son père avait essayé d’amener ici. Étaient-ils également à la recherche du Palais dans les Nuages ? Cette pensée me sembla toutefois être une trop grande coïncidence.

Shunzi interrompit ma réflexion en me disant qu’il me trouvait différent des autres et qu’il m’avait donc révélé son histoire personnelle. Il me demanda de ne pas en parler à mes compagnons, de peur qu’ils ne soient bouleversés.

Je trouvai que le terme « bouleversés » était un doux euphémisme. Qui sait ce que Chen Pi ferait s’il découvrait que c’était la première fois que Shunzi emmenait des gens dans les montagnes ? Le Gros, quant à lui, ne ferait probablement pas dans la dentelle.

― Ne vous inquiétez pas, rassurai-je Shunzi alors que Lang Feng sortait pour prendre le prochain quart de garde et que nous retournions à nos tentes respectives.

Couché, entouré de ronflements profonds et assourdissants, je sombrais dans un demi-sommeil. Mon esprit était hanté par les pensées du père de Shunzi et de son groupe d’explorateurs. J’avais l’impression de connaître ces gens, mais où les avais-je déjà rencontrés?

Le lendemain, notre ascension se révéla plus ardue que la veille. Les falaises surplombant notre chemin étaient surchargées de neige, menaçant de déclencher des avalanches à tout instant. Nous parlions peu, et seulement à voix basse. Les congères le long du sentier dissimulaient les cratères que nous avions repérés et évités le premier jour. De temps en temps, l’un de nous s’enfonçait jusqu’à la taille dans la neige en brisant la croûte dure qui recouvrait les trous. Nous avancions prudemment, sondant le terrain avec de longues stalactites de glace, comme si nous traversions un champ de mines.

Gros-lard était le plus rapide et le plus agile d’entre nous, dépassant très vite Shunzi qui manquait d’endurance. Pour tous les autres, nous ressentions des picotements et de l’engourdissement dans nos langues. Notre guide expliqua alors qu’il s’agissait du mal des montagnes. Le monde que nous parcourions était si silencieux qu’il semblait être mort, même notre propre respiration haletante faisait la muette.

Le sentier raide s’aplanit et nous atteignîmes une vallée entourée de falaises géantes qui bloquaient toute lumière. 

― C’est ici, annonça le vieux Chen en faisant un geste vers une pente difficile menant au terrain plat sur lequel nous étions, C’est la première tête de dragon, l’entrée de la première tombe. 

Nous utilisâmes nos piolets pour grimper un par un la paroi de la falaise, conscient du défi à accomplir.

La Petite Montagne Sacrée se dressait solitaire, en regard de la plus Grande dont elle était séparée par une vallée. Elles semblaient protéger les Pics de la Trinité tels un dragon enroulé et un tigre prêt à bondir. Observant les montagnes, je ressenti un puissant courant d’énergie qui balayait les alentours. J’étais sûr que nous approchions des tombes que mon oncle nous avait envoyés trouver.

Le chemin emprunté était incroyablement difficile et Chen Pi s’effondra, incapable de bouger. 

― Merde, Grand-père Chen, soupira Lang Feng en prenant le vieil homme sur son dos, ce qui ralentit encore plus notre ascension.

Nous poursuivîmes notre avancée laborieuse pendant encore trois heures. Mon esprit était vide et mon corps épuisé ne faisait qu’obéir machinalement à Gros-lard qui menait la marche.

Il arriva le premier au sommet, presque en larmes de soulagement alors qu’il se laissait tomber sur la neige, les bras tendus et immobiles. Nous le suivîmes un par un, manquant de souffle et observant les environs.

Nous étions dans un vaste champ enneigé d’une pureté éclatante, étincelant de cristaux chatoyants de toutes les couleurs. Des rochers noirs émergeaient de la neige et le soleil couchant diffusait une brume bleutée sur les Pics de la Trinité avoisinants. La Grande Montagne Sacrée surplombait notre groupe tel un monstre colossal. Aucun de nous n’osait parler, comme si nous étions figés au milieu d’un tableau à la fois spirituel, sublime et sinistre.

Néanmoins, le Gros brisa soudainement le silence en me frappant du poing et en chuchotant:

― Est-il fou ? 

Pendant ce temps, Qilin était à genoux, sa tête baissée en direction des Pics. Son visage, auparavant impassible, était maintenant déformé par une expression de profonde tristesse.




Rejoignez-nous et devenez correcteur de Chireads Discord []~( ̄▽ ̄)~*
Chapitre 13 – Les Secrets de la Peinture Murale Menu Chapitre 15 – Un lien suicidaire