Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 86 – Claquement de doigts
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Vol 2 : L’Homme Sans Visage / Chapitre 86 – Claquement de doigts

Quartier Ouest, rue Grimm Garden…

Klein, qui avait déjà une belle barbe autour de la bouche et qui portait une paire de lunettes à monture dorée, un haut de forme et une canne noire, entra, à la suite de Rogo Colloman, dans un salon spacieux et lumineux.

Un immense lustre en cristal pendait du plafond. Les murs, les angles et les tables étaient décorés de toutes sortes de gravures et d’ornements dorés. La pièce était magnifique, délicate et luxueuse.

Comme on pouvait s’y attendre de la part d’un homme d’affaires spécialisé dans les bijoux, d’un homme d’affaires qui vit dans le Quartier Ouest… Soupira notre détective en contemplant les peintures à l’huile.

À chaque pas que faisait Rogo, la graisse qui enrobait son corps frémissait. Les gens, avec un brin de malice, se demandaient toujours quand sa veste, sa chemise ou son pantalon allaient finir par craquer.

Cependant, le bijoutier avait suffisamment d’argent pour s’offrir des vêtements de la plus haute qualité.

– « Détective Moriarty, voici mon fils Adol », dit Rogo en s’arrêtant au bord d’un tapis et en désignant un garçon de 15 ou 16 ans assis dans un fauteuil.

Toutes les cheminées de la maison étaient allumées et grâce aux tuyaux métalliques destinés à faire circuler la chaleur, il faisait plutôt chaud au salon. Klein se serait même mis en manches de chemise. Mais ce garçon, lui, était enveloppé d’un épais manteau de fourrure et avait sur les jambes une couverture visiblement très chaude.

Tête baissée et frissonnant, il avait les bras croisés sur la poitrine et ses yeux d’un bleu sombre semblaient avoir perdu tout éclat.

Rogo le regarda avec inquiétude et éleva légèrement la voix :

– « Adol, voici le détective Moriarty. Il est là pour te protéger aujourd’hui et demain. »

À ces mots, l’adolescent leva la tête, révélant son visage pâle, ses lèvres bleutées et ses yeux dans le vague.

– « Protégez-moi, protégez-moi… Ils vont me tuer ! Ils veulent me tuer ! »

Sa voix devenait de plus en plus aiguë. Finalement, il porta les mains à ses oreilles et se mit à crier.

Cela dura quelques secondes puis peu à peu, il s’apaisa.

Klein pendant ce temps, avait discrètement activé sa Vision Spirituelle.

Hein ?!

Il retint le cri de surprise qui lui montait à la gorge et ré-examina attentivement le jeune homme.

La couleur de son aura avait pris un profond reflet d’un vert noirâtre !

C’est signe qu’il est hanté par des spectres, voire possédé!

Les mauvais amis d’Adol sont déjà en train de se venger de lui… A moins que ces “mauvaises fréquentations” n’existent pas…

Klein prit tranquillement le sifflet de cuivre d’Azik et y injecta son énergie spirituelle. Puis, pensif, il détourna les yeux d’Adol et observa les autres personnes présentes dans le salon.

Près de l’oriel se tenait un homme en manteau noir. Grand et robuste, sans un sourire, il avait un renflement au niveau de la taille, comme s’il cachait une arme.

Sans doute l’un des six gardes du corps, se dit le détective.

Il était sur le point de jauger quelqu’un d’autre lorsque Rogo Colloman fit les présentations :

– « L’inspecteur Kaslana, son assistante Lydia, l’inspecteur Stuart. » Puis, se tournant vers Klein : « Voici le détective Sherlock Moriarty. »

Kaslana avait une trentaine d’années, des cheveux noirs, des yeux bleus et d’épais sourcils. Plus jeune, elle avait dû être très belle mais avec ses joues affaissées, elle ne semblait pas très aimable.

Lydia, son assistante, était une jeune femme d’une vingtaine d’années aux cheveux roux. Elle avait une très belle silhouette mais un physique moyen.

Toutes deux étaient habillées un peu comme les cavaliers de l’aristocratie : une chemise blanche cintrée assortie à un pantalon très ajusté qui facilitait le mouvement. Si ce n’étaient les plis au niveau de la poitrine, elles étaient vêtues comme des hommes.

En outre, rien ne venait dissimuler les deux revolvers qu’elles portaient à la taille.

Cela rappelait à Klein une parole de l’avocat Jurgen selon lequel la possession illégale d’une arme à feu était une valeur sûre pour un détective privé. En effet, à moins d’être noble, membre du Parlement ou haut fonctionnaire, il est très difficile d’obtenir un permis de port d’arme universel.

Assis face à Kaslana et Lydia, Stuart portait une barbe touffue sur un visage maigre. Ses yeux d’un vert clair étaient étrangement vifs.

Il avait à peu près le même âge que Lydia et était presque aussi grand que Klein : un peu plus d’un mètre soixante-dix pour soixante-trois kilos.

L’homme portait sous son l’aisselle un étui contenant ce qui semblait être un revolver spécialement conçu.

Après quelques civilités, Klein ôta son manteau, son chapeau et les tendit à la domestique qui se tenait près de lui.

– « Mettez-les dans un endroit où je puisse les récupérer rapidement. Il y a dedans des objets importants. »

En fait, il avait déjà transféré les figurines en papier, les notes, les charmes, une boîte d’allumettes et autres objets dans les poches de son pantalon. Ne restaient dans son manteau que la poudre d’herbes, des essences, ses clés et son portefeuille qui contenait 206 livres en billets de banque.

Stuart tourna la tête vers lui et le jaugea :

– « Vous ne portez pas d’arme ? » Demanda-t-il avec un petit rire.

– « La voici », répondit Klein en levant sa canne tout en gonflant ses joues pour simuler un Bang !

En entendant le coup de feu, Stuart, sans réfléchir, fit une roulade tandis que Kaslana et Lydia couraient se cacher chacune de leur côté.

Rogo et le domestique qui se tenaient près de lui en furent à la fois surpris et confus. Adol, quant à lui, gardait la tête basse et frissonnait.

Lorsqu’ils virent que Klein n’avait à la main qu’une canne noire et réalisèrent qu’il n’y avait rien à craindre, Kaslana et les autres retrouvèrent leur calme. Fronçant les sourcils, ils demandèrent :

– « Que s’est-il passé ? »

– « Depuis que j’ai remis à la police un revolver que j’avais récupéré, j’ai appris à imiter son bruit. Cela semble plutôt efficace », répondit notre détective sur le ton de la semi-plaisanterie.

– « Ce n’est pas drôle, détective Moriarty », commenta Kaslana d’une voix grave.

Je voulais seulement vous faire une petite démonstration de magie… railla Klein en tendant sa canne à la domestique.

– « Je m’en souviendrai », dit-il en hochant solennellement la tête.

Stuart, qui l’instant d’avant avait l’air vraiment pathétique, ne semblait pas du tout fâché. Il tapota ses vêtements, se releva et visiblement intéressé, demanda :

– « Comment se fait-il que je n’aie jamais entendu parler de vous, M. Moriarty ? Je connais pourtant beaucoup de monde dans le milieu des détectives. »

– « Je ne suis arrivé à Backlund que début septembre », expliqua brièvement Klein.

– « C’est donc ça… » Stuart eut un sourire : « Ce soir, nous ferons équipe tous les deux. Nous serons en charge de tout entre minuit et demain matin. Cela vous pose-t-il un problème ? »

– « Non », répondit Klein sur le même ton aimable.

– « Très bien », ajouta Kaslana. « Le dîner terminé, vous irez tous vous reposer et prendrez vos tours de garde au petit matin. »

Klein regarda longuement Adol qui tremblait toujours et acquiesça, l’air grave.

Il ne se passa rien de tout l’après-midi. Le maître et la maîtresse de maison, toujours inquiets, firent préparer pour les détectives et les gardes du corps un copieux dîner, mais ne servirent aucune boisson alcoolisée.

Après avoir mangé et bu à satiété, Klein et Stuart – le jeune homme à grosse barbe – montèrent dans leurs chambres situées à l’étage.

S’étant assuré qu’il n’y avait personne dans les environs, Stuart secoua la tête et dit :

– « Sherlock, vous avez certainement noté que le problème d’Adol n’était pas une question de vengeance. »

Tu es vraiment très affable, mon gars… pensa Klein qui, sans changer d’expression, demanda :

– « Qu’est-ce qui vous fait dire ça ? »

– « Il a plutôt l’air d’avoir un problème mental, ou – comme on dit dans le pays – il est hanté par des fantômes et esprits maléfiques. Franchement, ça me fait peur », répondit Stuart avec un soupir. « Monsieur Colloman devrait l’emmener chez un psychiatre et si ça ne marche pas, demander aux prêtres du Seigneur des Tempêtes de jeter de l’eau bénite et d’effectuer un rituel. »

– « Vous pourriez le lui suggérer », dit Klein avec objectivité.

Stuart lui jeta un regard en coin :

– « Je verrai ça dans quelques jours, si Adol ne va pas mieux. »

– « A vous de voir. En ce qui me concerne, ma mission se termine demain. »

Les deux jeunes gens, qui étaient arrivés à destination, entrèrent dans leurs chambres respectives.

Une heure du matin, dans la chambre d’Adol…

Assis dans un rocking chair, le sifflet d’Azik à la main, Klein observait tranquillement son protégé tandis que Stuart, assis au bureau, sirotait un café.

Aucun d’eux ne parlait de crainte de réveiller Adol qui avait fini par s’endormir.

Le temps passait lorsque soudain, un froid glacial envahit la pièce.

L’adolescent se redressa et ouvrit les yeux.

– « Qu’est-ce qui ne va pas ? » Demanda Stuart, un peu nerveux.

– « Je … aux toilettes… », répondit Adol d’une voix douce, encore endormie.

Son visage semblait plus pâle et ses lèvres devenaient violettes.

Stuart était sur le point de dire quelque chose lorsque Sherlock Moriarty se leva et lui fit un signe de la tête.

– « Je vais le suivre. »

– « Entendu », fit son coéquipier avec un soupir de soulagement.

Les mains dans les poches, Klein emboîta le pas à l’adolescent et le suivit jusque devant les toilettes situées deux portes plus loin.

Adol s’apprêtait à refermer la porte derrière lui lorsqu’il vit une silhouette entrer en trombe.

– « Je ne peux pas vous laisser hors de mon champ de vision. Allez, faites ce que vous avez à faire et faites comme si je n’étais pas là », dit Klein en s’appuyant contre le mur.

Adol ne répondit rien. Les yeux dans le vague, il regardait le miroir.

Il ouvrit le robinet et laissa couler l’eau.

Klein prit alors sa boîte d’allumettes et en craqua une, comme s’il avait l’intention de fumer.

Mais au lieu de cela, il souffla sur l’allumette pour l’éteindre, la jeta négligemment devant lui et sortit de sa poche un autre objet.

Adol, qui lui tournait le dos, se redressa brusquement. Son visage, dans le miroir, était cadavérique.

Un vent froid se mit à hurler dans la pièce. Sans bouger le bas de son corps, l’adolescent se retourna et fixa la main gauche de Klein qui lançait et rattrapait le délicat sifflet de cuivre.

Une rafale de vent souffla sur le visage du détective.

Sans cesser de sourire, celui-ci claqua des doigts.

Il y eut une forte détonation et un feu s’éleva du sol, enflammant une silhouette invisible.

Celle-ci se débattit quelques instants et se dissipa totalement. Le feu alors s’éteignit.

Klein rangea le sifflet et regarda calmement Adol dont les yeux commençaient à reprendre vie.

On aurait dit qu’il se réveillait d’un long cauchemar.

Il aperçut alors, à quelques pas de lui, un jeune homme qui portait une chemise blanche, un pantalon sombre et une paire de lunettes à monture dorée. Il était appuyé contre le mur et souriait.

Puis une voix douce lui parvint :

– « Que vous est-il arrivé ? »

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