Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 56 – Indices sur les Alchimistes en Psychologie
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Vol 2 : L’Homme Sans Visage / Chapitre 56 – Indices sur les Alchimistes en Psychologie

À la périphérie du Quartier de l’Impératrice, sur une large piste équestre déserte…

Audrey Hall conduisit délibérément une jument alezane dans un coin et feignit de discuter de quelque chose avec le Vicomte Glaint.

Jolie autant que valeureuse, elle portait un pantalon blanc et des bottes noires à hauteur des genoux, assortis d’un simple chemisier, d’une veste noire qui lui arrivait à la taille avec sur la tête une bombe de la même couleur. Susie, son golden retriever, était sagement assise à ses pieds, ce qui semblait être une minuscule sacoche en cuir suspendue à son dos.

Déguisée en domestique du Vicomte, Xio jeta un regard envieux sur les longues jambes d’Audrey et instinctivement, se haussa sur la pointe des pieds.

– « Je suis tellement blasé de l’équitation. Elle ne devient vraiment vivante que lorsqu’on y ajoute la chasse. Je parle bien sûr pour les hommes car une belle dame à cheval est toujours un véritable plaisir », dit Glaint, plaisantant à demi.

– « Il va vous falloir attendre plusieurs mois avant la prochaine chasse », répondit Audrey, un léger sourire aux lèvres.

Chaque année, de juin au jour de l’an, tous les aristocrates du Royaume de Loen venaient à Backlund pour assister, comme le voulait la tradition, à divers banquets, bals et salons. À leurs yeux, c’était un évènement particulièrement important et en quelques mois, beaucoup de choses se décidaient.

Le nouvel an passé, chacun retournait dans son fief, château, domaine ou vaste plantation, pour y passer un agréable moment de détente. En ces moments-là, la chasse était particulièrement prisée.

Les nobles invitaient des hôtes de même statut à profiter des plaisirs de l’équitation et de la chasse à courre et tant que leur situation financière le leur permettait, ils n’hésitaient pas à acheter des chiens de chasse dont le plus célèbre était le Foxhound.

– « Cette vie me manque déjà. À Backlund, les gens se sentent bridés et l’air y est horrible. Ceci dit, j’aime son extravagance. »

Sur ces paroles, le Vicomte enfila ses gants et s’éloigna de quelques pas pour permettre à Audrey de parler à Xio et Fors.

– « Honorable Miss Audrey, qu’attendez-vous de nous cette fois ? » Demanda Xio en détournant le regard.

Elle devait à Audrey, qui était honnête et généreuse, une bonne partie de ces récents revenus. Qui n’aurait pas rêvé d’avoir un tel employeur !

J’ai l’impression de sentir à nouveau l’odeur des billets de banque… Avec un peu de chance, la mission ne sera pas trop difficile… Miss Audrey est parfaite en tout point, sauf un : les missions qu’elle nous confie sont toujours surprenantes et très dangereuses… Pensait Xio avec un sentiment d’impatience mêlé d’appréhension.

Elle ne put s’empêcher de jeter un coup d’œil à Fors. Déguisée en femme de chambre, celle-ci la regardait droit dans les yeux et ce qui passait dans leur regard était très similaire.

Ses gants à la main, Audrey eut un sourire à la fois réservé et gracieux :

– « Cette fois, il s’agit d’une simple requête », dit-elle aux deux amies avec un signe du regard en direction de la sacoche de cuir que portait Suzie.

Connue pour sa proactivité, Xio s’approcha de la chienne et tendit la main avec l’intention de lui caresser la tête pour lui montrer qu’elle ne lui voulait aucun mal. Mais déjà, Suzie s’était tournée et lui présentait la petite sacoche.

D’habitude, je suis populaire auprès des animaux… Les moustiques par exemple… Se dit la jeune femme, impassible, en ouvrant la fermeture à glissière de la pochette de cuir de laquelle elle sortit une liasse de papiers.

Elle se releva, jeta un coup d’œil aux documents et y vit la photo d’un jeune homme d’apparence ordinaire. Ceci dit, ses cheveux soigneusement peignés, ses lunettes rondes, et ses yeux bruns et moqueurs lui semblaient étrangement familiers.

J’ai dû le voir quelque part ! Se dit la jeune femme qui lut l’indication tout au bas du portrait :

« Ancien nom : Lanevus, escroc recherché. »

Soudain, elle se frappa le front d’un geste peu élégant :

Je sais où je l’ai vu !

Avant de rencontrer Audrey, l’une de ses principales sources de revenus consistait à feuilleter les journaux, à consulter les avis de recherche de criminel pour lesquels une grosse prime était offerte et à faire jouer ses relations au sein des multiples gangs du Quartier Est pour les dénicher.

J’ai pensé à rechercher cet homme pour lequel la prime est de 100 Livres et qui a raflé plus de 10 000 Livres en espèces ! Cependant, j’ai été si occupée à remplir les missions confiées par Miss Audrey que j’ai totalement oublié…

Les deux amies se regardèrent et demandèrent de but en blanc :

– « Combien pour cette mission ? »

Combien? Audrey n’avait pas réfléchi à cette question étant donné que Le Fou lui avait présenté cela comme un test.

Depuis quand paye-t-on les personnes en cours d’évaluation ?

– « Euh… 100 livres ? », répondit-elle après réflexion.

– « Marché conclu ! » S’exclamèrent d’une même voix Xio et Fors.

Si nous parvenons à l’attraper, en plus des cent Livres de Miss Audrey, nous toucherons la prime du même montant… Quelle belle mission !

Les yeux brillants, Xio demanda d’un ton désinvolte :

– « Pourquoi recherchez-vous cet homme ? Il vous a escroqué de l’argent ? »

Je ne sais même pas qui il est… C’est une simple requête et cent Livres suffisent à conclure l’affaire… Pour si peu, inutile d’en parler à M. Le Fou…

Ignorant la question posée, Audrey eut un sourire poli :

– « Selon mes informations, il serait à Backlund. Au fait, il y a dans ce dossier une dizaine de portraits différents.

« Tenant compte du fait qu’il est très probable que Lanevus se soit déguisé, je vous ai remis des photos de lui sans lunettes, avec une barbe, une coiffure différente. Euh… ce sont des images hypothétiques. »

Je suis aussi très douée pour le dessin et la peinture ! Pensa-t-elle en relevant légèrement le menton.

– « En voilà une bonne nouvelle ! » S’exclama Xio qui avait oublié sa question.

Elle voyait déjà la prime de deux cents Livres lui faire signe.

Le mystérieux personnage rencontré à la réunion de M. A n’ayant toujours pas pris contact avec elle, il fallait bien qu’elle continue à gagner de l’argent.

Audrey hocha imperceptiblement la tête et murmura :

– « Avez-vous des pistes au sujet des Alchimistes en Psychologie ? »

Fors mit de l’ordre dans ses longs cheveux bouclés et regarda le Vicomte Glaint qui, à l’écart, les écoutait :

– « Il y a peu, j’ai rejoint une nouvelle réunion de Transcendants. Il paraîtrait qu’on y a déjà vu les formules de potion du Spectateur et du Télépathe, aussi je pense que l’un des membres doit être un Alchimiste en Psychologie.

« Je leur demanderai l’autorisation de vous emmener avec moi lors de la prochaine réunion. »

– « Entendu », répondit Audrey sans chercher à dissimuler sa joie.

Leurs couleurs, leur langage corporel et les expressions subtiles de Xio et Fors reflétaient suffisamment leur enthousiasme quant à cette mission. De plus, elles n’avaient pas menti au sujet des Alchimistes en Psychologie.

– « On dirait que les affaires de Miss Hall sont sur le point de réussir. Où est ma formule, Audrey ? » Intervint le Vicomte.

– « Il n’y a pas vraiment d’indices à ce sujet pour le moment. La voie de l’Apothicaire se trouve principalement dans le Sud, dans la région du Royaume de Feynapotter », répondit Fors avec un signe qui marquait son profond regret.

– « Bon, à vingt ans, je suis encore jeune. Je peux me permettre d’attendre », commenta Glaint sur un ton humoristique.

– « Très bien, merci pour votre aide. À la prochaine fois ! »

Audrey s’inclina gracieusement, enfila ses gants, monta en selle et descendit la piste.

Susie suivait joyeusement, comme si elle avait trouvé un nouveau moyen de se divertir.

Klein ayant passé la nuit à “expérimenter”, il était déjà 9 h 34 lorsqu’il s’éveilla ce mardi matin.

Tout en mordant dans un morceau de pain beurré, il enfila son manteau, mit son chapeau, sortit à la hâte et écrivit sur le carnet accroché à la corde de la sonnette :

« Je suis à l’extérieur et ne serai pas de retour avant 17 heures. »

En fait, il n’avait pas grand-chose à faire. C’était uniquement pour se prémunir contre une visite intempestive de Millet Carter.

Si jamais celui-ci s’apercevait que le détective qu’il avait engagé pour cinquante Livres, au lieu de rechercher des informations ou d’organiser une équipe pour vérifier la configuration de la structure souterraine, était tranquillement chez lui à boire du thé et à lire des romans, il lui retirerait sans doute la mission et adieu le solde de quarante Livres !

Arrivé au bout de la rue, notre détective, démuni, leva les yeux vers le ciel brumeux  en pensant :

Je n’ai vraiment rien d’autre à faire que d’attendre les informations de Miss Justice…

La veille au soir, il avait décidé où il passerait la journée.

Le matin, j’irai au club Quelaag m’entraîner au tir, lire les journaux et profiter d’un déjeuner gratuit. L’après-midi, je ferai une sieste puis de l’exercice, du squash, par exemple, en attendant l’ouverture du Bar des Cœurs Vaillants. Je m’y rendrai alors en voiture et verrai si Kaspars peut me renseigner sur d’autres réunions de Transcendants.

Klein n’avait pas l’intention d’aller voir Maric. Convaincu que celui-ci était membre de plusieurs cercles, il craignait cependant que Miss Garde du Corps n’appartienne à l’un d’entre eux.

Il ne serait alors pas commode pour lui de vendre des formules de potion dans la mesure où cela pouvait grandement éveiller les soupçons.

Le Vrai Créateur t’ayant fait don de la capacité de divination et d’un corps puissant, te donnerait-il des formules de potion dont tu n’as pas besoin ? C’est inconcevable ! Se dit-il tout en montant dans une voiture publique à destination du Quartier de Hillston.

Une demi-heure plus tard, il arrivait Club Quelaag. Sitôt entré, il reconnut Talim Dumont, le professeur d’équitation qui l’avait recommandé et ami de Mary Gale.

Vêtu d’un pardessus en tweed noir, l’homme aux cheveux bruns s’approcha, le jaugea et lui dit avec un étrange sourire :

– « Bonjour. Mary et Doragu sont en instance de divorce. »

Auriez-vous des soupçons sur la raison pour laquelle j’ai rejoint le club ? Se demanda le détective qui, grâce à ses capacités de Clown, put feindre la surprise :

– « Vraiment ? C’est tout à fait surprenant ! »

Talim lui lança un regard profondément suspicieux et brusquement, sourit :

– « J’ai un ami qui, depuis quelque temps, est préoccupé. J’aurais voulu connaître vos compétences en matière de tir et de combat. »

Une mission ? S’il ne m’a rien demandé sur mes aptitudes au raisonnement, c’est qu’il doit s’agir d’une affaire impliquant la violence… Se dit Klein.

– « J’avais l’intention de me rendre au stand de tir. Vous pouvez venir voir mais pour le combat, il me faudrait un adversaire en mesure de juger de mon niveau. »

– « J’ai appris à me battre », s’empressa de répondre Talim.

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