Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 34 – Toute l’histoire
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Vol 2 : L’Homme Sans Visage / Chapitre 34 – Toute l’histoire

Sa silhouette dans le miroir était nette. On aurait dit que la femme en robe noire ne s’était jamais manifestée.

Klein activa discrètement sa Vision Spirituelle mais ne vit rien.

Est-ce que je viens d’engager un fantôme comme garde du corps ? Elle est encore plus étrange qu’un fantôme, car les fantômes, au moins, on peut les voir avec la Vision Spirituelle…

Pensif, Klein toucha le sifflet de cuivre d’Azik qu’il avait toujours dans sa poche : comme d’habitude, il était froid et ne présentait aucun changement.

Elle n’est pas affectée par le sifflet… Il semblerait que ce ne soit pas une morte-vivante, mais je n’en ai aucune certitude. À l’époque, le sifflet en cuivre avait été enterré avec moi et les cadavres autour de moi ne présentaient aucun comportement anormal. Est-ce parce que les personnes enterrées dans ce cimetière ont bénéficié d’une cérémonie d’adieux de la part de prêtres et d’évêques ? Qu’est-ce qui fait que cela marche ou ne marche pas ? Une fois cette histoire avec l’ambassadeur terminée et si je suis encore en vie, je me rendrai au cimetière et tenterai de découvrir l’étendue de son effet et ses limites. Je ne peux pas toujours porter sur moi une bombe à retardement comme celle-ci…

Klein se lava le visage et quitta la salle de bains.

Il passa au salon, prit le journal et s’apprêtait à le lire lorsque la sonnette de la porte d’entrée retentit.

Soudain tendu, il enfila son manteau, qui contenait toutes sortes de matériaux et se dirigea prudemment vers la porte, sachant pertinemment qu’un danger était imminent.

Il attendit un moment derrière la porte et ce qu’il y avait de l’autre côté fit surface dans son esprit.

Dans le ciel brillait faiblement la lune cramoisie et les élégantes lampes à gaz éclairaient la chaussée humide. Un garçon vêtu d’un vieux manteau se tenait là, son regard rouge vif profond et confus.

Ian Wright ? Pourquoi se manifeste-t-il ? N’est-ce pas ce que j’ai vu dans mon rêve divinatoire ? Est-ce le prélude à un danger ?

Klein ouvrit la porte et recula prudemment de deux pas.

– « Détective Moriarty », dit Ian en ôtant son haut de forme marron et en s’inclinant : « Je suis venu m’excuser. Je suis désolé de vous avoir impliqué dans une affaire aussi dangereuse », ajouta-t-il à voix basse.

Klein fronça les sourcils :

– « Vous auriez dû vous rendre au poste de police. »

Ian regarda autour de lui et inclina la tête.

– « Je reviens juste du MI9. »

Ah ? C’est ainsi que l’on appelle ce département militaire spécial ?

Klein s’écarta et désigna le salon :

– « Peut-être pourrions-nous en discuter. »

Je dois au moins savoir ce qui m’a mis dans cette situation… Soupira-t-il intérieurement.

Sans cérémonie, Ian le suivit au salon et s’assit à la même place que la fois précédente.

Il était sur le point d’ouvrir la bouche lorsque Klein lui dit soudain :

– « Si ce que vous comptez me dire risque de me mettre en plus grand danger, inutile de m’en parler. »

– « Non, tout sera bientôt terminé », répondit Ian avec un calme rare pour son âge.

Soulagé mais curieux, notre détective s’enquit :

– « Alors que s’est-il passé exactement ? »

Il n’avait pas terminé sa phrase qu’il vit émerger des vitres de l’oriel, à l’autre bout de la pièce, une silhouette en robe noire, aux longs cheveux relevés en chignon, aux yeux bleus, aux traits délicats et au visage pâle. C’était la femme qui l’avait salué dans le miroir.

On aurait dit que celle-ci venait de prendre une chaise fictive à haut dossier, car elle s’assit, sa main gauche sous son coude droit et sa main droite soutenant son visage, feignant d’écouter attentivement mais visiblement sans aucune expression.

Durant un moment, Klein en fut désemparé.

Ian, qui était resté quelques secondes silencieux, reprit doucement :

– « En fait, le détective Zreal était un espion pour le compte de l’Empire Feysac. Il a adopté plusieurs enfants sans abri et leur a appris à collecter des renseignements. Je suis l’un d’entre eux. »

C’est donc ça… J’étais impliqué dans une vaste conspiration d’espionnage… Comprit soudain Klein.

Ian, qui fixait la table basse, poursuivit :

– « Nous avons l’avantage de l’âge et la plupart du temps, les autres ne nous prêtent pas attention, ce qui nous permet de recueillir beaucoup d’informations utiles. Il y a deux semaines, je suis tombé sur des indices concernant le manuscrit d’Helmosuin. »

– « Helmosuin ? » Répéta Klein a qui ce nom disait quelque chose.

Ian leva les yeux vers lui:

– « Turani von Helmosuin, le plus grand scientifique après l’Empereur Roselle, mathématicien, mécanicien et père de la machine à différences de seconde génération. »

Alors c’est lui !

Aussitôt, des informations pertinentes revinrent à l’esprit du détective.

Cet homme n’était pas seulement un grand scientifique, c’était aussi un savant fou, persuadé que le défaut inhérent à l’existence humaine ne pouvait être corrigé que par des machines. Il aimait manger du sucre qu’il considérait comme sa source d’énergie. Il avait mystérieusement disparu alors qu’il faisait des recherches sur une machine à différences de troisième génération et comme c’était un personnage important, tous les pays avaient tenté de le retrouver.

– « Son manuscrit ? Concerne-t-il les machines à différences de troisième génération ? » Demanda Klein, intrigué.

Une machine à différences était un dispositif mécanique de calcul capable d’améliorer efficacement l’efficacité de la recherche scientifique et de divers projets. Selon Klein, c’était un ordinateur alternatif à l’ère de la vapeur qui, bien entendu et pour l’heure, se limitait au calcul.

Ian secoua la tête.

– « Je ne sais pas, je ne l’ai pas vraiment vu. Peut-être renfermait-il des idées connexes. »

Il s’interrompit un instant puis poursuivit :

– « Lorsque j’ai rapporté cela au détective Zreal. Ravi, il m’a recommandé de suivre cette piste et l’a immédiatement signalé à son supérieur.

« Il m’a fallu un certain temps pour découvrir où se trouvait le manuscrit et comme j’avais peur des conséquences, je ne l’ai pas volé directement. J’ai décidé de retourner chez le détective Zreal. La suite s’est passée comme je vous l’ai dit. La maison du détective a été infiltrée alors que ses nombreux petits pièges n’avaient pas été restaurés et lorsque je tentais de le contacter, il ne répondait pas. Le gang Zmanger a tenté de mettre la main sur moi…

« Grâce à vous, j’ai pu avoir la certitude que Zreal était mort. J’ai pris une fausse dent sur son cadavre. En fait, c’était après que nous nous fûmes séparés.

« Le détective m’avait dit qu’à l’intérieur de cette fausse dent était inscrit un moyen de contacter d’urgence son supérieur. Même lui ne la connaissait pas et il n’était censé retirer cette dent qu’en cas d’accident. »

Klein a légèrement hoché la tête :

– « Vous avez donc envoyé un télégramme ? »

Un air de surprise, ce qui était rare chez lui, passa sur le visage de Ian :

– « Ce sont les gens du MI9 qui vous ont dit ça ? »

– « Non, un de mes amis vous a vu par hasard sur Bacardi Street », inventa tranquillement Klein.

– « Je vois », fit l’adolescent, déprimé, en hochant la tête. « J’ai en effet contacté par télégramme le supérieur du détective Zreal à Backlund et convenu d’une heure, d’un lieu et de modalités pour le rencontrer mais très vite, le gang Zmanger m’a retrouvé. Pour être plus précis, il s’agissait d’un agent de renseignement de la République d’Intis. C’est en tout cas ce que m’ont dit les gens du MI9.

« Heureusement, ceux-ci sont arrivés à temps et s’en est suivi une énorme bagarre. J’en ai profité pour m’échapper.

« Mais lorsque, l’après-midi, j’ai rencontré le supérieur de Zréal, j’ai une nouvelle fois été pris en embuscade par les agents de renseignement d’Intis qui malheureusement ont réussi à me mettre la main dessus. Comme j’avais très peur qu’ils me tuent, je leur ai dit tout ce que je savais, mais ils n’ont pas tenu leur engagement et avaient toujours l’intention de me supprimer. C’est à ce moment-là que le MI9 m’a retrouvé. »

Dans de tels moments, vous aviez vraiment l’air d’un adolescent de quinze

Klein réfléchissait à ce qu’il venait d’entendre quand soudain, un problème lui traversa l’esprit.

Lorsqu’il avait découvert qu’il y avait, sur le corps de Zreal, quelque chose d’important que Ian avait pu récupérer, il avait fait une croix sur l’affaire, convaincu que ce Transcendant manquait de compétences et était passé à côté de quelque chose, la médiumnité ne lui ayant apporté que peu d’informations utiles.

Mais depuis qu’il savait que l’ambassadeur était un Transcendant de Séquence Moyenne appartenant à la voie du Voyant, l’affaire avait pris un tournant très particulier. Il était impossible que la fausse dent ait échappé à un puissant médium.

Le fait d’abandonner le corps dans un endroit aussi éloigné et difficile à trouver ne ressemblait pas à un piège.

S’il rapprochait tout cela du récit que venait de lui faire Ian, la réponse était évidente.

Klein hocha la tête :

– « Avez-vous déjà envisagé la possibilité qu’il y ait, dans l’entourage du supérieur de Zreal, un traître qui aurait déserté les services de renseignements d’Intis ? 

« Cela expliquerait que Zreal ait été démasqué et tué une fois en possession de l’indice concernant le manuscrit et pourquoi vous avez été pris en embuscade. »

L’ambassadeur d’Intis ayant des informations sur le supérieur de Zreal, il ne se souciait guère du moyen de communication urgente inscrit à l’intérieur de la dent !

Le rapport de Zreal à son supérieur l’avait conduit droit à la mort !

En entendant cela, Ian tomba dans un état d’hébétude. Au bout d’un certain temps, il serra les poings, furieux, et tentant de se contenir, répondit :

– « Je n’y avais pas pensé. Vous êtes vraiment un excellent détective… »

Puis il soupira calmement et changea de sujet.

« J’ai divulgué au MI9 l’emplacement du manuscrit et tout le reste. Au passage, ils ont également fait allusion à vos difficultés. Ces gens ne m’ont pas pris pour un menteur et n’ont envoyé personne me surveiller. Ils se disputaient tous le manuscrit. Cependant, avec ce genre de pression, personne ne saurait mentir. »

Cela dit, Ian se leva et s’inclina profondément.

« Je vous prie encore une fois de m’excuser pour vous avoir impliqué dans cette affaire.

Ne dissimulez rien pour moi. »

Klein, qui avait compris le fin mot de l’histoire, eut un sourire :

– « Non, le principal problème dans cette affaire, c’est que j’ai commis une erreur qui m’a valu de me retrouver dans la situation où je suis. »

Tandis qu’il écoutait, en effet, il avait recoupé les propos de Ian avec ses réflexions des jours précédents et s’était aperçu qu’il avait fait deux erreurs.

Lorsque j’ai découvert que l’affaire de Ian était plus sérieuse qu’il n’y paraissait, j’ai tout de même accepté sa demande. Ce n’était pas un problème puisqu’à mon avis, il n’était question que de gangs. Tout au plus se trouverait-il un ou deux Transcendants préférant ne pas s’exposer. Mais comme je manquais d’information, la divination s’est soldée par un échec… C’était dans les limites de ce que je pouvais résoudre par moi-même et d’une manière générale, il n’aurait pas dû y avoir de problème. J’aurais même pu en profiter pour entrer en contact avec les Transcendants de Backlund.

Après la découverte du corps de Zreal et lorsque j’ai eu la certitude que l’affaire était sérieuse, j’aurais dû prendre en compte la fragilité de mon identité et me retirer résolument de cette affaire. J’aurais dû laisser Ian gérer seul la suite des événements. Cela n’aurait pas été problématique et se serait révélé une décision plutôt prudente.

L’une des erreurs que j’ai commises est que, lorsque Meursault est venu me voir, je n’ai pas bronché ni révélé quoi que ce soit sur Ian. J’ai seulement pensé qu’il faisait partie d’un gang, et qu’il y avait des Transcendants derrière celui-ci. Qui aurait pu deviner qu’un personnage comme l’ambassadeur d’Intis puisse y être impliqué ? Par ailleurs, je ne m’attendais pas à ce que Meursault se montre si imprudent. Après avoir échoué dans sa mission, au lieu de me menacer, de chercher à m’intimider ou autre, il a tenté directement de me tuer de manière à pouvoir faire jouer la médiumnité. Il ne m’a même pas laissé une chance de regretter ma décision. En conséquence, ma situation s’est aggravée.

Ce n’est donc pas une erreur trop subjective ou trop grave.

La seule erreur qui m’a vraiment valu de me retrouver dans une situation aussi passive est celle que j’ai commise au départ. J’avais loué la maison et accepté la mission en tant que Sherlock Moriarty sans penser à me déguiser !

C’est ce qui m’a empêché de fuir lorsque l’ambassadeur a appris que j’étais un Transcendant. Même si je me suis comporté comme quelqu’un de terrifié et en panique, faisant croire au MI9 et aux services de police qu’il serait tout à fait logique que je m’enfuie, je n’ai pas osé le faire. Je craignais que ne trouvant personne sur qui se venger, l’ambassadeur n’informe les autorités à mon sujet. Et en ma qualité d’ancien Faucon de Nuit, je sais pertinemment que la plupart de leurs exécuteurs officiels, de la Conscience Collective des Machines ou les Punisseurs Mandatés nourrissent de l’animosité envers les Transcendants qui ne sont pas sous contrôle. Ce n’est pas parce que je suis de Basse Séquence qu’ils auraient laissé tomber l’affaire : ils auraient à coup sûr lancé une enquête.

Avec le temps, mon physique deviendra une preuve évidente. Je serai alors poursuivi par des Transcendants de Haute Séquence appartenant à l’Église de la Déesse parce que je suis ressuscité alors que j’étais impliqué avec un Artefact Scellé de grade 0.

Aucune chance que de telles choses soient soudain oubliées ou considérées comme insignifiantes. Je devais envisager le pire scénario à l’avance car si j’attendais que l’ambassadeur passe à l’action pour réagir, il serait certainement trop tard. Qu’il s’agisse d’un assassinat, de chercher un garde du corps ou d’acheter des objets, tout cela demande du temps.

Pour que je puisse résoudre la question de ce danger latent, il faut que l’ambassadeur et son assistant meurent et que l’enquête à ce sujet fasse diversion. Son assistant n’ayant pas de statut officiel, il ne peut donc pas interagir avec les autorités. Pour un simple Séquence 9, au mieux un Séquence 8, quelqu’un dont on ne sait pas où il se trouve, pourquoi se donnerait-on la peine de me dénoncer…

Bien entendu, s’il meurt, c’est la meilleure chose qui puisse se produire car ainsi, tout danger latent sera écarté.

Il est beaucoup plus simple de le faire assassiner que de demander de l’aide à M. Azik ou d’attirer l’attention sur moi à cause de 0-08 et d’être poursuivi par des Transcendants de Haute Séquence… Si jamais cela échoue, je devrai me rabattre sur l’une de ces deux issues…

(il soupira) Dire que tout découle d’une petite erreur de départ. J’imaginais simplement que dans une métropole de plus de 5 millions d’habitants où peu de gens me connaissaient et étant donné que j’évitais délibérément les Faucons de Nuit, il n’était pas nécessaire que je me déguise tous les jours, d’autant que les gens auraient eu tôt fait de remarquer quelque chose. Et pour une si petite erreur, voilà que je vais devoir payer plus de 10 000 Livres d’or sans aucune garantie que le problème soit résolu…

Je ressemble vraiment à un clown qui, d’une erreur, déclenche une réaction en chaîne qui aboutit à une tentative désespérée de se rééquilibrer afin de plaire au public…

Tout cela est dû à mon manque d’expérience. C’est la première fois, au cours de mes deux vies combinées, que je suis un fugitif.

Lorsque cette affaire sera complètement résolue, il ne sera plus aussi dangereux que l’on sache que je suis un Transcendant. Ils penseront seulement que je me suis procuré une potion en cherchant un garde du corps et ne remettront pas en question mes origines. Bien sûr, je devrai désormais faire l’effort de porter des lunettes et une moustache de manière à ce que les gens autour de moi s’habituent progressivement à ma nouvelle image. À l’avenir, lorsqu’ils poseront des questions à mon sujet, ils ne verront que cette image.

À mesure qu’il réfléchissait à tout cela, le rire de Klein s’accentua et Ian eut une impression étrange.

– « Il est temps pour moi de partir. Je vais devoir disparaître pendant un moment sans quoi je risque d’être jeté en prison », dit le jeune homme en mettant son chapeau, après quoi il fit ses adieux et s’en alla.

Klein ne chercha pas à l’arrêter et le regarda disparaître sous le clair de lune cramoisi.

Sans qu’il s’en aperçoive, la femme qui se tenait près de l’oriel avait disparu.

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