Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 29 – Bakerland
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Vol 2 : L’Homme Sans Visage / Chapitre 29 – Bakerland

Tôt le mardi matin, Klein se réveilla naturellement et se prépara deux tranches de pain grillé, un morceau de beurre, une portion de bacon et une tasse de café. Puis, tout en prenant son petit déjeuner, il se mit à lire tranquillement le journal.

Il se sentait beaucoup moins tendu depuis qu’il possédait le terrifiant charme du Langage de l’Ignominie.

Le jeune homme acheva de feuilleter le Backlund Bulletin, puis prit le Tussock Times où un article, sur la seconde page, attira son attention.

«  À deux heures ce matin a eu lieu une violente fusillade à Allée de la Brique Rouge dans le Quartier Est. Selon la police, il s’agirait d’un affrontement entre deux gangs, dont le célèbre gang Zmanger.  »

Le gang Zmanger… Allée de la Brique Rouge dans le Quartier Est… Une pensée traversa l’esprit de Klein qui se leva de table pour aller chercher la carte de Backlund.

D’un simple coup d’œil, il nota que l’Allée de la Brique Rouge n’était pas loin de la rue Bacardi, là où Ian Wright s’était présenté au bureau du télégraphe.

Celui-ci se cachait-il Allée de la Brique Rouge ? S’agissait-il d’un violent conflit entre le département spécial de l’armée et les services de renseignements de la République d’Intis ? Je me demande ce que ça va donner…

Klein prit le dernier morceau de bacon, le mit dans sa bouche et le mâcha lentement.

Il n’avait “informé” les deux camps des résultats de sa divination que le matin précédent et la nuit même, ils avaient déjà verrouillé la localisation de Ian. Ces gens étaient donc plutôt efficaces.

Après avoir bu une gorgée de café, Klein posa le journal et se plongea dans une profonde réflexion.

Soudain, il entendit le tintement de la sonnette. Il s’essuya la bouche avec une serviette et se dirigea vers la porte, perplexe.

– « Qui est-ce ? »

Serait-ce une nouvelle mission ? Ces derniers jours, j’ai été par monts et par vaux à cause de l’ambassadeur d’Intis. Je serais curieux de savoir combien de clients potentiels j’ai perdus… C’est vraiment gaspiller l’argent que j’ai investi en publicité… Si cela continue, mes finances vont être mises à rude épreuve…

Tout à ses pensées, il ouvrit la porte.

Deux dames se tenaient sur le perron, dont Mme Sammer vêtue d’une robe du matin. Son maquillage complexe la rendait encore plus belle que lorsqu’il l’avait vue chez elle et elle ne paraissait même pas la trentaine. L’autre dame portait un chapeau à larges bords avec un voile en tartan noir. Sa robe était plus sombre et plus duveteuse.

– « Détective Moriarty, j’ai une amie qui a besoin de votre aide », dit Stelyn Sammer, sa voilette à la main. Ses yeux bleus ne reflétaient pas le moindre sourire.

– « Entrez, je vous en prie », répondit Klein en désignant le salon. Tandis qu’il se retournait, il en profita pour fermer le bouton supérieur de sa chemise et ajuster son gilet noir.

Stelyn hocha légèrement la tête et sans un mot, conduisit la dame voilée de noir dans la pièce.

Elle connaissait très bien l’endroit, aussi n’eut-elle pas besoin de Klein pour prendre place sur le canapé.

Le détective était sur le point de commencer à poser des questions lorsqu’il se souvint du style de Stelyn Sammer, aussi demanda-t-il avec un sourire :

– « Café ou thé ? »

À ses yeux, Mme Sammer était une dame en quête d’une haute qualité de vie et désireuse de montrer en permanence sa supériorité.

– « Ne vous donnez pas cette peine », répondit l’autre dame en ôtant son chapeau.

Elle avait de beaux traits, mais leur combinaison était décevante. De plus, ses pommettes étaient trop hautes et elle paraissait plus âgée qu’elle ne l’était en réalité.

Un peu de colère, un peu de tristesse, un peu d’hésitation, un peu de peur… Se dit Klein.

Non pas qu’il fut soudain doté des capacités d’un Spectateur, mais le comportement de cette dame n’était que trop évident.

– « C’est vrai, ce ne sont pas le café ou le thé qui résoudront le problème », dit Stelyn en imitant une posture vue dans les magazines, faisant de son mieux pour paraître classe. « Voici Mme Mary Gale. Elle est actionnaire de la société Coim. »

Klein prit place dans un fauteuil, se pencha légèrement en avant et posa les bras sur ses cuisses :

– « Qu’attendez-vous de moi, Mme Gale ? »

– « Appelez-moi simplement Mary », répondit la dame en pinçant les lèvres. « Je voudrais que vous suiviez mon mari pour savoir s’il a une maîtresse. Je préférerais que vous m’apportiez des preuves matérielles. »

Suite à la pression active de l’Église de la Déesse de la Nuit Éternelle sur des années, le Royaume de Loen était, concernant les lois sur le mariage, plus radical que d’autres pays tels que Feysac, Intis ou encore Lenburg. Il stipulait que ceux qui commettaient l’adultère devaient en payer le prix financier. De ce fait, le coupable était totalement désavantagé lors de la division des biens.

J’ai entendu dire qu’au moins quatre détectives sur dix enquêtent sur les affaires extra conjugales… Je ne m’attendais pas à être sollicité moi aussi pour ce genre de mission… se dit Klein.

– « Les preuves matérielles ne sont pas faciles à obtenir », dit-il d’un air pensif.

– « Je vous prêterai le dernier appareil photo portatif », répondit sans hésiter Mary. « Si vous obtenez les preuves, vous toucherez dix Livres. Mais si vous ne faites que me confirmer qu’il a une maîtresse, vous n’en percevrez que trois. »

Klein, qui s’était intéressé à l’entreprenariat, avait une certaine connaissance des derniers appareils.

Vous voulez parler de ce fameux appareil photo aussi gros que les deux tiers de ma tête ? 10 Livres, c’est plutôt bien payé…

– « Entendu », répondit-il après quelques secondes d’hésitation. « Mais vous devez me donner des informations détaillées sur votre mari et ses activités régulières. »

Mary rassembla toutes ses forces :

– « …Pas de problème ! »

– « Je vous remercie pour votre aide. Je compte sur vous pour n’en parler à personne », ajouta Stelyn.

En entendant cela, Klein soupira :

– « Je suis quelqu’un qui respecte la confidentialité, ce qui me vaut souvent des problèmes d’ailleurs. »

Dans le hall de la maison du Comte Wolf, hommes et femmes dansaient sur des airs de violon.

Audrey tenait à la main une coupe de champagne or pâle lorsqu’elle tomba “accidentellement” sur l’ambassadeur de la République d’Intis à Loen, Bakerland Jean Madan.

– « Vous êtes la plus belle jeune femme que j’aie jamais rencontrée », dit Bakerland, un homme au visage fin et à la légère barbe, en déposant, selon la bienséance, un baiser sur le gant de gaze blanche d’Audrey. Dans son regard se lisaient la passion et l’audace.

Audrey leva les yeux au ciel :

– « C’est comme ça que s’expriment les gens d’Intis ? »

– « Oui, nous ne sommes jamais avares d’éloges sur les belles choses », répondit Bakerland avec un petit rire. « Si nous n’étions pas au Royaume de Loen, j’aurais pu vous appeler mon ange. »

Vieux pervers… Pensa Audrey qui ne perdit pas pour autant son sourire gracieux :

– « Les habitants de Loen et d’Intis sont en effet bien différents. »

– « Vous me rappelez une plaisanterie. Permettez-moi d’être présomptueux. » Bakerland plissa les yeux et poursuivit : « Après avoir passé du bon temps avec une belle fille, la plupart des hommes de Loen diraient : ‘Oh, ma chère, je voudrais bien une cigarette’ alors que la plupart des hommes d’Intis diraient… »

Il s’interrompit délibérément. Réprimant de son mieux sa nausée, Audrey pencha la tête et prit un air perplexe :

– « Que diraient-ils ? »

– « La plupart des hommes d’Intis diraient : ‘Chérie, je dois rentrer avant que ma femme ne le découvre ».

Bakerland leva son verre et se mit à rire.

– « …Les gens qui savent rire d’eux-mêmes ont toujours un charme supplémentaire », dit Audrey avec un sourire poli.

Soudain, ses beaux yeux d’un vert cristallin se posèrent derrière l’ambassadeur :

– « Veuillez m’excuser mais un ami me cherche. » 

– « C’est un plaisir de bavarder avec vous », répondit Bakerland qui s’inclina et s’écarta pour la laisser passer.

Audrey s’éloigna avec grâce et ne se retourna pas.

Alors qu’elle se demandait vers qui aller pour confirmer son prétexte, un jeune homme s’approcha d’elle et, baissant la voix, la prévint :

– « Audrey, ne vous laissez pas berner par cet ambassadeur Bakerland, c’est un vieux salaud ! Je ne saurais dire combien de femmes il a mises dans son lit ».

Bakerland est lubrique ? Cela rejoint mes observations… C’est une faiblesse…

Audrey sourit sans cacher son dégoût :

– « Kance, vous feriez-vous une fausse idée de moi ? Par la Déesse, comment aurais-je pu être envoûtée par ce Bakerland ? Son eau de Cologne me donne envie de vomir, ses paroles sont nauséabondes et il flaire le paon mâle. »

Kance était le plus jeune fils du vicomte Leerhsen, dont la famille était en assez bons termes avec les Hall.

Selon Audrey, une fois diplômé de l’Université de Tingen, Kance était entré au MI9 et devenu assez énigmatique.

Au départ, son plan était de discuter un moment avec l’ambassadeur Backlund et de l’observer de près, puis de prendre prétexte de ce qu’il l’exaspérait pour obtenir davantage d’informations auprès de Kance et de ses amis du renseignement. À sa grande surprise, elle n’a pas eu besoin d’aller chercher Kance Leerhsen, celui-ci étant venu de lui-même aborder le sujet.

– « Votre ressenti ne vous trompe pas », répondit le jeune homme avec un sourire sincère. Il regarda autour de lui et murmura : « De plus, Bakerland est un homme particulièrement dangereux. »

– « Dangereux comment ? » S’enquit Audrey, intriguée.

– « Avez-vous entendu parler des Transcendants ? Je crois savoir que ce genre de sujet vous a toujours intéressée. »

Audrey hocha doucement la tête.

– « Je sais pas mal de choses en effet, que je tiens, pour la plupart, de Glaint. »

Kance jeta un coup d’œil à Bakerland qui discutait avec une dame aisée et prit un air grave :

– « Cet homme est le chef du renseignement d’Intis au sein de notre Royaume. Il a commis de nombreuses atrocités, mais nous n’avons pas pu rassembler de preuves de ses crimes. C’est un Conspirationniste de Séquence 6. »

Audrey étant étrangère à tout cela, il n’entra pas dans les détails et s’abstint de préciser que le Conspirationniste appartenait à la voie du Chasseur.

Mais la jeune fille était déjà au courant. Feignant la naïveté, elle soupira :

– « Il est vraiment stupéfiant! »

– « Il a un assistant dans l’ombre, un homme qui a peut-être atteint la Séquence 5. Par ailleurs, tous les agents du renseignement d’Intis au sein du Royaume sont sous ses ordres. Beaucoup d’entre eux sont des Transcendants. Malheureusement, nous n’en connaissons que quelques-uns… », ajouta Kance en passant. « Ne vous réjouissez pas trop non plus des éloges de Bakerland. Elles ne reflètent pas le fond de sa pensée. Il cherche seulement à obtenir plus d’informations. »

Je n’aime pas du tout vos propos…

Audrey leva les yeux vers le lustre décoré et réfléchit quelques secondes.

– « Bakerland est-il particulièrement intelligent pour que vous n’ayez jamais pu réunir de preuves incriminantes ? »

– « S’il est vraiment doué pour les intrigues, il a aussi beaucoup de problèmes. Il aime courir après les femmes et adore le romantisme. Il prend des risques et est assez radical. Si son statut d’ambassadeur ne nous compliquait pas les choses, nous l’aurions arrêté depuis longtemps. » Kance se caressa le menton et ajouta : « Mais il sera bientôt remplacé. Très bientôt. »

– « Pourquoi ? » Fit Audrey, surprise.

– « Il ne vous appartient pas de le savoir, jolie dame » répondit Kance, très à cheval sur le principe de confidentialité.

Alors que le bal touchait à sa fin, Audrey, qui avait recueilli pas mal d’informations, alla trouver le Vicomte Glaint pour lui demander de l’aider à contacter Xio et Fors.

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