Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Dans la salle où les piliers de pierre s’étaient effondrés, un groupe de Faucons de Nuit portant des coupe-vent noirs et des chapeaux de soie apparut autour de l’autel. L’équipe était dirigée par l’archevêque de l’Église de la Déesse de la Nuit Éternelle, Saint Anthony Stevenson.

– « Quelqu’un l’a perturbé ? » marmonna-t-il en se dirigeant droit vers la porte de pierre qui donnait sur l’intérieur.

Celle-ci s’ouvrit silencieusement sur de profondes ténèbres et Saint Anthony, suivi de quelques Faucons de Nuit, s’y enfoncèrent.

Ils ne croisèrent ni garde ni objet de valeur. On aurait dit que cet endroit avait été énergiquement nettoyé.

Enfin, ils atteignirent une salle dans les profondeurs, mais il n’y avait là rien d’autre que des murs et des piliers de pierre. La porte de lumière bleue qui se trouvait là lors du départ de Klein avait depuis longtemps disparu.

Soudain, les lanternes que tenaient les Faucons de Nuit s’obscurcirent et l’obscurité enveloppa la pièce.

Lorsque tout revint à la normale, ils constatèrent que les murs environnants avaient en quelque sorte fondu. Cependant, ils ne dissimulaient ni portes ni tunnels, uniquement une épaisse couche de terre et de roches et le couloir d’où ils venaient.

Saint Anthony resta un moment silencieux puis dit :

 – « Essayez la divination. Cherchez dans les environs. »

Achoo !

Alors qu’il marchait à travers les falaises et la forêt dépourvues de sentier, Klein fut attristé de constater que de toute évidence, il était vraiment tombé malade.

Les effets résiduels des pouvoirs Transcendants de Mr. A, combinés au fait qu’il était trempé et qu’on était en plein hiver, lui avaient donné un rhume honteux.

Cependant, craignant que les Transcendants de l’Eglise ne le retrouvent, il n’osait pas s’arrêter pour ramasser des brindilles sèches afin d’allumer un feu pour faire sécher ses vêtements et son argent.

Même s’il avait obtenu l’appui de Stanton Isengard de la Conscience Collective des Machines et le statut de semi-officiel, il s’agissait d’une affaire impliquant l’éveil de la Démone Primordiale et la descente du Vrai Créateur – deux cas de la plus haute importance. Il allait donc être soumis à des enquêtes rigoureuses, à des séances de thé avec la Conscience Collective des Machines, les Punisseurs Mandatés et les Faucons de Nuit pour retracer, activement ou passivement, l’ensemble du processus.

Il y avait deux écueils majeurs à cela. Le premier était qu’il connaissait des gens au sein des Faucons de Nuit et bien que le détective Sherlock Moriarty fût très différent du martyr Klein Moretti – ce qui rendait impossible son identification par le biais de photographies – il n’avait aucune confiance dans le fait que les choses se passent face à face. Ensuite, en raison de voies similaires, l’Église de la Déesse de la Nuit Éternelle n’avait guère de sympathie pour les personnes et les choses liées à La Mort. À la fin de la quatrième époque, durant l’Ere Pâle, La Mort était tombée sous le siège des sept dieux et Sherlock Moriarty, dans un moment critique, avait “invoqué” l’un de ses puissants descendants. Ce n’était pas un problème que l’on pouvait expliquer facilement.

Cette puissance de haut niveau était pressée de s’occuper d’Ince Zangwill et de 0-08, elle n’avait donc pas le temps de s’occuper d’un sympathique menu fretin comme moi. Cependant, je ne peux pas me permettre d’être négligent. Je dois fuir quand c’est nécessaire !

Je pourrai toujours écrire à la Conscience Collective des Machines dès que j’en aurai l’occasion, en expliquant la seconde raison qui me pousse à quitter temporairement Backlund. De cette façon, j’aurai peut-être encore une chance de travailler avec eux à l’avenir. Bien sûr, je vais devoir les observer discrètement pour savoir s’ils ont une quelconque hostilité envers les descendants de La Mort. Je me demande comment va M. Azik…

Héhé, il se pourrait que dans l’annonce officielle, Sherlock Moriarty soit mort. Il est vrai qu’il était à la hauteur de son nom et de son identité…

En proie à une alternance de fièvre et de froid, Klein tenta de trouver au plus vite une petite ville et de se fondre dans la foule.

Ce n’était qu’au sein de la société humaine que les pouvoirs des Sans-Visages pouvaient s’exprimer pleinement.

La femme qui travaillait avec M. A, euh… ce doit être une Démone. Elle s’est rendue dans le Quartier Est… D’après le rituel, il a dû y avoir un grand nombre de morts là-bas. Je me demande…

Doté de l’intuition spirituelle d’un Voyant, le jeune homme se sentit soudain le cœur lourd.

À cet instant, toutes les couleurs devant ses yeux se saturèrent, comme si elles avaient été aspergées d’huile par une divinité.

La sensation disparut aussitôt et Klein se retrouva loin de l’endroit où il se trouvait. Azik Eggers, cet homme à la peau bronzée et aux traits doux, apparut près de lui.

– « M. Azik, vous êtes indemne ? » demanda Klein avec un soupir de soulagement.

– « Oui », répondit franchement son interlocuteur avant d’ajouter avec un sourire, « mais pour un Immortel, ce n’est guère un problème ».

– « Qu’est-il arrivé à Ince Zangwill et à 0-08 ? » s’enquit le jeune homme, le premier moment d’émotion passé.

– « Zangwill est toujours en vie et manie toujours cet Artefact Scellé de grade 0 », répondit Azik tout en marchant.

Klein, qui s’efforçait de le suivre, ne put s’empêcher de soupirer.

– « Quel dommage. »

– « Ne vous inquiétez pas, il a été grièvement blessé », expliqua Azik d’un ton grave. « Et surtout, nous savons qu’il coopérait secrètement avec la famille royale, aussi n’avons-nous pas à craindre de ne pas pouvoir le retrouver par la suite. Vous allez pouvoir vous concentrer sur votre amélioration et moi, je pourrai me rendre dans quelques endroits que j’ai en mémoire pour réveiller d’autres souvenirs. Héhé, vous avez de la chance. J’observais discrètement les gens du MI9 et de la famille royale pour savoir où se trouvait Ince Zangwill, et comme le Manoir de la Rose Rouge était un point clé, je me promenais souvent dans les environs. Sinon, je n’aurais pas pu venir aussi vite à votre secours. »

Klein se sentit un peu mal à l’aise à cette évocation.

– « Monsieur Azik, vous ne vous demandez pas pourquoi je ne suis pas mort ? »

– « Je me souviens m’être souvent réveillé dans un cercueil », répondit avec un sourire Azik, complètement indifférent à la question. « Et dans ma mémoire incomplète, même si ce phénomène est rare chez les autres, ce n’est pas sans précédent. »

Il se réveille souvent dans un cercueil… Souvent ?

Klein réalisa soudain que les problèmes qui l’inquiétaient n’étaient rien aux yeux d’une véritable puissance.

Comme on pouvait s’y attendre de la part d’un Immortel de la voie de La Mort… Voyons, M. Azik a mentionné qu’il était resté longtemps dans cette Séquence, ce qui signifie qu’il y a un bon moment qu’il a évolué…

Il réfléchit un moment, puis demanda avec inquiétude :

– « M. Azik, pensez-vous qu’Ince Zangwill puisse découvrir que je suis Klein Moretti ? »

Il craignait, en effet, que celui-ci ne se venge sur Benson et Melissa.

– « C’est peu probable. Tout au plus pourrait-il penser que nous nous connaissons depuis longtemps ou que vous êtes mon… informateur, pour reprendre les termes employés par la police. » L’homme fit appel à sa mémoire et ajouta : « Cela dit, cet Artefact Scellé de Grade 0 pourrait le remarquer, mais vous n’avez pas à vous en inquiéter. »

– « Pourquoi ? » insista Klein.

De quoi Azik s’était-il souvenu, nul n’aurait su le dire, mais il prit soudain un air étrange. On aurait dit qu’il était sur le point de rire et qu’en même temps, il était horrifié.

– « Cet artefact s’efforce toujours d’écrire la mort de son propriétaire. Il s’agit probablement d’une caractéristique intrinsèque qui ne peut être modifiée. Par conséquent, je doute qu’il divulgue activement des informations aussi importantes, capables de donner un avantage considérable à Ince Zangwill à un moment aussi critique – à moins qu’il ne s’agisse de quelque chose qu’il ne peut pas éviter ou expliquer. »

Azik paraissait si sûr de lui et ses arguments si solides que Klein soupira. On aurait dit qu’il était un peu remis de son rhume.

– « Mieux vaut, pour le moment, que vous quittiez Backlund. Ince Zangwill pourrait utiliser cet artefact pour se venger à nouveau en utilisant votre faux nom.

« Tant que vous n’êtes pas à Backlund, tout devrait bien se passer. La zone d’influence de cet Artefact Scellé de Grade 0 ne dépasse pas une grande ville. »

Comme je l’avais prédit, il y a une limite à son influence… Sinon, Ince Zangwill aurait facilement pu se cacher dans une petite ville du Continent Sud et gérer le destin de toutes ses cibles sans avoir à s’inquiéter que quelqu’un le trouve… 

 – « Un petit voyage à Backlund d’une journée ou d’une demi-journée ne pose pas de problème, n’est-ce pas ? À condition que j’aie changé d’identité et d’apparence. »

Sur ce, il se frotta le visage et retrouva instantanément l’apparence qu’il avait à Tingen.

Azik fronça les sourcils et acquiesça.

– « C’est bon. »

Il tourna la tête et regarda au loin l’endroit qu’il ne pouvait plus voir.

« Il semblerait que je sois la cible d’une puissante entité de l’Église de la Déesse de la Nuit Éternelle, aussi est-il préférable que vous ne restiez pas à mes côtés ou vous pourriez être impliqué. Ils sont très intéressés par les caractéristiques Transcendantes liées à La Mort. »

– « J’ai l’intention de partir en mer. Pendant que j’assimilerai ma potion, je chercherai des sirènes. C’est une condition à mon évolution », expliqua Klein.

Azik inclina la tête.

– « Des sirènes ? Cela marche-t-il avec l’esprit d’une sirène décédée ? Je peux vous en trouver au moins quatre. »

– « Probablement… pas… », répondit Klein en passant la main sur son front.

C’était effectivement ce que lui soufflait son intuition, mais il comptait bien procéder à une séance de divination au-dessus du brouillard pour en avoir la confirmation.

– « S’il y a quoi que ce soit, contactez-moi par le biais du messager », dit Azik.

Le messager… Klein se sentit soudain coupable et honteux.

– « Il est mort en me sauvant la vie durant mon combat contre M. A. »

Son interlocuteur lui jeta un coup d’œil, secoua la tête et se mit à rire.

– « Ne vous inquiétez pas. Tant qu’il n’est pas tué par un ange ou par une méthode spéciale, et tant que le monde souterrain existe, il peut lentement y renaître.

« Et d’ici là, j’ai des messagers similaires dont le nombre s’élève à… Euh, je ne sais pas combien ils sont. »

Aurait-il toute une armée de messagers aussi puissants et gigantesques ?

Klein en resta bouche bée, incapable de dire un mot.

Sa honte s’estompa et il demanda, intrigué :

– « M. Azik, où se trouve le monde souterrain, autrement dit l’enfer ? »

– « Le monde des esprits. Pour être précis, c’est un endroit spécial que l’ancienne Mort a créé dans le monde des esprits », répondit l’homme sans chercher à cacher la vérité.

L’ancienne Mort ? Il devrait s’agir de l’ancien dieu Gregrace, l’Ancêtre du Phénix… Le monde souterrain appartient donc au monde des esprits. Pas étonnant que la structure de base de l’occultisme soit le monde réel, le monde spirituel et le monde astral.

Klein allait poser une question lorsque, quelque chose lui revenant à l’esprit, il s’empressa de dire :

– « M. Azik, je suis en possession d’une Carte du Blasphème créée par l’Empereur Roselle. Elle contient les secrets des Transcendants de Haute Séquence. Je pense qu’elle pourrait vous aider à vous rappeler plus de choses. Cependant, il vous faudra attendre un peu. Elle est cachée à Backlund. »

Il s’abstint de mentionner la prime, craignant de révéler le secret du Club du Tarot, l’espace mystérieux au-dessus du brouillard gris et Mlle Justice ; il ne pouvait donc montrer sa gratitude envers M. Azik pour son aide et son sacrifice que de cette manière pleine de tact.

Aziz le regarda avec surprise, mais il ne commenta pas. Il hocha simplement la tête et répondit :

– « Quand vous l’aurez récupéré, demandez au messager de me l’apporter. Je vous le renverrai immédiatement après l’avoir étudié. Vous pouvez aussi en copier le contenu et me le transmettre. »

Il s’arrêta un instant, comme s’il pensait à quelque chose, puis sortit de sa poche un gant si fin qu’il semblait fait de peau humaine et le tendit à Klein.

– « J’ai déjà réveillé les souvenirs correspondants, aussi je n’en ai plus besoin. C’est un objet que le contre-amiral pirate a laissé. Je l’ai scellé pour qu’il n’ait pas faim. Cependant, à chaque fois que vous l’utiliserez, vous devrez le nourrir avec la chair et l’âme d’un humain sans quoi il vous dévorera. »

Klein se souvint immédiatement de ce que représentait ce gant.

… La Faim Rampante ? Ce qui reste d’un certain Berger ? 

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