Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 254 – Une réponse différée
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Chapitre 254 – Une réponse différée

Le cercueil noir aux motifs étranges reposait tranquillement au centre de la pièce et il semblait y avoir dans l’air des ondes invisibles qui, sans un bruit, s’entrechoquaient.

Debout dans un coin, Emlyn White alluma les bougies selon les procédures rituelles habituelles, puis fit brûler les huiles essentielles et les poudres d’herbes requises.

Une atmosphère dense et fluctuante s’en dégagea et après s’être remémoré les exigences du “somnambulisme artificiel”, Emlyn baissa la tête, entra en Méditation et répéta le titre honorifique du Fou.

Fou qui n’appartenez pas à cette époque.

Mystérieux Souverain élevé au-dessus du brouillard gris.

Roi du Jaune et du Noir qui conférez la chance

Au son de sa voix monocorde, Emlyn entra progressivement dans un état magique. Son corps était détendu et tranquille. On aurait dit qu’il dormait profondément, mais son énergie spirituelle, légère et dynamique, se diffusait vers l’extérieur.

Il avait l’impression de s’élever en continu.

Dans l’antique palais surplombant le brouillard gris, Klein, assis à l’extrémité de la longue table de bronze, tapotait des doigts l’écran lumineux qui ondulait à ses côtés. Le visage inexpressif, il observait la silhouette en prière, amusé.

Même si l’image était floue, le jeune homme, au premier coup d’œil, reconnut le Vampire.

Très courageux, il a autant de volonté que pour acheter une poupée… soupira-t-il sans réagir.

Il avait bien tenté de deviner le but des Sanguins, mais n’avait rien obtenu qui fût judicieux. La seule chose dont il était certain, c’est que cela n’avait rien à voir avec l’Ordre Aurora.

Quoique sa curiosité fût piquée, Klein n’allait pas prendre le risque de répondre à Emlyn White alors qu’un Sanguin de haut rang se trouvait à ses côtés.

Il ignorait si celui-ci était en mesure de capter des traces de l’espace mystérieux et de le menacer comme l’avait fait Amon le Blasphémateur, et il n’avait aucunement l’intention de s’en assurer. Avec Amon, il avait eu affaire à un avatar mais cette fois, c’était à un véritable et puissant Sanguin.

Inutile de prendre des risques pour des choses sans importance, et ce même si je voudrais connaître le véritable but des Sanguins… Il y a certainement d’autres moyens…

Tout en observant Emlyn White dans son état de “somnambulisme artificiel”, il eut un sourire : Je peux toujours différer ma réponse…

Il prévoyait d’attendre le lendemain ou le surlendemain et de répondre brusquement lorsque White serait sans protection et que le Sanguin aurait renoncé !

Cela dit, il lui faudrait d’abord recourir à la divination pour évaluer le degré de danger.

Une pensée traversa soudain l’esprit de Derrick Berg.

– « Le Dévoreur de Queue… Comme cette rivière ? »

Colin hocha solennellement la tête.

– « Oui. Cela laisserait supposer que nous sommes peut-être entrés dans une rivière qui coule en cercle et dont nous ne pouvons pas sortir.

« Heureusement, il ne s’agit sans doute que de vestiges du pouvoir de l’Ange du Destin. Il ne se cache pas ici. »

Non, c’est certain, et ce depuis longtemps… se dit mentalement Derrick.

C’est alors que Colin sortit un tube de métal rouge sombre. Il en dévissa le bouchon et avala goulûment son contenu.

Ses yeux bleu pâle s’éclaircirent aussitôt et se teintèrent d’argent. Enfin, dans ses pupilles qui semblaient désormais verticales, se refléta la silhouette de Jack.

De petits éclats de lumière argentée scintillaient dans ses yeux. Elles tournaient en rond ou s’entrechoquaient avec une incroyable violence.

Le Chasseur de Démons planta son épée dans le sol, puis d’un revers de la main, il dégaina la seconde et l’enduisit d’une huile dorée semblable au soleil.

Le visage de Jack changea aussitôt : on aurait dit qu’il était enveloppé d’une ombre épaisse.

Avant qu’il ne puisse ouvrir la bouche, Colin fit un mouvement. Il tira son épée du sol, laissant derrière lui une silhouette floue.

La lumière d’or et d’argent illumina tout le souterrain et s’intensifia devant le jeune garçon.

On entendit un cri lugubre et l’autel se retrouva plongé dans les ténèbres.

Jack n’avait pas bougé d’un iota. Mais sur sa poitrine, le visage avait disparu et un trou laissait entrevoir ses organes palpitants.

À quelques mètres de lui, Colin fit une génuflexion. Ses deux épées dirigées en biais vers le bas.

Devant lui se trouvait un visage en lambeaux réduit à des yeux, un nez et une bouche éparpillés.

Agités de spasmes et de rebonds comme sous l’effet de décharges électriques, ceux-ci ne tardèrent pas à s’immobiliser et presque aussitôt, se décomposèrent comme ils étaient censés le faire.

En un instant, Derrick sentit une barrière aqueuse et invisible se briser autour de lui.

Presque au même moment, il eut l’impression d’avoir quitté des rapides et de revenir sur la berge.

En regardant la lugubre salle souterraine, la statue inversée de la divinité et Jack qui, le visage déformé par la douleur, s’était évanoui, l’adolescent éprouva un sentiment de joie mêlée de soulagement.

Il savait que lui et les autres avaient enfin échappé au cycle des répétitions.

Derrick était parfaitement conscient du fait que même si la solution finale ne semblait pas compliquée, à défaut de savoir où était le problème, il leur aurait fallu des dizaines ou des centaines de tentatives répétées pour trouver des indices et la solution.

Durant ce processus, la moindre négligence pouvait entraîner la mort et il n’avait aucun moyen de savoir si une vie perdue pouvait renaître ou si, “ressuscitant” près du feu de camp, la personne, au final, mourrait une fois sortie de cette fâcheuse situation.

Ce qui serait encore plus grave, c’est que les gens prennent systématiquement les mêmes décisions, c’est-à-dire qu’ils n’auraient pas découvert le problème au départ. Sans les souvenirs et l’expérience nécessaires, ils pourraient revivre l’expérience mille fois qu’ils ne s’apercevraient de rien. Ils finiraient par se perdre dans cette rivière en boucle jusqu’à ce que leur vie prenne fin, le temps passant dans le monde extérieur.

À cette pensée, Derrick remercia chaleureusement Le Fou de lui avoir rendu la mémoire et donné un indice.

En tournant la tête sur le côté, il vit que Joshua et les autres membres de l’équipe d’exploration se comportaient tout à fait normalement. Ils scrutaient les environs, exactement comme lors de la sixième exploration.

Peut-être n’est-ce qu’une fois de retour à la Cité d’Argent que, voyant la date, ils réaliseront qu’ils ont perdu une partie de leur vie… se dit Derrick.

Soudain, Colin se leva, retourna près du gamin, prit une autre fiole de métal et versa l’épais liquide noir qu’elle contenait sur sa poitrine blessée.

Le liquide se condensa rapidement en une membrane translucide qui vint se coller à la plaie et stoppa l’écoulement du sang.

– « Haim, Joshua, occupez-vous de lui », ordonna Colin à voix basse en réprimant le tremblement de sa main.

Pour lui, c’était l’espoir, pour la Cité d’Argent, de conjurer la malédiction et de déjouer la prophétie de l’apocalypse !

Derrick aurait voulu remercier discrètement le Fou, mais il se rendit compte qu’il ne connaissait pas de geste de prière pour ce faire.

Quartier de l’Impératrice, dans la luxueuse villa du Comte Hall…

Le somptueux dîner était appétissant à la lumière des bougies.

Contrairement à ce qu’imaginent les journaux et les magazines, le dîner d’une grande famille aristocratique n’est pas empreint de sérieux et le silence n’était pas de mise.

C’était une occasion rare pour les membres de la famille de se réunir. Tout en mangeant, ils discutaient de sujets variés et détendus afin de communiquer et de consolider leur relation.

Audrey coupa un morceau de steak provenant de son ranch, observa l’expression du comte Hall et, sans cacher sa curiosité, demanda :

– « Père, est-il arrivé quelque chose au Prince Edessak récemment ? »

Si rien ne s’était passé, son plan était de prétendre qu’elle avait entendu des rumeurs irresponsables qui ne correspondaient pas à la réalité. Il n’était pas rare que cela se produise dans l’aristocratie.

Le comte Hall marqua une pause et haussa les sourcils :

– « Qu’as-tu entendu ? »

Il y a donc bien quelque chose ! se dit la jeune fille devant la réaction de son père.

– « Quelques rumeurs », répondit-elle avec un léger sourire, « mais semblent-elles dans le vrai ? »

Le Comte Hall se frotta les tempes :

– « Rien de très important. Je sais ce que tu penses, Audrey, aussi n’ai-je donc pas de raison de te le cacher. Il s’agit d’un scandale relativement banal au sein de la famille royale. Pour faire simple, le Prince Edessak est tombé amoureux d’une roturière.

« Cela a entraîné la mort d’un descendant d’une famille aristocratique. La famille royale a fait en sorte que cette affaire ne s’ébruite pas, ne voulant pas causer trop de remous. »

La Comtesse but une gorgée de champagne :

– « Il semblerait qu’il manque de maturité. »

Maman fait preuve de beaucoup de tact dans ses critiques… Cela semble suspect… Le prince Edessak s’est-il vraiment mis dans une situation dangereuse susceptible d’entrainer de terribles bouleversements à Backlund ? Audrey prit l’air de celle qui venait de comprendre et reprit :

– « Je me demande en quoi une histoire de liberté et d’amour a pu entraîner la mort d’un aristocrate ? »

Hibbert Hall, qui, la tête baissée, tranchait son tendre steak, parut vivement intéressé :

– « Cela me rappelle ces histoires d’amour compliquées si courantes chez les fidèles du Seigneur des Tempêtes. Il est fréquent de se battre pour l’honneur et pour une dame. »

– « C’est une tradition reléguée dans un musée », réfuta le Comte.

Saisissant l’occasion, Audrey dit d’un air pensif :

– « Je ne pense pas que le prince Edessak soit ce genre de personne et les rumeurs courent déjà… Peut-être n’est pas cela qu’ils cherchent à dissimuler. »

– « Peut-être pas… » rumina le Comte en fronçant inconsciemment les sourcils.

Audrey, qui savait quand s’arrêter, orienta tout naturellement la conversation dans une autre direction.

Elle avait l’intention de “sonder” ses autres amis nobles à ce sujet. Ayant été jadis courtisée par le Prince Edessak, il était tout à fait normal qu’elle veuille connaître les détails de l’affaire. Qu’il s’agisse de curiosité ou d’indignation, c’était suffisant pour motiver une telle réaction.

Incapable de maintenir longtemps son état de “somnambulisme artificiel”, Emlyn White, épuisé, revint à la réalité. Ouvrant les yeux, il fixa le cercueil noir puis dit avec un mélange de soulagement et de déception :

– « Aucune réponse, Lord Nibbs. »

Après un long moment de silence, Nibbs répondit d’une voix rauque :

– « D’accord. Restez ici cette nuit pour éviter tout accident. »

– « Très bien ! »

Emlyn n’insista pas. Il passa la nuit dans l’inquiétude et la trépidation, mais celle-ci fut particulièrement sereine et banale. Enfin, les rares rayons du soleil hivernal de Backlund filtrèrent par la fenêtre.

Emlyn quitta la villa Odora, enfonça son chapeau et monta dans une voiture de location en marmonnant :

– « Quel sale temps. »

Il avait l’intention de se rendre à l’Église de la Moisson, au sud du pont.

La calèche roulait depuis un certain temps lorsque soudain, la vue d’Emlyn se troubla et il aperçut une immense étendue de brouillard.

Puis, à sa grande surprise, il se retrouva dans un mystérieux et majestueux palais, assis à une longue table de bronze tacheté à l’extrémité de laquelle une silhouette enveloppée d’un épais brouillard gris le regardait de haut.

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