Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 200 – La démone du plaisir
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Chapitre 200 – La Démone du plaisir

Synonyme de guerre… Une Séquence similaire à celle de la Démone… Laquelle cela pourrait-il être ? Se demanda Klein qui regardait la scène comme dans un film, tentant de se remémorer les voies de Séquence qu’il connaissait.

Comme il n’était qu’un Faucon de Nuit officiel, bon nombre d’informations lui étaient encore inaccessibles. Il ne savait pas les noms des Séquences Médianes et Hautes, et ignorait leurs caractéristiques respectives. Il n’en connaissait que quelques-unes qu’il tenait de l’Éternel Soleil Flamboyant, comme le Prêtre de la Lumière et le Sans Ombre, la voie de Séquence du Dieu du Combat dont il avait eu connaissance par le jeune Soleil, dont le Paladin de l’Aube, le Gardien et le Chasseur de Démons, ainsi que le Guide Spirituel et le Gardien de la Porte dont lui avaient parlé Daly et Dunn.

Il était donc difficile pour lui de déterminer laquelle, parmi ces voies de Séquence, pouvait être synonyme de guerre. Il ne pouvait que procéder par élimination, la voie de Séquence du Dieu du Combat évoquant davantage des batailles que la guerre.

À mesure qu’il y réfléchissait, Klein réduisit son champ d’investigations à cinq possibilités.

La première était la voie de Séquence de l’Arbitre, que contrôlaient le souverain du Royaume de Loen, la famille Augustus et la famille Castiya du Royaume de Feynapotter. Mais de l’avis du jeune homme, cette option était la moins probable dans la mesure où la Séquence 8 consécutive à l’Arbitre était le Shérif et la 7 l’Interrogateur, et que toutes deux semblaient pencher vers le procès et le jugement mais pas vers la guerre.

Ensuite venait la voie de l’Empereur Noir de l’Empire Salomon de la Quatrième Époque. Le nom moderne de sa Séquence 9 était l’Avocat, doué pour découvrir et utiliser les failles et les faiblesses d’un adversaire et doté d’une éloquence et d’une logique de pensée exceptionnelles. De l’avis de Klein, ce pouvait être la seconde parmi les voies de Séquences les plus basses et il soupçonnait son développement de faire appel à des règles et de marcher dans l’ombre de l’ordre. La guerre, bien sûr, étant l’une de ces ombres. 

Le chemin de Séquence du Chasseur, quant à lui, était sous le contrôle des dirigeants de l’Empire Feysac, la famille Einhorn, de l’ancienne famille royale de la République d’Intis, la famille Sauron, et de l’Ordre de la Croix de Fer et de Sang, une société secrète ayant fait son apparition deux ou trois siècles auparavant. Aux yeux de Klein, c’était tout à fait possible.

Les informations confidentielles que détenaient les Faucons de Nuit décrivaient les Chasseurs comme d’excellents traqueurs, de remarquables maîtres en matière de pièges et de superbes chasseurs. La Séquence 8 qui suivait était le Provocateur et la 7 le Pyromane. Toutes deux avaient un certain lien avec le massacre et la guerre.

En quatrième position était l’antique Secte du Sang Sanctifiant, qui vénérait les démons. Ils contrôlaient la voie de Séquence du Criminel. Rien qu’à ce nom, la probabilité était plutôt élevée.

Et enfin, il y avait l’École de Pensée de la Rose, connue pour ses rituels sanglants et qui détenait la voie de Séquence du Prisonnier. Ceci pour la même raison que précédemment.

Alors que les pensées de Klein le submergeaient, l’image qu’il avait devant les yeux changea. Madame Sharon venait de terminer sa douche et ses longs cheveux mouillés pendaient. De son visage émanait un charme frais et séduisant.

Je ne vois pas la femme en robe blanche qui a fait de Madame Sharon une Démone… Peut-être mes capacités psychiques sont-elles encore insuffisantes…

Klein se ressaisit et reporta son attention sur ce qu’il avait sous les yeux.

Madame Sharon secoua ses cheveux et des gouttes d’eau glissèrent sur ses joues.

Regardant l’homme qui attendait sur le lit, elle eut un petit rire :

– « Vous voulez que je m’occupe de Maynard ? »

L’homme entre deux âges fronça les sourcils et secoua la tête :

– « Non, sauf si vous pouvez m’assurer que vous ne laisserez aucune trace, ce qui est impossible. Par ailleurs, de quels moyens disposez-vous ? »

Klein, qui regardait l’homme, fut d’abord décontenancé puis eut le sentiment que tout cela correspondait à ce à quoi il s’attendait.

La photo de cet homme faisait souvent la une du Honest Paper et autres journaux de Tingen. C’était l’actuel maire, membre du Parti Conservateur, qui cherchait à être réélu.

Madame Sharon sourit mais ne s’attarda pas sur le sujet. Vêtue d’une robe qui lui arrivait aux genoux, elle s’avança gracieusement vers le lit.

Les décors se succédèrent et Klein put distinguer bon nombre de parlementaires, hommes d’affaires et fonctionnaires que l’on pouvait voir, de temps à autre, dans les journaux.

Ils discutaient de la manière de collecter des dons, de soudoyer les électeurs en contournant la Loi sur les Campagnes Électorales, promettaient de protéger la population et de résoudre les problèmes. Madame Sharon, dans tout cela, jouait le rôle d’intermédiaire.

C’est tout un documentaire, pensa Klein. « Une visite des cercles supérieurs de Tingen avec Madame Sharon » …Bien, mais pourquoi y a-t-il autant de scènes au lit ?…Si bon nombre de nobles et de membres du Parlement savaient que cette femme avait de nombreux amants, pourquoi donnaient-ils l’air de ne pas pouvoir résister à la tentation… Était-ce une capacité liée à la Séquence de Madame Sharon ?

Grâce à la divination, il était certain désormais qu’aucun de ces hommes ne connaissait la véritable identité de Madame Sharon, pas plus qu’ils n’étaient de connivence avec elle pour assassiner Maynard.

A-t-elle décidé seule la mort de Maynard ? Mais pourquoi ? Elle n’avait aucune raison de prendre ce risque.

Il va de soi que, de son point de vue, elle possédait un pouvoir Transcendant capable d’interférer dans la divination et était en mesure de provoquer une mort soudaine liée au plaisir sexuel, faisant en sorte que celle-ci paraisse naturelle et accidentelle. Si elle ne prenait pas grand risque pour son identité à assassiner Maynard, le mobile est loin d’être évident. Ça ne colle pas avec le risque encouru !

Cela faisait-il partie des éléments requis par son « jeu de rôle » ? Elle aurait certainement pu trouver quelqu’un dont l’identité et le statut n’étaient pas aussi sensibles. L’affaire ne serait pas tombée entre les mains des Faucons de Nuit, des Punisseurs Mandatés ou de la Conscience Collective des Machines.

Plus important encore, Madame Sharon aurait dû savoir que la femme de Maynard la détestait et était extrêmement indignée. Il était donc fort probable que quelqu’un se mette à enquêter sur elle. Pourquoi alors n’a-t-elle pas déplacé ses objets sensibles comme cette statue d’os ? Elle aurait pu, par exemple, l’enterrer dans le jardin.

Avait-elle donc toute confiance dans la sécurité de son coffre et de son compartiment caché ?

Constatant que l’esprit de Madame Sharon ne s’était pas encore dissipé, Klein saisit l’occasion pour procéder à une autre séance de divination par le rêve.

Il s’agissait, cette fois, de répondre à cette question : Quel était le véritable mobile de Madame Sharon pour tuer John Maynard.

Après l’avoir récité en silence, Klein entra une nouvelle fois en état de rêve et eut une vision :

Un verre de vin rouge, qui ressemblait à du sang, à la main, Madame Sharon, vêtue de son ample chemise de nuit, faisait les cent pas dans sa chambre. Puis, comme si elle venait de prendre une décision, elle avala d’un trait le contenu de son verre.

La scène se dissipa aussitôt, laissant Klein d’autant plus perplexe que visiblement, la mort de Maynard semblait être le fait de Madame Sharon seule. Personne ne l’y avait incité.

Bizarre… Se dit le jeune homme.

Il eut beau tenter plusieurs énoncés différents, les réponses obtenues étaient toujours les mêmes.

Voyant que Madame Sharon devenait de plus en plus transparente, irréelle – signe qu’elle allait bientôt disparaître, Klein réfléchit et établit un dernier contact avec cet esprit défunt.

Formule de la potion de la voie de Séquence de la Démone… prononça-t-il mentalement. Formule de la potion de la voie de Séquence de la Démone…

Aidé de la Méditation, il entra aussitôt en état de rêve.

Convaincu que la voie des Démones ne faisait que répandre désastre et douleur, il n’était pas chaud, au départ, de procéder à ce genre de divination. Quand bien même il obtiendrait la formule demandée, il ne la vendrait à personne, ne voulant pas devenir indirectement un meurtrier.

Un autre problème lui vint alors à l’esprit. Ce qu’il savait de la potion de Spectateur lui avait permis de soupçonner puis de vérifier le fait que Daxter Guderian soit membre des Alchimistes en Psychologie.

S’il souhaitait pouvoir mieux combattre les Démones, il devait en apprendre davantage sur les caractéristiques de leur voie de Séquence.

Il est vrai que Daxter Guderian ne m’a toujours pas contacté depuis la mort de Hood Eugen. Je suppose que les Alchimistes en Psychologie ont mandaté des gens plus puissants pour mener une enquête, ce qui expliquerait qu’il n’ait pas osé faire le moindre geste…

Les flashs de pensées se succédant dans sa tête, Klein revit le sombre hall et la femme dans sa robe blanche sacrée.

Madame Sharon baissait la tête, ne voyant plus que les jambes de l’autre femme, des jambes magnifiques.

Bientôt, une voix mélodieuse s’éleva :

– « Plaisir, c’est ainsi que se nomme la potion de la Séquence 6, le but que vous êtes sur le point d’atteindre. Si vous réussissez, vous serez une Démone du Plaisir.

« Lorsque le plaisir est irrésistible au point qu’il est impossible de s’en détacher, il devient une forme de souffrance. Cette devise doit être votre philosophie de vie.

« Une fois franchie cette étape, outre l’amélioration de vos diverses capacités de Sorcière, vous gagnerez en beauté, ce qui vous rendra plus apte à séduire les personnes du même sexe ou du sexe opposé et à leur procurer un plaisir inoubliable lors de vos ébats amoureux. Telle une araignée, vous serez capable de fabriquer d’étranges fils et d’en faire usage. »

Immédiatement après, un antique livre d’argent apparut devant Madame Sharon. Il s’ouvrit sur la formule avec, séparément, la liste des ingrédients :

Ingrédients principaux : Deux yeux de Succube, une glande à soie de Veuve Noire adulte.

Ingrédients complémentaires : 100 ml d’eau purifiée, 5 gouttes de jus de Datura Officinal Noir, les restes complets de la chevelure d’une Succube, 10 grammes de poudre de Mouche de Feynapotter et 5 grammes de véritables cendres de Momie.

À nouveau, l’image changea. C’était toujours la même salle, la même longue robe blanche et la même femme aux traits indiscernables mais cette fois, Madame Sharon avait repris son apparence d’origine : celle du jeune homme sur la fameuse photo.

Une voix féminine, mélodieuse, résonna à ses oreilles.

– « Vous devez être bien surpris du nom que porte cette potion de Séquence 7. »

– « Oui, je n’arrive toujours pas à croire que ça s’appelle Sorcière ! » répondit “Madame Sharon” sur un ton assez agité.

– « N’oubliez pas que si nous voulons nous rapprocher de la Primordiale, Il nous faut viser à lui ressembler. Étant donné que c’est une femme, donc nous devons le devenir nous aussi », répondit la voix mélodieuse. « Soit vous renoncez, soit vous acceptez. Une fois devenue Sorcière, vous serez une vraie femme et votre charme comme votre apparence seront considérablement renforcés. Vous aurez aussi la capacité de devenir invisible et d’utiliser des substituts. Vous acquerrez une maîtrise rudimentaire de diverses magies noires, aurez le don de perturber la divination des autres et jouirez des services de la flamme noire et du givre glacé.

« Les ingrédients principaux sont : la totalité du sang d’un Poisson Abyssal Démoniaque, à la goutte près, et un œuf de Paon Agate.

« Pour les ingrédients complémentaires : 80 ml d’eau purifiée, 5 gouttes de jus de Datura Officinal, 3 écailles de Lézard de l’Ombre et 10 gouttes de Jus de Jonquille. »

Les images se succédant, Klein vit la formule de l’Instigateur et de l’Assassin et eut connaissance de leurs caractéristiques.

Il entendait poursuivre cette séance de divination mais l’esprit de Madame Sharon avait disparu.

Klein mit donc fin au rituel et revint à la réalité. Il rangea ses matériaux, dissipa le mur d’énergie spirituelle et fit à Dunn Smith le récit complet de sa séance sans omettre aucun détail. Cela fait, il lui fit part de ses soupçons concernant le meurtre de Maynard par Madame Sharon.

– « Le plaisir ne l’obligeait pas à tuer quelqu’un d’un rang ou d’une position plus élevée dans la société… Voyons… Il nous faudrait enquêter sur les endroits où Madame Sharon s’est rendue ces dernières années et découvrir ses origines, de même que cette salle sombre que vous avez vue. Bien entendu, nous en ferons part à la Sainte Cathédrale qui pourra, en conséquence, envoyer des enquêteurs. Nous ne pouvons pas quitter Tingen à notre gré. » Dunn hocha légèrement la tête et regarda autour de lui : « Descendez au rez-de chaussée et voyez si les domestiques dorment toujours profondément. Si l’un d’entre eux est réveillé, faites-le venir et signer un contrat de confidentialité selon le protocole. Je m’occuperai de l’étage. »

Prenant un tissu noir, il en recouvrit l’Artefact Scellé 3-0271.

À ces mots, Klein comprit soudain pourquoi ce combat intense n’avait pas alerté les serviteurs : le capitaine les avait plongés dans un profond sommeil.

Le corps de Klein étant encore froid et raide, il marchait lentement et à pas très, très légers.

En passant la porte de la chambre, il récupéra les deux cartes de tarot qui s’étaient fichées dedans, les essuya et les remit dans sa poche.

Puis il se dirigea vers l’escalier.

Après quelques pas, une question lui vint brusquement à l’esprit : comment savoir si la personne dormait d’un sommeil profond ?

Faire une séance de divination pour chacun ? C’est plutôt ennuyeux… Le Capitaine étant un Cauchemar, il doit être expert en la matière. Je vais lui demander s’il connaît des moyens simples et rapides.

Sur cette pensée, Klein retourna vers la chambre, luttant contre le froid et la raideur qui l’envahissaient.

Il n’était pas encore arrivé qu’il aperçut, par la porte entr’ouverte, les morceaux brisés de la psyché.

Sur le cadre restaient attachés des éclats de la taille d’une main.

Dans le miroir, il aperçut Dunn Smith qui, dans son coupe-vent noir et agenouillé, s’affairait près du corps de Kenley.

Soudain, celui-ci leva la tête. Il avait le regard profond et les coins de ses lèvres étaient teintés de sang cramoisi.

Du sang cramoisi…

Instinctivement, Klein se détourna et alla s’adosser au mur derrière la porte.

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