Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 19 – Le Bar des Cœurs Vaillants
Chapitre 18 – Pertes Menu Chapitre 20 – Il ne faut pas juger un homme à son apparencee

Vol 2 : L’Homme Sans Visage / Chapitre 19 – Le Bar des Cœurs Vaillants

Qui ? Comment cette personne a-t-elle su que j’avais acheté la formule du Shérif ? Les pupilles d’un vert sombre de Xio se rétrécirent. Surprise, elle scruta les environs mais personne ne l’observait de façon suspecte.

Si j’en crois M. A, les transactions ici sont particulièrement sûres et confidentielles…

Finalement, Xio ne put s’empêcher de regarder le canapé où était assis M. A. Le visage recouvert d’une capuche, il observait tranquillement les gens et il n’y avait rien d’étrange dans son attitude.

Elle donna un coup de coude à Fors et murmura :

– « Dois-je y aller ? »

Son amie prit le morceau de papier, y jeta un coup d’œil et répondit sans hésiter :

– « Allez-y, M. A veille de toute façon. Personne ne pouvant se risquer à vous faire quoi que ce soit, profitez-en pour découvrir où veut en venir cette personne. Qui sait ? Peut-être obtiendrez-vous les matériaux que vous souhaitez pour votre potion. »

– « C’est sensé… »

Xio, qui était quelqu’un de très proactif, fit aussitôt un signe de tête à l’assistant, le suivit jusqu’au bureau et enfila une robe à capuche.

Cette capuche couvre tellement mon visage que je ne vois pas où je vais… Se dit-elle en la remontant avant d’ouvrir la porte.

Un homme en smoking était assis derrière un bureau.

Il portait un masque doré qui laissait voir ses yeux, ses narines, sa bouche et ses joues, mais il était impossible de l’identifier.

Ses yeux, d’un marron clair, bougèrent et il désigna la chaise de l’autre côté du bureau.

– « Asseyez-vous. »

Quoique délibérément rauque, sa voix n’avait rien de particulier.

La jeune femme referma la porte, bomba le torse, leva la tête et alla s’asseoir à l’endroit indiqué.

– « Avez-vous les principaux ingrédients de la potion de Shérif ? » Demanda-t-elle, nullement intimidée.

L’homme masqué eut un petit rire :

– « Oui, je suis en possession d’yeux de Ver Démon de la Terreur et d’une patte droite d’Ours de Guerre Argenté. Pour tout vous dire, la formule de la potion de Shérif que vous avez achetée a été vendue en mon nom… »

Ce n’est pas étonnant

Ses bons amis se moquaient souvent d’elle, la qualifiant d’écervelée, mais pour survivre dans le cercle des Transcendants, parmi les gangs du Quartier Est et les pauvres, Xio n’était pas totalement téméraire. Elle avait du danger une intuition qui s’apparentait à celle d’une bête sauvage.

– « Pourquoi faites-vous cela ? »

– « Pour sélectionner des aides appropriés », répondit l’homme masqué avec un petit rire. « Etant donné votre situation financière, il vous sera difficile, dans un court laps de temps, de réunir la somme requise pour ces deux ingrédients. Vous pourriez bien sûr revendre la formule au cours d’autres réunions de Transcendants, mais je vous prie de me croire, cela vous ferait courir un danger inutile. Nos cercles ne se recoupent peut-être pas, mais je ne suis pas le seul. »

Xio fronça les sourcils:

– « Si vous bénéficiez d’une importante organisation et êtes en possession des formules de potions du Shérif et de l’Arbitre, pourquoi sollicitez-vous mon aide ? ».

– « Pour de multiples raisons que je n’ai pas à vous donner, il y a certaines questions que nous préférons déléguer. De plus, tous les Transcendants qui entreprennent le voyage par eux-mêmes sont plus ou moins en lien avec l’aristocratie. C’est précisément ce dont nous avons besoin », expliqua l’homme.

Apparemment, il ne connait pas mes origines ni ma réputation dans le Quartier Est… Pensa Xio qui se détendit un peu.

« Considérez cela comme des missions supplémentaires en dehors des rassemblements de Transcendants. Je vous confierai des missions et vous rémunèrerai en conséquence. Si vous les jugez dangereuses, vous êtes en droit de refuser. C’est une transaction libre et équitable et lorsque vous aurez suffisamment économisé, vous pourrez m’acheter les ingrédients. »

La jeune femme, qui était toujours en lutte avec sa situation financière, sentit son cœur s’agiter. Elle parut réservée durant quelques secondes puis répondit :

– « Si vous me laissez le droit de refuser des missions, je peux l’envisager. » 

– « Pas de problème », répondit en souriant l’homme masqué. « Nous pouvons dores et déjà convenir d’un lieu de rencontre et pour que vous soyez à l’aise, nous vous concédons le droit de décider des détails. »

– « Entendu », répondit Xio, quoique déconcertée et ne comprenant pas pourquoi son interlocuteur souhaitait lui proposer des missions.

Au moins n’y avait-il pas, pour le moment, de danger flagrant.

Klein passa tout son dimanche à acheter des chaises, des services à thé et à raccommoder ses vêtements. Il lui en coûta 6 Livres 9 Solis pour remettre en état le salon, la salle à manger et sa personne.

Quelle perte ! Espérons que les services de police me dédommageront sur les biens de Meursault. (Il soupira) Mais il y a peu de chance, d’autant que, dans le meilleur des cas, je n’en toucherai qu’une partie… Se dit-il en rangeant soigneusement factures et reçus dans l’espoir qu’ils lui serviraient.

Ceci dit, rien qu’en termes de revenus, il avait réalisé un gros coup, la caractéristique Transcendante de Meursault valant au minimum 300 Livres.

Mais il fallait pour cela que le jeune homme ait accès à un cercle de Transcendants.

Après le dîner, vêtu d’un pull à col roulé de couleur unie, d’un manteau d’ouvrier gris-bleu et d’une casquette, Klein sortit et, après deux correspondances, arriva rue de la Porte de Fer dans le quartier du Pont de Backlund.

Il avait à peine fait quelques pas qu’il aperçut le Bar des Cœurs Vaillants. Un grand costaud qui mesurait près de deux mètres se tenait devant une lourde porte de bois noir, bras croisés.

L’homme le dévisagea et le laissa entrer. Sitôt qu’il eut poussé la porte, Klein fut submergé par le vacarme qui régnait à l’intérieur.

C’était l’heure de pointe pour les activités du bar et avant même d’entrer, le jeune homme sentit une vague de chaleur l’engloutir, mêlée à de puissants arômes de bière et de malt.

Sans surprise, il aperçut deux estrades au centre de l’établissement. Sur l’une d’elles, des chiens se disputaient des rats et sur l’autre, deux boxeurs attendaient patiemment le début du combat.

Il régnait une odeur d’alcool et de sueur. Klein releva ses lunettes à monture dorée, se pinça le nez et se fraya un chemin jusqu’au comptoir en prenant soin de protéger ses biens.

– « Un verre de bière de Southville », annonça-t-il avant même que le barman ne le lui demande.

C’était la meilleure bière du Royaume de Loen.

– « Cinq Pences », répondit l’homme, réglé comme une horloge.

Klein sortit une poignée de pièces et compta la somme qu’il remit au barman en échange d’une grande coupe de bois pleine d’une bière dorée à l’arôme attrayant.

– « Comparées à celle-ci, de nombreuses bières méritent d’avantage le nom de breuvage que celui de boisson alcoolisée », commenta l’homme avec un petit rire.

Klein en prit une gorgée. C’était frais et rafraîchissant, d’abord amer et parfumé, puis éclatait la saveur du malt avec un arrière-goût légèrement sucré.

Il reposa la coupe, regarda la délicate mousse blanche et en profita pour demander :

– « Où est Kaspars Kalinin ? »

Le barman, qui essuyait un verre, s’arrêta net et l’observa quelques secondes :

– « Salle de billard 3. »

Dans l’intention de ne rien gaspiller, Klein emporta la coupe et prit la direction indiquée.

Il poussa légèrement la porte qui s’ouvrit en grinçant.

Les deux hommes à l’intérieur se figèrent et tournèrent la tête vers l’arrivant :

– « Je cherche Kaspars Kalinin », dit ce dernier qui, comme personne ne répondait, s’empressa d’ajouter : « C’est Vieux Croûton qui m’envoie. »

En entendant cela, un homme d’une cinquantaine d’années au gros nez et portant une chemise de lin lui dit d’une voix grave :

– « Entrez. »

Une grande balafre sinueuse lacérait son visage depuis le coin de son œil droit jusque près de sa bouche et un nez couperosé, presque entièrement rouge.

Klein obtempéra lentement, sa coupe à la main, tandis que l’adversaire de Kaspars rangeait sa queue de billard et quittait la pièce en refermant la porte.

Kaspars Kalinin s’approcha en clopinant :

– « Que voulez-vous ? »

– « Un puissant revolver personnalisé et cinquante cartouches », répondit le jeune homme en prenant une autre gorgée de sa bière de Southville.

– « 3 Livres et 10 Solis », annonça Kaspars. « C’est certainement plus cher que dans une boutique d’armes ordinaire, mais le prix inclut les risques que je prends. »

– « Marché conclu », répondit Klein en sortant de la poche de son pantalon les cinq billets d’une Livre qu’il avait préparés et en les comptant.

Kaspars vérifia l’authenticité des billets et hocha la tête :

– « Vous êtes plus franc qu’il n’y parait. Donnez-moi cinq minutes. »

Il posa les billets sur la table de jeu et aidé d’une béquille, boitilla jusqu’à la porte.

Klein le regarda partir, jeta un coup d’œil au billard – très à la mode à cette époque – et le trouva très similaire au snooker qu’il connaissait sur Terre.

Ce doit être vous, Empereur Roselle… Il faillit perdre toute contenance et se mit à rire en secouant la tête.

Il n’attendit pas longtemps. Très vite, Kaspars poussa la porte, apportant avec lui un paquet emballé dans du papier brun et deux billets de cinq Soli.

Klein prit l’argent et ouvrit le paquet. Son regard tomba sur le long canon argenté d’un revolver dont la crosse semblait faite de bois de noyer.

La boîte contenait également cinquante cartouches luisantes soigneusement rangées.

Klein essaya le revolver à vide, mit cinq balles dans le chargeur et le fourra dans l’étui acheté il y a peu et qu’il portait sous l’aisselle. Il rassembla les balles restantes, regarda Kaspars et réfléchit :

– « Si je veux engager un bon garde du corps, qui dois-je contacter ? Un très bon garde du corps, du genre qui surpasse les limites humaines. »

Kaspars frotta son nez rouge et son regard devint froid.

Durant deux minutes, il examina soigneusement son interlocuteur avec un silence destiné à créer un terrible sentiment d’oppression.

– « Je peux en faire la requête pour vous, mais je ne vous garantis pas que quelqu’un acceptera cette mission. »

On dirait qu’il connaît plus d’un Transcendant… se dit Klein qui répondit avec un sourire :

– « Quel que soit le résultat, permettez-moi de vous exprimer par avance toute ma gratitude. »

Kaspars rangea les billets posés sur le billard et sortit à nouveau. Dix bonnes minutes s’écoulèrent avant qu’il ne revienne, durant lesquelles Klein, qui s’ennuyait, termina son énorme coupe de bière.

– « Il souhaite vous rencontrer avant de prendre une décision », annonça l’homme d’une voix grave.

– « Aucun problème. A sa place, je voudrais également évaluer la difficulté de la mission », répondit Klein en souriant.

Il suivit Kaspars qui passa en clopinant devant le ring de boxe bondé et entra dans la cuisine du bar.

Brusquement, il s’arrêta et frappa légèrement à une porte. Après en avoir obtenu la permission, il entra, accompagné de Klein.

C’est une salle de jeu où plus de dix personnes jouaient au Texas poker.

Un homme vêtu d’un gilet noir et d’une chemise blanche se leva en les voyant entrer. Les autres s’arrêtèrent de jouer et se turent.

D’un seul coup d’œil, Klein fronça imperceptiblement les sourcils en remarquant qu’à l’exception de l’homme qui s’était levé, tous les autres joueurs avaient un air étrange et indescriptible. Leurs visages étaient pâles et leurs yeux semblables à ceux de bêtes sauvages.

Notre détective activa discrètement sa Vision Spirituelle.

Ce qu’il vit le crispa et il eut peine à ne rien laisser paraître : les auras de ces joueurs étaient toutes noires, ce qui signifiait que tous ces gens, à l’exception de l’homme à la chemise blanche, étaient morts!

Non, ce ne sont pas seulement des morts car l’aura des morts n’a pas de couleur.

Ce sont tous des zombies !

Une sensation de pourriture l’envahit, et l’homme à la chemise blanche et au gilet noir s’avança vers lui.

Son visage était tout aussi pâle et il y avait dans ses yeux comme une profonde malice.

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