Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
A+ a-
Chapitre 17- Tentative de recrutement 
Chapitre 016 – Mise en place des personnages Menu Chapitre 18 – L’interrogatoire de Requin Blanc

La pièce d’or se retourna, retomba tranquillement et se posa fermement dans la paume de Klein.  

Le jeune homme baissa les yeux pour voir si c’était pile ou face, tourna les talons et s’engagea dans une ruelle calme et sombre.

Le vent du large, froid et violent, provoqua une convection dans la zone où il se trouvait, souleva son manteau sans qu’il s’en aperçoive et faillit faire tomber son semi haut-de-forme.

Soudain, Klein s’arrêta, se retourna et ordonna d’une voix grave : 

– « Sortez de là. »

Ses yeux perçants fixaient l’ombre au coin de la rue.

Après quatre ou cinq secondes de silence, une silhouette sortit de l’ombre. On entendit un petit rire : 

 – « Quelle vue ! »

C’était un homme vêtu d’une cape noire, âgé d’une trentaine d’années, aux sourcils d’un jaune charbonneux et aux yeux bleu sombre et brillants. Son visage, qui n’était guère buriné, laissait à penser qu’il venait de la région située au sud d’Intis, Lenburg et Segar.

Sitôt qu’il l’aperçut, une image s’imposa à l’esprit de Klein.

En entrant au Poisson Volant & Vin, il avait jeté un regard professionnel autour de lui pour voir si quelqu’un requérait son attention.

Ce n’était pas le cas à ce moment-là. L’homme buvait comme un marin et regardait de côté, curieux. S’il n’était pas différent des autres clients et si son apparence n’avait rien de particulier, sa cape noire avait fait une certaine impression sur Klein, ce qui lui permit de reconnaître en un instant celui qui l’avait suivi. 

Toujours fidèle à son personnage, le jeune homme se pencha légèrement, tel un énorme félin prêt à bondir.

– « Que me voulez-vous ? »

L’homme à la cape noire se remit à rire.

– « La technique de combat et la méthode de manipulation dont vous avez fait la démonstration tout à l’heure sont tout à fait conformes à mes aspirations. Je me suis lancé à votre poursuite pour vous demander si vous souhaitiez vous joindre à nous.

« Bien que ce type nommé Logan ait effectivement prétendu être un informateur de Ludwell, Hamilton, le Requin Blanc, est en lien avec de nombreux pirates. C’est un personnage au passé louche et il prendra certainement très à cœur le fait que vous ayez tabassé l’un de ses hommes au bar. Vous risquez fort d’avoir des ennuis et je peux vous aider à résoudre ce problème.

« Vous êtes un aventurier, aussi est-il inévitable que vous rêviez de trésors. En ce qui nous concerne, nous nous sommes regroupés pour parcourir les Cinq Mers à la recherche de trésors tels que l’Empire du Spectre, l’héritage de Salomon, le secret de la Fontaine de Jouvence, la Clé de la Mort, le Laurier Englouti et le Trésor de Roselle. À ce jour et même si nous n’avons atteint aucun de nos principaux objectifs, nous avons retrouvé de nombreux bateaux pirates disparus. Ce que je viens de vous dire ressemble à ce qu’a dit ce rat, non ? »

Il s’éclaircit la voix et reprit : « Pour parler franchement, nous sommes une bande de pirates formée à partir d’un groupe d’aventuriers, mais nous ne pillons les navires marchands et les navires à passagers que lorsque nous sommes particulièrement démunis, et jamais nous ne faisons de mal aux innocents. Nous cherchons avant tout des trésors et souvent, nous récoltons. Je ne vous cache pas que j’ai déjà dormi sur un lit de pièces d’or. Si nous rencontrons d’autres navires pirates, le simple fait de leur démontrer nos prouesses nous permet d’obtenir une compensation.

« Au fait, notre Capitaine a décrété qu’avant de recruter de nouvelles personnes, nous devions leur expliquer notre credo et notre rémunération. »

Votre credo ? Votre capitaine m’intéresse quelque peu… se dit Klein en relâchant volontairement sa tension pour voir si l’ennemi n’en profiterait pas pour attaquer.

L’homme à la cape noire sourit, l’air détendu.

– « Je viens de vous expliquer notre credo, à présent, laissez-moi vous parler de la rémunération. »

Ce type est plutôt confiant… 

Bien qu’il ne soit pas un Spectateur, Klein voyait bien que l’inconnu était très sûr de lui et qu’il n’était absolument pas perturbé par ce qui se passait devant lui.

– « Nous n’avons pas de salaire hebdomadaire ni de rente, mais lorsque nous trouvons un trésor ou que nous acquérons des richesses grâce au pillage, les biens sont distribués en fonction de nos grades. Dans des circonstances normales et avec un peu de chance, le marin le moins gradé peut gagner entre deux et trois cents Livres par an. J’ai entendu dire qu’à terre, cela permettait de faire partie de la classe moyenne ? Si nous trouvons le Laurier Englouti, nous deviendrons tous des magnats ! » expliqua l’homme à la cape noire avec désinvolture. « Selon nos grades, nous avons des jours de congé chaque mois, mais ils ne peuvent être cumulés que de façon échelonnée. »

Soudain, il poussa un juron.

« Mer*e, l’an passé, nous avons manqué une bonne occasion de retrouver l’Empire du Spectre car le Capitaine était en vacances ! »

Les pirates ont des congés annuels ? Klein trouvait cela quelque peu surprenant.

L’intensité comique de cet équipage de pirates tel que venait de le lui décrire cet homme était perceptible, ce qui lui rappela les annonces humoristiques de recrutement de pirates somaliens qu’il avait vues dans sa vie antérieure.

Voyant que Klein semblait choqué par ses paroles, l’homme ajouta en souriant : 

– « En tant qu’aventurier, êtes-vous toujours à la recherche de ces pouvoirs qui transcendent la nature dont il est question dans les légendes ? Si vous vous joignez à nous, vous aurez une chance de les posséder ! »

Il toussa et ajouta sur un ton solennel : « J’ai oublié de me présenter. »

Il n’avait plus l’air aussi jovial qu’auparavant.

« Danitz Le Flamboyant, quatrième maître d’équipage du Rêve d’Or, au service du Contre-amiral Edwina Edwards, alias Iceberg. »

Après avoir indiqué son titre, son vrai nom et son appartenance, Danitz attendit patiemment de lire la panique et la peur sur le visage de Klein.

Une seconde plus tard, il entendit l’aventurier – qui avait des réactions un peu folles malgré son apparence raffinée et courtoise – demander : 

– « Danitz Le Flamboyant, celui qui est recherché pour une prime de 3 000 Livres ? »

Danitz était sur le point de répondre lorsqu’il eut l’illusion que l’homme qui se tenait dans la sombre ruelle s’était transformé en un monstre indescriptible et affamé qui convoitait son âme et sa chair.

Il serra brusquement les poings et son corps se tendit au point qu’il tremblait légèrement.  

Son intuition lui soufflait qu’il était face à un abîme de folie et de soif de sang !

Le marin était dans un tel état qu’il n’avait aucune idée du temps qui s’écoulait. Enfin, son interlocuteur reprit la parole : 

– « Pourquoi êtes-vous ici ? »

Si la dignité de Danitz le poussait à dédaigner cette question, son instinct lui fit cracher le morceau.  

– « Je… Je suis en vacances… » 

Il n’avait pas fini de parler que l’homme détourna le regard. L’impression d’une faim prête à dévorer ses chairs et son âme disparut. 

Il resta là à regarder le jeune aventurier en manteau et chapeau de soie noirs faire demi-tour et se diriger vers l’autre bout de la ruelle. Celui-ci était sur le point de passer le coin de la rue lorsque, s’arrêtant, il tourna la tête et demanda :  

– « Où est Requin Blanc ? »

– « Il…Il habite au 1, Avenue de la Digue, mais il passe le plus clair de son temps à l’étage du Poisson Volant & Vin. Même chose aujourd’hui », répondit Danitz Le Flamboyant.

Il attendit que la silhouette ait disparut au loin pour redresser le dos et resserrer sa cape.

Quel homme terrifiant… soupira-t-il intérieurement. 

Puis, retrouvant ses esprits, il marmonna pour lui-même : Je vais devoir informer le Capitaine qu’il y a un autre homme terrifiant sur la mer.

Ce type a l’air d’un gentleman, mais à l’intérieur, c’est un fou. À moins d’avoir la détermination nécessaire et la certitude de pouvoir le tuer, mieux vaut ne pas avoir affaire à lui.

Rabattant sur sa tête la capuche de sa cape noire, Danitz décida de rentrer dormir à l’hôtel. Il attendrait l’ouverture du bureau télégraphique pour transmettre le message à son contact intermédiaire dans l’Archipel de Rorsted.

Quant à ce qu’il adviendrait de Requin Blanc, il s’en moquait éperdument.

Au coin d’une autre rue tranquille, Klein, debout dans l’ombre, regardait le gant noir qu’il portait à la main gauche. 

Il s’était aperçu que bien que la Faim Rampante ait été scellée par M. Azik, sa soif de chair et d’âmes existait toujours intrinsèquement et tentait de se manifester.

Dans des circonstances normales, il n’avait pas à craindre que l’objet scellé génère des problèmes, mais lorsqu’il avait envie de tuer quelqu’un, l’influence était suffisante pour laisser émaner cette faim capable de se retourner contre lui.

Lorsqu’un moment plus tôt, il avait appris que l’homme en face de lui était Danitz, un célèbre pirate qui figurait sur la liste des primes, il avait aussitôt senti l’intention meurtrière monter en lui. La Faim Rampante était alors aussi dynamique qu’un poisson dans l’eau.

Par chance, Klein avait toujours eu une bonne maîtrise de lui-même dans ce domaine. Les dires de l’hommes lui ayant permis d’estimer qu’il n’avait pas affaire à un pirate criblé de péchés, il n’avait eu aucun mal à réfréner ses pulsions.

Avec la Faim Rampante, le personnage de Gehrman Sparrow sera sans faille…

 Klein s’arrêta quelques secondes, prit une pièce d’or et effectua deux divinations, d’abord pour savoir si Danitz Le Flamboyant mentait, ensuite pour déterminer si Hamilton, le Requin Blanc, était en mesure de lui nuire. 

Dans les deux cas, la réponse s’avéra négative.

Klein rangea la pièce d’or, enfonça son chapeau sur sa tête et ce faisant, passa ses mains sur son visage. 

Aussitôt, il changea d’apparence : cheveux blonds, yeux bleus et visage tout ce qu’il a d’ordinaire.

Déboutonnant son pardessus, il remonta sa chemise et la passa par-dessus son pantalon.

C’était un simple changement de tenue mais Klein, qui ne portait pas de canne, commençait à transpirer. Les lèvres sèches, il identifia la direction à prendre et retourna au Poisson Volant & Vin.

En chemin, il tomba une nouvelle fois sur Danitz. L’homme ne lui jeta qu’un coup d’œil avant de détourner le regard et de se diriger vers l’hôtel situé en face du bar.

Après avoir consulté le mur aux primes, Klein, calmement, poussa la porte et entra.

Cela faisait moins de dix minutes qu’il avait fui cet endroit.

La plupart des clients s’étaient dispersés, mais il y avait encore de nombreux ivrognes pour assister au spectacle.

Leurs regards se posèrent sur le nouveau venu, mais très vite, ils se détournèrent et Klein s’approcha tranquillement du comptoir.  

La peur dans le regard, le barman se tenait près d’un gros homme. Il avait le front lourdement bandé, les narines bouchées par du papier de soie et le visage couvert d’ecchymoses.

Le gros, un grand costaud, avait la peau claire. Il ressemblait à un gros requin blanc qui se serait échoué sur le rivage.

Touchant son crâne chauve et luisant, il dit à Elland : 

– « Quelqu’un m’a dit que vous connaissiez ce type ? Seuls trois navires à passagers ont accosté aujourd’hui, il ne doit donc pas y avoir beaucoup d’étrangers inconnus. N’essayez pas de mentir ! »

Elland tapota la poignée de son épée et répondit avec un sourire désinvolte.

– « Oui, c’est un de mes passagers. Mais ce sont vos gens qui sont cause de ce qui s’est produit aujourd’hui. »  

– « Tout ce que je veux, c’est qu’il revienne s’excuser et me dédommage pour les dégâts causés au bar », répondit le grand et gros lard blanc en fronçant les sourcils.  

Elland se mit à rire : 

– « Requin Blanc, dans ma ville natale, un proverbe dit :  Ne méprise pas les chiens sauvages qui ne passent par-là que parce qu’il y a des rats dans l’entrepôt ». 

Hamilton plissa les yeux :

– « … Est-ce là votre réponse, Elland Le Juste ? » 

Elland saisit la crosse de bois de son mousquet, fit un pas en avant et répondit d’une voix grave :

 – « Oui, c’est ma réponse ! »

Assurément, le capitaine a sa façon de faire… pensa Klein, un peu surpris par la réponse d’Elland.

Ils se dévisagèrent quelques secondes, puis Requin Blanc prit une profonde inspiration. 

– « Vous m’avez rendu service, va pour les excuses. Cela dit, il va devoir rembourser la moitié de mes pertes. C’est vous qui transmettrez. »  

Elland eut un sourire :

– « Bonne idée. » 

Le visage d’Hamilton s’assombrit et il regarda autour de lui.  

Soudain, il frappa le barman au visage.

Celui-ci vola et toutes ses dents s’éparpillèrent sur le sol.

Klein, qui ne se trouvait qu’à cinq mètres de là, observait tranquillement. On aurait dit que cela n’avait rien à voir avec lui. 



🏆 Top tipeurs
  • 🥇1. Meifumado
  • 🥈2. matsu 1
🎗 Tipeurs récents
  • matsu 1
  • Meifumado


Rejoignez-nous et devenez correcteur de Chireads Discord []~( ̄▽ ̄)~*
Chapitre 016 – Mise en place des personnages Menu Chapitre 18 – L’interrogatoire de Requin Blanc