Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 149 – Indication directe
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Chapitre 149 – Indication directe

Klein, qui observait Dunn Smith, on ne peut plus sérieux, sourit brusquement :

– « Capitaine, j’ai compris quelque chose hier. »

– « Et de quoi s’agit-il ? » Répéta Dunn de sa voix grave.

Il s’adossa à son siège et laissa retomber ses bras tandis que Klein se repassait le scénario qu’il avait préparé.

– « Alors que je faisais le point sur mes expériences passées, j’ai réalisé que les noms des potions englobaient tout un ensemble de principes destinés à nous aider, non seulement à en prendre le contrôle mais aussi à éviter les impacts négatifs. Lorsque nous suivons ces règles, c’est comme si nous devenions une personne du métier.

« De même, ces ensembles de principes sont implicites et ne vous sont pas communiqués directement. Tout ce qu’il est possible de faire est de tirer progressivement des conclusions du travail que nous faisons et d’ajuster notre compréhension en fonction des différents retours.

« Lorsque je suis devenu un vrai Voyant au Club de Divination et que j’ai pu en tirer les règles concernant ce travail, les illusions auditives et visuelles qui me tourmentaient ont bel et bien disparu.

« Voilà mon constat. »

Ces explications terminées, Klein soupira. Il avait dit tout ce qu’il avait à dire, même s’il n’avait pas mentionné le fait de « jouer son personnage ».

Espérons que, lorsqu’on l’interrogera, le Capitaine ne dira pas à l’Église que j’ai développé ces idées. Cela risquerait d’attirer l’attention sur moi… Sans compter le lien existant entre la voie du Voyant et la famille Antigonus, qui pourrait éventuellement causer des problèmes. Mais le Capitaine a lui aussi vécu toutes sortes de situations. C’est un homme expérimenté et intelligent. Une fois qu’il aura compris la “méthode du jeu de rôle”, il s’apercevra certainement que l’Église cache des informations pertinentes. Il saura alors ce qu’il doit dire et ce qu’il vaut mieux taire… Pensa Klein, en proie à un flot de pensées confuses.

Mais aussitôt, sa décision fut prise. Il avait un plan.

Si le Capitaine ne comprend toujours pas la “méthode du jeu de rôle” ou le pourquoi du fait que l’Église la garde secrète, je lui dirai tout avant de soumettre ma demande spéciale!

Je vais d’abord le sonder et voir ce qu’il sait…

Dunn avait écouté sans un mot. À mesure que Klein parlait, ses yeux gris devenaient de plus en plus profonds.

Il demeura silencieux une vingtaine de secondes, se massa les tempes puis prit sa pipe et la renifla avant de sortir une boîte d’allumettes. On aurait dit qu’il avait oublié toutes les règles des Faucons de Nuit.

Alors que la fumée d’un blanc bleuté s’élevait, Dunn ferma les yeux comme pour apprécier l’odeur du tabac.

Au bout d’un moment, il les rouvrit et sourit :

– « Veuillez m’excuser, j’avais oublié que vous ne fumiez pas. »

– « Parce que c’est mauvais pour la santé », répondit Klein, le plus sérieusement du monde.

Sa pipe à la main, Dunn parut réfléchir :

– « Je crois avoir compris quelque chose moi aussi. »

Non Capitaine, vous n’avez rien compris ! Et ne faites pas irruption trop souvent dans mes rêves ! Pensa Klein qui se contenta d’un sourire amical.

« Peut-être que vous ne tarderez pas à me remettre votre demande spéciale… » Ajouta Dunn, qui plaisantait à moitié, en prenant une bonne bouffée de tabac et de menthe.

Demain ? Se dit Klein en sortant sa montre de poche pour consulter l’heure.

– « Capitaine, je dois aller retrouver le vieux Neil. La leçon d’occultisme va bientôt commencer. »

– « Très bien », répondit Dunn en le regardant partir, sa pipe toujours à la main.

Plein d’entrain, Klein referma la porte et se dirigea vers les escaliers qui menaient au sous-sol. En passant devant le bureau des greffiers, il aperçut deux inconnus, un homme et une femme.

Les nouveaux commis civils… Se dit-il. D’ici deux jours, au plus tard dans la semaine, je soumettrai ma demande au Capitaine ! Après une série de tests, je pourrai devenir un Clown de Séquence 8 !

Le jeune homme longea le passage souterrain silencieux, tourna vers l’armurerie et poussa la porte de la salle de garde.

– « Que vous arrive-t-il ? » Demanda-t-il, surpris devant la pâleur du vieux Neil ?

Dépité, le vieil homme répondit en baillant :

– « Je suis un peu constipé depuis quelque temps. La nuit dernière, j’ai tenté un rituel magique supposé résoudre ce genre de problème. Finalement… je n’ai guère dormi de toute la nuit. J’ai dû aller plusieurs fois aux toilettes, si bien que j’ai failli m’endormir sur la cuvette ».

Voyant qu’il ne s’agissait pas de quelque chose de grave, Klein se retint de rire :

Au moins, votre problème de constipation est résolu…

– « Vous vous sentez mieux à présent ? » S’enquit-il en se reprenant.

Un peu inquiet cependant, il activa sa Vision Spirituelle pour examiner l’aura relative à la santé du vieux Neil.

Je vois un peu d’ombre et d’impuretés dans les couleurs jaune et orange relatives au système digestif et aux reins, mais rien de trop grave. Cela se situe dans une fourchette acceptable… constata-t-il, soulagé.

– « Beaucoup mieux. Frye m’a donné un remède contre la diarrhée », répondit le vieil homme qui bâillait comme un junkie. « Vous étudierez seul aujourd’hui. De toute façon, d’ici deux ou trois jours, nous aurons terminé les leçons. »

– « Très bien », répondit poliment Klein. « Si vous alliez vous reposer un peu ? Je pourrais étudier ici et garder l’armurerie en votre absence. »

À ces mots, le Neil se redressa, les yeux brillants :

– « Mon garçon, vous êtes certainement le plus aimable des Faucons de la Nuit, juste après Frye ! Je vous confie l’armurerie ! »

Il prit le coussin posé sur ses genoux et, tel un typhon, se précipita hors de la salle de garde, laissant Klein abasourdi.

Dans la matinée, la Compagnie de Sécurité se vit confier une autre mission : celle d’escorter un riche marchand jusqu’au port pour y conclure une affaire. Léonard et Kenley s’empressèrent de la remplir, ce qui leur valut une bonne prime que Klein leur envia.

Il vaqua à ses occupations, étudia l’occultisme, s’entraîna au tir et se fit torturer par l’instructeur Gawain, visiblement perturbé.

À bout de souffle, le jeune homme mit un certain temps à récupérer avant d’aller prendre sa douche et se changer.

Il ne se relâcha pas pour autant et, une fois parti de chez Gawain, prit une calèche pour aller se renseigner sur les dix autres maisons aux cheminées rouges.

Mais alors qu’il s’éloignait de la dernière, il parut soudain très contrarié.

La maison que j’ai vue lors de ma séance de divination n’est pas dans la liste de celles dont le locataire a changé. Cela devient très ennuyeux. Je me demande combien de temps il va me falloir pour faire le tour des 1600 maisons… Je n’ai aucun moyen de demander de l’aide, car je suis le seul à pouvoir éprouver ce sentiment familier lorsque je tomberai sur la bonne…

Allons, ne nous décourageons pas. Je poursuivrai mon enquête quand j’aurai du temps libre et m’efforcerai de la boucler dans un délai de trois mois. Non, plutôt deux ! Qui sait, peut-être aurai-je localisé la maison demain !

Dès mon retour, je reprendrai les documents et planifierai mon itinéraire en fonction de la distance des secteurs !

Sa décision prise, il s’apprêtait à demander au chauffeur de tourner vers la rue des Jonquilles lorsqu’il réalisa soudain qu’il n’était pas loin du domicile du professeur Azik.

Avant de partir en vacances, M. Azik m’a écrit pour me dire qu’il serait de retour cette semaine, mais il n’a pas précisé la date exacte. Puisque c’est sur mon chemin, je vais lui laisser un mot. De plus, j’ai loué cette voiture pour une heure et le temps est presque écoulé. Je m’arrêterai donc chez M. Azik, puis je prendrai une voiture publique pour rentrer… Décida aussitôt Klein.

Quatre minutes plus tard, il descendait de voiture devant la maison du professeur.

De toute évidence, les maisons de ce quartier, avec leur parcelle de gazon sur le devant et leur jardinet à l’arrière, étaient de meilleur standing que celles de la rue des Jonquilles, même si elles ne valaient pas celles de la rue Howes.

Klein tira sur la corde et une cloche retentit à l’intérieur.

Quelques instants plus tard, il entendit des bruits de pas et la porte s’ouvrit sur Azik avec ses traits doux et sa peau bronzée.

Comme il restait à la maison, il n’était vêtu que d’une simple chemise blanche, d’un gilet marron et d’un pantalon assorti.

– « Klein ? J’étais sur le point de vous écrire », salua-t-il avec enthousiasme. « Je suis rentré hier soir. »

Klein fixa le petit grain de beauté près de l’oreille droite de l’enseignant :

– « M. Azik, j’ai trouvé un indice sur votre passé. »

– « Vraiment ? » S’exclama le professeur, plein d’enthousiasme.

La tristesse dans ses yeux se dissipa.

Klein regarda autour de lui :

– « Allons parler à l’intérieur. »

Azik acquiesça aussitôt et s’effaça pour le laisser entrer. Puis il ferma la porte à clé et précéda le jeune homme vers le salon du premier étage où se trouvait un canapé moelleux sur lequel ils prirent place.

– « Quels indices avez-vous trouvés ? » demanda-t-il avec impatience.

Klein, qui ne s’attendait pas à le voir ce jour-là, mit de l’ordre dans son discours :

– « Dernièrement, j’ai reçu pour mission de me rendre à Lamud pour m’occuper d’un spectre. »

– « Lamud… » Répéta doucement Azik en fronçant les sourcils.

Le Voyant, qui observait ses réactions, poursuivit plus lentement :

– « Ce faisant, nous avons découvert quelque chose qui nous a conduits à mener une enquête au sein de la ville…

« L’un des habitants était en possession d’un portrait du premier Baron Lamud, qu’il a d’ailleurs essayé de me vendre. Par curiosité, j’ai demandé à voir le portrait et me suis aperçu qu’à l’exception des cheveux, l’homme représenté vous ressemblait terriblement, jusqu’au grain de beauté sous l’oreille : même endroit, même taille.

« Lorsque je l’ai interrogé, l’homme m’a dit que le portrait datait d’environ quarante ans et que c’était une réplique d’un antique tableau retrouvé dans les décombres du château.

« Vous n’êtes pas sans savoir que des gens comme nous, dotés de capacités spéciales, sont plus ou moins en mesure de savoir si quelqu’un ment ou non. Or j’ai bien senti que cet homme disait la vérité.

Azik écoutait, penché en avant, les bras croisés. Il demeura un moment silencieux puis, cinq minutes plus tard, soupira 

– « Ce que vous venez de dire ne me rappelle rien. Je devrais peut-être me rendre au château abandonné. Pourriez-vous m’y emmener ? »

– « Ce serait un honneur », répondit Klein. « Mais je dois d’abord rentrer chez moi. Je ne voudrais pas que mon frère et ma sœur s’inquiètent. »

– « Aucun problème », répondit Azik en se levant.

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