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Le Maître des Secrets | Lord of the Mysteries | 诡秘之主
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Chapitre 129 – Le Conseiller du Destin
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Chapitre 129 – Le Conseiller du Destin

Oravi était située au nord-est de l’Archipel de Rorsted. En ligne droite, la distance n’était pas très importante, mais les nombreux méandres de la route maritime sûre contraignaient les navires à parcourir plusieurs centaines de miles nautiques supplémentaires.

À l’origine, il s’agissait d’une île primitive qui abritait de nombreuses créatures Transcendantes, mais aucun humain n’y vivait. L’ère de la chasse terminée, le royaume de Loen y avait banni certains criminels et de fait, l’île d’Oravi s’était progressivement dotée de villages et de villes.

Lorsque des îles plus à l’est furent découvertes et colonisées, la région attira de nombreux immigrants en raison de la commodité de la route maritime et de ses riches ressources naturelles, ce qui en fit une ville portuaire plutôt prospère.

La lumière du phare, si chaude dans l’obscurité, guidait les paquebots vers le port afin qu’ils y accostent.

Darkwill sauta de la passerelle et posa le pied sur un sol cimenté.

– « Nous sommes enfin arrivés. Je remercie la lune cramoisie et le destin pour leur bénédiction. »

Plus précisément, ce n’est pas seulement le destin que vous devriez remercier, mais aussi le Fou et le Dieu de la Mer… pensa Klein qui, sa valise de cuir à la main, tapotait le sol de sa canne.

Darkwill rangea soigneusement la boîte à bague qui contenait le Dé des Probabilités et sans plus tarder, demanda où résidait Carnot, le carillonneur. Il prit une calèche jusqu’à la cathédrale Saint Draco et pénétra dans le magnifique clocher qui arborait hardiment les couleurs rouge, bleu et jaune.

Carnot y disposait d’une pièce exiguë qui lui était propre.

Darkwill frappa trois fois, impatient de lui remettre l’objet qu’il portait sur lui.

Il y eut un grincement, puis la porte de bois brun s’ouvrit et un homme de grande taille, légèrement voûté, sortit.

Il semblait avoir une quarantaine d’années et si, pris individuellement, les traits de son visage n’avaient rien d’étrange, mis ensemble, ils donnaient une impression peu harmonieuse.

Klein n’eut besoin que d’un coup d’œil pour s’apercevoir que ses yeux n’étaient pas alignés. Ses narines étaient de tailles différentes et ses muscles faciaux gauches légèrement relâchés, ce qui avait pour effet un léger affaissement du coin de la bouche. Pour ce qui était du côté droit de son visage, c’était tout le contraire.

Les jambes de Carnot étaient manifestement de longueurs différentes, et l’un de ses bras était volumineux tandis que l’autre était mince. Tout son corps était très disproportionné, ce qui le rendait extrêmement laid.

Vêtu d’une robe noire, Carnot jeta un coup d’œil au duo.

– « Qui êtes-vous ? »

– « Êtes-vous Carnot, le carillonneur ? » demanda prudemment Darkwill.

Carnot eut un petit rire, un coin de sa bouche relevé tandis que l’autre restait affaissé.

– « Je ne pense pas qu’il ait une seconde personne aussi laide que moi. »

– « En effet », acquiesça très honnêtement le gros homme avant de se mettre à rire. « Je constate que vous avez un bon état d’esprit. Pour être honnête, l’apparence n’a pas d’importance pour un homme. Ce qui compte, c’est son habileté au lit. »

Tss, c’est parce que vous n’avez jamais rencontré de femmes qui sont obsédées par l’apparence… Railla Klein qui avait connu l’ère des célébrités de masse.

Le visage de Carnot s’assombrit :

– « Je ne souhaite pas discuter de ce genre de choses. »

– « Vous avez des problèmes dans ce domaine ? Aucun souci. J’ai différentes sortes de remèdes capables de traiter tous vos problèmes… »

Avant que Darkwill n’ait pu terminer sa phrase, Klein, qui craignait de le voir massacré, fit un pas en avant.

S’interposant à demi, il prit la parole d’une voix grave :

– « C’est l’élève de Roy King. »

– « Je m’en doutais. Roy me l’avait décrit », répondit le carillonneur en s’effaçant pour les inviter à entrer.

Sa chambre était extrêmement petite, avec seulement un lit simple et un buffet qui pouvait servir de table à manger. Les toilettes se trouvaient au bas du clocher.

Darkwill sortit la boîte à bagues et la tendit à l’homme avec un sourire forcé.

– « Mon professeur m’a demandé de vous remettre cet objet. »

Carnot y jeta un coup d’œil et constata que le dé était sur 4. Manifestement soulagé, il dit à Darkwill :

– « Vous êtes bien plus fiable que ne le prétendait votre professeur. Je vois que vous n’avez pas tenté de l’utiliser. Cela l’aurait réveillé et lui aurait fait comprendre qu’il n’était plus scellé. »

L’Apothicaire rougit :

– « C’est parce qu’il est relativement calme pour le moment. D’ici une à deux heures, il se remettra à rouler tout seul. Mieux vaudrait que vous réfléchissiez à un moyen de le sceller à nouveau », répondit-il franchement.

Le visage de Carnot se crispa.

– « À nouveau ? »

– « Eh bien, je l’ai accidentellement laissé tomber au sol et il s’est animé… »

Darkwill voulut jeter un coup d’œil à son hibou, mais il se rendit compte qu’Harry ne l’avait pas suivi à l’intérieur. Il s’était perché à l’extérieur du clocher pour servir de sentinelle.

Les yeux de Carnot s’écarquillèrent nettement et son dos voûté se redressa. Il était presque droit.

– « Comment êtes-vous arrivé ici ? »

De son point de vue, l’élève de Roy King aurait dû mourir depuis longtemps au gré des caprices du dé.

Darkwill s’empressa de désigner Gehrman Sparrow :

– « C’est grâce à ce monsieur. C’est un puissant aventurier. Il m’a protégé très efficacement et a utilisé une méthode temporaire pour sceller le dé. »

– « De quelle méthode s’agit-il ? » s’enquit aussitôt le carillonneur.

Klein se mit à rire :

– « Secret professionnel ».

Le visage de Carnot passa successivement par plusieurs expressions puis, la main sur le cœur, il s’inclina :

– « Au nom de mon organisation, je vous remercie pour votre aide. »

– « Le prix de ses services était de 1 000 Livres et une requête. Il a demandé de l’aider à trouver un objet occulte avec de puissantes caractéristiques offensives, mais dépourvu d’effets négatifs graves. Il l’achètera à un prix raisonnable.

« Euh, je n’avais que 300 Livres, c’est tout ce que j’ai pu payer. Je vais devoir compter sur vous pour solder le reste… »

Carnot demeurait silencieux. Les commissures de ses lèvres se crispèrent :

– « Je n’ai qu’une centaine de Livres… »

Soudain, le silence se fit dans la chambre. Le vent qui soufflait à travers les fissures frôlait le visage des trois hommes.

Enfin, Carnot reprit la parole.

– « Le Conseiller Ricciardo a peut-être la somme. Je vais vous conduire à lui. »

Manifestement, il nous fait confiance. Après tout, un Conseiller du Destin n’est en rien comparable à un Dé des Probabilités. S’il y avait vraiment des problèmes avec nous, nous n’aurions pas eu besoin d’apporter le dé pour éviter tout accident et nous emparer de l’Unicité… se dit Klein en voyant le carillonneur prendre une lanterne posée dans un coin de la pièce.

Il activa alors discrètement sa Vision Spirituelle, examina simplement l’homme et faillit froncer les sourcils.

En effet, les couleurs de l’aura de Carnot étaient plutôt étranges.

Ses couleurs émotionnelles ne posaient aucun problème, car elles étaient tout à fait ordinaires. Cependant, son Corps Ethérique, qui représentait son corps, n’était pas normal. Son cœur était vert, sa tête violette et son système digestif jaune. On aurait dit qu’il s’agissait de différentes parties mélangées dans une grande disharmonie.

L’âme de Carnot lui donnait la même impression.

Un monstre recousu de l’intérieur ? se demanda Klein, d’après les informations en sa possession.

Après que Carnot eut récupéré la lanterne, il tourna la tête vers l’aventurier Gehrman Sparrow et dit sans grande expression :

– « Je suis très sensible à la Vision Spirituelle.

« Je pense que vous avez remarqué certains problèmes. Je ne suis pas né naturellement. Je suis un produit des tentatives de l’Église de la Terre Mère pour parfaire le corps humain, mais je suis un spécimen raté, c’est pourquoi je n’ai pas cette capacité. »

Ces dernières paroles s’adressaient à Darkwill.

Le carillonneur n’ajouta rien. Vêtu de sa robe noire et sa lanterne à la main, il courba son imposante personne et à la faible lumière, descendit les marches du clocher sombre et silencieux.

Un produit des tentatives de l’Église de la Terre Mère pour parfaire le corps humain ? Mais la cathédrale Saint-Draco appartient à l’Église des Tempêtes… Comme il s’agit d’un spécimen raté, on n’y prête pas attention. Carnot aurait-il tourné le dos à l’Église de la Terre Mère pour devenir membre de l’École de Pensée de la Vie ? C’est compréhensible. L’Église de la Terre Mère et l’École de Pensée de la Vie détiennent toutes deux la voie de l’Apothicaire, il y a donc certainement des chevauchements… Mais pourquoi l’École de Pensée de la Vie a-t-elle envoyé ce type – qui n’a pas l’air d’être un simple carillonneur – à l’Église des Tempêtes ? S’agit-il d’un simple déguisement ou existe-t-il un lien particulier entre les deux ?

Klein, apparemment calme, suivit Carnot hors du clocher. Ils contournèrent un pont de pierre.

Alors qu’il s’approchait du côté gauche du pont, Klein ressentit soudain quelque chose et regarda en diagonale vers le haut.

Harry, le hibou, avait lui aussi pris son envol et s’était posé sur la branche d’un arbre.

Brusquement, la branche cassa et Harry fit un plongeon. C’est avec beaucoup de difficulté qu’il parvint à se redresser avant de s’écraser au sol.

Darkwill allait dire quelque chose lorsque Carnot expliqua d’une voix grave :

– « Le Conseiller Ricciardo est blessé, ses pouvoirs sont donc quelque peu hors de contrôle. Dès que quelqu’un entre dans une zone spécifique, il est entaché de malchance. »

Le carillonneur s’arrêta et jeta la boîte à bagues sous le pont.

– « Monsieur le conseiller, l’élève de Roy King a livré le dé. »

– « Très bien », répondit une voix rauque venue de sous l’édifice.

Une main écaillée d’argent sortit des ténèbres et saisit la boîte qui était tombée sur la terre.

Elle l’ouvrit et en sortit le dé d’un blanc laiteux.

Son autre main, couverte elle aussi d’écailles d’argent, sortit également, tenant un objet de cuir semblable à du papier.

L’objet ressemblait à une conduite d’eau, mais ses extrémités étaient reliées. Il était d’un blanc grisâtre sous la lune cramoisie. Sa surface était ornée de nombreux symboles et signes complexes ainsi que de phrases en Hermès qui visaient Will Auceptin, le Serpent de Mercure.

Le Conseiller du Destin ouvrit l’objet, y inséra le Dé des Probabilités et raccorda les deux extrémités.

Utiliser le destin à petite échelle pour sceller le Dé des Probabilités avec des conditions limites périodiques afin qu’il reste dans un état perpétuel de sommeil ou de calme ? Effectivement, Will Auceptin avait prévu cette situation et fait certains préparatifs…

Soulagé, Klein détournait le regard lorsqu’il entendit la voix rauque de Ricciardo.

– « Je suis au courant de votre accord, Monsieur Gehrman Sparrow. Je vous aiderai à trouver l’objet occulte dès que je serai rétabli.

« Pour ce qui est des 700 livres, je vais immédiatement vous porter chance. Allez dans les quelques casinos d’Oravi, faites des paris et vous recevrez la somme correspondante. N’oubliez pas, ne gagnez pas plus de 200 Livres dans chaque casino et pas plus de 700 au total. »

En d’autres termes, vous n’avez pas d’argent non plus… Étant donné que vous vous cachez et que vous êtes blessé, il est normal que vous n’en ayez pas sur vous…

Hochant imperceptiblement la tête, il répondit :

– « D’accord. »

Il attendit une dizaine de secondes sans rien ressentir, puis le Conseiller Ricciardo poussa un soupir de soulagement :

– « Vous avez suffisamment de chance. »

Vraiment ? Klein décida de le croire et laissa Darkwill faire son rapport à son aîné sur la façon dont son professeur avait été emprisonné. Renseigné par Carnot, il trouva un casino à proximité et alla s’asseoir à la table de Blackjack.

Au bout d’une dizaine de minutes, il sortit du casino le regard vide.

Non seulement il n’avait pas gagné d’argent, mais il avait perdu 30 Livres au total !

Que s’est-il passé avec la chance ? Pourquoi l’ai-je cru ? Ce fichu vieillard est exécrable…

Le jeune homme retourna sans hésiter sur le pont de pierre.

– « Déjà ? Vous êtes particulièrement chanceux », dit le Conseiller depuis le bas du pont en riant et toussant à la fois.

Darkwill et Harry, quant à eux, avaient déjà trouvé une auberge à proximité.

– « J’ai perdu », répondit Klein sans changer d’expression.

– « Perdu… » rumina Ricciardo qui durant un long moment, ne parvint pas à formuler une phrase.

Un hibou ordinaire survola nerveusement l’endroit sombre et silencieux.

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