Empire Lancelot. À l’intérieur de la guilde des marchands Bootz.

Dans une région de montagnes artificielles recouvertes de vignes se trouvait un élégant pavillon, avec un petit pont sur un ruisseau. Les parfums des fleurs et des plantes emplissaient l’air. C’était une scène sereine et magnifique.

Phoebe, vêtue d’une simple robe blanche, était assise sur une balançoire et se balançait doucement. Son beau visage était assombri par la tristesse. Après cinq ans, le temps n’avait laissé aucune trace sur son visage. Au contraire, elle semblait avoir gagné en beauté et en caractère.

Chaque fois qu’elle terminait son travail fastidieux, elle fixait machinalement la petite fissure dans la montagne artificielle, son esprit se remémorant involontairement la scène d’il y a quelques années.

Dans cette étroite crevasse, deux personnes s’étaient autrefois serrées l’une contre l’autre, si près que leurs parfums se mêlaient et qu’elles pouvaient même sentir les battements de leur cœur…

Même après toutes ces années, cette scène était encore aussi vivante dans son esprit qu’au moment où elle s’était produite !

Des pas rapides se rapprochèrent. Quand Fabian vit Phoebe perdue dans ses pensées, il soupira avant de lui demander gentiment : « Mademoiselle, vous pensez encore à lui ?

« Oh, tu es là » répondit Phoebe avec un sourire d’excuse après être sortie de sa transe. Elle désigna ensuite une chaise à côté d’elle et dit : « Assieds-toi. »

Fabian s’assit nonchalamment à la demande de Phoebe. Il se sentait quelque peu inquiet en voyant la fatigue légèrement visible sur le visage de Phoebe. Après quelques hésitations, il dit prudemment : « Le prince héritier de l’Empire Angela est revenu. »

Phoebe, qui continuait à fixer la montagne artificielle devant elle, afficha une expression agacée sur son charmant visage dès qu’elle entendit ces mots. Elle fronça les sourcils et dit avec impatience : « Ce type pourrait-il être plus irritant ? Combien de fois lui ai-je dit, pourquoi continue-t-il à venir ? »

Fabian fronça les sourcils, pensant que Phoebe devait connaître la raison de sa venue ici. Après un moment d’hésitation, Fabian expliqua : « Avant de venir, le prince Hagrid s’est rendu au palais impérial et a rencontré Lord Karel. »

Le visage de Phoebe se refroidit. Elle gémit et dit : « J’ai pris ma décision. Personne ne peut influencer ma décision, y compris ces deux-là. »

L’expression de Fabian se déforma encore plus, même s’il était quelque peu admiratif dans son cœur. Il regarda Phoebe profondément et dit : « Mais Lord Bryan n’est pas réapparu depuis cinq ans. Il y a des rumeurs qui disent que… » Fabian ne termina pas sa phrase.

« Que Bryan est mort ? » ricana Phoebe avant de poursuivre avec dédain : « Comment Bryan pourrait-il être mort ? Il est seulement parti cultiver. Ne crois pas ces absurdités ! »

« Mais c’est l’Église de la Lumière qui a diffusé cette information. Même le pape de l’Église de la Lumière l’a authentifiée… » Bien que réticent, Fabian dit la vérité.

« Et alors ? Le pape de l’Église de la Lumière ne peut pas mentir ? » Phoebe, qui avait atteint le domaine de maître épéiste sacré, était devenue beaucoup plus raffinée dans ses manières. Cependant, chaque fois que quelqu’un abordait ce sujet avec elle, elle se comportait de manière plutôt anormale.

Des bruits de pas désordonnés se firent entendre à l’extérieur. Bientôt, un groupe de personnes apparut. Le groupe était mené par un homme d’une trentaine d’années. Il avait l’air remarquable, mature et digne de confiance. Il dégageait une intense noblesse. De toute évidence, c’était un personnage éminent.

Derrière lui se trouvaient deux grands mages, un grand maître épéiste, trois archimages et deux cavaliers terrestres. Ils étaient tous vêtus de somptueux habits et regardaient cet homme avec des émotions complexes.

Phoebe, cependant, révéla un sentiment évident de dégoût dans ses yeux dès qu’elle le vit. D’une voix froide, elle dit : « Prince Hagrid, pourquoi êtes-vous encore ici ? »

« Nous allons bientôt retourner dans notre pays. Je suis venu spécialement vous voir pour discuter de certains détails de l’accord commercial bilatéral entre nos deux pays. Je ne peux vraiment pas être tranquille tant que les détails ne sont pas réglés ! » dit Hagrid en regardant Phoebe, sans dissimuler la moindre flamme dans ses yeux.

« Nous en parlerons après avoir rencontré Sa Majesté demain. Je n’aime pas que l’on me dérange pendant mon temps libre », répondit Phoebe avec impatience, consciente de ses véritables intentions. Elle sauta de la balançoire et une aura féroce émanait naturellement d’elle.

La foule derrière Hagrid sentit clairement l’aura émanant de Phoebe et prit instinctivement position pour protéger leur maître.

Hagrid fixait le dos de Phoebe comme un idiot. C’est lorsque Phoebe était sur le point de disparaître de sa vue qu’il s’éclaircit la gorge et dit précipitamment : « J’ai déjà discuté avec le roi de votre illustre pays. Mlle Phoebe n’aura qu’à s’occuper de quelques détails mineurs. »

Sans se soucier de savoir si Phoebe l’écoutait ou non, Hagrid énonça rapidement les détails de l’accord commercial.

Après avoir écouté le débit mitraillé de Hagrid, le visage de Phoebe se crispa soudainement. Elle s’arrêta de marcher, l’air hébété, regarda Hagrid avec des yeux perplexes et demanda : « Avez-vous perdu la tête ? »

Phoebe n’était pas la seule. Même Fabian à côté d’elle et les quelques gardes du corps à côté de Hagrid étaient incrédules.

« Votre Altesse, vous vous trompez ? Imposer seulement 10 % de droits de douane à la guilde des marchands de Bootz sur ce port, comment cela peut-il être aussi bas ? Votre Altesse, si nous sommes aussi laxistes avec Bootz, les autres guildes de marchands seront certainement mécontentes. Il nous sera très difficile de justifier cet arrangement ! » rétorqua l’un des épéistes.

Fabian, le senior de la guilde des marchands de Bootz, ne pouvait contenir son excitation. Il s’écria : « C’est formidable ! Le prince Hagrid est vraiment généreux ! »

Phoebe poussa un léger soupir en regardant Hagrid, dont les yeux brillaient d’un feu intense. Elle ne s’attendait pas à ce que, pour la convaincre, cet homme sacrifie les intérêts de son propre pays. Si l’accord commercial était mis en œuvre tel quel, même si Hagrid était le prince héritier de l’Empire Angela, le roi de l’Empire Angela serait tout aussi furieux. En pensant qu’il était prêt à aller aussi loin juste pour la séduire, même Phoebe était quelque peu émue.

Cependant, Phoebe resta froide et désagréable envers Hagrid. Contrairement aux attentes de Fabian, elle refusa catégoriquement : « Non. Notre guilde des marchands Bootz n’a pas l’intention de profiter d’un tel avantage. Appliquez-nous les mêmes tarifs que vous appliquez aux autres guildes marchandes. »

« Mademoiselle ! » Fabian s’alarma et tenta précipitamment de persuader Phoebe de changer d’avis.

« Arrêtez ça. Notre guilde des marchands de bottes a toujours agi et agira toujours de manière honnête », sans laisser Fabian finir ses paroles persuasives, Phoebe se tourna vers Hagrid avec une expression quelque peu épuisée. Elle soupira avant de dire : « Votre Altesse, permettez-moi de vous conseiller de ne pas perdre votre temps. Je rejetterai catégoriquement toutes vos avances. Les temps ont été plutôt agités ces derniers temps. Prenez soin de vous et bon retour chez vous. »

Hagrid fut découragé en entendant ces mots. Avec une grimace, il demanda : « Pourquoi ? Pourquoi me faites-vous cela ? Cette personne est morte depuis cinq ans, et cette affaire dure depuis bien plus longtemps. Pourquoi ne pouvez-vous toujours pas l’oublier ? Qu’avait-il de si bien ? Comment un simple seigneur de ville peut-il se comparer à moi ? L’empire Angela sera mien dans un avenir proche. Je peux vous offrir tout ce qu’il pouvait vous offrir, et même plus. Donnez-moi juste une chance ! »

« Cela n’a rien à voir avec des avantages ! » dit Phoebe en regardant Hagrid avec une certaine pitié. Après une courte pause, elle poursuivit froidement : « Vous ne comprendrez jamais ! »

« Je comprends ! Comment pourrais-je ne pas comprendre ? » Hagrid semblait avoir oublié ses bonnes manières et faisait du bruit en fixant Phoebe du regard. Sa voix devenait de plus en plus forte : « Même si tu l’aimes, il est déjà mort. Cela fait cinq ans. Tu aurais dû sortir de son ombre, non ? Même si tu ne l’as pas encore fait, je peux t’attendre. Un an, voire dix ans, je suis prêt à attendre le jour où tu m’accepteras. »

« Je suis désolée, mais si vous voulez vraiment attendre, vous pouvez attendre jusqu’à votre mort ! » Phoebe savait que cet homme était irrécupérable. Bien qu’elle fût quelque peu touchée par ses gestes, elle resta ferme sur sa position et l’exprima clairement.

« Cela n’a aucun sens ! Ne me dis pas que tu veux passer le reste de ta vie seule pour un homme mort ?! »

« Cela n’a rien à voir avec vous », répondit Phoebe d’un ton encore plus froid. Elle était plutôt irritée, alors elle fit un signe de la main à Fabian à côté d’elle et lui dit : « Veuillez raccompagner Son Altesse. » Fabian s’inclina cérémonieusement, désigna la sortie conformément à l’étiquette et dit froidement : « Votre Altesse, honorables invités, par ici pour la sortie. »

Au fond de son cœur, Fabian ne souhaitait pas non plus voir sa maîtresse trahir quelqu’un, même si cette personne semblait être morte.

Hagrid lança un regard furieux à Phoebe, mais finit par soupirer, impuissant. Regardant le dos glacé de Phoebe, il dit d’une voix grave et profonde : « Je t’attendrai, j’attendrai jusqu’à ce que tu l’oublies. » Après avoir prononcé ces mots, Hagrid fit un signe de la main et commença à sortir avec ses hommes.

C’est à ce moment-là qu’un bruit de pas précipités se fit entendre. Peu après, vêtu d’une robe noire, Chester le bandit fit son apparition. Il s’inclina d’abord devant Phoebe et dit respectueusement : « Mademoiselle Phoebe, Lord Emily a un courrier pour vous. »

« Donnez-le-moi », exigea Phoebe en tendant la main. Pendant ce temps, elle murmura à voix basse : « Ugh, cela fait presque un mois qu’elle n’est pas venue me rendre visite. Mais qu’est-ce qui peut bien la retenir ? Quelle femme sans cœur… »

Phoebe déchira négligemment l’enveloppe. Son corps adorable trembla dès qu’elle en vit le contenu. Son visage blanc et clair était incroyablement ému et d’un rose inconcevable. L’émotion sur son visage était à 60 % de surprise, 30 % d’espoir et 10 % de timidité. À cet instant, Phoebe rayonnait d’une beauté séduisante, semblant plus belle que tout ce qu’on pouvait imaginer.

Hagrid fut immédiatement stupéfait et son cœur se remplit de points d’interrogation. Après l’avoir harcelée pendant si longtemps, Hagrid n’avait jamais vu une telle émotion sur le visage de Phoebe. Il était stupéfait, ne comprenant pas ce qui lui arrivait.

Fabian se tenait tout près de Phoebe. Par curiosité, il tourna la tête pour jeter un coup d’œil. Il découvrit que seules trois grandes mots étaient écrits en lettres magnifiques sur la lettre que Phoebe tenait dans sa main : « Il est revenu ! »