Mode Nuit Mode Jour

L’Avènement des trois calamités | Advent of the three calamities
A+ a-
Chapitre 93 – Un monde incolore (1)
Chapitre 92 – Pièce (3) (bis) Menu Chapitre 93 – Un monde incolore (1) (bis)

Chapitre 93 – Un monde incolore (1)

 

Auteur : Entrail_Jl

Traductrice : Moonkissed

 

La scène avait coupé le souffle du public.

Du portrait réaliste d’Aoife, jeune femme désemparée en proie à la panique, à l’homme qui se tenait à quelques mètres d’elle.

[Haaa… Haaa… Non, s’il te plaît…]

La voix d’Aoife était nette et douce. Les légers tremblements de sa voix, ajoutés aux légers tremblements de son corps, créaient une représentation extrêmement réaliste.

Son jeu était si immersif que le public se retrouvait assis bien droit.

Mais si son jeu était phénoménal, l’homme qui se tenait devant elle était la véritable pièce maîtresse de la pièce.

Debout à quelques mètres d’elle, il dégageait un sentiment oppressant.

Dans ce monde gris, lui seul attirait les yeux de toutes les personnes présentes.

[…..]

Rien qu’en se tenant là, on avait l’impression que toute la salle était sous son emprise, qu’il serrait lentement autour de leur gorge.

Tak…

Le bruit sourd de ses pas brisa le silence qui s’était emparé du théâtre, tandis que certains spectateurs tressaillirent.

C’était aussi le cas de Aoife, car elle recula, le dos appuyé contre le mur derrière elle.

[Q-Qu’est-ce que tu fais… !?]

Représentant l’impuissance, les yeux d’Aoife tremblaient.

[…..]

Pourtant, encore une fois, il n’y eut pas de réponse.

La seule chose que le public pouvait voir était la folie dans son regard.

Tak…

À chaque pas qu’il faisait, l’atmosphère devenait de plus en plus tendue.

Tak…

Pour une raison quelconque…

Tak…

À chaque pas qu’il faisait…

Tak…

Le public sentait son cœur s’accélérer en même temps.

[…..]

Il finit par s’arrêter devant Aoife qui semblait avoir perdu ses mots. La peur l’avait complètement envahie.

C’est alors que Julien, non, Azarias ouvrit enfin la bouche pour parler.

[…..La base de tous les chefs-d’œuvre est un bon départ.]

Tout comme lors des essais, ses mots s’écoulaient doucement de sa bouche, prononcés d’un ton égal et calme.

Pourtant, sous le calme se cachait un soupçon de folie, subtilement voilé mais perceptible dans le léger tremblement qui accompagnait certains mots.

Cela fit frissonner le public.

Aoife ressentit la même chose en levant les yeux vers Azarias, sentant tous les indices de Julien disparaître de lui. Elle se tenait vraiment… devant un psychopathe.

‘Ah, c-c’est…’

Le fait qu’elle ait eu tant de mal à parler en était la preuve parfaite.

Il était tout simplement…

Accablant.

[Tous les artistes ont envie de créer leurs propres chefs-d’œuvre. Je ne suis pas différent.]

Son visage changea subtilement alors qu’il regardait autour de lui.

Il semblait parler à quelqu’un. À Emily ? Au public ?

[Je veux créer un chef-d’œuvre. Une œuvre qui sera synonyme de mon nom.]…

Ou à lui-même ?

Baissant la tête, il fixa ses mains.

Elles tremblaient. Dans le silence qui s’installa après ses derniers mots, il leva la tête pour regarder Aoife qui perdit soudainement le souffle.

Comment pouvait-elle…

[… Et ainsi, le premier coup de pinceau de ce chef-d’œuvre ne sera autre que ta propre vie.]

Pour la première fois depuis le début, son expression se métamorphosa complètement.

Sa poitrine commença à se soulever rapidement, tandis que le tremblement de ses mains devint plus prononcé.

De là où ils étaient assis, le public pouvait dire exactement ce qu’il ressentait.

« L’excitation. » murmura Delilah sans le savoir.

Avant qu’elle ne s’en rende compte, elle aussi était devenue absorbée par la pièce. Habituellement, ce genre de choses l’ennuyait. Qui l’aurait cru ?

« C’est intéressant… »

Non seulement le jeu des acteurs, mais aussi l’intrigue. Même maintenant, elle ne comprenait pas pourquoi Azarias agissait comme il le faisait.

Il était clair qu’il était un psychopathe, mais même les psychopathes avaient des objectifs et des motivations.

Elle était sûre qu’Azarais avait ses propres raisons d’agir ainsi.

Mais quelle était exactement sa motivation ?

Le plaisir ?

[Akh… ! Akh !]

La scène de mort tant attendue arriva assez vite.

Les deux mains serrant la gorge d’Aoife, il la serra contre lui. De nombreux spectateurs détournèrent le regard de la scène qui se déroulait devant eux.

Il n’y avait pas beaucoup de bruit, mais la vue en disait long sur ce qui se passait.

[Ukh … Au secours !]

La lutte se poursuivit alors qu’Aoife balançait ses mains et griffait les bras de Julien. Même alors, sa lutte était vaine.

[Kh ! Akh !!]

Peu à peu, ses mouvements ralentirent et son visage devint violet.

La vue était déchirante. Surtout quand on voyait le sentiment d’impuissance total sur son visage.

Jusqu’à ce que…

Elle boitilla.

[…..]

Azarias resta immobile, ses mains toujours agrippées à sa gorge sans dire un mot.

Finalement, il la lâcha.

Thud.

Et elle s’effondra sur le sol.

[Haaa…. Haa….]

Le son de sa respiration saccadée résonna tandis qu’il se tenait debout en silence, la tête baissée pour fixer le corps sans vie.

Il devint clair pour le public que sa respiration n’était pas saccadée parce qu’il était fatigué, mais à cause d’autre chose…

La folie.

Une folie évidente qui était sur le point de le consumer.

Et puis…

Clank. Clank. Clank.

Les bruits précipités des pas résonnèrent. Soudain, plusieurs silhouettes apparurent à l’autre bout de la ruelle.

Quatre, cinq ?

Vêtus d’armures, ils semblaient être des chevaliers.

Au moment précis où ils apparurent, Julien tourna la tête et se retrouva face à face avec eux. Non, il souriait… ? Les coins de ses lèvres se retroussèrent doucement, se contractant légèrement alors qu’il finit par laisser échapper un léger gloussement.

[Alors, vous êtes là.]

C’était un rire qui contenait à la fois de la moquerie et du dédain. À ce moment-là, le public pencha la tête pour poser des questions.

« Il les attendait ? »

« … Que se passe-t-il ? Pourquoi a-t-on l’impression qu’il était déjà au courant de leur venue ? »

Soudain, le regard d’Azarias devint vide alors que la folie qui menaçait de se déverser hors de lui commençait à vraiment se déverser.

C’était un spectacle qui fit frissonner les oreilles du public.

Immédiatement, l’un des chevaliers se jeta sur lui, balançant son épée.

Clank… !

Le bruit métallique retentit alors que la lame entrait en contact avec le sol dur.

« Que se passe-t-il ? »

Le public fut stupéfait par le bruit de l’épée. Pendant un bref instant, ils pensèrent qu’il avait vraiment frappé.

Mais en réalité, le chevalier avait vraiment frappé.

« … Ils commencent. »

Le seul qui n’était pas abasourdi était Julien qui regardait les chevaliers approcher avec un regard indifférent. Face à eux, il pouvait dire qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas dans leur regard. Il manquait de substance, semblant plutôt détaché.

« Ils sont venus pour elle. »

Il était évident que leur cible était Aoife qui était affalée sur le sol derrière.

Shiiing… !

Dévoilant une dague qu’il gardait cachée, Julien fit face aux chevaliers.

Ce faisant, un sourire sincère se dessina sur ses lèvres. Ce n’était pas un sourire faux. Mais un sourire qui venait du plus profond de lui-même.

[Ha-]

Il pointa la dague vers l’avant et chuchota ses répliques.

[… Une pièce supplémentaire à mon chef-d’œuvre.]

De fins fils, presque imperceptibles, se glissèrent de son avant-bras, se déplaçant sur le sol et se dirigeant vers les chevaliers.



Rejoignez-nous et devenez correcteur de Chireads Discord []~( ̄▽ ̄)~*
Chapitre 92 – Pièce (3) (bis) Menu Chapitre 93 – Un monde incolore (1) (bis)