Auteur : Entrail_Jl
Traductrice : Moonkissed
— Sur ce, je vais maintenant terminer mon discours. Pour ceux d’entre vous qui sont présents, il y aura une after-party à laquelle vous pourrez peut-être assister.
La voix de l’annonceur retentit, signalant la fin de la cérémonie. Juste avant de terminer, il fit une petite annonce.
— Aux cadets qui sont présents, profitez de cette occasion pour faire connaissance avec vos concurrents et pour mieux comprendre les quinze grandes guildes. Ce sera une excellente opportunité pour vous à long terme.
C’est sur cette note qu’il quitta enfin la scène et la salle éclata en une vague d’applaudissements.
Clap, clap, clap !
Evelyn se joignit aux applaudissements, et juste au moment où Evelyn applaudissait, la chaise à côté d’elle glissa en arrière.
« Euh, ah ? Quoi ? Qu’est-ce qui se passe… ? ! »
Les yeux visiblement dans un état second et les cheveux en bataille, Kiera regarda autour d’elle, confuse. Puis, voyant ce que tout le monde faisait, elle se joignit aux applaudissements.
« Un discours putain d’incroyable ! »
Clap, clap, clap !
« … »
Evelyn regarda la scène sans trouver ses mots.
Elle dormait, n’est-ce pas ?
Kiera Mylne. Les pensées d’Evelyn à son sujet étaient plutôt contradictoires. D’un côté, elle était extrêmement talentueuse. Elle rivalisait avec elle dans presque toutes les catégories. La seule chose qui la dérangeait, c’était sa personnalité.
Ses mots étaient crus et elle était trop agressive. Elle traitait tout le monde comme si c’était son ennemi, et c’était à cause de cela qu’Evelyn avait du mal à s’entendre avec elle.
Un peu décevant compte tenu de son talent.
« Haa. »
Avec un long soupir, elle se pencha en arrière sur sa chaise.
La sensation d’être surveillée avait disparu à peu près à la moitié du discours, et ce n’est qu’alors qu’elle poussa un soupir de soulagement.
‘Alors ça aurait vraiment pu être lui…’
Julien.
Ce n’était que quelques minutes après son départ qu’elle avait cessé de ressentir cela. Était-ce une coïncidence… ? Ou était-ce vraiment lui qui la surveillait ?
« Madame. L’afterparty se tiendra dans le hall principal. Si vous voulez bien… »
Le maître d’hôtel, qui transmettait soigneusement le même message à toutes les personnes présentes, interrompit ses pensées. Il lui rendit ensuite son sac à main.
« Si vous continuez tout droit, vous trouverez l’entrée du hall. Des collègues vous y attendront. »
« … Merci. »
Sans trop réfléchir, elle prit le sac à main et se dirigea vers la sortie de la pièce, en direction du hall principal.
C’était comme le majordome l’avait dit.
Il lui suffisait de continuer tout droit. Comme beaucoup d’invités allaient dans la même direction, il ne lui fut pas difficile d’atteindre le hall qui était déjà bondé.
La grande salle bourdonnait d’activité alors que des centaines d’invités s’y mêlaient. Des majordomes se promenaient gracieusement, présentant des plateaux d’argent chargés de boissons et de collations. Parmi eux, des cadets de son âge se promenaient, engageant des conversations superflues avec leurs pairs.
Les faux sourires, les faux rires…
Evelyn pouvait le voir d’un seul coup d’œil. Fille d’une famille de vicomtes, elle était habituée à de telles scènes. C’était quelque chose à quoi elle s’était habituée.
Mais malgré tout…
« H-hu… »
Elle sentit sa poitrine se faire lourde. L’air autour d’elle était suffocant, et elle commençait à avoir du mal à respirer.
« C’est normal… Je dois m’y habituer… »
Son anxiété sociale refaisait surface. Se pinçant la main, elle se mordit les lèvres et observa une fois de plus les expressions fausses de tous ceux qui l’entouraient.
Cela la laissa un goût amer dans la bouche.
Surtout quand…
« Bonjour, ravi de te rencontrer. Je suis Kylian J. Marlin. C’est un honneur de faire la connaissance d’un habitant de Haven. »
Elle n’était pas différente d’eux.
Arborant un sourire, elle leur rendit leur salut.
« Tout le plaisir est pour moi. »
***
Je fermai les yeux et laissai les souvenirs s’imprégner dans mon esprit.
Les visages, le temps, le silence… Je me souvins de tout avant de rouvrir les yeux. Ce qui s’offrit à ma vue était le même environnement que la vision.
Les choses étaient légèrement différentes car les événements n’avaient pas encore eu lieu, mais tout était pratiquement pareil.
*Sirote*
En prenant une gorgée de ma boisson, j’observai tranquillement mon environnement. Il était difficile de ne pas se faire remarquer en une telle occasion, avec plusieurs personnes essayant d’engager la conversation avec moi.
« Bon sang… »
« Occupé. »
« Ravi de… »
« Non. »
J’ai pensé à engager la conversation avec eux pendant un court instant, mais j’en ai décidé autrement.
Ces fausses civilités n’avaient aucun sens pour moi.
Tout ce qui m’importait, c’était ma cupidité. Je devais l’assouvir. L’idée de ne pas pouvoir l’assouvir semblait me ronger.
L’os…
‘Je dois l’avoir.’
Je fermai les yeux et pris une autre gorgée.
‘Il me reste 30 minutes… L’événement de la vision se déroule à 20 h 03.’
Il y avait une horloge massive près du mur. C’est grâce à elle que j’ai pu connaître l’heure exacte à laquelle l’événement allait commencer.
Cependant, la vision a commencé après la fouille. Ce qui signifie que l’événement a commencé un peu avant 20 h 03.
Selon mon estimation, en tenant compte du fait que tout le monde devait être contrôlé, j’avais calculé dix minutes.
L’événement…
Il allait commencer dans dix minutes.
« Huu. »
J’ai soudainement ressenti une étrange nervosité.
Je prenais un gros risque. Il y avait une chance que mes actions me conduisent à devenir ce qu’était devenue Evelyn dans la vision. Un criminel.
Cette pensée m’a fait réaliser.
… Je marchais sur des œufs.
Mon cœur s’emballait et mes paumes étaient moites. La nervosité commença enfin à s’installer en moi. Cependant, je me hâtai de la refouler.
Depuis le moment où j’étais apparue en ce monde, je marchais sur des œufs.
Ma situation n’avait pas changé.
Si ce n’est que j’avais appris à mieux gérer ce genre de situation. Mes inquiétudes… Elles n’avaient aucun sens.
…
Je détournai mon attention de ma boisson et retournai dans le hall. Mes yeux errèrent jusqu’à ce qu’ils tombent sur une chevelure violette familière.
Entourée de plus de trois personnes différentes, elle conversait avec elles avec désinvolture.
‘L’a-t-elle ou pas… ?’
Je ne pouvais pas le confirmer à moins de vérifier directement dans son sac à main. Mais cela représentait un risque en soi.
Et si elle ne l’avait pas encore mis dans son sac ?
Je vérifiai l’heure.
19 h 45.
Je commençai à avancer.
Où que j’aille, je sentais des regards se tourner vers moi. Je les ignorai et continuai d’avancer.
« Je suis jaloux de ton talent. Tu seras sûrement bien classé dans le recrutement de fin d’année. J’espère que j’atteindrai moi aussi un bon rang. »
« Quand tu auras réussi, n’oublie pas de penser à moi. »
« … Je ne l’oublierai pas. »
Je ne m’arrêtai que lorsque je vis un dos familier. La conversation s’éteignit et tous les yeux se tournèrent vers moi.
« Julien… ? »
Evelyn semblait particulièrement choquée par mon apparence. Je jetai un coup d’œil aux personnes rassemblées autour d’elle avant de lui accorder mon attention.
« J’ai besoin de te parler. »
Comme si j’avais dit la chose la plus choquante qui soit, ses yeux s’écarquillèrent.
« Toi… »
« … »
Je continuai à la fixer silencieusement. Finalement, elle pinça les lèvres et hocha la tête. Avec un sourire poli, elle congédia les cadets autour d’elle avant de me suivre vers une partie plus isolée de la salle.
Elle fut la première à rompre le silence.
« … Je n’avais pas besoin d’être sauvée. »
« Hein ? »
Sauvée ?
De quoi ?
Elle fronça les sourcils et insista.
« Vraiment. »
Je devins encore plus confus mais acquiesçai.
« Si tu le dis. »
Je pensais qu’elle serait satisfaite de cette réponse, mais cela ne fit que renforcer son froncement de sourcils.
« Tu as tort. Je n’avais vraiment pas besoin que tu me sauves. J’aurais pu gérer la situation… »
Je continuais à hocher la tête.
« Bien sûr. »
« Toi, toi… »
Mais cela ne fit que l’irriter davantage. Serrant les dents, elle regarda autour d’elle avant de se pencher plus près pour chuchoter.
‘Je n’ai plus d’anxiété sociale. Je l’ai réglée il y a cinq ans. Je ne suis plus la même personne. Ne te méprends pas…’
« Oh, d’accord. »
Anxiété sociale ?
C’était une nouvelle information pour moi.
Pourtant, la voir essayer si désespérément de se justifier devant moi était plutôt drôle. Pendant un moment, j’ai failli perdre mon sang-froid et rire.
Mais en me remémorant la situation, je me suis ressaisi et j’ai regardé son sac à main.
« Ton sac à main. Tu veux bien l’ouvrir ? »
« Je te jure, je… Euh ? »
Elle cligna des yeux plusieurs fois. Puis, comme si elle assimilait mes paroles, son expression s’effondra. Je l’arrêtai avant qu’elle ne puisse dire quoi que ce soit.
« Tu avais raison. Quelqu’un t’observait. »
« … ! »
Son expression changea.
« Fais attention en ouvrant ton sac. Il est probablement caché quelque part, mais il est là. »
« Qu’est-ce que… ? »
Je ne répondis pas et me rapprochai d’elle, en utilisant mon dos comme une sorte de bouclier.
« Fais vite. »
« Toi, qu’est-ce que… ? »
« Vérifie. »
Je l’interrompis à nouveau. Son expression changea une fois de plus, mais comme si elle remarquait le sérieux de mon ton, elle baissa la tête et ouvrit subtilement son sac.
« … D’accord. »
Tout en serrant les dents, elle ajouta :
« Mais s’il n’y a vraiment rien, tu verras ce que je te ferai. »
Un silence étrange s’installa dans notre espace alors qu’Evelyn fouillait dans son sac à main. Les secondes s’écoulèrent et elle continua à fouiller.
Je sentais ma poitrine se soulever d’inquiétude à chaque seconde qui passait. Des pensées douteuses commencèrent à me traverser l’esprit.
‘Est-ce que ça va vraiment être là ?’
‘… Et si ce n’était pas là ?’
‘Ai-je été trop hâtif ? Aurais-je dû attendre plus longtemps… ?’
« Ah… »
Ces pensées ont été interrompues par un bruit étrange provenant de la bouche d’Evelyn. En baissant les yeux, je l’ai vue tenir un orbe familier.
À sa vue, mon esprit s’est immédiatement emballé.
‘Il est là…’
C’était vraiment arrivé.
« Qu… Qu’est-ce que… Ceci… »
Avec un regard clairement choqué et incrédule, Evelyn tenait l’orbe dans sa main. Son expression rappelait celle qu’elle avait prise dans la vision. Cependant, l’ignorant, j’ai tendu la main vers elle et l’ai saisie.
« Hé, toi… »
« Tais-toi si tu ne veux pas que les choses s’enveniment. »
« Qu… »
Je regardai autour de moi. Quelques regards se posaient sur moi. Certains venaient de cadets, d’autres de messieurs plus âgés. Je m’assurai de mémoriser les visages de tous ceux qui me regardaient.
Puis, alors que j’étais prêt à partir, une main se tendit pour m’attraper par le bras et me ramena.
« Je ne sais pas ce qui se passe, mais il vaut mieux que tu ailles voir l’état-major… »
« C’est déjà trop tard pour ça. »
Je tendis le menton vers le lointain. Plusieurs gardes commençaient déjà à montrer des mouvements étranges.
« Ah. »
Sa prise se relâcha à partir de là.
Je pensais qu’elle me lâcherait à partir de ce moment, mais juste au moment où je pensais pouvoir bouger, sa prise se resserra à nouveau.
« … À propos de ce que j’ai dit avant. Je n’ai vraiment pas d’anxiété sociale. »
« Oh. »
« Toi, pourquoi tu ne me crois pas ? »
« Je te crois. »
Son expression se déforma, mais elle finit par me lâcher. Je secouai silencieusement la tête avant de m’éloigner d’elle.
Il me restait encore une chose à faire.
Mais je n’avais plus beaucoup de temps.
Les gardes commençaient déjà à bouger, et avec l’os sur moi, je savais que si j’échouais à la prochaine étape, j’étais fichu.
Je me hâtai donc.
Peu à peu, une silhouette apparut au loin. Il discutait avec plusieurs personnes et occupait une position plutôt élevée.
Il se tenait droit, avec des traits du visage fins, des cheveux noirs de jais, un long nez et des sourcils broussailleux.
Un visage que je ne pouvais pas oublier, même si je le voulais.
Alors que sa voix retentissait, forçant Evelyn à se faire une opinion, j’eus du mal à oublier son visage.
Depuis que j’avais décidé de prendre l’os pour moi, il y avait une partie que je trouvais particulièrement difficile à comprendre.
Comment pourrais-je exactement faire sortir l’os en douce du lieu de la cérémonie ?
Tout le monde étant fouillé de manière si approfondie, comment pourrais-je faire sortir l’os en douce ?
C’est alors que j’eus une pensée soudaine.
‘… Est-ce que tout le monde va vraiment être fouillé ?’
Bien sûr, il pourrait fouiller chaque personne dans la pièce, mais en fait… il y avait une personne qu’il ne fouillerait probablement pas.
Qui exactement… ?
Lui-même.
D’accord…
Parce qu’il savait qu’il n’était pas le coupable.
‘Haha.’
C’était une idée audacieuse. Une idée qui me donnait envie de rire de son ridicule. Mais en regardant les gardes qui commençaient lentement à marcher dans sa direction, j’ai attrapé la boisson la plus proche et je me suis approché.
Je venais de m’éloigner de quelques mètres de lui, quand…
« Oh… ! »
Splash…
J’ai soudainement trébuché, renversant la boisson sur lui.
