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L’Avènement des trois calamités | Advent of the three calamities
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Chapitre 24 – Celui que le monde rejette (2)
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Auteur : Entrail_Jl

Traductrice : Moonkissed

C’est le fait de savoir que mon temps était compté qui m’a empêché de profiter de la fête.

En voyant tout le monde converser et interagir les uns avec les autres, j’ai ressenti un sentiment d’éloignement.

D’aliénation.

Comme si je n’avais pas ma place ici.

Personne n’osait m’approcher, et quand j’essayais d’interagir avec quelqu’un, il prenait tactuellement ses distances avec moi.

Étais-je si intimidant… ?

Non…

‘Je n’ai pas ma place ici.’

C’était en train de devenir clair pour moi.

Ce monde même…

Il rejetait mon existence….

Ou était-ce moi qui le rejetais ? Je n’en étais pas tout à fait sûr.

« Euh… »

Pendant le temps que j’avais passé ici à essayer en vain de créer des liens, j’aurais pu m’entraîner et apprendre ma deuxième capacité.

Avec de telles pensées, je pris une gorgée d’eau et me dirigeai vers la sortie.

Il n’y avait plus de raison de rester ici.

« D’accord… »

Parce que je n’avais pas ma place ici.

***

« Que penses-tu de rejoindre notre maison ? Je suis sûr que nous pouvons t’offrir de meilleures conditions que celles proposées par la maison Evenus. »

« Tout d’abord, nous serions prêts à te payer plus que ce qu’ils te paient. De plus, nous te déchargerions de tes obligations de chevalier et nous te soutiendrions sans réserve. »

« Si tu souhaites rester chevalier, nous pouvons même te promouvoir au rang de commandant. Un mot de ma part et ce sera chose faite. »

Leon but une gorgée de sa boisson, une boisson appelée « Amorena », et pinça les lèvres.

‘… Ça a un goût de merde.’

Beaucoup trop amer à son goût.

« Réfléchis à notre offre. Nous pouvons t’offrir bien plus que ce que la famille Evenus t’a proposé. Tu n’as pas à te soucier des conséquences. Nous serons en mesure de… »

« Si tu veux bien m’excuser. »

« Euh… hé ! »

Posant son verre, Leon se retourna et partit.

Il commençait à en avoir assez d’entendre l’offre encore et encore.

Ce n’était pas seulement ça. L’endroit… Tout à propos de lui.

Il y régnait une atmosphère étouffante.

« … Combien cela fait-il ? »

Une voix familière l’interpella par derrière. Lorsqu’il se retourna, ses yeux tombèrent sur la silhouette familière et il répondit sèchement.

« En comptant cela… Environ neuf. »

« … Beaucoup plus que je ne le pensais. »

Evelyn se gratta le côté du visage. Vêtue d’une robe blanche formelle, ornée de bijoux et d’accessoires violets, son apparence attirait les regards de nombreuses personnes présentes.

Il était difficile de se démarquer étant donné que la plupart des cadets présents étaient beaux, mais seuls quelques-uns se distinguaient vraiment de la masse.

Evelyn était l’une de ces rares personnes.

« Probablement pas autant que de fois où tu as été invitée. »

« Tu remues le couteau dans la plaie ? »

Leon haussa légèrement les épaules.

« C’est toi qui as commencé. »

« D’accord… »

Evelyn hocha la tête avant de froncer les sourcils. Elle dit alors avec tact :

« N’as-tu jamais envisagé leur offre… ? D’après ce que je sais, ils sont plutôt bons. Bien meilleurs que ce que tu reçois actuellement. »

« Peut-être… »

« Mais ? »

« … je ne peux pas partir. »

La famille Evenus.

Les pensées de Leon à leur sujet étaient plutôt compliquées. Ils n’avaient pas été très gentils avec lui.

Ce n’est que lorsqu’il avait commencé à montrer son talent que leur attitude envers lui avait changé. Avant cela… Il était un serviteur.

Quelqu’un qu’ils étaient prêts à se débarrasser d’un seul coup de tête.

Les blessures de son passé étaient encore gravées dans son esprit et il ne passait pas un jour sans qu’il les oublie. Même maintenant… Il se rappelait constamment de cette époque.

Et c’est avec de telles pensées qu’il ajouta de manière ambiguë :

« … Pas encore. »

« Je vois. »

Comme si elle s’était attendue à une telle réponse, Evelyn hocha la tête et ne poursuivit pas.

Elle pouvait dire que c’était un sujet sensible.

« Hm ? »

L’expression d’Evelyn changea et ses yeux se perdirent au loin. Leon suivit son regard et fit une expression similaire.

Julien, le fils aîné de la famille en question, apparut au bout du couloir.

Il était également l’un des rares à se démarquer par son apparence. Chacun de ses mouvements et de ses actions attirait les regards des personnes présentes.

Il était difficile de ne pas le remarquer quand il se démarquait autant.

« Il a beaucoup changé… »

Evelyn commença à parler tandis que ses yeux suivaient sa silhouette.

« Bien qu’il se comporte de la même manière que par le passé, il y a quelque chose de différent en lui. Suis-je la seule à remarquer ces changements ? »

« … Cela fait cinq ans que tu ne l’as pas vu. »

répondit Leon sans ambages.

« C’est normal qu’il soit différent. »

« Je suppose que tu as raison, mais… »

Evelyn plissa les yeux alors que son regard continuait à suivre la silhouette de Julien.

« … N’était-il pas habituellement du genre à aimer attirer l’attention ? Pourquoi a-t-on l’impression qu’il s’en va ? »

« S’en aller ? »

Le visage de Leon se modifia enfin et, à sa grande surprise, il en était bien ainsi, comme Evelyn l’avait souligné.

Julien, qui avait atteint l’entrée de la salle, tendait la main vers sa veste en feutre.

Ses gestes attirèrent l’attention de nombreux participants.

« Que fait-il ? »

« A-t-il oublié quelque chose dans sa veste… ? »

Il n’y avait rien à faire.

La soirée venait à peine de commencer et il partait déjà.

Les expressions des personnes présentes variaient. Mais le consensus était que sa décision n’avait aucun sens.

C’était particulièrement le cas pour Leon qui posa son verre.

« … »

« Tu t’en vas ? »

« … Ouais. »

Il n’avait pas le choix.

Il était de son devoir d’assurer la sécurité de Julien. Bien qu’il ne sût pas pourquoi Julien agissait ainsi, il n’avait pas d’autre choix que de le suivre.

Avant de partir, il s’arrêta pour regarder Evelyn.

« J’espère que tu apprécieras la soirée. »

Et sur ces derniers mots, il partit à la suite de Julien.

Alors qu’il s’éloignait, Evelyn suivit son dos du regard.

Posant son verre, elle marmonna :

« … Quelque chose cloche. »

***

« Huu… »

La brise me fouetta le visage alors que je quittais les lieux.

Je sentis une sensation de libération émaner du bâtiment.

Le poids des regards…

L’environnement étouffant…

Tout avait disparu.

Je pouvais enfin respirer à nouveau correctement.

« Mieux. »

« … Pourquoi es-tu parti si tôt ? »

Une voix attendue me parvint par derrière. Je n’eus pas besoin de regarder pour savoir de qui il s’agissait.

« J’avais l’impression que c’était une perte de temps. »

« T’es-tu suffisamment donné à fond ? Je doute que tu sois intimidant au point que tout le monde t’évite. »

Était-ce le cas ?

J’y ai réfléchi un moment avant d’acquiescer.

C’était probablement le cas.

« Peut-être. »

Mais…

« Ce genre de choses… Je ne suis pas fait pour ça. »

Mon corps et mon esprit le rejetaient.

« C’était trop étouffant. Je ne pense pas que j’aurais pu rester plus longtemps. »

« Haa… »

Pour la première fois depuis que je l’avais rencontré, j’entendis Leon pousser un long soupir. Abasourdi, je me retournai pour le voir se masser le front.

Finalement, comme s’il s’était résigné, il desserra lui aussi ses vêtements.

« Pour être honnête, je ressentais la même chose. »

Déconcerté par sa réponse, je haussai les sourcils.

Lui aussi ?

« Quoi ? »

« Non, rien… »

Je secouai la tête et détournai le regard.

« Je suis juste content qu’on soit sur la même longueur d’onde. »

Je souris et me massai les épaules. Puis, sans me retourner, je repris le chemin du retour vers Haven.

La distance à parcourir n’était pas très longue.

Ça aurait plutôt dû être une très courte marche. Le chemin était également agréable. Sans aucun bâtiment en vue, il offrait une vue magnifique.

Pendant tout ce temps, nous sommes restés silencieux en observant les environs.

Il n’y avait pas grand-chose à se dire et tout ce que nous pouvions faire était d’apprécier le paysage.

Tout se passait bien, quand…

« … »

Mes pieds se sont arrêtés.

« Quelque chose ne va pas… »

Le chemin, qui aurait dû être court, me parut soudain extrêmement long. Ce qui aurait dû être une marche de dix à quinze minutes s’éternisa.

Je venais de me retourner pour m’adresser à Leon lorsque mon corps se figea.

« Hé, est-ce que tu… Euh ? »

Mon cœur se serra et mes battements s’accélérèrent.

« …. »

J’étais seul.

Leon était parti.

Quand est-ce que ça… ?

J’aurais juré avoir senti sa présence quelques instants auparavant. Alors, quand est-il parti…

« Hooo… »

Je pris une profonde inspiration pour calmer mes nerfs qui montaient en flèche.

La panique commençait à s’installer, mais je la chassai rapidement.

« Heureusement que je me suis entraîné pour ce genre de situations… »

Même si je n’en étais qu’aux premières étapes, je ne laissai pas la peur obscurcir mon esprit. Je pris le contrôle de mon corps.

Et juste au moment où j’arrivais à me calmer…

Clignement d’œil —

« … ! »

Le monde changea en un seul clignement d’œil.

Le chemin familier disparut, remplacé par une forêt dense.

Des arbres m’entouraient de toutes parts tandis que la lune était suspendue dans le ciel.

C’était un environnement familier et mon cœur, que j’avais à peine réussi à calmer, se mit à battre à toute vitesse.

Boum ! Boum !

Il tambourinait puissamment dans mon esprit, prenant le dessus sur mes pensées.

« Cet endroit… »

Un environnement familier.

Un environnement dont je me souvenais distinctement même maintenant qu’une semaine s’était écoulée.

« Vision. »

Un seul mot s’échappa de ma bouche, mais c’était tout ce que j’avais besoin de dire pour comprendre ma situation.

Cet endroit, les arbres, la lune qui pendait dans le ciel… Tout cela provenait de la vision que j’avais eue la semaine dernière.

« C’est impossible… »

Une partie de moi voulait refuser la situation. Refuser que cela se produise réellement, mais…

En fixant l’environnement familier, je savais que c’était la réalité.

Ma réalité.

« Merde. »

Une malédiction inexplicable s’échappa de ma bouche alors que mon cœur battait encore plus fort.

Il battait si fort qu’il était difficile de penser.

Et la peur que j’avais tant essayé de réprimer recommença à envahir mon esprit.

Mes paumes étaient moites…

Mon souffle s’alourdissait…

Et mon esprit commençait à s’embrouiller.

« … Je dois partir. »

Mais même dans tout cela, j’étais capable de conserver une certaine rationalité.

Je n’avais pas tant souffert pour rien.

‘Réfléchissons.’

Mes souvenirs de l’événement étaient encore clairs dans mon esprit.

Tous les détails de l’époque étaient encore vivement gravés dans mon esprit.

‘Dans la vision, je me souviens d’avoir pris une certaine direction…’

Tout a commencé lorsque j’ai couru dans une certaine direction avant de rencontrer un personnage encapuchonné qui a ensuite tenté de me tuer.

J’ai regardé autour de moi et j’ai cherché tous les détails.

Finalement, une direction s’est imposée à moi.

« Le personnage encapuchonné est par là. »

C’était clair.

Mais maintenant ?

Courir ?

Cela semblait être la seule conclusion logique. J’étais encore faible, et celui qui était responsable de cela était plus fort que moi.

Sans parler du fait que j’étais toujours incapable d’utiliser mon autre magie… la seule magie que je pouvais réellement utiliser au combat.

À ce moment-là…

J’étais inutile.

Une cible ambulante.

« Si seulement… »

Je serrai la mâchoire et fixai mes mains. Un profond sentiment de frustration monta en moi tandis que je les regardais.

Mais aussi vite qu’il était venu, je le repoussai.

Ce n’était pas le moment.

En traitant toutes les informations, je regardai à nouveau dans la direction de mes souvenirs et me détournai.

Bruissement…

Pour l’instant…

C’était ma seule option.



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