Auteur : Entrail_Jl
Traductrice : Moonkissed
C’était vendredi.
Le dernier jour de la semaine.
Comme ça, la première semaine à l’institut était presque terminée. Aujourd’hui marquait la deuxième semaine de ma transmigration.
Le temps semblait avoir filé pendant ces deux semaines. Je pouvais encore me souvenir très clairement de tout ce qui s’était passé le premier jour comme si c’était hier.
Très franchement, j’étais fatigué.
Physiquement et mentalement.
Mais… je commençais lentement à m’adapter à ce monde. Lentement mais sûrement, j’y arrivais.
J’avais juste besoin d’un peu plus de temps.
« Tiens. »
« … »
Je jetai un coup d’œil à la lettre qui se trouvait sur mon bureau, et je levai les yeux. C’était la dernière leçon de la journée, et j’étais sur le point de faire mes valises quand il apparut soudainement de nulle part.
« … Qu’est-ce que c’est ? »
« Une invitation. » répondit sèchement Leon.
Je pensai le laisser s’expliquer, mais je décidai autrement et ouvris simplement la lettre.
J’étais bien obligé de le découvrir de toute façon.
===
À : Julien de la Baronnie des Evenus.
Nous vous adressons nos plus chaleureuses salutations et vous invitons cordialement à vous joindre à notre échange.
Votre présence ne manquera pas d’élever la grandeur de l’occasion, et nous attendons avec impatience le plaisir de votre compagnie aux côtés de dignitaires et d’invités de marque. L’événement promet une soirée de conversation raffinée, de cuisine exquise et d’enrichissement culturel.
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Je parcourus le contenu de la lettre.
« Donc, en bref… Une fête ? »
« En quelque sorte. »
En quelque sorte… ?
« … Et je dois y assister ? »
Je me frottai le front.
Je commençais déjà à avoir mal à la tête.
« Oui. »
Leon hocha la tête et ajouta :
« Tout le monde y va. »
« … Ah. »
Merde.
Leon regarda autour de lui avant de baisser le ton.
« Il vaut mieux que tu assistes à la cérémonie. Ça te permettra de créer des liens. Ça t’aidera à long terme. »
« … »
Resté silencieux, je passai mes pensées en revue.
Il avait effectivement raison. Les relations étaient certainement importantes dans cette société. Non seulement pour mieux m’établir en tant que « Julien », mais aussi pour l’avenir, le jour où il me faudrait quitter cet endroit.
Cela me faciliterait certainement la vie.
Avec de telles pensées, je levai les yeux vers Leon et lui glissai la lettre.
« … Bien. »
***
Le campus de Haven était vaste.
S’étendant sur un grand terrain, il comptait sept halls principaux : le Hall Leoni, Hall Rondeo, Hall Dorset, Hall Birming, Hall Milnton, Hall Karlson et Hall Rottingham.
Chaque hall avait sa propre fonction.
Le Hall Rondeo abritait les dortoirs. Le Hall Leoni abritait l’auditorium, le Hall Rottingham abritait les professeurs, et ainsi de suite…
Chaque hall avait une fonction distincte, ce qui simplifiait la navigation pour les nouveaux arrivants à l’académie.
Hall Rottingham.
Tak— Tak—— !
Le hall résonnait du doux claquement de ses talons.
Delilah s’avança sans changer d’expression.
« Bonjour, chancelière. »
« C’est un plaisir de vous voir, chancelière. »
En chemin, elle était saluée par le personnel qui passait devant elle. Elle leur adressait un signe de tête en retour.
Elle continua ainsi jusqu’à ce qu’elle arrive à son bureau.
Crac…
Lorsque la porte s’ouvrit, elle marqua un temps d’arrêt.
« …. »
Ses sourcils se froncèrent à la vue de ce qui l’attendait. Se grattant le côté de la tête, elle passa agilement devant les rangées de documents éparpillés sur le sol avant d’atteindre son bureau, où elle s’assit.
Peu à peu, son regard se posa sur plusieurs documents récents qui se trouvaient près de son bureau.
Ils disaient :
[Activités extrascolaires Sélection des cadets de première année]
« Oh, il y avait ça. »
C’était son travail d’examiner leurs candidatures.
Flip —
En feuilletant les pages avec désinvolture, elle tamponna plusieurs des candidatures.
Tak. Tak —
Son tampon se soulevait et retombait continuellement.
Jusqu’à ce que…
« … »
ses yeux tombent sur une certaine candidature. Ce n’était nul autre que celle de Julien.
« Club de comédie… ? »
C’était un choix approprié après un peu de réflexion.
Cela avait probablement à voir avec ses pouvoirs.
Le tampon planait au-dessus de la demande quand…
« Peut-être pas. »
Elle s’arrêta.
Bien que ses suppositions à son sujet n’aient pas encore été prouvées, elle ne se sentait toujours pas rassurée à l’idée de le laisser à lui-même.
Par conséquent…
« En attente. »
Elle mit la demande en attente.
« … »
Tak. Tak…
Pendant la demi-heure qui suivit, elle tria les documents devant elle.
Quand elle eut fini, elle avait la tête qui lui faisait mal. Elle tendit la main vers son tiroir, dont les emballages s’étaient éparpillés sur le sol quand elle l’avait ouvert. Sans s’en soucier, elle y glissa la main et fouilla dans le désordre avant de trouver enfin ce qu’elle cherchait : une barre de chocolat.
La partie la plus étrange de la barre était l’autocollant qui y était collé.
Il disait : « Propriété de Delilah ».
Oui, parce que c’était sa barre.
Elle mordit dans la barre.
« Haaa… »
Ce n’est qu’à ce moment-là que son expression se détendit, tout comme ses épaules.
Enfin, elle reporta son attention sur son bureau, où se trouvait un appareil en cristal. Il brillait faiblement. En poussant le chocolat dans sa bouche, elle le tapota.
Une voix résonna dans la pièce peu après.
[… Delilah]
Elle était grave et pleine d’autorité.
Jetant l’emballage, Delilah répondit sèchement :
« Je me suis occupée du problème. »
[Qu’est-ce que c’était cette fois ?]
« Encore gérable… Rien de grave pour l’instant. Un rang de terreur. »
[… Un rang de terreur ?]
Une certaine gravité s’empara de la pièce après les paroles de Delilah.
Il existait une classification spécifique pour ceux qui provenaient de la dimension miroir.
Les quatre empires étaient parvenus à un consensus à ce sujet.
Les rangs étaient les suivants : rang nourisson, rang junior, rang de terreur, rang destructeur et rang primordial.
Le fait qu’une bête de « rang de terreur » se soit manifestée près des locaux de l’Institut rappelait à quel point la situation était grave.
[On dirait qu’ils deviennent de plus en plus audacieux. Quand ont-ils envoyé quelqu’un d’aussi puissant pour la dernière fois ?]
« Il y a peut-être deux ans ? Je ne sais pas trop. »
Pendant qu’elle parlait, la main de Delilah se tendit à nouveau vers son tiroir, et elle en sortit une autre barre de chocolat.
« … Mais ce n’était rien qui méritait qu’on y prête attention. »
Un rang de terreur était un monstre qui avait le pouvoir équivalent à celui d’un Haut Mage.
Sa banalisation de son pouvoir montrait à quel point elle était puissante.
[Y avait-il d’autres problèmes… ?]
Delilah réfléchit avant de dire prudemment :
« … Il semble qu’ils préparent quelque chose, mais je ne sais pas exactement quoi. J’ai déjà renforcé la sécurité de l’institut, donc nous ne devrions pas avoir de problèmes, mais on ne sait jamais. »
[Oui… Restez vigilants. Nous avons déjà déjoué de nombreuses tentatives au fil des ans, mais on ne sait jamais quand ils vont réussir à percer.]
« Compris. »
L’appel sembla se terminer sur cette note, et juste au moment où Delilah s’apprêtait à y mettre fin, elle entendit à nouveau sa voix,
[… Oh, il devrait y avoir une réunion ce soir. Vas-tu y assister ?]
« Réunion ? »
[Tu as oublié ?]
« … »
[Alors tu as oublié…]
« Non. »
Pour une raison quelconque, Delilah ressentit le besoin de le nier.
Sa fierté ne lui permettait pas d’admettre qu’elle avait oublié.
Parce que…
Elle avait vraiment oublié.
[Oh, c’est bien. Je t’y verrai, alors. Je vais y aller maintenant, et… nettoie ta bouche.]
« … Euh ? »
L’appel s’est terminé sur cette note.
Abasourdie, Delilah a touché ses lèvres, où des traces de chocolat subsistaient.
Ses sourcils se sont lentement froncés.
« Comment a-t-il su… ? »
***
Il était tard dans la nuit lorsque j’atteignis la destination.
Comme ce n’était pas loin, nous marchâmes le long de la route du campus pour nous rendre à l’endroit.
Le lieu de rendez-vous se trouvait à la périphérie de l’Académie, au milieu d’un groupe de villas. Le lieu de rassemblement choisi se distinguait sans effort.
Dominant ses voisines, cette villa particulière se distinguait non seulement par sa taille impressionnante, mais aussi par ses décorations complexes. Des lumières vives stratégiquement placées accentuaient encore ce côté, la démarquant des autres.
« Nous y sommes. »
Ayant répété la situation au préalable, Leon me précéda et remit nos lettres au majordome en charge.
C’était un jeune homme aux cheveux noirs, peut-être de mon âge.
« Enchanté de vous rencontrer, Étoile Noire. »
Le majordome me salua après avoir jeté un rapide coup d’œil à l’invitation.
Son sourire de bienvenue me parut plutôt pesant alors qu’il tendait la main vers la porte de la villa, qu’il s’empressa d’ouvrir.
[Le fils du troisième chef de la baronnie d’Evenus. Un cadet de première année et l’Étoile Noire. Julien Dacre Evenus.]
Ayant déjà été briefé au préalable par Leon, je ne fus pas surpris par cette annonce soudaine.
J’avais cependant du mal à garder mon visage impassible.
‘Je sais que c’est quelque chose que font les nobles… Mais est-ce vraiment nécessaire d’en faire autant ?’
Il y avait aussi le problème de tous les participants qui dirigeaient maintenant leur attention vers moi.
« Passez une bonne soirée. »
Ajouta le majordome. Comme s’il essayait d’ajouter du sel à mes blessures.
« Huuuu… »
Prenant une profonde inspiration, je me dirigeai vers la salle.
Je me suis rappelé une fois de plus mon identité.
‘Je suis Julien Dacre Evenus.’
‘L’Étoile Noire et le cadet classé numéro un en première année.’
‘Quand les gens me regardent, ce sont eux qui deviennent nerveux.’
‘Pas moi.’
Et avec de telles pensées, je me suis dirigé plus profondément dans la salle.
Je rencontrais de nombreux visages familiers en avançant. Des membres de ma classe, ainsi que certains membres du personnel et professeurs que j’avais rencontrés la semaine précédente. Il y avait aussi beaucoup de visages inconnus. Certains étaient vieux, d’autres jeunes.
Mais il y avait une personne qui se démarquait le plus de tous.
Elle semblait être le centre de l’attention.
Celle vers laquelle tout le monde se tournait.
Aoife K. Megrail.
La seule et unique princesse de l’Empire.
Dans une robe rouge d’une seule pièce qui accentuait ses cheveux roux éclatants, elle se démarquait, sa beauté éclipsant beaucoup de ceux qui étaient présents.
Ses mouvements gracieux et son attitude élégante renforçaient son image alors qu’elle conversait avec éloquence avec ceux qui engageaient la conversation avec elle.
« … »
Juste au moment où je la remarquais, elle me remarquait. Je n’y ai pas prêté attention et me suis préparé à détourner le regard quand, tout à coup, elle a souri.
Sourit… ?
J’ai été momentanément décontenancé.
Tout comme les nombreuses personnes qui la regardaient.
Le temps que je reprenne mes esprits, elle se tenait devant moi. J’ai senti l’attention de toutes les personnes présentes dans la pièce….
Et juste au moment où je baissais les yeux pour me demander ce qui se passait, ses lèvres brillantes s’ouvrirent et sa voix cristalline parvint doucement à mes oreilles.
« Je t’attendais. »
Elle tendit la main.
« … Voudrais-tu me faire l’honneur ? »
Que dia-
