Auteur : Entrail_Jl
Traductrice : Moonkissed
En inspirant profondément, je me suis souvenu de la brûlure.
De l’odeur familière qui flottait dans l’air.
Et du calme qu’elle m’apportait.
Avant, je détestais cette odeur.
Mais avec le temps, j’ai appris à l’aimer.
Mon esprit se vidait à chaque fois.
Cela soulageait la douleur, le stress, et insufflait de la vitalité dans mon monde autrement terne.
C’était ce que fumer signifiait pour moi.
Mais en même temps, c’était ce qui me tuait.
Ça me donnait quelque chose, mais ça m’enlevait tout le reste en échange.
C’est pourquoi, sa vue me faisait perdre la tête.
« … Comment puis-je le contrôler ? »
Je fixai le plafond de ma chambre, le regard vide.
Agir sur une impulsion comme ça…
Perdre le contrôle de moi-même et laisser les émotions prendre le dessus…
Je ne pouvais pas laisser cela continuer.
« Je dois me contrôler. »
Mais comment allais-je faire ? C’était plus facile à dire qu’à faire. Ce n’était pas comme si je pouvais bannir toutes les cigarettes de ce monde pour les empêcher de déclencher mes souvenirs….
Il m’était également impossible d’arrêter d’utiliser ce pouvoir.
Pour ma survie et mon objectif…
J’avais besoin de les utiliser.
« Comme c’est gênant. »
Vraiment.
Ce n’était pas un problème auquel je pouvais facilement trouver une solution. L’approche réaliste était pour moi de m’habituer lentement à ce pouvoir.
Mais…
« Pas le temps. »
Plus j’attendais, plus je m’exposais au danger.
Je devais régler ce problème maintenant. Je ne pouvais pas le remettre à plus tard.
C’est pourquoi,
« … »
En fixant mes mains, une idée me vint à l’esprit. Je sentis mon visage se figer à cette pensée, mais compte tenu de ma situation, cela semblait être l’approche la plus appropriée.
« Hoooo… »
Je m’assis sur ma chaise et pris une profonde inspiration.
‘Pour comprendre les émotions, il faut les ressentir.’
Quelques mots me restèrent en tête.
C’était une citation que je voyais souvent lorsque je faisais des recherches sur la magie émotionnelle. En pensant à mes progrès récents, c’était sans aucun doute vrai.
Mais le simple fait de les ressentir ne signifiait pas les comprendre pleinement.
Pour cela, il fallait du temps.
Il fallait les ressentir continuellement avant de pouvoir les comprendre pleinement.
C’était pourquoi,
En serrant mon avant-bras, je marmonnai.
« Tristesse. »
Une douleur familière envahit ma poitrine alors qu’elle commençait à se faire lourde.
Le monde sembla soudainement se refroidir et mes yeux se mirent à s’humidifier. Je me mordis la langue et retins mes larmes.
« Huu… »
Je devais prendre des respirations calmes et régulières à chaque fois.
La douleur me rendait difficile la concentration, mais je tenais bon.
Me cramponnant au côté de la chaise en bois sur laquelle j’étais assis, je marmonnai pour moi-même :
« … Je dois rester calme. »
Je ne pouvais pas laisser les émotions prendre le dessus sur mon esprit comme la dernière fois.
Je devais garder mon sang-froid.
Mon objectif dans tout cela était de développer une résilience émotionnelle en me soumettant délibérément à diverses émotions.
Par rapport à la fois où je venais de sortir de l’immersion, les émotions que je ressentais étaient plus douces.
Principalement parce que ma compréhension de celles-ci n’était pas très forte.
La seule raison pour laquelle elles ont eu un si grand effet les deux premières fois est la concentration de mes émotions lorsque je suis sorti de l’immersion.
Malgré tout…
Ploc.
Ce n’était pas facile.
Fixant la larme qui tachait mon pantalon, je fermai les yeux avant de marmonner :
« Colère. »
Poigne —
Ma prise sur la chaise s’intensifia et ma poitrine commença à se soulever.
Une nouvelle émotion prit le dessus et mon visage se fendit.
« … Ah. »
Le changement soudain d’émotion me rendit difficile de garder l’esprit clair.
Un feu se mit à bouillonner dans ma poitrine.
Mon souffle s’accéléra. Tout comme mon pouls.
« Kh… ! »
Ma mâchoire était si serrée que cela commençait à me faire mal.
Malgré cela, je restai ancré à mon siège. Même si le monde devenait rouge et que ma vision se rétrécissait.
Je restais assis sur mon siège.
Mes mains tremblaient.
Mais mes pensées restaient claires.
« C-contrôle ».
Je forçai ces mots entre mes dents serrées.
C-Calme….
J’avais besoin de me contrôler.
Je ne pouvais pas me laisser à nouveau contrôler par mes émotions.
« Jamais. »
***
Haven avait des « activités extrascolaires ».
En termes plus simples : des clubs. Le monde étant sombre et la réalité étudiante difficile, les clubs ont été créés pour alléger le fardeau mental des étudiants.
« Natation… Football… Club de sport… Cuisine… »
Il y avait beaucoup de clubs parmi lesquels choisir. Des clubs physiques et non physiques. Les choix semblaient infinis.
« Club de comédie… ? »
Mes yeux s’attardèrent sur « Club de comédie » pendant quelques secondes de trop. Assez pour attirer l’attention de Leon qui se retourna pour me regarder.
Afin de rester cohérent avec le Julien précédent, je lui demandai de m’aider à choisir un cours. C’était une étape nécessaire que je devais franchir pour assurer ma sécurité.
« Tu envisages de le faire ? Pour mieux comprendre les émotions ? »
« Euh, ouais… »
C’était en partie la raison, bien sûr. Mais il y avait une autre raison pour laquelle le club m’intéressait. Je n’arrêtais pas de repenser à la blague que j’avais racontée il y a une semaine. Le Guépard, un.
Ça me tracassait depuis un bon moment maintenant.
Mais la blague était-elle mauvaise ?
‘… Je ne pense pas qu’elle était si mauvaise.’
Ou peut-être y avait-il un problème ailleurs ? La livraison ?
Mais en y réfléchissant, ceux à qui j’avais raconté la blague avaient toujours l’air raide. Cette fille et Leon…
Des gens difficiles, je suppose.
« Ce serait logique, mais Julien ne serait pas d’accord avec ça. Il faut que tu gardes à l’esprit que… »
« Je pense que c’était ma façon de le dire. »
Ouais, ça devait être ça.
« … »
Le corps de Leon se raidit sur place.
‘Ah, merde.’
Je levai la tête pour le regarder. Il me regarda avec des yeux écarquillés et une expression qui semblait dire « Il a perdu la tête… ? »
Je me sentis un peu offensé par son regard.
« Quoi ? »
Pourquoi me regardait-il comme ça… ?
Il ouvrit la bouche, mais la referma peu après. Il se tourna ensuite dans la direction opposée.
« Qu’est-ce que tu… »
« Kht. »
Kht… ?
J’arrêtai ce que j’étais en train de faire et penchai la tête pour mieux le regarder.
Pourquoi est-il…
« Ah. »
Une idée me traversa soudain l’esprit.
Je pris une bonne minute pour réfléchir avant de finalement dire :
« Comment appelle-t-on un poisson sans yeux ? »
« … »
Leon écarquilla des yeux. Pendant un instant, je crus voir la « peur » briller dans ses yeux alors que son corps tressaillait.
Je continuai :
« Un poisson. »
« Euh… ! »
Son corps tressaillit.
Et je continuai :
« Qu’a dit le fermier qui avait perdu son râteau ? »
« … »
« Où est mon râteau ? »
« … ! »
Tap —
Sans se retourner, Leon avança. Tout le temps, ses épaules tremblaient. Le fixant, je ressentis le besoin de continuer et haussai la voix.
« C’est l’histoire du ptit dej, tu la connais ? »
« … »
« Pas de bol. »
« … Kehut ! »
En se tenant la bouche, Leon se précipita en avant.
Je le poursuivis.
« Quand la vache… »
***
Krrr…
La forme s’agrandit, dévoilant progressivement ses mâchoires massives et pourries et son dos hérissé. Une puissante vague de mana balaya les environs alors que la silhouette grossissait.
« Restez silencieux. Nous ne sommes pas très loin de l’institut. »
Delilah se tenait non loin de la créature. Son regard s’attarda sur la créature qui la fixait avec une profonde appréhension.
Elle grogna avant de parler.
« … Vous pensez pouvoir nous arrêter ? Vos efforts sont vains. Nos préparatifs sont presque terminés. »
« Ha ! »
L’expression de Delilah changea. Elle rit et regarda la créature d’un air moqueur.
« Vous êtes toujours les mêmes, bande de salauds. Combien de vos « attaques » et « préparations » avons-nous déjouées au fil des ans ? N’avez-vous pas encore compris la leçon ? »
« … »
La bête grogna.
« Tu ne… »
La voix de Delilah, doublée par deux autres voix similaires, transperça la créature.
« Tu ne peux pas me le cacher. »
La créature frissonna.
« Le cacher… ? »
« Ta peur. Je la vois à des kilomètres. »
Crunch…
La bête recula sans le savoir alors que son corps tremblait. Une émotion inconnue jaillit du plus profond de son corps, menaçant de le consumer.
« T-tu… ! »
Une lueur rouge enveloppa les yeux de la bête. Elle comprit alors que ses émotions étaient manipulées.
Mais il était déjà trop tard.
Au moment où la bête recula, sa défaite était déjà scellée.
L’expression de Delilah redevint indifférente alors qu’elle levait la main.
« Krrrrrr… ! »
La bête hurla, mais ce fut inutile.
Quelques instants après qu’elle eut levé la main, l’espace autour de la bête se comprima et le bruit résonnant des os qui se brisaient emplit l’air.
Boum.
Juste comme ça, une bête de rang « Terreur » était morte.
Udududuk !
Mais quelque chose d’étrange se produisit au moment où la bête mourut. Une mousse noire s’échappa de ses lèvres et sa silhouette se rétrécit pour révéler la silhouette d’un personnage….
Un humain.
Crunch… Crunch…
Delilah s’arrêta à quelques mètres du corps, ses yeux le suivant froidement du regard. Finalement, elle se pencha et retourna son bras.
« … »
Un trèfle à quatre feuilles apparut dans sa vision.
« … Comme prévu. »
Elle lâcha le bras, et des ambres flottèrent dans le ciel tandis que le corps disparaissait peu à peu de sa vue.
Crackle… !
Ses yeux froids restèrent fixés sur le corps qui s’évanouissait.
Peu à peu, sa bouche s’entrouvrit pour marmonner :
« Ciel inversé. »
Une silhouette apparut dans son esprit.
Celle qu’elle prêchait de tout son cœur comme étant l’Étoile Noire.
Une fissure se forma à nouveau sur son visage inexpressif.
« … J’espère que je me trompe. »