Auteur : Entrail_Jl
Traductrice : Moonkissed
Je restai figé dans le silence alors que je sentais les regards des mangeurs devant moi.
Ma poitrine se serra d’anxiété à la vue de ce qui se trouvait devant moi, mais en réalisant que je n’avais pas encore été attaqué, je compris qu’ils n’avaient que légèrement réagi à l’ouverture de la porte.
‘Je suis toujours en sécurité.’
Du moins, pour l’instant.
Fixant les mangeurs devant moi, je tripotais ma poche. J’avais encore deux bombes de mana sur moi.
Elles seraient certainement utiles dans ce genre de situation, mais j’avais choisi de ne pas les utiliser cette fois-ci.
Je regardai la longue et étroite ruelle devant moi.
‘… Je ne ferai que me mettre dans la merde si je les utilise.’
S’il était vrai que la bombe de mana éloignerait les mangeurs de moi, elle attirerait également les mangeurs derrière moi.
Cela me rendrait impossible toute tentative de fuite.
Avec des mangeurs des deux côtés, je serais complètement impuissant.
‘Et maintenant… ?’
J’avais deux options.
Retourner à l’intérieur ou dépasser les mangeurs devant moi.
Le choix était plutôt simple après y avoir réfléchi.
‘Je vais passer par là.’
Le nombre de mangeurs devant moi était assez élevé. Cependant, comparé à l’entrée, il était probablement beaucoup plus faible.
Pour cette raison, c’était la meilleure option pour moi.
‘Ce n’est pas comme si je devais utiliser la bombe de mana.’
D’un autre côté, il était également vrai que je n’avais pas à utiliser de bombe de mana. C’était peut-être à cause de la situation dans laquelle je me trouvais, mais je commençais à trop réfléchir.
Étais-je du genre à trop réfléchir… ?
Peut-être, mais pour une raison quelconque, j’avais l’impression que mon esprit perdait lentement en clarté plus je restais ici. J’avais remarqué quelque chose de similaire dans le bunker lorsque j’avais commencé à tuer sans réfléchir.
Était-ce une coïncidence ?
Je ne le pensais pas, et tout à coup, je me suis souvenu des mots que j’avais lus à la bibliothèque.
‘… Ce n’est pas possible.’
L’arbre m’affectait-il déjà ?
Mais comment était-ce possible… ? Je voulais refuser cette possibilité de tout mon cœur, et pourtant, plus j’y pensais, plus cette possibilité semblait vraisemblable.
‘Cela pourrait aussi expliquer les racines qui me hantaient.’
Je ressentis une angoisse en y pensant. En me rappelant que les racines avaient maintenant atteint mon visage, je sus qu’il ne me restait plus beaucoup de temps.
« … »
Je baissai la tête pour fixer mes chaussures.
C’était un peu dommage, mais je n’avais pas le choix. Il n’y avait pas de rochers aux alentours et la ruelle semblait impeccable.
La chaussure était ma seule option.
‘… Si seulement je pouvais ouvrir mon sac.’
Il y avait beaucoup de choses que je pouvais utiliser à la place de mes chaussures, mais ouvrir le sac ferait trop de bruit.
C’était malheureusement la méthode la plus sûre.
Ainsi, enlevant mes chaussures, j’en enroulai une avec les fils.
L’allée était assez longue. Je pouvais voir la sortie d’où j’étais, mais elle était assez loin. Heureusement, ce n’était pas une distance que je ne pouvais pas couvrir avec mon lancer.
Par conséquent, tendant davantage mon corps, je lançai la chaussure aussi loin que possible.
Paf !
Dans le silence qui s’était emparé des environs, un léger « bruit sourd » résonna, et les mangeurs levèrent tous la tête dans la même direction que celle d’où provenait le bruit.
« Hiiiiiiieeek- »
Peu après, ils ont crié et ont couru vers l’endroit où se trouvait la chaussure.
Ils allaient assez vite et en quelques secondes, ils étaient déjà assez loin.
Je les ai suivis de près.
Je ne me souciais pas du bruit de mes pas car je marchais sans mes chaussures. Cela permettait de réduire beaucoup le bruit que je faisais.
« Hiiiiiiieek- »
Alors que les mangeurs étaient sur le point d’atteindre la chaussure, je la retirai avec mon fil et l’attrapai avec ma main.
Je n’étais toujours pas sorti de l’allée.
Saisissant la chaussure, je tendis mon bras et la lançai à nouveau.
Bam !
Les mangeurs hurlèrent à nouveau et suivirent le bruit.
‘Ça marche.’
Je continuai à courir derrière eux.
Mon rythme était plutôt lent, mais en un rien de temps, je pus enfin atteindre la sortie de la ruelle.
« Hiiiiieek- »
Les monstres étaient toujours à la poursuite de ma chaussure, mais juste avant qu’ils ne puissent la manger, je la récupérais toujours et la jetais dans une autre direction.
Ce n’est que lorsque j’étais loin que je récupérais enfin ma chaussure pour de bon.
‘Eh bien, peut-être…’
En fixant la chaussure qui pendait devant moi, je ne savais pas quoi ressentir.
Elle était déchirée et couverte de multiples éraflures et entailles. Ce n’était pas une chaussure chère, mais je ressentais quand même de la peine en voyant l’état dans lequel elle était….
Dans ce monde, je n’étais pas riche.
Chaque petit centime comptait pour moi.
‘Je demanderai à l’académie de me rembourser, même si c’est la dernière chose que je fais.’
C’était une promesse.
‘Bon, alors…’
Je regardai autour de moi.
Je me retrouvais dans l’une des rues qui menaient à la place principale.
Les rues étaient désertes et un silence absolu régnait dans les environs. Il était difficile de décrire la situation, mais elle était incroyablement troublante.
Cr Crack—
Le silence fut rompu par un léger craquement venant de loin.
Levant la tête, je regardai la main qui était agrippée aux murs de la gare. Petit à petit, elle commençait à détruire les murs, créant de plus en plus de fissures.
D’autres mangeurs commencèrent à émerger de l’autre côté, entrant dans la gare en masse.
Je regardai la main, pensif.
‘… Je ne vois pas vraiment à quel point il est fort.’
D’après le livre, les « Mangeurs Silencieux » étaient des créatures de rang Terreur. C’était pour cette raison que je ne me suis jamais donné la peine de les combattre.
Cependant, en regardant la main massive au loin, je n’étais pas si sûr que cette créature était de rang Terreur.
J’avais le sentiment qu’elle était de rang supérieur.
Si c’était le cas, les seules personnes qui pouvaient s’en occuper étaient les Chefs de poste.
‘C’est vrai, les Chef de postes.’
Une pensée soudaine me traversa l’esprit à ce moment-là.
C’était une pensée folle.
Une pensée qui pourrait me causer bien des ennuis, mais en même temps, c’était aussi le seul moyen pour moi d’avoir une chance d’obtenir la page manquante.
‘Oui, je vais le faire.’
Mais ce n’était pas encore le bon moment.
La première chose que je devais faire était de retourner près du bunker.
Après avoir pris une petite inspiration, je me suis déplacé discrètement dans les rues pavées pour me diriger vers l’endroit où se trouvait le bunker.
L’endroit n’était pas très loin et je savais exactement où je devais aller.
En chemin, j’avais remarqué des mangeurs dans les environs, mais aucun d’entre eux n’avait remarqué ma présence. En fait, ils semblaient tous se précipiter vers l’endroit où j’étais auparavant.
« …..»
En passant devant l’un des mangeurs, je jetai un coup d’œil à l’un des cadavres momifiés qui gisaient dans les rues.
Il y en avait beaucoup, et sous la chaleur, ils étaient presque méconnaissables.
…..Je venais de me détourner du cadavre quand, tout à coup, j’entendis un léger bruissement provenant de lui.
Je m’arrêtai net et tournai la tête.
Deux yeux blancs.
Ils me fixaient.
Je sentis mon cœur se figer.
Avant même de pouvoir réagir à la situation, je regardai avec une horreur engourdie la bouche du cadavre s’ouvrir et,
« Hiaaaak ! »
Un cri rauque s’échappa de sa bouche.
C’était un cri brut et grinçant. C’était comme si les cordes vocales étaient déchirées à chaque expiration désespérée, produisant un hurlement glacial, presque inhumain, qui résonnait partout.
« …. »
En quelques secondes, j’entendis une série de sons venant de toutes parts.
Réalisant ma situation, je me préparai à m’enfuir, mais,
Tak…
Le cadavre bougea encore, son bras maigre et momifié se refermant sur ma cheville.
« Kh… ! »
J’essayai de me libérer de son étreinte en bougeant ma jambe, mais le cadavre refusa de me lâcher tandis que ses yeux blancs continuaient à me fixer.
Une fois de plus, sa bouche s’ouvrit.
Cette fois, il ne cria pas. Au lieu de cela, il se mit à parler, et une fois de plus, sa voix rauque résonna.
« … Arrête… de résister… »
Ce n’était que trois mots, mais ils suffirent à me donner des frissons dans le dos.
Et puis,
« Hiiiiieeeek- »
Les mangeurs sont arrivés, encerclant la zone de tous les côtés.
Je regardai autour de moi, le souffle court, et cessai de résister. Le cadavre à côté de moi continua à parler.
« Deviens… Un… Avec… L’arbre… »
Mon pouls s’accéléra et je jouai avec la bombe de mana dans ma poche.
Je n’avais pas beaucoup de temps. Le cadavre s’accrochant toujours à ma cheville et les mangeurs fixant ma direction, je savais que la situation était désespérée.
Tendant la main en direction du cadavre, des fils se détachèrent de mon bras et s’enroulèrent autour du bras qui s’enroulait autour de ma cheville.
Serrant ma main, la main se sépara en deux.
Malgré mes actions, le cadavre continua à me fixer de ses yeux blancs.
Il ne semblait plus capable de parler, mais son regard suffisait à me faire frissonner de la tête aux pieds.
….. Malheureusement, je n’avais pas le temps de le regarder dans les yeux trop longtemps.
Sortant la bombe de mana, je la jetai en l’air où elle explosa.
BOOOM—
Les environs tremblèrent et les mangeurs se précipitèrent dans les airs.
« Hieek ! Hieeeeek ! »
Je me retournai et plongeai.
« Haa… Haa… »
Malgré tous mes efforts, je ne pouvais pas arrêter de respirer en courant. Je commençais à être fatigué à nouveau, et le mana à l’intérieur de mon corps s’épuisait davantage.
« C’est mauvais. »
Il ne me restait plus qu’une bombe de mana, et des mangeurs apparaissaient de tous les côtés, se précipitant en direction de l’endroit où la bombe avait retenti.
Cependant, il y en avait pas mal qui se dirigeaient droit vers moi à cause du bruit que je faisais, et en serrant les dents, je ne pouvais qu’accélérer le rythme et courir à travers la rue pavée….
Je ne courais pas à l’aveuglette cette fois-ci.
Bien que je ne me dirigeais pas vers le bunker, il y avait un endroit vers lequel je me dirigeais actuellement.
Le poste de contrôle.
Situé au cœur même de la station, c’était là que se trouvait le poste d’urgence.
Bien que je n’en savais pas grand-chose, en levant les yeux et en fixant les haut-parleurs situés sur certains des poteaux qui étaient placés dans les rues, je savais que c’était ma meilleure chance de me débarrasser des mangeurs.
Si les mangeurs prospéraient dans le silence, c’était aussi leur plus grande faiblesse.
Une fois que les klaxons se seraient mis à retentir, les mangeurs seraient dans un état de confusion totale, incapables de savoir où aller.
C’était ma meilleure chance de m’échapper.
« Huu. »
Ainsi, en prenant une profonde inspiration, j’accélérai le pas.