Chapitre 946 – Un certain objet, une certaine personne
Qu’attendait-il ?
C’était une question qui résonnait dans le clan Fang depuis des générations entières. Une énigme transmise de bouche en bouche, mais à laquelle personne n’avait jamais su répondre.
Et pourtant, à cet instant précis, Meng Hao en avait la réponse.
Il regardait la statue avec des larmes coulant sur ses joues, son cœur battant avec une intensité douloureuse. Il savait, au plus profond de son être… que cette statue l’attendait.
Elle l’avait attendu ici, seule, silencieuse, immobile, pendant des dizaines de milliers d’années…
La raison pour laquelle elle s’était retrouvée dans le clan Fang n’était autre que le sang de l’âme qui avait jailli du front de Meng Hao, ce lien de vie et de destin qui l’avait reliée à jamais à lui. Peu importait le passage du temps, peu importait qui tenterait d’en prendre possession… Meng Hao en serait toujours le véritable maître originel.
[1] Meng Hao avait été lié aux statues grâce au sang de son front au chapitre 572 . Puis, au chapitre 598 , il était parti à leur recherche, en vain.
Bien des années auparavant, avant même que Meng Hao ne voie le jour, la statue avait traversé les étendues infinies de l’espace, guidée par ce sang. Elle avait suivi cet écho de vie, cette lignée, jusqu’au clan Fang. Là, elle avait ressenti une familiarité, une aura qui lui rappelait son maître, et elle avait choisi d’attendre… silencieusement.
Voilà donc la réponse à l’énigme qui hantait les générations du clan Fang.
Cette statue n’était pas unique : elle était l’une des deux créations forgées spécialement pour Meng Hao par Ke Yunhai.
Quant à la seconde… nul ne savait. Était-elle tombée au combat, réduite en poussière au fil des âges ? Ou bien se trouvait-elle encore quelque part, dans un lieu lointain et solitaire, fixant le ciel avec la même patience infinie, attendant également l’arrivée de Meng Hao ?
Le temps s’écoula. Lentement. Solennellement.
Meng Hao finit par s’asseoir en tailleur au sommet de la statue. Sa main caressa doucement la surface froide et rugueuse, et son expression se remplit de souvenirs. Dans ses yeux se reflétaient les images de l’ancienne Secte des Démons Immortels . Son cœur se serra, envahi d’une tristesse difficile à contenir.
Parfois… un simple objet suffit à faire revivre une personne.
Lorsque Meng Hao posait son regard sur cette statue, ce n’était pas une masse de pierre qu’il voyait. Non. Il revoyait Ke Yunhai . Celui qu’il avait appelé « père » dans ce monde antique. Celui qui lui avait offert une chaleur qu’il n’avait jamais espéré.
Un souffle étrange parcourut alors la terre ancestrale.
Neuf zones de l’immense territoire du clan Fang se mirent à se déformer. L’espace y fut déchiré et, de chacune, jaillirent des hommes vêtus de longues robes noires.
Sans perdre une seconde, chacun sortit une plaque de jade scintillante, outils destinés à détecter les lignées. Dès que les signaux s’activèrent, ils se transformèrent en traits de lumière, fonçant dans toutes les directions.
L’intention meurtrière s’abattit comme un orage sur la terre ancestrale.
Parmi eux, l’un des hommes serra sa plaque de jade, et ses yeux s’illuminèrent d’un éclat sanglant. Il venait de constater qu’il était celui qui se trouvait le plus proche de Meng Hao. Sans chercher à se dissimuler, il libéra aussitôt toute la puissance de sa cultivation.
Son aura se déchaîna. Le ciel se troubla, la terre trembla, et les nuages se mirent à bouillonner. Sa base de cultivation atteignait le Royaume Ancien !
Derrière lui, neuf lampes apparurent, suspendues dans les airs. Des lampes de bois aux flammes verdâtres. Huit étaient allumées. Une seule était éteinte. Elles tournaient autour de lui en vibrant de la puissance des Lois naturelles du Ciel et de la Terre .
Les Lampes d’Âme
Le Royaume Antique était également connu sous le nom de Royaume de l’Âme Ancienne .
Chaque percée dans ce royaume s’accompagnait de l’apparition de neuf Lampes d’Âme au minimum, plus si la fondation du cultivateur était solide.
Mais progresser dans ce royaume signifiait les éteindre une par une. Chaque extinction était une véritable épreuve de vie ou de mort. Ceux qui parvenaient à éteindre toutes leurs lampes, sans périr, gagnaient le droit de viser le Royaume du Dao .
Plus il y avait de Lampes, plus le défi était insurmontable… mais plus le pouvoir final serait redoutable.
Ainsi, certains, dotés de dix lampes ou plus, étaient capables, une fois arrivés au sommet du Royaume Antique, de rivaliser avec des experts du Royaume du Dao !
Dans tout clan ou secte, un cultivateur ayant déjà éteint une Lampe d’Âme était considéré comme un Ancien, une véritable montagne de puissance.
Or, Meng Hao devait maintenant faire face à neuf de ces figures !
Fang Xiushan n’avait clairement pas hésité à payer un prix exorbitant pour engager neuf experts du Royaume Antique, tous ayant une Lampe d’Âme éteinte. Il voulait s’assurer qu’aucun accident, aucune chance de survie, ne subsisterait pour Meng Hao.
Et, haut dans les cieux, invisible à tous, une silhouette brumeuse observait la scène.
C’était une projection de la volonté divine du Septième Patriarche , émanant de la caverne souterraine du clan Fang.
Quand il aperçut Meng Hao, assis sur la tête de la statue, silencieux, l’air empreint d’une tristesse profonde, le Patriarche resta figé.
« Que fait donc ce gamin… ? » pensa-t-il, surpris.
Meng Hao, lui, leva les yeux.
Au loin, une silhouette fendait les airs, telle une flèche de lumière. Son aura écrasante semblait pouvoir briser le ciel et la terre. Derrière lui, ses neuf Lampes luisaient sinistrement, projetant d’étranges couleurs sur le monde.
Les yeux de Meng Hao se rétrécirent. C’était la première fois qu’il voyait de ses propres yeux de telles Lampes d’Âme. Après un instant de réflexion, son regard se fit glacial.
« Les Lampes d’Âme… Alors, un expert du Royaume Ancien est ici, sur la terre ancestrale. » Sa voix était froide. « Fang Xiushan… voilà donc jusqu’où va ton intention meurtrière. »
La silhouette en robe noire approchait rapidement, telle une tempête. L’air se mit à rugir, le vent souleva la poussière, et une atmosphère oppressante recouvrit le paysage.
Meng Hao caressait toujours la statue. Ses cheveux et sa robe battaient au vent, mais son expression restait impassible.
Il repensa à cette chasse mortelle qu’il avait subie dans le ciel étoilé, et son regard s’assombrit.
« J’avais donc raison… » pensa-t-il. « C’est bien la lignée de Fang Wei qui a tenté de me tuer avant mon retour au clan. »
Le Septième Patriarche, stupéfait de voir un simple junior rester aussi calme face à un tel danger, pensa :
« Hmph… Voyons donc quel atout ce gamin cache dans sa manche… »
Le cultivateur en robe noire se rapprocha à une vitesse fulgurante. Ses yeux étaient froids, son visage sans expression. Pour lui, tuer un membre de la génération junior, même avec un corps d’Immortel, n’était qu’un geste insignifiant.
Il leva la main.
L’espace se distordit et une fissure gigantesque se forma, pareille à un dragon féroce surgissant du sol pour fondre sur Meng Hao. La lumière et l’ombre se brouillèrent. Le ciel tout entier sembla se briser comme un filet déchiré.
Une pression écrasante s’abattit sur Meng Hao. Son sang bouillonna, ses os craquèrent, et sa base de cultivation fut ébranlée.
Mais alors, au lieu de céder à la panique, un sourire ironique se dessina sur ses lèvres.
« Alors… voilà la puissance d’un expert du Royaume Ancien… » pensa-t-il.
À cet instant, ce ne fut pas lui qui bougea.
Ce fut la statue !
Ses yeux, vides et sans vie depuis des millénaires, s’illuminèrent soudainement d’une lueur éclatante. Une conscience, une volonté antique, s’y manifesta. Son aura se déchaîna.
En un souffle, la fissure disparut. Le filet céleste se dissipa. Le sol trembla, les montagnes vibrèrent.
La statue se réveillait.
Son aura monta, encore et encore, atteignant presque le niveau d’un Parangon du Quasi-Dao , un être qualifié de Parangon des Neuf Montagnes et Mers !
C’était la mission que Ke Yunhai avait confiée à cette création :
« Protège-le. Sauvegarde-le. Ne le laisse jamais souffrir, ni tomber, ni mourir. »
Meng Hao, assis au sommet de la statue, vit à travers elle le visage sévère mais aimant de Ke Yunhai. Ses yeux se remplirent à nouveau de larmes.
C’était l’amour paternel… revenu dans ce monde réel.
La statue avança.
Un pas. Un seul. Et le monde entier trembla. Les montagnes environnantes se fissurèrent, s’effondrèrent, réduites en poussière.
Face à ce spectacle, le cultivateur en robe noire écarquilla les yeux. Sa respiration se bloqua. Lui, membre du clan Fang, connaissait la légende… mais jamais il n’aurait cru voir de ses propres yeux le protecteur ancestral de son clan s’éveiller !
Il vit Meng Hao assis, droit et calme, au sommet de ce géant qui, pas à pas, entrait en mouvement, ébranlant le ciel et la terre.