Chapitre 939 – Le vrai corps charnel du Saint
« Je n’arrive pas à croire qu’il forme une Lumière Immortelle ! »
La voix tremblante du vieil homme résonna dans l’obscurité profonde de la caverne rocheuse, au cœur du manoir ancestral. Son corps flétri, enveloppé dans une robe cramoisie, paraissait fragile comme une flamme vacillante. Pourtant, dans ses yeux brillait une lumière ardente, aussi brûlante que l’incandescence d’un brasier éternel.
Il leva les yeux vers le ciel, la poitrine soulevée de soubresauts, et murmura avec un mélange de crainte et d’espoir :
« Se pourrait-il qu’un membre du clan Fang… puisse enfin contempler la Neuvième Montagne et la Mer ? Après tant d’ères écoulées, y aurait-il… un autre Saint ? Un Saint véritable, doté d’un corps de chair immortel ? »
Dans le monde des cultivateurs immortels, rares étaient ceux qui possédaient un véritable corps charnel immortel . Ceux-là, on les appelait Saints .
Un Saint représentait la victoire incarnée, le terme lui-même signifiait à la fois « sacré » et « victorieux ». Celui qui portait ce titre transcendait la norme, écrasant ses pairs du Royaume Immortel. Et si, à ce corps de chair immortel, venait s’ajouter une véritable base de cultivation immortelle… alors cette personne devenait plus qu’un Immortel.
C’était un Parangon .
Un être inégalé.
Un invincible du Royaume Immortel.
La première étape de cette apothéose, c’était la lumière .
La Lumière Immortelle .
Avant l’apparition du véritable corps charnel, un éclat d’un blanc pur se manifestait, rayonnant d’un Qi immortel unique. Cette lumière était le signe avant-coureur, le cocon sacré d’où éclorait la chair d’un Saint.
Seul celui qui atteignait cet état pouvait contempler… cette lumière.
Dans ce cocon incandescent, Meng Hao tremblait. Son souffle était saccadé, et pourtant ses yeux brûlaient d’obsession. L’énergie immortelle qui l’entourait ne provenait pas de l’extérieur : elle naissait en lui. Elle avait toujours été là, tapie dans ses os, son sang, son âme et sa force vitale, attendant l’instant propice pour éclater.
La Lumière Immortelle enveloppa son corps, imprégnée d’un Qi immortel dense. Chaque cellule, chaque canal spirituel résonnait, libérant un grondement sourd. Meng Hao avançait à une vitesse folle vers la transformation ultime.
Une flamme sauvage se refléta dans son regard, et son corps jaillit vers le ciel. Depuis son départ du pavillon, il avait presque perdu conscience du temps. Le Soleil de l’Ascension Orientale avait déjà brûlé plus de la moitié de ses 36 jours. Quinze seulement restaient. Quinze pour atteindre l’impossible.
318 000 mètres. 324 000 mètres.
Puis :
330 000 mètres !
La lumière autour de lui se densifia, devenant plus éclatante, plus brûlante. Elle formait un cocon gigantesque, un linceul de chaleur et de clarté. Mais ce n’était pas une prison : c’était une matrice. Une matrice prête à éclater pour donner naissance à une nouvelle vie.
Chaque battement de son cœur, chaque inspiration alimentait cette coquille, la nourrissait d’une vitalité plus vaste, plus insondable.
Autour de lui, une vision prit forme : un phénix dansant, ses ailes embrasées, un dragon rugissant qui fendait les cieux. Ses âmes jumelles, manifestation de sa volonté, hurlaient leur soif d’ascension.
GRONDEMENT !
333 000 mètres !
Meng Hao plissa les yeux, le souffle lourd :
« Ce n’est toujours pas suffisant ! »
La Pilule de l’Esprit Solaire du Palais Céleste avait été entièrement absorbée. Pourtant, à cette altitude, même au sein de la Lumière Immortelle, son corps était consumé. Sa chair brûlait comme si des flammes invisibles la dévoraient. Ni son corps éternel, ni son immortalité potentielle ne pouvaient supporter ce fardeau.
S’il continuait ainsi, le cocon éclaterait avant qu’il n’ait achevé sa transformation… et il périrait.
Un éclat décisif traversa ses yeux.
« Il y a un autre moyen… » pensa-t-il.
Il leva la main, et une flamme noire jaillit dans sa paume.
« Ici et maintenant… je vais concocter une autre Pilule de l’Esprit Solaire du Palais Céleste ! Je n’ai pas les ingrédients… mais avec le Dao suprême de l’alchimie… je créerai quelque chose à partir de rien ! »
Les flammes noires se mirent à tourbillonner. Meng Hao ferma les yeux et, d’une main, exécuta une incantation. Dans son esprit, la formule de la pilule prit forme.
La chaleur et la lumière de ces 333 000 mètres se tordirent, obéissant à sa volonté. Elles devinrent des herbes, des racines, des fleurs imaginaires, forgées par son Dao. Dans sa main droite, ces visions étaient saisies et broyées comme dans une fournaise cosmique.
Son esprit, son âme, sa volonté… tout fut consacré à cet acte.
Créer quelque chose à partir de rien !
En contrebas, les regards étaient fixés sur lui. La plupart ne comprenaient pas. Mais certains anciens, certaines puissances, écarquillèrent les yeux.
« Qu’est-ce qu’il fait… ? »
« C’est impossible… concocter des pilules ? À cette altitude ? »
« Mais… il n’a aucun ingrédient ! »
Un murmure se propagea, empli d’effroi :
« Le Dao légendaire de l’alchimie… Créer quelque chose à partir de rien ! »
Même les anciens du clan Fang tremblèrent.
Dans la Division de l’Alchimie, les alchimistes de niveau 8 cessèrent soudain leurs travaux. Tous, sans exception, sentirent cette aura.
« Impossible… » souffla l’un.
« Cette aura… c’est bien… »
« Créer quelque chose à partir de rien ! »
Au sommet de la montagne des Immortels Licornes, Pill Elder leva la tête. Lentement, un sourire fendit son visage, avant d’éclater en un rire tonitruant qui résonna à travers la division entière.
Meng Hao persista. Douze périodes de deux heures s’écoulèrent. Son corps se desséchait, sa force vitale s’amenuisait. Mais sa volonté restait implacable.
Enfin, une lumière éclata dans sa paume. Dans l’obscurité, une pilule flamboya tel un soleil miniature.
Une Pilule de l’Esprit Solaire du Palais Céleste… créée à partir de rien !
Meng Hao, au bord de l’effondrement, contempla son œuvre. Ses lèvres s’étirèrent en un sourire fatigué. Puis, sans hésiter, il avala la pilule.
Une explosion lumineuse éclata dans son corps. Elle se mua en un soleil intérieur, libérant chaleur, vitalité et pouvoir. La Lumière Immortelle autour de lui devint aussi éblouissante qu’un océan de flammes célestes.
« Il… il a réussi ! »
Les alchimistes de la Division se levèrent d’un bond. Les anciens restèrent figés, tandis que Ancien de la pilule éclatait de rire à nouveau.
Meng Hao leva alors la tête, son regard incandescent tourné vers les cieux.
« Véritable corps de chair immortel ! »
Son corps résonna comme mille tambours célestes. La Lumière Immortelle se répandit dans toutes les directions, enveloppant ciel et terre.
348 000 mètres. 354 000 mètres. 360 000 mètres.
Puis : 387 000 mètres !
Un fracas assourdissant ébranla le monde. Le cocon éclata. Une vague de Qi immortel inonda son corps. Sa chair devint un trésor immortel, ses os un socle indestructible, ses canaux spirituels des fleuves ouverts à l’infini.
Ses cheveux s’allongèrent, son corps s’élança, son visage prit une allure majestueuse. Son aura fit trembler tous ceux qui posaient les yeux sur lui.
Un joyau immortel venait de naître dans les cieux.
Un véritable corps charnel immortel .
Un véritable Saint .
