Chapitre 928 – Tu restes avec moi !
Les jeunes hommes qui avaient repoussé Fang Xi portaient de longues robes noires ornées de lunes. Une atmosphère sévère et glaciale émanait d’eux, donnant à quiconque les regardait l’impression d’être observé par une vipère tapie dans l’ombre.
Leur base de cultivation atteignait le stade 3 de l’Immortalité. Des ondulations d’énergie indistinctes les entouraient, renforçant leur image de puissants immortels.
À peine les membres du clan Fang présents les reconnurent-ils que leurs visages s’illuminèrent d’admiration mêlée de crainte. Tous reculèrent lentement.
— Ce sont les Gardes de la Lune Noire !
— De nombreux Élus d’autres sectes sont ici pour le Soleil de l’Ascension de l’Est. Les Gardes de la Lune Noire sont chargés de maintenir l’ordre !
— Le clan Fang possède neuf corps de garde : quatre hors planète et cinq sur Victoire Est. Parmi eux, seuls les Gardes de la Lune Noire et ceux du Soleil Violet protègent directement le manoir ancestral !
Chacun de ces corps avait jadis accompli des exploits retentissants qui avaient secoué la Neuvième Montagne et la Mer. Les Gardes de la Lune Noire, en particulier, étaient réputés pour leur cruauté et leur froideur venimeuse, au point d’être redoutés aussi bien par les étrangers que par les membres du clan.
En les voyant, Fang Xi pâlit. Les mots qu’il s’apprêtait à dire restèrent coincés dans sa gorge. Bien qu’il appartînt à la lignée directe, chacun savait que celle-ci déclinait. Il ne pouvait pas se permettre de les offenser.
— Fang Xi, déclara l’un d’eux d’une voix glaciale, pour conduite bruyante et désordonnée sur les rives du lac de Lune Claire, pour trouble à l’ordre public et pour avoir fait perdre la face au clan devant des invités, tu vas te tenir à trois cents mètres !
— Si tu t’approches à moins de cette distance, ce sera considéré comme un acte d’insurrection, ajouta l’autre, les yeux pleins de mépris. Fiche le camp !
Un geste de la main fit naître un vent violent qui souleva Fang Xi, le projetant en arrière.
En un instant, il recula de près de trois cents mètres, sous les regards silencieux du clan. Il s’arrêta à deux cent quatre-vingt-dix-neuf mètres, le visage livide, les yeux injectés de sang.
Il comprit aussitôt que c’était une humiliation délibérée : avec leur puissance, ils auraient pu le repousser exactement à trois cents mètres, mais ils le forçaient à faire de lui-même le dernier pas.
Le cœur empli de rage mais soumis aux règles du clan — d’autant que ces gardes obéissaient directement à la branche de Fang Wei — Fang Xi serra les poings, baissa la tête et recula d’un mètre. Sa dignité en fut brisée, mais il n’avait pas le choix.
Les deux Gardes de la Lune Noire ricanèrent, puis tournèrent les talons… avant de réapparaître soudain à ses côtés pour recommencer, le rejetant encore à deux cent quatre-vingt-dix-neuf mètres.
— Nous vous avons déjà prévenu ! lança l’un d’eux. Trois cents mètres !
Fang Xi tremblait de colère. Eux attendaient qu’il craque, confiants que leur mission, couverte par le Prince Wei, les protégerait de toute sanction. Il songea à son père et, ne voulant pas lui attirer davantage de honte, recula encore.
Bientôt, plus de dix Gardes de la Lune Noire apparurent, repoussant la foule. Sous leurs regards de mépris, Fang Xi recula encore : trois cents mètres… mille cinq cents… trois mille…
— Un pas de plus !
Un silence pesant tomba. Fang Xi rit amèrement, prêt à s’éloigner, quand une main se posa doucement dans son dos, l’arrêtant.
— Qu’est-ce qui ne va pas, Fang Xi ?
Il se retourna. Meng Hao se tenait derrière lui, apparu sans que personne ne le remarque, un perroquet perché sur l’épaule.
Les gardes le fixèrent, stupéfaits : même eux ignoraient comment il avait pu arriver là.
— C’est Fang Hao ! chuchota la foule.
Fang Xi, partagé entre soulagement et amertume, sentit la main de Meng Hao tapoter son épaule. Une froideur glaciale passa dans les yeux de ce dernier.
— Reste avec moi. Voyons qui ose nous barrer la route.
Il passa devant Fang Xi, avançant vers les gardes. Deux d’entre eux s’interposèrent.
— Fang Xi troublera encore la paix s’il s’approche !
Meng Hao leva la main. Un grondement emplit l’air : un Dragon Volant de Pluie incorporel surgit, fonçant sur les deux gardes qui furent projetés en arrière, crachant du sang.
La foule s’agita : eux n’avaient jamais blessé Fang Xi, mais Meng Hao venait de frapper sans retenue.
La douzaine restante se jeta sur lui.
— Même avec le soutien de la Division du Dao de l’Alchimie, tu subiras le châtiment !
Meng Hao les fixa, les yeux brillants d’une lumière tranchante.
— Disparaissez.
Le mot résonna comme un coup de tonnerre. Les gardes eurent l’impression qu’une montagne invisible s’abattait sur eux ; du sang jaillit de leurs bouches tandis qu’ils étaient balayés comme des feuilles.
La foule s’écarta d’elle-même, ouvrant à Meng Hao un chemin jusqu’au lac de Lune Claire.
Sur l’île au centre, dans la pagode, Fang Wei et les autres observaient la scène, chacun réagissant différemment : haine dans les yeux de Li Ling’er, recul prudent de Sun Hai, éclats acérés chez Song Luodan et Taiyang Zi… et Fan Dong’er, dont le regard se fit tranchant comme une lame, incapable de masquer son envie meurtrière.
— Meng Hao…
