Xiao Luo n’avait aucun problème avec la demande de Su Li. De plus, il n’avait rien à faire ce jour-là et prévoyait de tenir sa promesse à Su Xiaobei de l’emmener au parc d’attractions. C’était le jour idéal pour le faire, vu le beau temps. Quant à savoir pourquoi Su Li voulait que son frère les accompagne, il n’arrivait pas à comprendre.

Su Li semblait vouloir qu’il fasse connaissance avec son beau-frère, Su Canye. Mais était-ce seulement possible ?

La décision était déjà prise, et il ne s’embêta pas à y réfléchir davantage. De plus, il ne trouvait pas Su Canye si répugnant que ça, au contraire, c’était un personnage assez intéressant.

«Tu n’es pas sérieux. Va-t’en… pourquoi es-tu si pathétique, au volant d’une voiture bas de gamme qui ne vaut même pas 200 000 dollars ? Comment puis-je draguer des filles avec ça ? Ça ne marchera pas. Je dois demander les clés de la Ferrari de ma sœur.»

En voyant la voiture de Xiao Luo dans le parking, une Trumpchi, Su Canye fit immédiatement demi-tour et retourna à l’appartement. La seule raison pour laquelle il suivait des cours de kendo était qu’une fille qui lui plaisait s’entraînait également là-bas. Auparavant, lorsqu’il avait encore sa Bentley, il venait tous les jours en voiture, juste pour frimer. Et maintenant, devant arriver dans une voiture nationale bon marché, il ne trouvait soudainement plus le courage de se présenter au club de kendo.

Mais il s’arrêta après quelques pas et retourna à la voiture. Il eut soudain des flashs de Su Li agitant son index devant son visage et lui faisant la morale. Ayant perdu sa Bentley, s’il demandait les clés de sa Ferrari, il serait sans aucun doute traîné sur un lit de charbons ardents.

«Laisse tomber, la Trumpchi fera l’affaire. Ice Face, je dois dire que ton statut dans la famille est extrêmement bas, et j’ai presque l’impression que ma sœur vient d’adopter un gigolo. Tu dois travailler plus dur, mon pote. Tu dois te relever un jour et gagner ta dignité en tant qu’homme. Mais j’ai de grands espoirs pour toi.» Il tapota sincèrement le dos de Xiao Luo. «Ice Face» était le surnom qu’il avait donné à Xiao Luo.

«Je ferai de mon mieux.»

Xiao Luo sourit et roula des yeux.

Su Xiaobei ne comprenait pas un mot de ce que disait son oncle, et son regard passait sans cesse de Xiao Luo à Su Canye. Finalement, elle se contenta de se frotter les joues avec un air perplexe.

«Ice Face, allons d’abord au gymnase de kendo, puis nous emmènerons la petite princesse au parc d’attractions dans l’après-midi», expliqua Su Canye après être monté dans la voiture, dévoilant son programme pour la journée.

«Tu peux y aller et faire ce que tu as à faire. Je peux tenir compagnie à Xiaobei», dit Xiao Luo.

Su Canye s’y opposa immédiatement : «Non. Un vrai homme ne revient jamais sur sa parole. J’ai déjà promis à ma sœur, et puis, même si la petite princesse t’appelle papa, tu restes un étranger au bout du compte. Tu n’as aucun lien de sang avec elle, et la petite princesse est tellement mignonne, que ferais-je si tu décidais de la vendre ?»

Xiao Luo resta sans voix.

«Tu ne dis que des bêtises, mon oncle. Mon papa ne vendra jamais Beibei !» protesta Su Xiaobei.

«Petite idiote, tu n’es encore qu’une enfant, tu ne comprends pas encore les dangers de la société. Tu te souviens comment tu as failli être kidnappée par les méchants à Jiangcheng ?»

Su Xiaobei ne savait pas quoi répondre, elle ne pouvait que regarder Su Canye d’un air absent et faire la moue.

«Écoute ton oncle, j’ai toujours raison. C’est aussi pour ça que ta maman m’a demandé de t’accompagner. Elle a peur que tu te fasses encore kidnapper. Si ça arrive, alors la terre va exploser, tu comprends ?» Su Canye tapota la tête de Su Xiaobei tout en la regardant dans les yeux et en parlant solennellement.

La petite fille était complètement perdue et secoua la tête. «Non.»

«D’accord, mon oncle, je vais t’expliquer. Si tu étais enlevé, ta maman devrait te chercher partout dans le monde pour te retrouver, n’est-ce pas ?»

«Oui», répondit Su Xiaobei en hochant la tête.

«Donc, si ta maman part à ta recherche, cela signifie qu’elle n’aura plus le temps de tourner dans des films, d’enregistrer des albums, de tourner des publicités, ni même de poster des messages sur Weibo. Sais-tu que ta maman a plus de 70 millions de followers ? Si les fans de ta maman ne voient aucun de ses nouveaux projets et ne reçoivent aucune nouvelle d’elle pendant longtemps, que penses-tu qu’il se passera ? Oui, ils deviendront fous, et une fois que cela se produira, ils perdront le cœur à travailler, se mettront en grève, descendront dans la rue par milliers et provoqueront des troubles sociaux, tu comprends ?» Su Canye parlait avec une conviction absolue, et Su Xiaobei était convaincue, gardant les yeux fixés sur lui et écoutant chaque mot qu’il prononçait. Il poursuivit son explication : «Et une fois que notre société sera en proie à l’agitation, le pays sera dans la tourmente, et nos ennemis saisiront alors l’occasion pour nous attaquer. Une fois que deux pays entreront en guerre, leurs alliés se joindront à eux, puis ils se battront partout dans le monde, et finalement, cela déclenchera la troisième guerre mondiale. Et lorsque certains pays seront désespérés, ils seront contraints d’utiliser leurs armes nucléaires. Si tous les pays utilisent leurs armes nucléaires, la Terre mère sera finalement détruite et réduite en poussière. Comme vous pouvez le voir, c’est terrifiant ! Donc, pour la sécurité de la Terre, ne te laisse pas enlever.»

Su Canye racontait n’importe quoi, il racontait vraiment n’importe quoi ! Mais Su Xiaobei buvait ses paroles, hochant la tête solennellement et écoutant attentivement chaque mot.

Tout en conduisant et en écoutant, Xiao Luo était complètement amusé. Les talents de Su Canye pour débiter des absurdités pouvaient rivaliser avec ceux de Zhang Dashan, la seule différence était que chez Zhang Dashan, cela ressemblait à des plaisanteries, tandis que dans le cas de Su Canye, il délivrait ses conneries de manière beaucoup plus sérieuse.

«Ice Face, puisque tu es déjà marié à ma sœur, tu devrais organiser une grande réception de mariage. Ma sœur est peut-être une célébrité qui a tout ce qu’elle veut, mais elle est aussi humaine. Tu ne peux pas être négligent dans des domaines aussi importants que le mariage», dit Su Canye, changeant soudainement de sujet pour parler de Xiao Luo.

Xiao Luo se contenta de sourire et resta silencieux. C’était un sujet sur lequel il ne donnerait pas son avis. Son mariage avec Su Li n’était pas consensuel, et non seulement ils n’avaient pas été fiancés, mais même leur certificat de mariage avait été demandé par un tiers. Il se passerait donc volontiers de mariage. Peut-être qu’un jour, Su Li rencontrerait un homme qui l’aimerait, et qu’ils pourraient alors divorcer et suivre chacun leur chemin.

«Au moins, ma sœur a eu la bonne idée de ne pas choisir cette ordure de Yang Hongzhi. Je l’ai croisé plusieurs fois dans des boîtes de nuit, où il se cachait dans un coin et jetait de l’argent aux filles en échange de leurs services. Quel pervers pur et dur ! Seule ma mère a été assez stupide pour se laisser tromper par son apparence et penser qu’il était un homme formidable. Comment a-t-elle pu se laisser convaincre de droguer sa propre fille avec un aphrodisiaque ? On peut dire sans se tromper qu’il est pire qu’une bête !»

Su Canye en disait long. Il avait appris l’incident par sa mère. Même s’il trouvait ridicule que sa sœur ait épousé un homme sans succès issu d’un milieu social complètement différent, au moins elle n’avait pas été ravagée par cette bête, Yang Hongzhi.

«Sachez que votre sœur et moi mettrons fin à notre relation un jour», dit Xiao Luo.

Su Canye resta silencieux pendant un moment, puis dit : «Vous avez peut-être raison. Elle a une mentalité traditionnelle à ce sujet, mais une fois qu’elle aura compris que ce mariage ne fonctionnera pas, elle y mettra fin elle-même. Quoi qu’il en soit, de mon point de vue, tu n’es pas digne de ma sœur, et pour quelqu’un d’aussi exceptionnel qu’elle, je pense que seuls quelques hommes dans ce pays peuvent lui arriver à la cheville.»

«Je dois dire que tes pensées sont assez profondes», dit Xiao Luo en souriant d’un air moqueur.

«Non, pas vraiment… tout ce qui sort de ma bouche n’est que balivernes. Je dis une chose un jour et autre chose le lendemain. Parfois, je ne comprends même pas ma propre logique», répondit Su Canye.

«Je vois ça.»

Xiao Luo continua à conduire sans poursuivre la conversation, car Su Canye était déjà en train de discuter avec Su Xiaobei et de raconter des blagues humoristiques et des devinettes.

Su Canye était quelqu’un qui ne pouvait pas se taire. L’habitacle de la voiture était rempli des rires joyeux de Su Xiaobei.

Xiao Luo ne pouvait pas détester quelqu’un que Su Xiaobei aimait. Au contraire, il trouvait Su Canye drôle et bavard.