Combat Contre Le Destin | Way of Choices | 择天记
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Chapitre 8 : Cueillir les étoiles
Chapitre 7 : Rencontre entre Chen Changsheng et Tang trente-six Menu Chapitre 9 : Ais-je fait quelque chose de mal ?

A cette époque, la plupart des gens pratiquaient le taoïsme de manière orthodoxe et la force réelle des humains leur venait des étoiles.

L’institut Guangming accordait une grande importance à la lumières des étoiles qui éclairaient la nuit.

Lorsque les gens réussissaient à passer le niveau de Zuozhaojing, ils concentraient la force de milliers d’étoiles à l’aide de laquelle ils pouvaient renforcer leurs corps humains. C’était l’un des objectifs de la pratique. Il était facile d’imaginer l’importance des étoiles pour les personnes qui s’exerçaient au taoïsme.

Pour mieux les observer la nuit, chaque institut possédait sa propre plate-forme.

La plupart du temps, on parlait de plateforme destinée à observer les étoiles ou l’on qualifiait le bâtiment d’observatoire des étoiles. Mais le second institut figurant sur la liste de Chen Changsheng portait un nom bien particulier. Il avait choisi de s’appeler Institut Zhaixing, ce qui signifiait ײcueillette des étoilesײ.

« La cueillette des étoiles » était un nom très audacieux, cependant, personne ne s’y était opposé : tous étaient d’accord sur le fait que dans le monde entier, seul cet institut, qui revendiquait ce nom, en était digne.

Celui-ci dépendait directement de l’armée de la dynastie des Zhou. Chaque année, cet institut formait de nombreux jeunes gens courageux et forts et les généraux issus de cette école étaient aussi nombreux que les étoiles dans le ciel.

Durant la guerre entre les humains et la race des démons, les premiers s’étant trouvés un jour sur le point d’être vaincus et afin d’inverser cette tendance, les disciples et même le doyen de l’institut Zhaixing s’étaient rendus sur le front.

Lorsque quelqu’un tombait, un autre le remplaçait immédiatement. Environ huit à neuf disciples sur dix avaient perdu la vie au cours de cette bataille. A la suite de ces évènements, cet institut, autrefois immense, était devenu aussi silencieux qu’un cimetière.

L’institut Zhaixing avait gagné le respect du monde entier. Il possédait également une puissance incroyable dans le domaine militaire.

Qui, après ça, aurait osé s’opposer à ce que cette institution choisisse de porter le nom de ײcueillette des étoilesײ ?

Tous, y compris Chen Changsheng, avaient entendu parler de cette histoire sanglante et glorieuse. Dans sa liste, son maître avait placé cet institut en seconde position, mais aux yeux de Chen Changsheng, il méritait la première place.

Au départ, Chen était un peu déprimé de ne pas avoir été admis à l’institut Tiaodao, mais il n’y accorda pas plus d’importance. Il désirait intégrer l’institut Zhaixing, persuadé que ce dernier était plus juste que l’institut Tiaodao.

Tout à ces réflexions, il arriva à Zhaixing et se prépara à passer sa seconde évaluation d’entrée.

L’atmosphère qui régnait dans ces lieux était très différente de celle de l’institut Tiandao. La cour était également noire de monde, cependant on n’entendait aucun bruit et tous les candidats étaient très calmes. Peut-être était-ce dû aux regards des soldats armés de pied en cap ou à la stèle portant la longue liste des noms des martyrs de l’institut Zhaixing. Tout cela faisait que cette cour était terriblement oppressante.

Après avoir rempli un simple formulaire d’inscription et pris un numéro, six cents adolescents pénétrèrent dans la cour sous la direction des officiers.

Comme Tiandao, l’institut Zhaixing effectuait lui aussi une pré-évaluation dans le but d’éliminer les hommes ordinaires qui n’avaient pas réussi la régénération de leur moelle. Cette pré-évaluation était également destinée à réduire la pression des maîtres durant l’examen. Cependant, le moyen utilisé par l’institut Zhaixing pour cette épreuve était bien plus simple : pas de pierre inductive mais une simple meule de pierre.

Cette meule de trois cents livres était particulièrement imposante. En fait, on l’avait détachée pour la circonstance des cuisines de l’institut. Seuls les candidats qui réussissaient à la soulever et à monter une trentaine de marches se voyaient qualifiés pour l’épreuve suivante.

A moins d’avoir régénéré sa moelle, il était très difficile pour un homme ordinaire de passer cette épreuve. De nombreux candidats pâlirent en apercevant la meule. Beaucoup renoncèrent et s’en allèrent tête baissée, y compris des jeunes gens qui avaient pourtant réussi à régénérer leur moelle mais n’avaient pas le niveau requis. Quelques adolescents ordinaires s’armèrent de courage et tentèrent de la soulever, mais en vain.

Par le passé, quelques-uns de ceux qui n’avaient pas régénéré leur moelle étaient pourtant parvenus à soulever la meule. C’était le cas du général Tigre Blanc, actuel gardien de la frontière Galan. S’appuyant uniquement sur sa force humaine, il avait soulevé la pierre avec facilité pour la lancer dans le lac qui se trouvait à proximité. Mais les hommes comme Tigre Blanc étaient rares.

Les instructeurs consultèrent l’heure et à regret, décidèrent d’accélérer la pré-évaluation. Ils demandèrent aux candidats d’annoncer leur niveau, puis firent passer en priorité ceux qui avaient réussi la régénération tandis que les jeunes gens ordinaires attendaient à l’arrière.

Il était déjà midi et aucun miracle ne s’était encore produit parmi les adolescents ordinaires.

Les spectateurs, qui commençaient à s’ennuyer, s’en allaient lorsque soudain, un solide garçon s’avança à l’appel de son numéro, souleva la meule avec facilité et grimpa d’un trait les trente marches. Il n’était même pas essoufflé et son visage n’avait pas rougi. L’adolescent alla jusqu’à reprendre la meule pour la remettre en place.

Le public l’acclama!

Le jeune homme salua la foule, gravit une nouvelle fois les marches et s’éloigna au sein de l’institut Zhaixing. La plupart des gens eurent un sourire. Ce garçon semblait particulièrement honnête. Même s’il affichait une certaine fierté, aux yeux des personnes présentes, c’était surtout un garçon adorable.

En le regardant disparaître au loin, les gens cherchaient à deviner d’où venait ce jeune homme. Soudain, quelqu’un mentionna qu’il avait vaguement remarqué un tatouage noir à sa cheville. Tout le monde se tut. Ce tatouage signifiait que… cet adolescent possédait probablement du sang de la race des farfadets, ou tout simplement qu’il était de leur race!

Depuis des siècles, les farfadets et les humains s’unissaient pour lutter ensemble contre la race des démons. Les relations entre les deux races n’étaient pas tout à fait harmonieuses, cependant toutes deux vivaient en paix.

Certains farfadets avaient pris forme humaine et vivaient à présent parmi les hommes. Cependant, ces deux races étaient très différentes.

Tant que les farfadets ne commettaient pas de mauvaises actions dans le monde des hommes, ceux-ci ne leur accordaient guère d’attention.

Le succès de ce jeune garçon marqua le départ de l’évaluation de l’institut Zhaixing. Après lui, deux jeunes chasseurs réussirent eux-aussi à soulever la meule par leur propre force. Ils eurent un peu de mal, mais ce succès leur valut tout de même des acclamations.     

Le maître qui enregistrait le résultat des candidats hocha légèrement la tête. Il semblait satisfait des jeunes présents cette année.

Le temps passa très vite. Enfin, ce fut au tour de Chen Changsheng.

La foule regarda cet adolescent innocent, l’encouragea un peu et ne fit plus attention à lui. A leurs yeux, Chen était évidemment trop jeune et il ne semblait pas aussi fort que le candidat issu de la race des farfadets. Il était même plus faible que les deux jeunes chasseurs. Comment aurait-il pu soulever une meule de trois cents livres ?

A l’institut Tiandao, Chen Changsheng s’était servi de ses connaissances sur le règlement pour passer le stade de la pré-évaluation. Allait-il cette fois encore trouver une astuce de ce genre ? Mais dans cette atmosphère grave et solennelle, Chen Changsheng n’avait rien tenté jusque-là. Il alla se placer devant la meule et s’accroupit lentement. Ses deux mains agrippèrent fermement les deux côtés de la pierre. Il prit 5 lentes et profondes inspirations et concentra toutes ses forces sur ses deux bras. Avec un léger gémissement, il entreprit soudain de la soulever.

En voyant cela, la foule fit silence. Ceux qui discutaient entre eux en furent tellement surpris qu’ils en oublièrent de refermer la bouche.

La meule s’éleva lentement jusqu’au niveau de la poitrine de Chen Changsheng : un pouce plus haut que le critère requis pour l’évaluation! Chen avait le visage un peu rouge, mais il était plutôt calme, ne montrant ni stress, ni panique.

Boom! De chaleureux applaudissements éclatèrent dans la cour de l’institut Zhaixing. Les spectateurs se mirent ensuite à frapper en rythme dans leurs mains afin d’encourager le jeune homme à aller jusqu’au bout.

Chen Changsheng avait à peine gravi une marche que ses genoux se mirent à trembler.

Soulever la meule n’était que la première étape, le plus difficile étant de grimper les marches avec cette lourde charge. Sa respiration se fit irrégulière et son visage rougit. Chen Changsheng restait silencieux, mais à ses joues légèrement gonflées, on pouvait deviner qu’il serrait fermement les dents. Sous les regards de l’assistance, il se dirigea vers le haut de l’escalier, un pas après l’autre.

Chen Changsheng n’ayant pas régénéré sa moelle, ses os et muscles n’étaient pas en mesure de supporter un poids de trois cents livres. De plus, en raison de sa maladie, il aurait dû être plus faible qu’un homme ordinaire. Comment pouvait-il gravir ces marches chargées de cette lourde pierre ?

En fait, en raison de sa maladie, qui de plus était très difficile à guérir, son maître et son frère avaient pris grand soin de sa santé et de son corps. Sitôt qu’il avait été en âge d’apprendre, Chen Changsheng récitait déjà les trois mille livres de taoïsme. De temps à autres, des taoÏstes qui parcouraient le monde arrivaient dans ce petit temple et, en apprenant la maladie de Chen Changsheng, proposaient différents moyens pour tenter de le soigner. Son maître quant à lui cherchait des remèdes à base de plantes. Il les faisait bouillir et versait le jus ainsi obtenu dans le bain de Chen Changsheng. Quant au disciple Yuren, il avait pris l’habitude de frapper le corps du jeune garçon avec des broussailles ou un bâton de bois pour le renforcer.

En dix ans, Chen Changsheng s’était habitué à l’odeur des livres, au parfum des remèdes chinois et aux sensations éprouvées lorsqu’il était battu.

Ce traitement, qui avait duré des années, ne l’avait peut-être pas guéri de sa maladie mais son corps, qui aurait dû être plus faible que celui de la plupart des gens, était au contraire devenu plus fort. Même si cette force et cette santé n’étaient qu’apparentes, Chen en était heureux.

Ce jeune homme, malade depuis son enfance et qui vivait depuis dans l’ombre de sa maladie, accordait davantage d’attention que les autres à son corps et à sa force physique. C’est pourquoi ce jour-là, dans la cour de l’institut Zhaixing, Chen Changsheng , qui avançait silencieusement, avait absolument tenu à soulever la meule et à réussir l’évaluation en ne comptant que sur ses propres forces.

Par cet acte, il entendait sincèrement se prouver quelque chose mais aussi montrer sa gratitude envers son maître et son frère Yuren.

Un pas, deux pas, trois pas, quatre pas…

La respiration de Chen Changsheng se faisait de plus en plus pénible et son visage de plus en plus pâle. Ses cheveux noirs étaient trempés de sueur, mais son regard semblait toujours aussi calme.

Un à un, les spectateurs cessèrent d’acclamer et d’applaudir : chacun avait les yeux rivés sur le jeune homme : la tête baissée, il gravissait avec difficulté les marches de pierre. Ceux qui l’observaient étaient à la fois inquiets et impressionnés.  A plusieurs reprises, il lui sembla qu’il allait s’effondrer mais il s’entêta opiniâtrement. En haut des marches, un maître de l’institut Zhaixing observait Chen Changsheng, le regard rempli d’admiration.

Sept pas, huit pas, neuf pas…

Il avançait de plus en plus péniblement.

Le maître de l’institut Zhaixing appréciait beaucoup ce garçon qui l’avait surpris par les qualités dont il faisait montre au cours de cette pré-évaluation : la persévérance et le courage, étaient indispensables à un soldat. Celui-ci prit alors la décision de considérer que Chen avait réussi, même s’il ne parvenait pas à gravir les dernières marches. Cela n’affecterait en rien la réputation de l’institut Zhaixing ni celle de l’armée de la dynastie des Zhou…

A la vue de ces spectateurs tendus, l’instructeur se dit que probablement, tous pensaient la même chose : en raison de ses efforts, ce jeune homme méritait davantage l’approbation que les autres.

Tout à ses pensées, ce dernier ne prêtait plus attention au jeune homme. Mais lorsqu’il reprit ses esprits, ce fut pour constater que l’assistance avait une expression différente.

L’instructeur se retourna et vit près de lui l’adolescent trempé de sueur et qui semblait exténué.

Très satisfait, il lui donna une légère tape sur l’épaule et sourit.

Chen Changsheng se tenait debout en haut de l’escalier, la lourde meule à ses pieds, regardant la foule.

Il avait réussi.

 



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