– « C’est donc toi ? »
Pris d’un rire nerveux, Tiezhu se demandait par quel miracle le jeune Yun était encore en vie. Comment pouvait-il avoir autant de chance ? Tout avait été si bien orchestré avec Chengyu, y compris l’histoire inventée à l’intention des villageois et ouvriers du raffinage!
« De quelle manière pourrais-je le tuer. Il n’y a pas grande gloire à éliminer un petit singe qui n’atteint même pas mon torse », pensa-t-il!
– « Quelle stupidité! Bien sûr que c’était moi! » S’exclama Yi Yun, les bras levés avec une expression qui signifiait clairement “C’est maintenant que vous réagissez ?”
Tiezhu le regarda comme s’il était un simple d’esprit :
– « Petit vaurien, je vais te réduire en chair à saucisse pour m’avoir offensé. Je vais te faire une clé dont tu te souviendras! »
– « Je suis ici pour vous défier et gagner ma place, pas pour écouter vos bêtises! » Répondit fièrement Yi Yun.
Le public en était abasourdi. Le jeune garçon voulait participer à la sélection du Royaume!
– « Dieu du ciel, est-il fou ? Comment pourrait-il rivaliser avec Zhao Tiezhu ? » Grommelaient quelques badauds.
– « Yun… » De son côté, Xiaoke avait peur pour son cousin.
Aux yeux de la tribu, les membres du camp de formation des guerriers étaient comme des tigres. Nul ne pouvait rivaliser avec eux, encore moins un gamin.
Tiezhu faillit mourir de rire. Si c’était une blague, c’était la plus drôle qu’il n’ait jamais entendue.
– « Serais-tu devenu fou, petit cafard ? Crois-tu pouvoir représenter le clan Lian, avec le peu d’enseignement que tu as reçu du Seigneur Zhang ? »
Tous les membres du camp de formation étaient pliés de rire.
– « Ne perds donc pas ton temps avec ce mioche, Zhao! »
Soudain, une voix de femme se fit entendre :
– « Brise-lui les jambes et pends-le!. Il aura ce qu’il mérite! ».
Le jeune garçon, qui n’avait pas oublié cette voix stridente, reconnut aussitôt Lian Cuihua, celle qui avait assiégé la maison de sa sœur.
Il eut un rire sarcastique et la fixa d’un regard noir.
– « Que regardes-tu, petit bâtard ? Si tu continues, je t’arracherai les yeux. « Tiezhu, massacre-le! » Lui dit-elle, le regard séducteur.
Zhao Tiezhu se sentit galvanisé par les mots de sa maîtresse :
– « Tu n’es pas encore remis, gamin. Tu n’as pas les idées claires. Pauvre esclave, je vais te dévisser la tête et en faire un urinoir! »
Joignant le geste à la parole, le chef de camp de formation tendit ses deux bras d’acier pour saisir le visage de Yi Yun. Immobile, le jeune garçon fit de même.
Soudain, un craquement se fit entendre.
Le visage de Tiezhu se figea : Les mains de Yi venaient d’écraser les siennes comme s’il s’agissait d’un fétu de paille. Le sang coulait à profusion et l’on pouvait voir les doigts de Zhao tordus comme un cep de vigne.
– « Ah! » S’écria-t-il, en proie à la douleur!
Le regard glacial, Yi Yun lui décrocha un coup de genou dans la poitrine :
– « Qui est l’esclave ? Dans ce monde, les plus faibles sont réduits en esclavage, alors que les plus forts passent pour des seigneurs. C’en est assez de cet asservissement malsain. Je vais vous dire qui est l’esclave aujourd’hui. »
Tel du pollen emporté par le vent, le corps de l’imposant Tiezhu s’envola et retomba lourdement sur le sol, le sternum écrasé et plusieurs côtes cassées!
Le puissant Zhao venait de tomber sous le courroux du jeune garçon, réduit à l’état d’insecte sous le regard médusé de l’assistance.
Les yeux brillants et les poings serrés, Lian Chengyu fixa Yi Yun et se leva :
– « Comment cet esclave, ce cueilleur d’herbes, a-t-il pu le battre ? Après Zhang Yuxian, se pourrait-il qu’il ait continué la pratique des arts martiaux ? »
Même Xiaoke n’en revenait pas : son cousin venait de démolir cet immonde personnage, pourtant bâti comme une tour!
Fier de sa prestation, Yun réajusta sa tenue et reprit une posture décontractée.
C’était la première fois qu’il faisait preuve d’une telle violence. Lui qui s’était toujours entraîné contre des matières inertes, comme les rochers, venait de fracasser littéralement un être humain. Yi Yun resta insensible au corps moribond de son adversaire : il faut dire qu’il s’était habitué à la vie, très dure, des plaines sauvages.
Il savait de toute évidence que s’il éprouvait de la compassion à la manière d’un moine n’ayant pas de sang sur les mains, son adversaire pourrait en tirer avantage.
Le jeune Yun remua ses dix doigts l’un après l’autre puis tourna la tête vers Cuihua.
– « Vous vouliez m’arracher les yeux ? Qu’il me brise les jambes et me pende ? » Dit-il en s’avançant lentement vers elle.