«Encore un type arrogant qui n’a aucune idée de la hauteur des cieux ni de l’étendue de la Terre! »
Leylin baissa les yeux sur les deux cadavres de Sadista et fit un geste de la main. Deux belles langues de feu, telles des pétales de fleurs, s’étendirent doucement vers les corps qui les absorbèrent comme une éponge absorbe l’eau.
En quelques secondes à peine, ils furent réduits en poussière et leur anneau interspatial vola dans les mains de Leylin.
« Cela vient du royaume infernal. Il doit y avoir de belles surprises pour moi », pensa-t-il en le rangeant.
Il savait pertinemment qu’au sein du Royaume Infernal – l’un des Quatre Royaumes Supérieurs – étaient regroupées de nombreuses divinités car il était parmi les plus peuplés de tous les plans de l’Univers. En comparaison, la prison de Gebados ressemblait à un désert.
Certes, il était plus puissant que Sadista, mais pas en termes de trésors ni de richesse, ce dernier venant du Royaume Infernal.
À eux seuls, les trésors de la Nécropole des Dieux suffisaient à attiser la convoitise d’innombrables experts les yeux rouges d’avarice et à les conduire à des ruses.
Si Sadista avait été envoyé sur le plan Yulan pour acquérir des trésors, on imaginait sans peine combien il devait être respecté. Il était sans doute parmi les plus puissants des Dieux Supérieurs.
Cet homme possédait deux clones de niveau Dieu Supérieur et d’affinité Ténèbres et Vent, et de plus, il avait réussi à faire fusionner trois des Profonds Mystères des Lois des Ténèbres.
Mais désormais, il n’existait plus, car le Seigneur du Mont du Gong de Cuivre avait eu raison de ses deux clones divins en un seul échange de coups.
Mais en jouant le tout pour le tout pour lancer son attaque ultime – dans la mesure où il pressentait n’avoir pas affaire à un adversaire ordinaire – Sadista avait attiré l’attention des nombreux experts présents sur le continent Yulan et suscité leur crainte.
– « Quelle puissante aura! »
Au sein du palais impérial, Oerph, l’élégant et gracieux adolescent aux cheveux bruns qui avait pris le contrôle de l’Empire Yulan et était une personnalité plutôt puissante au sein de la Prison de Gebados, changea d’expression :
– « Qui est-ce ? » Demanda-t-il, perplexe, en se tournant vers l’Ouest. « Pour émettre de telles vibrations dans l’espace, ce doit être un expert de haut niveau! Se pourrait-il que les Dieux Supérieurs soient entrés en guerre ? Pourtant, sur le Plan Yulan, je ne connais que le Seigneur Beyrut et Adkins. Or celui-ci n’est pas assez fou pour s’opposer au premier. »
Visiblement, il ignorait totalement la présence de Sadista et de Leylin.
« Il semblerait qu’il n’y ait pas que deux Dieux Supérieurs sur le continent Yulan », pensa-t-il, nerveux, hésitant et confus.
En admettant qu’il puisse entrer dans la Nécropole des Dieux, combien de trésors récupérerait-il ?
De son côté, Adkins, qui avait pris possession du palais impérial de l’Empire O’Brien, était en train de regarder danser les dames du palais lorsque quelque chose en provenance de l’Ouest attira son attention.
« Un Dieu Supérieur ? »
Sans hésiter, il étendit son sens divin qui se propagea, tel une onde, couvrant tout le secteur Ouest de la Chaîne de Montagnes des Créatures Magiques, y compris le Mont du Gong de Cuivre : « Pas un seul Dieu Supérieur ? Comment-est-ce possible ?! »
Soudain, il réalisa que le sommet du mont avait été détruit, y compris sa végétation. Une conclusion s’imposa à son esprit :
« Il aurait été dévoré ? Ce ne peut être que l’œuvre d’un Dieu Supérieur formé aux Lois des Ténèbres! À en croire l’énergie perçue tout à l’heure, il a dû y avoir combat car il faudrait vraiment qu’un Dieu Supérieur s’ennuie à mourir pour exploiter son pouvoir de manière aussi gratuite. À moins que cela n’ait un rapport avec le Dieu Supérieur de l’Empire Rohault ? » Se demanda-t-il, perplexe.
En effet, il ne pouvait penser qu’à Sadista, dont il avait un jour découvert l’existence en étendant son sens divin et auquel, depuis, il accordait une attention toute particulière.
Étant au moins aussi puissant que lui, Adkins étendit aussitôt son sens divin sur l’Empire Rohault mais ne perçut aucune trace de l’aura de Sadista. Il étendit alors son pouvoir à tout le continent à l’exception du château métallique de Beyrut :
« Rien », pensa-t-il. « Il n’est plus sur le continent Yulan. Que s’est-il donc passé ? Ce vieil homme serait-il mort ? »
À cette pensée, il frissonna. Non pas qu’il craignît Sadista, mais il avait toujours eu le sentiment qu’il fallait s’en méfier. Et voilà que ce dernier s’était volatilisé!
« Il n’y a que quatre personnes sur le Mont du Gong de Cuivre. Linley, le Rat Dévoreur de Dieux et deux Dieux, sans doute ceux qui résidaient au domaine du Souverain de la Cité du Feu Bleu. Je me souviens d’eux », se dit Adkins, pensif mais absolument pas surpris de déceler là la présence des deux frères de Leylin.
Une fois le passage ouvert, tout le monde s’y était engouffré aussi était-il parfaitement normal que des gens issus de tous horizons aient fui vers le plan Yulan.
« Je ne sais pas pourquoi, mais j’ai la nette impression que quelque chose ne tourne pas rond », pensa-t-il en fronçant les sourcils.
– « Seigneur Adkins… » dit doucement Barnas.
Adkins, dont la décision était prise, se tourna vers lui :
– « Barnas, nous partons pour l’Ouest. »
– « L’Ouest ? » Répéta l’homme, quelque peu surpris.
– « Ne discute pas! »
Puis, se tournant vers les danseuses, il les congédia, après quoi lui et Barnas filèrent telle une ligne en direction de l’Ouest.
Tandis que tous revenaient en volant au manoir du Mont du Gong de Cuivre, Bébé, encore étonné, demanda :
– « Monsieur. Leylin, cet expert était-il réellement un Dieu ? »
Leylin, en robe couleur d’or sombre, ses longs cheveux flottant au vent, répondit avec une pointe d’amusement :
– « Un Dieu Supérieur, très exactement. Ne m’avez-vous pas entendu dire que ses deux Étincelles Divines étaient de niveau Dieu Supérieur ? »
– « Si, en effet, mais si cet homme avait deux clones de ce niveau, pourquoi est-il mort si vite ? »
– ça peut paraître incroyable, mais pour mon frère, ce n’est rien », intervint Burgess en riant.
– « Cet homme, qui était très puissant, a eu la malchance de vouloir s’en prendre à notre frère », renchérit l’expert à la robe blanche.
– « Ça suffit », dit Leylin, lassé des vantardises de ses frères.
Linley le regarda d’un air grave. Au moment où Sadista avait déformé l’espace, il avait eu le sentiment que si ce dernier l’avait voulu, il aurait facilement pu l’envoyer dans cette zone.
Sadista était terriblement puissant, des centaines de fois plus puissant que des Dieux comme Anras! Or il était mort en un instant.
« Leylin est sans doute l’un des plus puissants de tous les Dieux Supérieurs », pensa-t-il. « Peut-être même est-il l’égal du Seigneur Beyrut. »
Soudain, Leylin se tourna vers lui :
– « Linley ? »
– « M. Leylin ? »
Linley était toute ouïe.
– « Pour tout dire, je crois que ce Dieu Supérieur a quelque chose à voir avec vous », dit l’expert en souriant.
– « Avec moi ? Mais je ne le connais pas le moins du monde! »
– « Vous souvenez-vous de l’homme qui est venu ici s’en prendre à vous ? À ma connaissance, ce Dieu était l’un de ses subordonnés », répondit Leylin qui, visiblement, savait beaucoup de choses sur Sadista.
– « C’est donc lui qui voulait tuer mon patron ? » S’exclama Bébé, à la fois furieux et surpris à la pensée du salut amical que Sadista lui avait adressé.
– « Sans aucun doute possible », répondit Leylin. « Par ailleurs, cet homme ne venait pas de la Prison de Gebados mais du Royaume Infernal, l’un des Quatre Plans Supérieurs. »
– « Dans ce cas, pourquoi a-t-il voulu me tuer ? » Demanda Linley, d’autant plus confus qu’il ne savait pas grande chose du Royaume Infernal. « Je n’ai jamais eu maille à partir avec lui. Cela aurait-il quelque chose à voir avec mes ancêtres, le clan des Guerriers au Sang de Dragon, qui sont les seules personnes de ce plan supérieur à être en relation avec moi ? »
– « Je n’en ai aucune idée », répondit Leylin. « Si vous en avez le temps, allez trouver le Seigneur Beyrut, il le sait peut-être. Dans le cas contraire, je crains que vous ne deviez trouver l’explication par vous-même… »
Linley hocha légèrement la tête.
– « Je crois que nous avons de la visite », dit soudain Leylin en regardant le ciel en direction du Nord-Est.
Vêtu d’une robe dorée bariolée, un beau jeune homme descendait vers le Mont du Gong de Cuivre, accompagné d’un vieillard aux cheveux argentés.
Il se posa à l’endroit où avait eu lieu la bataille et où une grande partie de l’environnement avait disparu.
– « Seigneur Adkins, je sens ici une puissante aura des Ténèbres », dit Barnas.
– « Pas seulement », répondit Adkins. « Je sens aussi une légère aura de Feu. Si mon hypothèse est exacte, le Dieu Supérieur de l’Empire Rohault a été tué, et par quelqu’un qui s’entraîne aux Lois Élémentaires du Feu. »
– « Du Feu ? » S’exclama Barnas, soudain stupéfait.
– « Du Feu en effet », répondit Adkins, le visage extrêmement grave.
Tous deux se regardèrent, sachant parfaitement ce que l’autre pensait, puis Adkins secoua la tête.
– « Allons leur rendre une petite visite et voir un peu de qui il s’agit », dit-il en prenant le chemin du manoir élémental.
Arrivés là, ils se posèrent dans la cour puis, poliment, frappèrent à la porte.
– « J’espère que ce n’est pas lui », pensait Adkins.
Soudain, la porte s’ouvrit sur un homme chauve.
À la vue d’Adkins, un sourire illumina son visage.
– « Mr Adkins! Comme ça fait longtemps! Mais entrez, je vous prie! »
Avec un léger sourire, Adkins précéda Barnas dans la vaste demeure.
Linley et les autres, qui étaient assis dans la cour intérieure, furent profondément surpris en voyant entrer les deux hommes.
« Que fait-il ici ? » Se demanda Linley à la vue de Barnas en qui il avait reconnu celui qui était à l’origine de l’attaque d’Ojwin et de ses comparses sur le Château du Sang de Dragon.
« Alors qu’Ojwin et les autres manifestaient du respect à Barnas, voilà qu’il semble soumis à ce jeune homme. Se pourrait-il qu’il s’agisse du fameux Seigneur Adkins, un Dieu Supérieur ? »
Sitôt entré, le beau jeune homme balaya d’abord du regard Linley et Bébé puis ses yeux se posèrent sur Leylin.
Comme stupéfait, Adkins posa aussitôt le genou à terre :
– « Mes hommages, Seigneur! »