Peng !
L’énergie dégagée par le coup d’Ouyang Dihua heurta une colonne en pierre au bord de la place d’arme et la fendit instantanément en deux.
Pendant ce temps-là, Lin Ming était revenu à côté de Zhang Guanyu en un éclair. Sa paume frappa vers le bas et une impitoyable marque de doigts s’imprima sur le dos de Zhang Guanyu.
La Paume qui Morcèle le Cœur !
La véritable énergie de Lin Ming s’infiltra dans tout son corps et s’y répandit rapidement sans rencontrer aucun obstacle, Zhang Guanyu étant déjà incapable d’opposer la moindre résistance. Ses méridiens encore fermés furent ravagés par cette déferlante d’énergie, qui brûla également des points d’acuponctures essentiels.
Zhang Guanyu poussa un dernier râle de douleur avant de s’évanouir.
Tout le monde était bouche bée devant ce changement soudain de situation. Lin Ming avait complètement ignoré les sommations d’Ouyang Dihua et l’intervention de ce dernier ne l’avait pas empêché de frapper Zhang Guanyu d’un coup de paume de la main.
Cela ne signifiait-il pas qu’il était plus rapide qu’Ouyang Dihua ?
« Ouyang Dihua n’a pas pu l’arrêter ! Lin Ming est terrifiant ! »
« Ouyang Dihua est le disciple direct d’un aîné, ce n’est certainement pas un artiste martial à la Condensation de l’Impulsion ordinaire. Pourtant Lin Ming en est seulement à la Transformation Musculaire… »
Certains s’échangeaient des messages de véritable énergie parmi la foule. Les regards qu’ils portaient en direction de Lin Ming étaient pleins de révérence, et même de peur.
Lin Ming ramassa délibérément la Perle de l’Eclair de Feu qui traînait à côté de Zhang Guanyu après avoir coupé les racines de nombreux problèmes futures avec sa Paume qui Morcèle le Cœur. Il savait vaguement à quoi cela pouvait servir, même si c’était la première fois qu’il rencontrait une chose pareille. Il s’agissait probablement d’une arme au pouvoir destructeur.
Lin Ming ressentit une curieuse sensation alors qu’il observait la Perle de l’Eclair de Feu, comme si des flèches lui transperçaient le dos. Il se retourna calmement pour voir Ouyang Dihua le regarder d’un air menaçant.
Ce dernier n’avait jamais été autant en colère de sa vie. Il était déjà suffisamment irrité que Lin Ming ait ignoré ses ordres, mais penser qu’il réussirait à esquiver l’attaque dans laquelle il avait mis toute sa force pour l’arrêter, ça il ne pouvait définitivement pas l’accepter ! Il était en train de perdre la face devant tout le Royaume du Grand Avenir !
C’était un artiste martial à la Condensation de l’Impulsion. Il avait vingt-quatre ans et était le disciple direct d’un aîné des Sept Profondes Vallées. Tandis que Lin Ming n’était qu’un disciple principal en devenir âgé d’à peine quinze ans et encore à la Transformation Musculaire. Comment avait-il pu se faire ridiculiser de la sorte ? Son coup avait manqué sa cible et il n’avait rien pu faire d’autre que regarder avec impuissance ce sale gamin frapper Zhang Guanyu d’une main lourde. Il avait neuf ans de plus que Lin Ming ; son existence était-elle vaine ?
Où était sa dignité désormais ?
Son talent martial n’avait rien d’exceptionnel. Il avait pu devenir disciple direct parce que son oncle était le troisième aîné de la Faction Acacia. C’était du moins ce qui se disait dans son dos et l’énervait au plus haut point, ‘ce Ouyang Dihua est un incapable, il ne serait rien sans ses relations’.
« Bien ! très bien ! Vous avez ignoré mes ordres et vous en êtes pris à Zhang Guanyu alors qu’il était incapable de se défendre. Je pourrais vous estropier pour moins que cela ! » dit-il en serrant les poings. Ses yeux étaient imbibés de haine. On aurait dit qu’il souhaitait dévorer Lin Ming vivant !
Ce dernier resta impassible et, brandissant la Perle de l’Eclair de Feu dans ses mains, répondit avec assurance : « Je pense que vous devriez reconnaître cet objet monsieur l’Emissaire des Sept Véritables. Zhang Guanyu souhaitait l’utiliser contre moi et je crains, voyez-vous, que ce ne soit pas autorisé pas les règles de ce duel. A en juger par son apparence, c’est probablement l’œuvre d’un maître d’une secte importante, son pouvoir est facile à imaginer. Par conséquent, j’aimerais vous demander comment vous pouvez prétendre que Zhang Guanyu était incapable de se défendre ?
Ou alors, monsieur l’émissaire aurait-il préféré que je tende le cou pour me laisser trancher la tête ? Aurais-je dû attendre d’être sévèrement blessé avant de me débarrasser de mon adversaire ? Eh bien non ! Vous m’en voyez désolé mais je ne suis pas quelqu’un d’aussi noble. De plus, regardez autour de vous, voyez toutes ces personnes ! Si cet objet est aussi puissant que je le pense, ça aurait été une véritable catastrophe de laisser Zhang Guanyu l’utiliser et blesser tous ces innocents !
Il ne faut probablement pas beaucoup de véritable énergie pour l’activer. Je suis convaincu que Zhang Guanyu n’aurait pas reculé tant qu’il lui restait le moindre souffle de vie dans son corps. C’est pourquoi il était de mon devoir de l’arrêter ! Si je puis vous rassurer, sachez qu’il est seulement endormi. Mon dernier coup était léger. Quant à sa main, j’en suis désolé mais je n’avais pas le choix, je devais agir !
En faisant dix mille pas en arrière, je dis que même si j’ai dû être cruel, Monsieur Zhang et moi avions signé un Contrat de Vie et Mort avant notre duel, stipulant qu’aucune blessure, même mortelle, ne pourrait faire l’objet d’une enquête ou de poursuite. Nous y avons même apposé nos pouces en guise de signature. Vous vous en souvenez, n’est-ce pas monsieur Ouyang ? »
Celui-ci trembla de rage. Lin Ming avait habilement tourné les faits à son avantage.
Ce dernier coup était léger ?
Ouyang Dihua avait beau ne pas comprendre les mystères cachés dans ce coup de paume de la main, il était évident que ce mouvement vicieux et décisif de Lin Ming avait sérieusement esquinté Zhang Guanyu.
Sans compter qu’il lui avait déjà arraché la main droite un peu plus tôt, ne laissant rien d’autre que de la chair en lambeaux et des os brisés. Sans traitement rare et précieux, capable de faire repousser les membres, Zhang Guanyu resterait à jamais infirme. Son voyage le long de la voie des arts martiaux prenait fin avec ce duel.
Zhang Guanyu était trop fier pour tolérer le moindre échec, encore moins un échec de ce niveau ! Son cœur des arts martiaux ne s’en relèverait probablement jamais.
Toute son existence était désormais anéantie !
Mais ce qui mettait Ouyang Dihua hors de lui, c’est que Lin Ming n’avait pas contrevenu aux règles. Zhang Guanyu avait essayé de le tuer à peine plus tôt, et cette Perle de l’Eclair de Feu en attestait de manière irréfutable.
Selon le règlement de la Maison Martiale, tuer son adversaire au cours d’un duel ou le mutiler délibérément alors qu’il n’était plus en mesure de se défendre était proscrit, sous peine de sanctions allant jusqu’à la peine capitale.
Mais Lin Ming n’avait pas plus tué Zhang Guanyu qu’il ne l’avait mutilé après qu’il ait perdu tout moyen de résister. Son action était proportionnée. C’était de la légitime défense et, par conséquent, il n’avait enfreint aucune règle. Ouyang Dihua en était fou de rage et de frustration.
Sans compter qu’ils avaient également signé un Contrat de Vie et de Mort avant le duel, si bien qu’Ouyang Dihua ne pouvait reprocher aucun tort à Lin Ming.
Il ne disposait donc d’aucun motif pour se débarrasser de lui. Du haut de ses vingt-quatre ans et face à Lin Ming qui n’en avait que quinze, ce serait perçu comme un acte de lâcheté envers la jeune génération s’il utilisait sa cultivation pour l’intimider.
En outre, Ouyang Dihua repensa à la vitesse fulgurante de Lin Ming et commença à douter de sa capacité à l’atteindre. S’il n’était pas capable de l’annihiler avec une force absolue, il allait devoir le faire en plusieurs mouvements, ce que son amour propre ne pouvait se résigner à accepter. Leur neuf ans d’écart en deviendrait risible.
Mais il ne pouvait pas pour autant laisser passer cette affaire, il en allait de sa dignité !
L’atmosphère était très sombre et solennelle. Tout le monde pouvait ressentir la tension qui était sur le point d’éclater entre Lin Ming et Ouyang Dihua. C’était une opposition entre un Emissaire des Sept Véritables en devenir et un autre en fonction.
Lin Ming était évidemment le plus faible, peu importe la manière dont on regardait la situation.
« Lin Ming est en danger… ce n’est pas sage de provoquer quelqu’un comme Ouyang Dihua. Même le Maître de la Maison Martiale doit lui témoigner du respect. »
« La fougue de la jeunesse ! J’ai peur que les jours de Lin Ming s’assombrissent à compter d’aujourd’hui. Il n’aurait pas dû provoquer Ouyang Dihua avant d’avoir les capacités pour en assumer les conséquences. »
« Ne mésestimez pas Lin Ming ! Repensez à tous les ennemis qu’il s’est fait, de Zhang Cang à Zhang Guanyu en passant par Zhu Yan… ils ont tous connu le même destin et sont tombés sous sa lance. Vous me direz que Zhang Cang et Zhu Yan étaient trop faibles, mais alors qu’en est-il de Zhang Guanyu, n’était-il pas au sommet, que ce soit en terme de cultivation ou de force physique ? »
En réalité, il existait un autre ennemi que personne n’osait nommer à voix haute ; le Dixième Prince, Yang Zhen.
Ce dernier avait été fortement acculé par Lin Ming. A tel point qu’il en était réduit à faire des courbettes face à lui, sans aucune considération pour son honneur. Mais il lui suffisait de regarder le sort misérable de tous ceux qui s’étaient préoccupés de leur honneur et de leur fierté pour comprendre que chaque jour à faire des courbettes était un jour de plus à vivre. Yang Zhen était quelqu’un de prudent, capable d’attendre le bon moment.
Chacun possédait son propre point de vue. Certains s’inquiétaient pour Lin Ming, tandis que d’autres, qui se réjouissaient du malheur des autres, attendaient en jubilant de voir Lin Ming être exécuté par Ouyang Dihua.
Lin Ming était puissant, cela ne faisait aucun doute, mais il y avait un aîné des Sept Profondes Vallées derrière Ouyang Dihua. Un tel personnage possédait le pouvoir d’émettre un décret entraînant la chute d’une dynastie ou l’annihilation d’un pays tout entier. Lin Ming ne pouvait pas se permettre d’attaquer Ouyang Dihua, ce serait courir à sa propre mort, quand bien même il atteignait la Condensation de l’Impulsion.
Dans ce tumulte, Bai Jingyun se mordait les lèvres en silence, les yeux rivés sur Lin Ming. Son visage arborait une expression complexe.
Il lui restait encore six mois… six mois avant que la fin de son obligation de pleurer la mort de son père pendant trois ans ne s’achève.
Après quoi, une fois cette période de deuil achevée, Ouyang Dihua la demanderait en mariage.
Bai Jingyun ne s’attendait pas à ce que son grand-père, qui devait veiller aux intérêts de leur famille, trouve le courage de s’y opposer. Elle n’avait pas davantage l’espoir qu’Ouyang Dihua puisse purement et simplement l’oublier.
Celui-ci n’était pas venu lui adresser le moindre mot durant le banquet, mais c’était seulement parce qu’il n’avait pas trouvé le moment propice. Leurs regards s’étaient tout de même croisés et elle n’avait vu que cupidité et immoralité dans ses yeux.
Bai Jingyun s’était déjà résignée à son destin depuis longtemps, mais son cœur se serra immédiatement en voyant Ouyang Dihua et Lin Ming se faire face comme deux ennemis naturels.
Peut-être… peut-être qu’il existait une possibilité, aussi infime soit-elle, que Lin Ming puisse la secourir du brasier qui l’attendait.
…
Sur la place d’arme, Ouyang Dihua se dirigeait vers Lin Ming d’un pas lent. Son aura devenait de plus en plus forte à mesure qu’il se rapprochait. Le cœur de ceux qui le regardaient battait au rythme de ses pas, comme si chacun d’eux résonnait à l’intérieur de leur cage thoracique. La sensation était particulièrement inconfortable.
« Puisque je ne peux pas m’en prendre à toi directement, alors je te forcerai à te soumettre ! » pensa férocement Ouyang Dihua, et son aura s’intensifia de plus belle. Il comptait l’utiliser pour oppresser Lin Ming jusqu’à ce qu’il n’en puisse plus et soit obligé de reconnaître son infériorité aux yeux de tous.
Ouyang Dihua en était déjà au Large Succès du troisième échelon du Pouvoir Divin Acacia. Il ne lui manquait plus qu’une marche à gravir pour atteindre le quatrième échelon. Son aura imposante était nettement plus périlleuse que celle de Zhang Guanyu. Une nuée d’illusions chaotiques et de démons déferlaient partout alentour à chacun de ses pas, recouvrant Lin Ming de leur noirceur dévorante.
Tous ceux qui, au sein de l’assistance, se trouvaient non loin d’Ouyang Dihua furent obligés de se reculer. Une bizarrerie dérangeante émanait de cette aura. Tous ceux qui se laissaient surprendre se retrouvaient plongés dans des cauchemars épouvantables, au point d’en perdre l’esprit.
« Mon Seigneur ! » s’écria un garde dont le maître était déjà inconscient, de la salive s’écoulant au coin de sa bouche. Il voulait le secouer pour le sortir de sa torpeur, mais il savait que c’était inutile. Il ne pouvait rien faire d’autre que le prendre sur son dos et l’emmener en dehors de la zone couverte par l’aura d’Ouyang Dihua.
De nombreux individus présents possédaient des niveaux de cultivation trop faibles pour résister à la nature terrifiante de cette aura. Même des artistes martiaux à l’Entraînement de la Chair ou l’Entraînement des Entrailles commencèrent à perdre le contrôle et furent obligés de faire circuler leur véritable énergie à travers tout leur corps pour résister à la présence tyrannique d’Ouyang Dihua. Il y en avait d’autres encore dont le niveau de cultivation était tout simplement trop faible et qui, sans aucune préoccupation pour leur dignité, partirenten courant.
Un artiste martial à la Condensation de l’Impulsion des Sept Profondes Vallées était tout simplement un être hors du commun !
Quoiqu’elle ne faisait que les effleurer, de nombreux jeunes pratiquants souffrirent misérablement à cause de cette aura. Pendant ce temps-là, Lin Ming était en train de subir la pression de plein fouet ; on pouvait seulement imaginer à quel point cela devait être difficile.
Mais lorsque tout le monde parvint finalement, non sans de multiples efforts, à stabiliser leur esprit et leur conscience face aux illusions chaotiques, ils furent sidérés en voyant Lin Ming.
Il se tenait debout sans bouger, un air indifférent sur le visage. Ses deux mains étaient croisées contre son torse et étreignaient la Lance Lourde des Profondeurs. Il se tenait tranquillement au milieu de la place d’arme et regardait Ouyang Dihua droit dans les yeux avec indifférence, comme si c’était un singe de cirque.