Combat Contre Le Destin | Way of Choices | 择天记
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Chapitre 10 : Quand pourrais-je intégrer la liste Qingyun ?
Chapitre 9 : Ais-je fait quelque chose de mal ? Menu Chapitre 11 : Les deux gars

– « Je ne crois pas avoir fait quoi que ce soit de mal. »

Chen Changsheng regarda la femme d’âge moyen et dit : « Puisque la réponse est non, pourquoi devrais-je agir contre mes principes et ma volonté ? »

Alors qu’il parlait, bien que son visage resta le même, sa respiration devint plus forte. Seul le disciple Yuren connaissait la signification de ce détail : Chen Changsheng était très fâché.

Le regard de la femme se fit grave et elle demanda :

– « N’avez-vous pas peur de la mort ? »

– « Bien sûr que si », répondit  le  jeune  homme  d’un  ton froid et dur comme le fer. « C’est d’ailleurs pourquoi la première chose que j’ai faite à mon arrivée a été de me rendre chez le général pour annuler l’engagement de mariage avec Mlle Xu. Hier encore, je pensais revenir chez vous après mon admission à l’institut Tiandao ou à l’institut Zhaixing pour vous rendre cette lettre. Mais à présent, j’ai changé d’avis. Je suis vraiment désolé. »

Son interlocutrice lui lança un regard froid.

Chen Changsheng la regarda calmement et ajouta : « Sauf si vous admettez que vous avez mal agi. Cette fois, n’oubliez pas mes nom et prénom! »

La femme d’âge moyen, qui n’avait rien dit jusqu’ici, le regarda :

« En fait, je vous apprécie beaucoup. »

Elle était en proie à des émotions complexes : « Ces derniers jours, je n’ai cessé de vous observer. Jamais encore je n’avais vu un adolescent de votre âge capable d’une telle auto discipline. J’ai également beaucoup apprécié vos performances dans les quatre évaluations, vous nous avez montré une personnalité précieuse et digne de respect… Parfois même, je me dis que si j’avais une fille, vous seriez un excellent parti pour elle. »

Chen Changsheng ne savait que répondre à ses compliments. Mais comme il fallait dire quelque chose, il murmura simplement :

– « Merci. »

La réponse du jeune homme, quoi qu’adorable, était peut-être un peu ridicule mais au moins, il se montrait respectueux envers cette dame.

– « Malheureusement, dans le monde entier, personne n’approuverait que Mlle Xu vous épouse », poursuivit-elle en regardant vers le fond de la cour.

Chen Changsheng suivit son regard et aperçut un mur de pierre noire où était gravée une liste de noms. Le mur étant situé derrière la porte principale de l’institut, cette liste ne pouvait concerner les résultats de l’examen d’entrée. Alors qu’est-ce que c’était ? Tout à coup, il se souvint avoir vu un mur semblable à l’institut Tiandao comme à l’institut Zhaixing, où étaient également gravés de nombreux noms.

Tout  en  haut  de  la  liste, une  phrase  disait : « Puisse  le vent m’emporter sur Qingyun. » (1)

En voyant cette phrase, Chen Changsheng se remémora ce qu’il avait lu dans les livres et devina que la liste gravée sur cette pierre noire était le légendaire classement Qingyun.

Il y avait d’innombrables puissants sur le continent, mais la plupart du temps, les génies étaient des jeunes. La liste Qingyun représentait le classement des jeunes gens de moins de 20 ans les plus doués. Ceux dont le nom figurait sur cette liste étaient tous sans exception les meilleurs disciples issus de chacun des instituts ou bien des génies nés avec un don exceptionnel. Si rien ne venait y faire obstacle, ces jeunes gens deviendraient puissants et reconnus dans le monde entier.

Tous les instituts de la capitale et d’ailleurs avaient placé la liste Qingyun à l’entrée de leur établissement dans le but d’encourager les disciples à progresser et afin d’améliorer la cohésion intérieure, mais l’effet produit ne fut pas celui attendu. La plupart des disciples n’ayant guère de chances de faire un jour partie de cette liste, les noms des plus doués qu’ils admiraient au départ leur faisaient de plus en plus peur, parfois jusqu’au désespoir.

Pour être inscrit sur la liste Qingyun, peu importaient les connaissances, le niveau de pratique, le sexe ou l’institut d’origine. Le seul critère requis était la force et la seule limite, l’âge. Il arrivait parfois qu’un jeune homme de niveau inférieur triomphe par hasard d’un concurrent de niveau élevé. Son nom était alors placé en tête de liste, ce qui suscitait le mécontentement de nombreuses personnes.

Lorsque l’institut Tianji avait créé cette liste, beaucoup remirent en cause, et ce à plusieurs reprises, les critères de classement. La réponse de l’institut Tianji simple mais puissante, fut la suivante : quel que soit le niveau de pratique, le lieu de compétition ou l’environnement, une personne possédant une réelle puissance devait-être capable de le montrer en toute circonstance et de tirer parti de tous ces éléments. La meilleure façon d’en juger était la compétition entre deux personnes. Le résultat influençait directement le classement des parties concernées dans la liste Qingyun.

Chen Changsheng parcourut du regard les noms figurant sur la liste. Il ne connaissait personne. Quelques noms de famille lui semblèrent étranges : il s’agissait peut-être de jeunes gens issus de la race des démons ou de génies de la forêt du sud. Soudain, il aperçut le nom de Tang Tang, au trente-sixième rang sur la liste. Chen se souvint que Tang trente-six lui avait révélé l’origine de son surnom dans la cour de l’institut Tiandao. Il sourit et se sentit fier de lui.

Il arriva enfin tout en haut de la liste. Un seul nom, solitaire, dominait tous les autres : Xu Yourong. Ce nom lui était familier.

– « La liste Qingyun regroupe les plus forts du monde. Notre pays possède d’innombrables talents : rien que pour la capitale, une dizaine de personnes y figure déjà : quatre pour l’institut Tiandao, trois pour l’institut Zhaixing. Mais en comparaison avec les instituts du sud, comme l’institut Changsheng ou l’institut Huai, nous ne sommes guère avantagés. Avant que le nom de notre demoiselle ne figure sur la liste, le Nord l’emportait sur le Sud. »

La femme d’âge moyen fixait le mur de pierre noire sans chercher à cacher sa fierté. Elle poursuivit : « Notre demoiselle a intégré la liste il y a deux ans. Elle s’est directement classée première et son nom n’a jamais bougé de cette place depuis ce jour. Les jeunes gens derrière elle sont loin d’avoir le même niveau que Mademoiselle Xu. Ils ne pourront jamais l’égaler. »

Chen Changsheng regarda le nom placé tout en haut de la liste et ne répondit pas. Depuis quatre ans qu’il possédait cette lettre d’engagement, il avait lu maintes fois ce nom et connaissait son âge. La jeune fille avait pris la première place dans la liste Qingyun à l’âge de douze ans… Le sang du phénix était vraiment formidable.

La dame retourna vers Chen Changsheng et dit d’un ton sérieux :

– « Vous aussi, vous êtes excellent. Vous n’avez pas régénéré votre moelle et pourtant vous avez réussi l’examen d’entrée dans ces instituts. Malheureusement, un fossé vous sépare de notre demoiselle… Cela n’a rien à voir avec vos efforts ni avec votre talent. Continuez à vous battre pour réaliser vos rêves. Je suis persuadée que vous irez loin. Mais jamais vous ne pourrez atteindre son niveau. Si vous vous entêtez à son sujet, vous courez à votre perte. »

Chen Changsheng demeura silencieux. Il se souvint du jeune génie qui était la réincarnation du dragon et qui, avec Xu Yourong, étaient réputés pour former un couple de gens talentueux.

– « Monsieur Qiushan… »

La dame ignorait que Chen Changsheng connaissait l’existence de Monsieur Qiushan.

– « Monsieur Qiushan a toujours été en tête de la liste Qingyun », dit-elle, inexpressive.

– « Pourquoi est-il sorti de la liste ? Pour ne pas concurrencer Mlle Xu ? », demanda Chen.

– « Il y a deux ans, Monsieur Qiushan était parvenu à atteindre le niveau supérieur de Zuozhao. Il est à présent classé premier sur la liste Dianjin. »

Le jeune homme soupira. Comparé à eux, il se sentait bien peu confiant. Tous deux étaient des personnes exceptionnelles. Hors de question pour lui de penser seulement intégrer la liste Qingyun alors qu’il ne pouvait même pas faire partie de celle des admis au sein des instituts. C’étaient deux mondes vraiment différents.

Cependant, une chose le préoccupait :

– « Vous avez dit que le fossé qui me séparait de Mlle Xu n’avait rien à voir avec le talent ou les efforts, alors, de quoi s’agit-il ? »

– « C’est… le destin. Quand bien même vous possèderiez un talent incomparable, vous serez toujours un homme ordinaire. Mais Mlle Xu, de par sa naissance, n’est pas une personne ordinaire. Elle est la réincarnation du phénix. Le fossé qui vous sépare est incommensurable », répondit-elle doucement.

– « Encore le destin… »

Chen Changsheng soupira et resta un moment silencieux. Enfin, il leva la tête en regardant la dame et dit gravement :

– « Vous ne pensez tout de même pas que je suis venu à la capitale dans le but de changer mon destin et non pour annuler l’engagement de mariage! Le destin ? Vous ne me dissuaderez pas en jouant de cet argument. »

La femme d’âge moyen en fut un peu surprise. Elle n’aurait jamais imaginé qu’après les explications plutôt claires qu’elle venait de lui donner, il persisterait dans sa façon de penser.

Comme le soleil se couchait, Chen Changsheng traversa la rue et se mêla à la foule qui s’éloignait.

La femme d’âge moyen le regarda partir. Dans un premier temps, Chen gardait la tête baissée et le dos courbé. Il avait l’air seul et fatigué. Mais très vite, son corps se redressa, il releva la tête et se prit à regarder la foule et à admirer le lointain coucher de soleil.

Les lueurs rougeâtres du soleil se reflétaient sur son corps comme des flammes brûlantes.

– « Je n’avais jamais vu un jeune homme aussi discipliné que lui. Son régime et sa maîtrise de soi sont stricts et parfaits. Il ne donne pas dans les mauvais divertissements. Il prend son temps et ne donne pas le sentiment d’être anxieux ou en proie à la précipitation. J’ai l’impression que non seulement il profite de la vie mais qu’il aime la vie. Il est très exigent sur la propreté. Le premier jour, j’ai fait le calcul : il s’est lavé sept fois les mains et changé cinq fois de mouchoir. »

Debout devant Mme Xu dans la maison du général, la femme d’âge moyen s’exprimait en toute neutralité.

« Madame, je dois dire que cet enfant est très bien. Si on lui en donne l’occasion, il évoluera très vite. Pour peu qu’il rencontre des personnes disposées à l’aider, son avenir est assuré. »

Mme Xu ne s’attendait pas à ce que cette femme, qui lui tenait compagnie depuis une dizaine d’années et lui était fidèle, prenne la défense de Chen Changsheng.  Elle fronça les sourcils et demanda :

– « Qu’essayez-vous de me dire ? »

– « Il est évident que nous ne pouvons pas marier Mlle Xu à ce jeune homme. Mais nous lui infligeons de telles humiliations que si un jour il a l’occasion de devenir puissant, nos ressources ne nous seront d’aucun secours. Il vaudrait mieux pour nous que nous le fassions disparaître. Je suis d’avis que ce jeune homme possède de solides compétences. Nous devrions tenter de trouver une meilleure solution. »

N’importe qui aurait eu du mal de saisir la logique de cette dame, mais Mme Xu avait parfaitement compris ce qu’elle cherchait à exprimer. Elle était persuadée que cette femme n’appréciait pas réellement Chen Changsheng.

Tout à coup, Mme Xu se rappela ce que le général Xu lui avait dit la nuit passée dans son bureau :

– « De nombreuses personnes surveillent aujourd’hui notre résidence, surtout les vieillards qui travaillent depuis longtemps au Palais. Si jamais la Reine apprend qu’un scandale est lié à notre famille, son humeur s’en ressentira. C’est pourquoi il nous faut rester prudents à ce sujet. Il vaut mieux user de moyens modérés pour annuler cette promesse de mariage. Cependant, si ce jeune homme persiste dans ses stupides dessins ou cherche à obtenir davantage, nous n’aurons d’autre choix que de nous résoudre à le tuer. Cela entraînera peut-être d’autres préoccupations, mais c’est tout de même une solution. »

Shuanger entra dans sa chambre et réfléchit à la conversation qu’elle avait surprise derrière la porte de Mme Xu. Inquiète et désemparée, elle but une tasse de thé froid sans pour autant retrouver son calme.

En cachette, elle avait écouté la conversation entre Mme Xu et la dame d’âge moyen. Mais Mme Xu, qui savait parfaitement que Shuanger était restée en contact avec Mlle Xu par courrier, n’ignorait pas qu’elle écoutait derrière la porte.

Pourquoi lui avait-elle délibérément permis d’entendre cette conversation ? Souhaitait-elle que la jeune femme puisse informer Melle Xu de leur décision ? Shuanger était consciente que sa jeune maîtresse ne pouvait épouser ce jeune homme appelé Chen Changsheng. Mais accepterait-elle pour autant qu’il meure ?

Toute à ses pensées, Shuanger s’approcha de la table, prit des feuilles de papier et un pinceau qu’elle trempa dans de l’encre. Après quelques secondes de réflexion, elle se mit à écrire.

NTD : En Chinois, Qingyun signifie ײnuagesײ.

La sentence a un double sens : de la même manière que l’on a besoin du vent pour être transporté sur les nuages, l’élève a besoin de l’aide des autres et d’opportunités pour se hisser à la première place de la liste.



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