Néo-Life
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Chapitre 16 – Arène de la douleur
Chapitre 15 – Métier et Monnaie Menu Chapitre 17 – Sang et Sueur

Marlon arriva rapidement près de l’Arène, mais elle était bien plus colossale que ce que son nom laissait à penser.

Si Marlon avait dû la comparer à quelque chose, ç’aurait été avec le fameux Colisée de la Terre. Il avait vu des hologrammes de cette structure au Musée du Souvenir, lors de sa visite, et avait été impressionné par sa majesté et le fait qu’elle ait traversé les siècles en se tenant debout, colossale.

L’Arène était circulaire, et ses murs s’élevaient à plus d’une cinquantaine de mètres. Elle était construite avec la même roche grise que la quasi-totalité des bâtiments présents dans Delia. Ce même aspect poli et uniforme que tout le reste.

Des ouvertures étaient présentes à partir du premier étage, et Marlon pouvait même apercevoir les gens assis dans les gradins de là où il était, encore à plusieurs dizaines de mètres de ce qui semblait être l’entrée.

Des clameurs pouvaient être entendues même de là où il se tenait, et l’on aurait dit que des milliers de personnes se tenaient dans l’enceinte de l’Arène, criant leur joie ou leur déception suivant ce qui se passait à l’intérieur. Il n’y avait pas de toit et la structure semblait être un immense cercla à ciel ouvert où les gens venaient admirer des combats sanglants et intenses.

Il n’avait qu’une hâte, voir l’intérieur d’un tel colosse de l’architecture et ressentir cette sensation primale qui semblait provenir des cris des spectateurs.

Il avait presque sur le bout de la langue le gout du sang et du combat, et cela fit remonter sa rage meurtrière à la surface, le faisant piaffer d’impatience alors qu’il s’imaginait déjà se battre dans cette Arène démesurée, entaillant et blessant ses adversaires avant de les achever avec magnificence et dextérité.

« Calme-toi, gamin. Tu auras bientôt tout le temps de massacrer des joueurs, alors restes concentré sur ce que tu as à faire en premier lieu. »

Il secoua la tête pour sortir de son train de pensées de plus en plus sombres, étonné par cette soif de sang de plus en plus fréquente qu’il semblait ressentir sans la contrôler, et les paroles de Loki l’aidèrent à se concentrer, mais il sentait une ombre proche dans son esprit alors qu’il se mordait les lèvres pour rester pleinement en possession de ses moyens.

Il se refocalisa sur l’entrée de l’Arène, et il se rendit compte uniquement à ce moment que la rue était noire de monde patientant devant ce qui semblait être une arcade permettant l’accès à l’intérieur de l’Arène. Une double porte massive en bois semblait ne s’ouvrir qu’au compte-gouttes et ne laisser passer qu’une poignée de personnes à la fois. Toutes celles qui patientaient étaient alignées correctement et proprement, une dizaine de soldats semblant veiller au bon comportement de la foule.

En dehors de cet attroupement pour pénétrer à l’intérieur, le reste de la rue était très animé également, de nombreux étals de marchands présents en face de la file d’attente et proposant toutes sortes de denrées alimentaires. Il y avait des boissons rafraichies grâce à la magie, ce qui ressemblait à des brochettes de viande également était vendu à la criée. D’autres vendaient des boucliers ou des armes ayant soi-disant appartenu à des grands champions de l’Arène.

« C’est fou comme l’on peut retrouver le même fonctionnement quel que soit la dimension. Tout cela me fait furieusement penser à la Terre et à tout ce qui gravitait autour des évènements sportifs de grande envergure. »

Marlon fit bien attention de rester en dehors du passage des carioles, cette fois-ci, alors que leur trafic n’était pas interrompu un seul instant et que les conducteurs continuaient à invectiver les pauvres hères ayant le malheur de leur bloquer le chemin ou bien de traverser trop lentement l’avenue.

Les odeurs du quartier des artisans avaient disparu pour laisser place à d’autres, moins agréables, comme la sueur de centaines de personnes patientant depuis trop longtemps ou bien de détritus qui s’accumulaient çà et là dans les venelles adjacentes à l’Arène.

Marlon se dit qu’il ne pouvait se permettre d’attendre aussi longtemps et se dirigea vers la gauche de la structure, où une porte à taille humaine se trouvait, gardée par un quatuor de gardes à l’air patibulaire. Sa chimère ne le lachait pas d’une semelle mais se faisait discrète, observant les alentours avec attention alors que son maître arrivait devant la porte de service.

Lorsqu’ils le virent approcher, tous se mirent en position de défense et baissèrent les lances qu’ils avaient en main pour l’empêcher d’approcher plus avant. Leurs mines sévères ne laissaient pas la place à l’humour ou à une tentative de passage non autorisé.

« Interdiction de s’approcher ! Reculez, ou nous userons de la force pour vous faire partir. Cette partie de l’arène est réservée aux gladiateurs et aux entraineurs ! »

Marlon leva les deux mains en l’air et prit l’air le plus innocent disponible dans son répertoire d’émotions. Ses yeux s’arrondirent, sa bouche trembla imperceptiblement, et ses paumes ouvertes vers le ciel montraient clairement qu’il n’était pas une menace.

Se félicitant intérieurement de sa performance alors que deux des gardes semblèrent se détendre subtilement, il leur dit :

« Doucement messieurs, j’ai été envoyé ici par messire Rastan ! J’ai une recommandation de sa part pour rencontrer Mr Jacob, qui est censé m’instruire plus avant sur la voie du combat ! »

Les deux soldats ayant baissé leur garde eurent l’air étonné d’entendre le nom de Rastan et leurs sourcils se haussèrent sensiblement derrière le heaume de métal qu’ils portaient. Les deux autres, par contre, se jetèrent un regard avant d’interroger Marlon.

« Où et comment as-tu rencontré Sire Rastan ? Que t’a-t-il dit exactement ? »

Le jeune homme raconta alors dans le détail sa rencontre avec le Maître épéiste, ne passant aucun détail, même les moments où il crut mourir plusieurs fois, jusqu’à sa séparation avec lui et sa recommandation envers Jacob.

Les quatre gardes avaient maintenant une grande compassion dans le regard et leurs lances étaient retournées à la verticale, n’empêchant plus le jeune homme de s’approcher plus avant.

« Tu l’as vraiment rencontré…bienvenue au club de ceux qui ont…subi l’entraînement de Rastan. Je vais t’emmener voir Jacob, mais avant cela je dois te prévenir. Il est de la même trempe que son mentor. Même sadisme, mêmes méthodes. »

Un des autres soldats mit une calotte derrière la tête de son collègue assez brusquement, une lueur de peur dans le regard.

« Tais-toi ! Imagine s’il t’entendait parler comme ça ! On serait tous bons pour un ‘stage’, comme il appelle ça ! Dépêche toi juste d’emmener le gamin à Jacob ! »

Il se retourna vers Marlon et le regarda avec l’air de vouloir s’excuser.

« T’inquiètes pas trop. Il est dur, mais tu apprendras définitivement beaucoup de choses avec lui. »

Sans plus attendre, son premier interlocuteur lui fit signe de le suivre et, déposant sa lance sur un ratelier jouxtant l’entrée de service, il ouvrit la porte et s’engouffra dedans d’un pas vif et décidé.

Quand il le suivit, le jeune homme ne put s’empêcher d’entendre les commentaires des gardes restés sur place.

« Pauvre gosse… »

« Il est si jeune… »

« Personne ne mérite ça… »

Il sentit une légère pointe d’angoisse serrer son cœur alors qu’il entendait ces phrases lourdes de sens. Mais si l’entraînement de Jacob était semblable à celui de Rastan, alors il y survivrait. C’est grâce au vieil homme s’il était toujours en vie aujourd’hui. Il n’aurait pas survécu à l’embuscade près du lac sans ses enseignements et son entraînement quotidien.

Une fois passé le seuil de la porte, l’ambiance changea du tout au tout. L’odeur métallique du sang était très forte, quasiment omniprésente avec celle de la sueur. Luna s’était tendue subrepticement et on sentait que son poil se hérissait au fil de leur avancée. Elle jetait des coups d’oeils furieux à droite et à gauche, son attention détournée par les fragrances fortes qui se dégageaient de l’endroit.

Le sol n’était pas de pierre ou de bois. Marlon marchait maintenant sur du sable doré et presque aussi fin que de la poussière. Sur sa droite il n’y avait qu’un mur couleur ocre, et il croisait des portes en bois fermées derrière lesquelles il pouvait entendre des gémissements ou même des pleurs.

Sur sa gauche se trouvaient ce qui ressemblait à des cellules. Des pièces faites de barreaux métalliques, et même si la plupart d’entre elles étaient vides, certaines renfermaient des personnes aux airs fantomatiques, comme possédés.

Certains étaient des hommes musclés semblant chercher le conflit avec quiconque croisait leur regard, tandis que d’autres étaient des Nessos de diverses espèces à l’air agressif et même complètement fous pour certains. De nombreuses cicatrices ornaient leur corps et certaines semblaient être plus que fraîche. Les cellules semblaient quand même serties d’un confort minimal, alors que Marlon apercevait des cruches d’eau et ce qui ressemblait à des pots de chambre au pied de lits simplistes mais fonctionnels.

Marlon ne put s’empêcher de déglutir à cette vue.

« Ne prête pas attention à ces gens. Ce sont des prisonniers qui préfèrent tenter leur chance dans l’Arène plutôt que de subir une exécution sommaire. »

« Et…qu’y a-t-il derrière ces portes ? » demanda le jeune homme alors qu’un hurlement s’élevait justement de derrière cette dernière.

« Ce sont les chambres de repos pour les combattants blessés. On peut guérir presque tout, mais c’est souvent bien plus douloureux que la blessure elle-même. »

Ils débouchèrent finalement sur un carré bien plus grand que ce qu’il avait vu pour le moment. De nombreuses personnes étaient présentes et discutaient entre elles à coté de ce qui ressemblait à des casiers de vestiaire. Une ambiance presque joyeuse pouvait se sentir, et cela contrastait avec ses premiers mètres dans l’Arène.

A côté de cette zone vestiaire se trouvait une sorte de ring dont le sol était composé de sable, délimité uniquement par quatre poteaux et une corde faisant le tour de ces mêmes poteaux.

Plus loin, semblait se trouver l’entrée vers l’Arène, la grande, la vraie, d’où les clameurs provenaient. Une double porte en bois aussi massive que celle qu’il avait aperçu dehors séparait les coulisses de la scène principale. Il pouvait toujours entendre les cris des spectateurs, mais ils étaient comme étouffées par la double porte fermée qui faisait office de séparation.

Tous s’interrompirent quand ils virent Marlon et le soldat arriver, mais le jeune homme ne sentit aucune malice dans leur regard, seulement une certaine curiosité.

La mixité était aussi de mise ici, il pouvait voir presque autant d’humains que de Nessos, et tous semblaient bien s’entendre. Pas d’hommes-reptiles par contre, même s’il aperçut ce qui devait être un nain planter furieusement une hache à double tranchant dans un mannequin d’entraînement.

Il arriva enfin devant un homme qui devait facilement dépasser les deux mètres, mais sa musculature était plutôt fine comparée à sa stature, s’approchant presque de celle de Marlon.

Ses cheveux étaient coupés au carré et étaient de couleur blond platine, presque brillants tant ils étaient clairs. Le visage était carré, avec un nez qui semblait avoir été cassé de nombreuses fois. De nombreuses cicatrices couraient sur son torse, l’homme étant torse nu.

Il se dégageait une prestance et une autorité certaine chez cet homme, et Marlon se dit qu’il n’aimerait vraiment pas l’avoir comme ennemi.

« Bonjour, Sire Jacob. Ce jeune homme dit avoir une recommandation de sire Rastan vous étant destinée. »

Le visage du colosse de deux mètres se ferma et son regard aiguisé se tourna vers le jeune homme alors qu’il semblait lire dans son âme.

« Quel est ton nom ? »

Le ton de sa voix ne présentait aucune agressivité, mais tout comme Rastan ou Selia, une sorte d’autorité naturelle en émanait et perçait à travers les défenses du jeune homme comme si elles étaient faites de beurre

Même Luna, qui n’avait pas quitté les pas de Marlon depuis son arrivée à Delia, ne put s’empêcher de miauler sur un ton d’avertissement envers son maître.

« Je m’appelle Revenge, monsieur, et je suis venu chercher votre enseignement. »

Tous rirent abondamment à cette réponse, même Jacob. C’était même le plus hilare d’entre tous.

« Tu dois bien être le seul volontaire de tout cet hémisphère pour subir mon entraînement ! »

Le ton agaça quelque peu le jeune homme qui ne put s’empêcher de répondre un peu abruptement :

« J’ai bien subi celui de Rastan, je survivrais sans aucun doute au vôtre ! »

L’humeur changea du tout au tout et beaucoup des personnes présentes observaient Jacob d’un air inquiet. Ce dernier avait un sourire figé sur le visage mais une certaine curiosité emplissait maintenant son regard.

« Bien, très bien…tiens prends ça et monte sur le ring d’entrainement ! »

Jacob lui lança une épée en bois qui reposait sur un râtelier proche de lui et il en prit une pour lui-même avant de se diriger vers la structure primaire en forme de ring, enjambant le cordage qui l’encerclait avant de faire un signe au jeune homme.

Marlon se sentit nerveux, certain que le niveau de Jacob était au moins équivalent à celui de Rastan, ou pas très éloigné tout du moins. Cependant, il ne pouvait pas s’empêcher de ressentir une certaine forme d’excitation à l’idée d’enfin pouvoir se battre. Depuis sa dernière bataille, il n’avait plus ressenti ce bien-être que seul le combat et le sang pouvaient lui apporter.

Il enjamba également le cordage et se mit face à son adversaire. Le rush d’adrénaline lié à l’imminence du combat l’envahit et son cœur se serra, cette impression de froid absolu l’envahissant, rendant Marlon imperméable à toute émotion autre qu’une colère flamboyante.

Il prit une position d’attaque et Jacob, face à lui, sourit également en voyant le sourire figé sur le visage du jeune homme.

« Intéressant…allez, atta…! »

Il n’avait pas fini sa phrase que Marlon avait déjà bondi sur lui en attaquant de haut en bas avec sa lame en bois. Les yeux de l’instructeur s’écarquillèrent mais il ne fut pas perturbé le moins du monde par l’assaut du jeune homme.

Il para sans effort cette attaque et asséna de sa main libre un puissant coup dans les cotes de son adversaire, dont le souffle fut expulsé des poumons par ce contre.

Il s’affala à terre, mais sauta en arrière alors que son souffle était toujours bloqué. Grand bien lui en fasse, car Jacob n’avait pas attendu pour attaquer à son tour et son épée s’abattit là où se trouvait la tête de Marlon une seconde auparavant.

Le jeune homme savait qu’il ne pourrait pas gagner contre lui, mais il était heureux, profondément heureux de pouvoir affronter un adversaire de cette trempe. Son cœur battant furieusement dans sa poitrine, l’adrénaline parcourant ses veines, la douleur si familière du combat, tout ça procuraitun plaisir inavouable à Marlon qui se délectait de chaque instant.

Il se ramassa sur lui-même, et en reprenant son souffle, il jeta une poignée de sable en direction du visage de l’instructeur. Dans le même temps, il se jeta sur lui et fit croire à une attaque horizontale de son épée.

Voyant Jacob lever la sienne pour contrer malgré l’aveuglement partiel qu’il subissait à cause du sable jeté, il changea de direction au dernier moment et attaqua d’un coup de pied bas pour tenter de faucher le colosse.

Si ç’avait été qui que ce soit d’autre, sa feinte aurait fonctionné. Mais Jacob était Grand Maître épéiste en plus d’être l’instructeur officiel des combattants de l’arène depuis plusieurs années. Il se battait aussi continuellement contre ses pairs pour toujours continuer à s’améliorer.

La jambe de Marlon rencontra donc un mur, et il entendit clairement un os se briser lors de l’impact, une souffrance enflammée parcourant son cerveau et le faisant crier.

La dernière chose dont il se souvint fut un poing massif se dirigeant avec puissance vers sa mâchoire, puis ce fut le black-out total.

Il se réveilla quelques heures plus tard, allongé sur un lit sommaire, dans ce qui semblait être une des pièces fermées devant lesquelles il était passé plus tôt. Bizarrement, sa jambe ne lui faisait plus mal du tout et sa mâchoire non plus.

Il se redressa avec hâte et la tête lui tourna quelques secondes. La pièce était dépourvue de toute décoration et les murs avaient la même couleur ocre que le couloir dans lequel il était arrivé. Il faisait très sombre, seuls quelques rayons de lumière étant diffusés par une bougie qui brûlait dans une petite alcôve non loin de la tête du jeune homme.

Une odeur douceâtre s’en dégageait, comme si l’on avait fait brulé des herbes et d’autres choses que Marlon ne put identifier. Luna était allongée au pied du lit et regardait fixement vers un coin de la pièce.

Il se rappela soudainement le dernier coup de Jacob et son sang ne fit qu’un tour alors qu’il repensait au combat, qui bien que court, lui avait apporté une grande satisfaction.

« Tranquille, gamin. Tu as de la visite, et je pense que tu as fait bonne impression. Haha, faut croire que ta folie peut nous être utile de temps en temps ! »

Loki garda pour lui bien sûr le fait que cela allait surement lui créer de plus gros soucis à l’avenir, mais ce n’était ni le lieu ni le moment pour ce genre de discours.

Une voix grave résonna dans le fond de la pièce et Marlon se tourna vers son interlocuteur qui n’était nul autre que Jacob.

« Tu es un vrai chien quand tu combats, pas vrai ? »

Il regarda le géant sans répondre et ce dernier hocha la tête comme s’il avait répondu.

« J’ai beaucoup aimé ta rage de combattre. Tu ressembles pas mal à ce que j’étais plus jeune. Mais tu n’as aucun style, et très peu de technique ! Cela dit, je comprends clairement pourquoi Rastan t’as recommandé, ce vieux fou ! »

Malgré la pénombre de la pièce, Jacob sembla le jauger encore une fois du regard.

« Réponds-moi sincèrement. Si je ne t’avais pas assommé, tu aurais continué à tenter de me tuer, quelque soit le moyen utilisé, pas vrai ? »

Marlon déglutit alors qu’il sentait une pression colossale venant de Jacob, seulement il hocha la tête, préférant la jouer honnête avec celui qu’il voulait comme instructeur.

« Haha, parfait ! Je ne prends pas les petites natures ni les chiffes molles pour les entraîner ! Si on combat, c’est pour tuer ! Rien de plus, rien de moins ! Quiconque manie une arme doit être prêt à crever avec cette même arme à la main, en ayant tout donné pour vaincre, quelque soit la méthode employée ! »

« Tout à fait d’accord avec vous…Jacob ? »

« Appelle-moi Maître ! Quand tu pourras me toucher avec ton épée alors tu pourras utiliser mon prénom, hahaha !!! Allez, bouge ton cul et ramène-toi, un soigneur t’a déjà rafistolé pendant que tu faisais la sieste ! »

Marlon appréciait le caractère bourrin et franc de Jacob, aussi le suivit-il sans poser plus de questions.

« Tu as un mois ! Pendant un mois je vais t’entraîner, et crois-moi, Rastan est un petit joueur à côté de moi ! Tu vas souffrir comme tu n’as jamais souffert, mais à la fin, tu seras capable de battre pas mal de monde de ce côté-ci du globe ! Tu connais le système de rangs ? »

« Je connais celui de Débutant à Grand Maître, si c’est de cela que vous parlez, Ja…Maître. »

Il lui retourna un sourire radieux et lui administra une grande claque amicale dans le dos qui dut lui déplacer au moins deux vertèbres alors qu’ils arrivaient devant le ring d’entrainement.

« Bien, tu prends les bonnes habitudes tout de suite ! Par contre pour les rangs, c’est bon pour les métiers, pas pour les arts du combat ! Je t’explique ça correctement, alors tu as intérêt à retenir ! Et pendant que je te parle, tu vas sur le ring et tu fais des pompes, sans t’arrêter. Allez, bouge ! »

Marlon se dépêcha d’obéir. Il s’était déjà préparé mentalement à souffrir pendant le mois d’entraînement que Jacob lui avait annoncé, aussi son esprit était barricadé comme une forteresse. Une fois qu’il commença à faire les pompes, l’instructeur, assis confortablement sur une chaise en bois qu’il avait ramené, se mit à expliquer :

« Les arts de combat sont compliqués à jauger, car tes aptitudes physiques complètent ton rang de connaissance. Plus bas, les pompes ! …On a donc mis en place un système plus correct pour évaluer la technique et la force d’un combattant dans son art, que ce soit l’épée, la lance, d’autres armes de mêlée ou les armes à distance. Allez, plus vite, on dirait un Poune qui fait du sport ! »

Entre deux explications, il ne se gênait pas pour mettre la pression au jeune homme qui s’exécutait sans coup férir.

« C’est mieux ! Donc on a mis un système plus complet pour évaluer les compétences de combat. Cela comprend aussi les mages, hein. Ce n’est pas mon domaine, mais j’en ai vu ravager des champs de batailles sans que personne ne puisse les approcher…mais je disgresse ! Ce système comprend plus de rangs, et ils sont organisés comme ceci : du plus faible au plus fort. »

Il s’était maintenant avancé vers le jeune homme et posa son pied sur le dos de Marlon, ajoutant une pression supplémentaire lorsqu’il remontait en poussant sur ses bras.

« On a donc, dans l’ordre : Cuivre, Bronze, Argent, Or, Vermeil, Platine, Diamant et Mithril. Je suis personnellement au rang Platine, tout comme Rastan, d’ailleurs. »

Marlon poussait toujours sur ses bras sans se plaindre, mais ses muscles commençaient à être douloureux alors que la pression sur son dos se faisait de plus en plus pesante.

« Clairement, pour l’instant, tu es rang Cuivre ! Tu as la rage de vaincre, mais tu manques de technique, et Rastan t’as entraîné seulement quelques jours ! Oui, oui, il m’a envoyé un message pour me prévenir de ton arrivée. Mais si tu t’appliques, dans un mois, tu pourras facilement atteindre le Rang Bronze… »

En finissant sa phrase, Jacob appuya presque de tout son poids sur le dos du jeune homme, qui s’écrasa à terre et ne put remonter.

« Allez, mets-y du nerf, mon gars ! Si tu veux y arriver, va falloir y mettre un peu plus de conviction, hahaha !! »

Marlon, poussant plus fort que ce son corps lui aurait normalement permis, réussit à monter de quelques centimètres avant de s’écraser de nouveau, face contre terre. Il lança un regard presque suppliant vers sa chimère, mais celle-ci faisait tranquillement sa toilette aux abords du ring.

« Je sens que je vais adorer ton nouvel instructeur ! Par contre, ce même pressentiment me dit que tu vas passer un mois très compliqué, hahaha ! Bon courage, gamin ! »

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