Le Chevalier des Elfes
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Merlin le haut-mage sentait une résistance, il disait la bonne formule magique, mais il se heurtait à des défenses mystiques redoutables. Cependant il se vanta de pouvoir détruire des grimoires posant problème à son haut-roi. Alors il s’accrocherait jusqu’au bout, il puiserait dans les vents de magie jusqu’à tomber inconscient s’il le fallait, mais il concrétiserait son objectif. Il réduirait en cendres des ouvrages situés à plusieurs jours de marche de distance de lui. Il prouverait qu’il méritait son surnom de premier mage elfe.

Ainsi Merlin bien qu’il suait à grosses gouttes, et malmenait son corps persistait à mener sa tâche. Il se força à canaliser davantage de puissance surnaturelle. Il commençait à fléchir, des murmures lui promettaient des millénaires de tourments s’il n’abandonnait pas immédiatement. Mais autant Merlin pouvait être un vieux bougon difficile à supporter, autant il était aussi une personne déterminée à remplir ses obligations.

Par conséquent il refusait de plier devant la menace du Néant. Il avait bien l’intention de faire brûler la collection d’Hertio en rapport avec l’informe. Il subit pendant quelques secondes de la déconcentration, mais les menaces proférées contre lui finirent par renforcer sa volonté.

Il sentait qu’il n’aurait plus que grand-chose à faire pour submerger totalement les défenses le gênant, encore un petit effort et il triompherait. Toutefois il finit confronté par une mauvaise surprise. Il contrôla en partie mal l’afflux de puissance invoqué et un démon en profita pour se matérialiser dans le monde matériel. Cependant le bouc avec quatre pattes de crabe en guise de jambes, ne perturba pas longtemps l’existence de Merlin, il se fit bannir une seconde après son arrivée dans la réalité. Cependant cette intervention eut un résultat en partie négatif.

Merlin : Il y a un livre qui a échappé à la destruction.

Arthur : C’est grave ?

Merlin : Hertio avait besoin d’une collection complète pour produire et garder intactes ses reliques. Toutefois il existe encore un grimoire aux effets corrupteurs.

Arthur : Tu t’es déjà très bien débrouillé, Merlin. Argh !

Merlin : Votre majesté que vous arrive t-il ?

Arthur avait raison d’avoir peur, il était l’objet d’une puissante attaque mentale. Son côté sombre s’activait à plein régime. Bien qu’il ait étanché son besoin de boire du sang récemment, il subissait l’envie de se gorger avec le fluide vital de Merlin, de s’adonner à un meurtre juste pour satisfaire une pulsion bestiale.

Sa partie sanguinaire l’invitait à se venger des outrages du passé, quand il était l’apprenti de Merlin. Et puis il se lécha les lèvres à la perspective de goûter au sang rempli de magie du haut-mage, un liquide profondément capiteux. Il arrivait souvent que les vampires deviennent dépendants du fluide rouge des gens jetant des sorts, à cause d’une histoire de saveur. La magie donnait un goût intense voire extraordinaire au sang de certaines créatures et personnes. Surtout qu’Arthur consommait généralement du fluide d’animaux ou de gens ordinaires, non touchés par la magie. Alors s’il ne buvait qu’une seule goutte de sang de Merlin vu son état mental instable, il entrerait dans une véritable frénésie.

Le haut-mage était désespéré, il lui suffirait d’un sort pour neutraliser Arthur, mais lever la main sur un haut-roi des elfes, lui semblait une sacrée trahison. Même si le vampire le regardait avec un regard inquiétant, et qu’il semblait perdre la bataille contre ses penchants sombres. Cependant Merlin ne pouvait se résoudre à user d’un enchantement pour se défendre malgré son orgueil et son désir de se préserver.

L’ennui venait qu’il n’était pas une force de la nature, s’il affrontait son adversaire sur le plan physique il se ferait décimer. Quant à user de ses pouvoirs magiques pour tenter de sauver son haut-roi, c’était très aléatoire. La magie pouvait soigner la folie, sauf que la démence d’Arthur s’annonçait carabinée. Et puis vaincre une malédiction du Néant sans une solide préparation relevait de l’impossibilité presque totale. Merlin pouvait jeter un sort de calme, mais il craignait vu le contexte de ne faire qu’envenimer les choses avec une magie classique. Alors il tenta par la parole de gagner du temps.

Merlin : Votre majesté, pensez à votre serment de protéger les elfes du malheur. Vous deviendrez un parjure si vous m’attaquez sans raison.

Ces mots produisirent un déclic sur Arthur, mais ne suffisaient pas à renverser la tendance. Le haut-roi perdait progressivement le contrôle sur lui-même. Il allait bientôt se jeter sur Merlin. Il arrivait de moins en moins bien à lutter contre le déferlement de la soif. Il regardait son interlocuteur avec un mélange croissant de sauvagerie. Le vampire essayait de se raccrocher à son code moral pour réfréner son désir d’attaquer, mais il subissait une tension insoutenable qui minait sa résolution.

En effet le haut-roi tentait désespérément de contrôler ses pulsions sanguinaires, mais il perdait la bataille mentale. De plus les voix qu’il entendait se faisaient tellement insistantes, qu’il perdait sa concentration. Il essayait d’imaginer des choses agréables pour contrer l’influence maléfique du Néant. Cependant il se remémorait de manière obsessionnelle des épisodes humiliants et peu flatteurs de sa vie, notamment des scènes de son passé d’esclave et de sa vie d’apprenti de Merlin. Il visualisait les souvenirs liés à des bagarres pour de misérables quignons de pain, et l’obligation de se montrer poli avec un haut-mage qui le rabaissait.

Ajouté à cela une soif de sang dévorante, l’envie impérieuse de consommer du liquide rouge, et Arthur perdait davantage la raison à chaque seconde. Surtout qu’il recourait à une stratégie peu payante, il usait de magie pour tenter de contrer l’influence du Néant. Mais il n’avait clairement pas le niveau pour réaliser ce genre de performance, ses sorts ne faisaient que renforcer son désordre mental.

Pour arranger les choses, le Néant promettait une puissance magique très accrue pour Arthur en consommant le fluide vital de Merlin. Il assurait au vampire la possibilité d’accroître de façon notable son prestige, si le haut-roi allait jusqu’au bout de son envie de meurtre. Or Arthur était sensible à l’égard des arguments de gloire et de pouvoir mystique. Ainsi il était poussé par l’intérêt à succomber au déshonneur. Encore une à deux secondes, et il attaquerait sans ménagement Merlin.

Il attrapa sa victime, commença à l’empoigner, et retrouva brusquement son calme. Le haut-mage réussit à transférer la sauvagerie de son haut-roi en lui au moyen d’un sort. Ce fut lui qui tenta finalement de faire du mal à Arthur, mais ce fut une formalité très facile de le neutraliser pour le vampire avec sa force surnaturelle, une gifle suffit à assommer le haut-mage.

Pendant une semaine Merlin fit des cauchemars atroces, il souffrait d’hallucinations auditives et visuelles, et il devait se retenir de ne pas hurler sur les gens. Mais l’affaire se finit plutôt bien à terme, car Merlin et Arthur retrouvèrent la sérénité, et discutèrent de nouveau dans la tente des complots.

Arthur : Je suis désolé Merlin.

Merlin : Ce n’est rien, vous avez agi pour une bonne cause. Et personne n’a été blessé ou tué. Au contraire vous avez œuvré à sauver un bon nombre de gens.

Arthur : Merci beaucoup.

Arthur était très reconnaissant à Merlin, il pensa d’ailleurs le promouvoir, à lui accorder le titre de Premier protecteur, une distinction émérite qui accordait une large autonomie politique, comme le droit d’imprimer sa propre monnaie sur ses terres. Mais le vampire réfréna son projet, il admettait qu’il avait une dette d’honneur mais il ne voulait pas rendre insupportable son interlocuteur. S’il atténuait la situation de rapport hiérarchique en sa faveur à l’égard de Merlin, il craignait de susciter une vague d’orgueil incontrôlable. Son expérience en tant qu’apprenti du haut-mage lui apprit qu’il y avait des personnes arrogantes, qui n’attendaient parfois qu’une occasion pour se montrer insupportables.

Arthur était triste de son manque de confiance dans Merlin sur certains aspects, mais il tenait à protéger son pouvoir politique. Il accorderait des livres et des terres pour récompenser Merlin, mais il voyait comme une belle folie après réflexions de lui donner un statut supérieur. Le vampire avait carrément peur de déclencher une dissension importante dans son royaume en se montrant trop généreux avec le haut-mage.

Il décida alors de camoufler sa joie d’avoir été sauvé. Il hésita d’ailleurs pendant un moment sur le fait d’envoyer Merlin en mission très loin. Puis il se ressaisit, même s’il était confronté à une personne avec un grand potentiel en matière d’orgueil, il se sentirait mal de chercher à éloigner quelqu’un d’utile et qui sacrifiait beaucoup de temps et d’énergie pour les elfes, pour des motifs liés à la peur.

Hertio le roi n’eut pas le temps de crier au scandale pour la destruction des reliques mineures à cause de l’affaire des souillés. Il fut prouvé de façon publique et incontestable que de nombreux elfes furent contaminés par plusieurs objets du Néant. Hertio évita un blâme en tramant un complot, il fit accuser des personnes innocentes de trahison. Certains elfes souillés furent tués avant qu’ils ne fassent de dégâts importants, mais beaucoup réussirent à prendre la fuite. Le roi pensait que les elfes résistaient beaucoup mieux que les humains aux effets du Néant. Dans la réalité c’était l’inverse, beaucoup d’hommes développèrent des défenses fortes face aux effets corrupteurs de l’entité.

Hertio était profondément dépité, il perdit la plupart de ses précieux grimoires sombres, des chefs d’œuvre pour les pratiquants de la magie noire. Et les ouvrages ne faisaient pas que contenir un vaste savoir, ils étaient indispensables pour garantir la réussite de certains rituels surnaturels. Sans eux la fabrication de reliques du Néant s’annonçait beaucoup plus difficile. Ces livres permettaient de canaliser de manière presque inégalée la puissance de l’informe dans des objets. Bien sûr il était possible de se passer d’eux pour créer des reliques mineures, mais dans ce cas là ce serait au prix de risques phénoménaux, la possibilité très plausible de faire apparaître des démons puissants et déchaînés.

Or Hertio avait beau être haineux et par moment stupide quand il s’agissait de gloire, il avait encore assez de bon sens pour ne pas se lancer dans une opération suicidaire pour sa personne. Il pouvait ordonner à des subordonnés d’adopter un comportement risque-tout mais il tenait à préserver au maximal ses chances de survie. Il jugeait la situation comme profondément dommage, avec les reliques mineures il espérait disposer d’éléments suffisants pour organiser un coup d’état, et devenir haut-roi des elfes à la place d’Arthur. Cependant il considérait qu’il valait mieux compter sur un autre plan.

Ainsi Hertio jugea qu’il était temps de lancer le sort des mille haines. Et il ne lui manquait pas beaucoup d’éléments pour parfaire ce rituel. De plus il connaissait un ingrédient de choix dans l’exécution de l’enchantement maléfique, Erinyanaé l’ancienne épouse d’Arthur. Certes il faudra la faire évader de prison, mais Hertio ne voyait pas cet obstacle comme une donnée très gênante. Et si tout se passait bien, il aurait la satisfaction de causer des blessures physiques sur Morgane durant le processus d’évasion. En effet si Hertio pouvait pardonner que son ancien amour ait choisi de rompre, il digérait très mal son choix de devenir un proche d’Arthur.

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