Le Chevalier des Elfes
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Alphonse le scélérat projeta une boule de feu sur Arthur, celui-ci dégaina son épée et para le sort avec. Bien que surpris le scélérat ne se laissa pas décontenancer, il réagit promptement en dégainant à son tour un sabre, et se jeta sur le haut-roi. Il s’attendait à une victoire extrêmement facile pour lui, son pacte avec un démon décuplait ses capacités martiales. Ainsi Alphonse s’imaginait vaincre très rapidement, il pensait que son triomphe serait complet et indéniable, qu’il mettrait à genoux ses deux adversaires sans broncher.

Mais il perdit un peu de sa belle assurance en voyant la confiance quasi absolue d’Arthur qui interdit formellement à Merlin de se mêler du combat. Il reconnaissait que son adversaire évolua et gagna de nouvelles aptitudes. Mais le haut-roi avait l’intention de prouver que son ennemi restait une petite frappe méprisable. Il démontrerait qu’Alphonse demeurait un élément négligeable. Cependant Arthur eut le droit à une surprise désagréable, il affrontait quelqu’un qui faisait jeu égal avec lui sur le plan martial.

En effet son antagoniste ne cédait pas un pouce de terrain, il acquit un excellent niveau dans le domaine du combat à l’épée. Chacun des deux ennemis refusaient de céder un tant soit peu, leur confrontation était appelée à durer à moins d’un retournement de situation particulier. En effet les deux adversaires utilisaient des techniques différentes, Arthur recourait à des coups nets et précis tandis que son ennemi s’adonnait à des gestes amples et fluides.

Le haut-roi disposait d’une meilleure technique, mais son interlocuteur compensait cette différence au moyen de réflexes plus développés. Finalement au bout d’une minute, Merlin dégaina son épée, et se dirigea vers l’orbe qui les maintenait isolés, il cassa l’objet rond et violet qui rappelait une boule de cristal opaque. Cependant Alphonse ne fut pas longtemps contrarié. Au contraire il ne put réprimer un sourire comme s’il préparait un mauvais coup, mais il se maîtrisa et décida de créer une diversion avec une question.

Alphonse : Comment as-tu pu détruire avec une épée, un orbe en adamantium ?

Merlin : Face à l’épée de Jéhavah, les métaux les plus résistants sont aussi faciles à couper que du beurre.

Alphonse : Vous avez tous les deux gagné aujourd’hui, mais ce n’est que partie remise.

Alphonse réussit à prendre la fuite en se téléportant, son sort de déplacement ne produisit pas d’effet spectaculaire, juste le son «plop» qui se produisit soudainement. Par contre il laissa une dernière mauvaise surprise à ses ennemis, le mur de lumière qu’il invoqua pour isoler ses adversaires de renforts se rapprochait dangereusement. Merlin commit une gaffe en cassant l’orbe.

Ainsi dans le cas où Merlin et Arthur manquaient de réactivité, ils se feraient réduire en cendres par le mur. Le vampire pensait que ce serait bien d’unir ses forces pour maximiser les résultats. Mais Merlin était un individualiste en matière de magie, il comptait le moins possible sur une aide extérieure quand il était question de lancer un sort. D’ailleurs il fut à deux doigts d’intimer l’ordre à son compagnon de le laisser se débrouiller.

Il pensait pouvoir tout seul s’occuper facilement du mur. Mais il se heurta à une résistance inattendue. Il ralentissait la course de la structure de lumière, mais il ne la dissipait pas complètement. Il lui faisait perdre de la force mystique mais pas assez vite pour empêcher que lui et son camarade ne subissent de graves brûlures. Cependant Merlin était ainsi, même face à une puissante adversité son orgueil de mage demeurait prépondérant. Il jugeait la situation comme difficile mais il voulait quand même ne pas œuvrer en équipe.

Arthur : Merlin nous n’avons pas le choix, nous devons travailler ensemble.

Merlin : Ce n’est pas la peine, je maîtrise les choses. Tout va bien.

Arthur n’était pas du tout certain que les paroles de son compagnon d’infortune reflètent la vérité, mais il avait du mal à formuler un ordre. Il connaissait le tempérament vraiment susceptible de Merlin quand il était question de magie. Ce dernier se jugeait comme une référence presque imbattable, surtout face aux traquenards d’adversaires pas très futés. Mais la magie s’appuyait davantage sur la volonté que l’intelligence. Un abruti avec une détermination sans faille pouvait faire un excellent jeteur de sorts. Et puis Arthur commençait à avoir peur du résultat final, s’il ne donnait pas de directive obligeant à œuvrer de concert ou de faire appel à des renforts. Il voyait la sueur abondante sur le front de Merlin, il entendit les craquements de douleur des articulations de son camarade, il décela une fatigue croissante chez son compagnon. Et puis il remarqua que des mages attendaient près de lui la possibilité d’agir. Alors il pensa qu’il serait idiot de négliger des appuis bienvenus.

Arthur : Votre haut-roi ordonne à tous les mages présents de se joindre à Merlin.

Merlin : Mais votre haute-majesté.

Arthur : Il suffit, tu peines beaucoup et le mur nous menace toujours.

Ainsi bien que Merlin ne soit pas content, d’autres mages que lui travaillèrent à le sauver lui et le vampire. Et ensemble ils neutralisèrent le mur avant qu’il ne fasse des dégâts sur des vivants. Merlin allait s’apprêter à ouvrir la bouche pour formuler des réclamations, mais le regard noir d’Arthur le dissuada de se plaindre.

Merlin : Cette journée a été très riche en émotions fortes.

Arthur : Ne t’en fais pas Merlin je ne crois pas que nous reverrons Alphonse le bêta un jour. La téléportation est très risquée, même pour quelqu’un en pleine forme.

Alphonse survécut à sa téléportation, mais il perdit beaucoup car le démon qui habitait son corps mourut. Résultat, Alphonse devint beaucoup moins dangereux pour Arthur, car il perdit la plupart des pouvoirs qu’il possédait.

Morgane demanda à s’entretenir avec son haut-roi dans la tente des complots, quand son délai de réflexion fut écoulé sur son ascension au statut de haute-princesse.

Morgane : Votre haute-majesté je suis d’accord pour devenir une haute-princesse, si vous favorisez l’intégration des mutants.

Arthur : Qu’est-ce qui motive cette opinion ? À ma connaissance tu voyais les elfes mutants comme des maudits.

Morgane : Une de mes amies elfe est morte à cause de ses écailles. Des gens l’ont brûlé vive en se justifiant seulement avec son aspect physique. Son martyre m’a fait changer d’avis sur les mutants.

Arthur : Je ne peux pas te soutenir ouvertement, seule une minorité restreinte d’elfes ne rejette pas les mutants. Cependant je suis disposé à ce que tu puisses plaider ta cause devant le Haut-Parlement.

Morgane : Cela me suffit. J’accepte de porter l’honneur et le fardeau d’être votre héritière.

Le débat sur les mutants fut très houleux à l’intérieur de la Pyramide, le plus fervent partisan de leur rejet fut le roi elfe Hertio. En effet le monarque avait une vision très réductrice sur les personnes souffrant de caractéristiques physiques considérées comme maléfiques. Il voyait les mutants comme des êtres rejetés par les dieux, donc il considérait comme un acte juste de les traquer sans pitié.

Ainsi il menait fréquemment des chasses contre des elfes qui avaient le malheur de naître avec une queue, des écailles, trois mains etc. Généralement les mutants ne bénéficiaient de compassion seulement de la part d’une faction du parti de la nature, et des prêtres du dieu Jéhavah. Quand ils ne voulaient pas se réfugier dans une forêt ou un autre lieu sauvage, ils entamaient souvent une carrière dans un lieu de culte jéhaviste. Cependant peu importe leurs efforts, ils s’avéraient terriblement stigmatisés.

Les elfes n’étaient pas très tendres avec les mutants, mais il y avait bien pire qu’eux. En effet la famille d’un elfe ayant des caractéristiques physiques honteuses le soutenait souvent, ne l’abandonnait pas totalement. En outre s’il arrivait que des elfes mutants soient mis à mort, cela restait très rare hors du royaume d’Hertio. Tandis que les nains et les humains ne faisaient pas dans la dentelle. Un nain avec des griffes ou des palmes finissait décapité la plupart du temps, et les hommes pratiquaient le meurtre de leurs semblables pour des motifs physiques anodins, comme par exemple la couleur des cheveux. Ainsi un bébé avec les cheveux verts dans une communauté humaine, n’aura quasiment aucune chance de devenir un adulte.

La seule race intelligente tolérante avec les mutants s’avérait les dragons qui éduquaient sans discrimination leurs semblables, quand bien même un dragon naissait avec deux têtes ou trois ailes.

Hertio se sentait profondément ulcéré par le fait que Morgane ose plaider en faveur des mutants. Arthur aurait bien voulu apporter un soutien direct à Morgane, mais il estimait déjà la situation assez délicate en lui accordant un droit de discuter devant le haut-parlement. Il était assez malin pour connaître les sujets qui fâchaient. Or défendre ouvertement les mutants cela ressemblerait presque à un suicide politique pour lui. Au mieux il passerait pour un naïf, au pire il serait vu par ses sujets comme un partisan des forces des ténèbres. Le haut-roi était désolé pour Morgane mais elle devrait se débrouiller seule quand il s’agirait de présenter ses arguments.

D’ailleurs Arthur ferait officiellement celui qui fut piégé par une promesse, il affirmerait qu’il accéda de mauvaise grâce au souhait de Morgane de défendre les mutants. Et encore il considérait que ce n’était pas complètement suffisant pour se protéger de critiques houleuses. Le vampire avait moins de préjugés que beaucoup contre les mutants, il était plutôt d’avis de recourir à la médecine et la magie pour faire disparaître leurs tares physiques plutôt que de les réprimer. Et il admettait que Morgane faisait preuve d’une solidarité très noble.

Cependant Arthur pensait que son peuple n’était pas prêt à entendre un discours vantant la tolérance à l’égard des mutants. Néanmoins il ne voulait pas créer de fossé idéologique entre lui et Morgane. D’ailleurs même s’il considérait comme déraisonnable le souhait de débat de son successeur, il avait suffisamment d’affection pour elle afin d’exaucer sa demande.

Hertio : Vous voulez protéger des monstres, avez-vous perdu la tête ?

Morgane : Est-ce que les mutants choisissent leur apparence ? Est-il juste de maltraiter quelqu’un qui a un physique qui sort de l’ordinaire ?

Hertio : Il faut admettre que les mutants sont souvent enclins à s’adonner au crime.

Morgane : Si des mutants commettent des crimes c’est par nécessité, ils ne peuvent pas trouver du travail, sauf cas très exceptionnel. En outre les mutants peuvent rarement compter sur la solidarité des autres, ils sont plus souvent harcelés qu’aidés. Un mutant qui n’arrive pas à dissimuler une particularité physique gênante et qui refuse de voler, ou de mener une vie de sauvage dans les forêts, mourra généralement de faim.

Hertio : Les mutants sont maudits, ils portent la malédiction des démons. Seul un fou ou un allié des dieux de la destruction, est assez insensé pour vouloir en faire des citoyens des royaumes elfiques.

Morgane : Janaé le grand prophète, a déclaré que les elfes mutants méritaient le titre de citoyens à part entière. Est-ce que vous considérez comme un aliéné ou un sbire des démons, Janaé ?

Hertio : Bien sûr que non, ce que je veux dire c’est que, euh.

Morgane : Votre majesté, je vous conseille de vous taire, en parlant vous ne faites que vous enfoncer davantage.

Finalement les haut-parlementaires convaincus par de discrètes mais généreuses donations en or de la part d’Arthur, autorisèrent une politique de conciliation avec les mutants.

De son côté Orunaé le tressé avait finalisé la première étape de son plan contre Arthur, il avait grâce à la corruption financière, inciter un domestique de Thérésa à ajouter une substance spéciale dans son thé. Certes il s’agissait d’une opération onéreuse mais Orunaé avait de grands espoirs d’arriver à un haut niveau de nuisance contre le haut-roi en usant Thérésa comme d’un pion aux services de ses ambitions.

Le tressé ressentit une petite pointe de remords de chercher à manipuler sa cible comme d’une marionnette. Mais il surmonta rapidement ses faibles regrets. S’il ne pouvait pas profiter de Thérésa, il jugeait que personne n’avait le droit de bénéficier de ses sentiments. Il y avait une quinzaine de jours elle tenta de lui donner un coup de pied, une semaine dans le passé elle sortit son épée à la venue du tressé, trois jours en arrière elle recourut à un tir d’arbalète, à la prochaine visite il craignait d’avoir le droit à une tentative de meurtre sur sa personne à coup de canon.

Et puis il estimait avoir trop à gagner en cherchant à prouver sa valeur au Néant. S’il parvenait à provoquer la chute d’Arthur, il marquerait un excellent coup en tant que comploteur. Il ne s’intéressait plus le moins du monde à Jéhavah la divinité. Son ancienne foi fut assez fragile en définitive, elle paraissait actuellement ardente au premier abord, mais il s’agissait d’une pure comédie. Orunaé continuait à croire dans l’existence du dieu de son enfance, mais il considérait le Néant comme beaucoup plus puissant.

Il vit des prodiges qui remuèrent sa vision de la réalité. Là où un prêtre jéhaviste devait passer des semaines voire des mois avant d’opérer un miracle du type soigner une blessure à vitesse accélérée, il était possible pour un adepte avancé dans la voie de la damnation du Néant de parvenir à rattacher une main coupée à un bras en se concentrant quelques heures. Et surtout le tressé estimait nettement plus avantageux pour ses chances de promotion sociale de travailler avec le Néant.

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