La Tour des Mondes
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Chapitre 342 : Cauchemar sans fin
Chapitre 341 : Dévorer l’autre Menu Chapitre 343 : Un rideau de sang sur une scène pourpre

Le couteau traverse les airs en fonçant vers Nomad. Il ne panique pas et s’en inquiète à peine. Ce qu’il veut, c’est en finir avec Charade. Son esprit l’inspire et d’un mouvement à peine perceptible même pour lui, il esquive le couteau qui disparaît derrière lui en s’enfonçant dans un miroir avec un bruit de verre cassé.

Dans la multitude de pensées et de sensations qui traversent son esprit, il se concentre sur ce qu’il voit et sur son désir d’arracher la gorge de Charade avec ses dents. Il veut goûter le sang qui, quand il commencera à couler, sera le signe de sa victoire.

Le problème pour accomplir cela, c’est son corps si faible et fragile qui manque de s’effondrer sous lui comme une marionnette dont on aurait coupé les ficelles. Le tissu qu’il porte continue de s’abreuver de son sang et rentre même dans les plaies pour réparer et remplacer ce qui peut et doit l’être dans le seul but de le laisser se battre. Etrangement, il sait que sans la douleur, il ne sera que lui et il perdra la puissance qui l’a sauvé jusqu’à présent. Sa douleur le rend à la fois plus fort et plus faible grâce à ses compétences de champion des Dresseurs, mais tant que sa rage brûle avec ses souffrances, il ne souhaite pas se guérir.

Il fait un pas en avant en essayant de contrôler ce corps douloureux dans lequel s’engouffre le tissu vivant. Il en fait un autre en pensant aux crocs qu’il veut planter dans Charade. Il en fait un de plus en ayant l’intention de lui briser tous les os alors que les siens grincent comme une machine mal huilée. Il esquive un deuxième couteau en s’accroupissant pour planter ses ongles et les fils sur ses mains dans le sol de pierre. Il soupire lentement en sentant la pluie rouge venant du plafond qui coule sur la gueule difforme sur son visage et le reste de son corps.

Son corps se tord ensuite comme un élastique que l’on tend jusqu’à la limite. Ses muscles crient et ses dents s’entrechoquent en manquant de se briser sous la force de sa rage. Un grognement rauque sort de sa gorge en emplissant sa bouche déjà pleine de son propre sang. La meute rugit à travers lui et ses os se disloquent presque sous la force de ce grondement.

Alors qu’il se tend au maximum, il se jette sur Charade et ses muscles se relâchent comme des élastiques trop tendus. Son ennemi continue de sourire en le regardant et en pointant un couteau dans sa direction. Dans sa charge, il ne souhaite que le faire souffrir.

… Cet ennemi qui n’a pas plus d’une égratignure sur lui, chaque regard le pousse à libérer sa haine.

Sa raison ne peut plus se réprimer et poser des limites maintenant qu’il n’est plus aux commandes. Il ne reste que la meute alors qu’il traverse les airs en pointant sa main vers son ennemi. Son ennemi pointe sa lame vers son œil, mais il l’ignore. Il se contorsionne sur lui-même en continuant à détruire son corps sous la pression et la force de sa charge. Ses os continuent de craquer et ses muscles à se déchirer douloureusement alors qu’il s’approche de sa cible. Le couteau lui frôle l’épaule en déclenchant des flammes, mais il n’en sent pas encore la brûlure.

Tout ce qu’il voit, c’est le visage de l’ennemi qui le regarde froidement alors que sa propre main approche de son visage. Le tissu vivant se fixe sur ses doigts comme autant de lames de rasoir prêtes à déchirer la chair pour lui. Sa main approche et plante finalement ses ongles et le tissu vivant dans la peau en la lacérant. Un de ses doigts s’enfonce même dans son œil en le rendant aveugle. Sa main s’enfonce dans le visage en le déformant alors qu’il continue sa course. Il l’emporte avec lui alors qu’un serpent se plante dans sa gorge en arrachant la chair et qu’une souris lui fauche une fois de plus la jambe en passant au travers des muscles de sa cuisse comme une balle de revolver.

Un hurlement de rage sort maintenant de la gorge du Dresseur alors que son bras meurtrie par sa propre force emporte Charade avec lui dans sa charge.

En utilisant toute sa vitesse et sa force, il finit par frapper le mur avec la tête de Charade brutalement. Le bruit sourd et le craquement qu’il entend prouvent qu’il l’a bien blessé, mais il regrette que sa tête n’ait pas explosé comme une tomate trop mûre.

C’est à son tour de frapper le mur à cause de son élan. Ce qu’il reste de son bras droit stoppe sa propre charge en se brisant jusqu’à l’épaule alors qu’il maintient le crâne de Charade en place.

… mais tout cela est insuffisant. Malgré le tissu qui lui dévore le visage, malgré la violence du choc, malgré le serpent qui vient d’arracher une partie de son cou, même en ayant perdu l’usage d’une jambe, le regard de Charade est toujours braqué fermement sur lui pour le défier.

Dans sa main, il peut voir l’absence du couteau qu’il tenait. Cette fois-ci, il n’était pas la cible. À travers ses autres yeux dans la pluie rouge, il peut voir une lueur dorée qui s’enfonce dans le cou de Blue. Une attaque de plus de son adversaire qui lui fait perdre la raison.

Les dents sur le masque qu’il porte maintenant se déforment en prenant à nouveau vie alors qu’il s’approche de Charade pour le mordre en arrachant un large morceau de sa chair en s’enfonçant dans son épaule jusqu’à briser la clavicule.

Le visage de Nomad se couvre de sang et de chair alors que le masque arrache goulûment la viande et les morceaux d’os avec ses dents monstrueuses. C’est ensuite à Nomad de goûter le trop-plein de chair et de sang qui commence presque à le noyer. Il se délecte presque de la sensation horrible et nauséeuse qu’il ressent en comprenant qu’elle implique simplement la souffrance de Charade.

Une lumière dorée irradie alors de la jambe de Charade et une lame à la couleur de l’or en sort. D’un coup de genou, il l’enfonce profondément dans le ventre de Nomad. Ce dernier s’effondre à moitié alors que son corps lui hurle à nouveau qu’il n’est plus capable de continuer. Il l’ignore en tentant de se redresser pour mordre à nouveau Charade, mais d’un coup de poing sur le cœur, il fait reculer Nomad. Ce simple coup vient de lui briser une partie de la cage thoracique alors qu’il sent que son cœur vient d’arrêter de battre en ratant une pulsation. Il s’effondre presque complètement alors qu’il n’est retenu que par le tissu vivant accroché à Charade. Sur la main de son ennemi, il peut voir une bague en or qui commence à fondre lentement.

Son visage tremble alors qu’il réussit à rester conscient. La douleur se mélange à la rage alors qu’il se redresse une fois de plus en y trouvant son carburant. Il goûte le sang de Charade alors que la folie et la rage grossissent encore et encore pour lui faire oublier tout le reste. Il doit tuer. Il doit anéantir. Détruire. Annihiler. Dévorer.

Un sourire se dessine sur son visage alors que les dents s’agitent et que la gueule béante sur son visage s’ouvre de plus en plus. Charade peut maintenant voir entièrement le visage du Dresseur. Il ne peut voir que cela alors que la gueule béante s’apprête à croquer sa tête. La main du Dresseur couverte du tissu vivant glisse lentement et douloureusement de son visage pour enserrer son cou et Charade réussit à peine à la retenir en plantant un autre couteau dans son dernier bras « valide » qui ne fait que relâcher un sort de poison inutile. Un pari raté que son dieu lui fait payer.

De son autre main, Charade commence à frapper la tête de Nomad à plusieurs reprises jusqu’à ce que finalement le tissu vivant à la forme de masque s’intéresse à sa main et y plante plusieurs « dents » qui ne semble pas vouloir le relâcher. Les crocs monstrueux s’enfoncent dans sa main et bientôt il n’en restera plus grand-chose.

Dans un dernier recours, il retire une dent en or d’un coup de langue et il s’apprête à l’utiliser comme projectile pour transpercer le crâne de Nomad. Alors qu’il prépare son attaque, le masque se retourne vers lui en avalant ses doigts qu’il vient d’arracher. Le masque s’ouvre à nouveau pour l’avaler et il peut sentir les crocs qui se plantent lentement dans sa tête à différents endroits. Il peut voir le sourire du Dresseur. Il peut voir son visage couvert de sang et de plaies et l’espèce de soupe où sa chair et son sang se mélangent. Il peut même voir à l’intérieur de l’orbite vide où était il y a peu le deuxième œil du jeune grimpeur. Il peut voir l’autre œil doré qui est braqué sur lui et le regarde avec haine au point d’en être difforme. Il peut voir son sourire fou rougi par son propre sang et les morceaux de chair coincés entre ses dents.

Charade ne le laissera pas gagner. En crachant la dent en or, il transperce une partie de la gorge du Dresseur, mais cela ne semble pas suffisant pour l’arrêter alors que le tissu se jette à l’intérieur de sa bouche sur la nouvelle plaie pour en limiter les effets. Charade transperce ensuite plusieurs fois le ventre en utilisant la lame sur son genou, mais cela ne semble même pas faire perdre connaissance à… cette chose qu’il a en face de lui.

Maintenant qu’il y pense, il est sans doute allé trop loin et il a vraiment fini par lui faire perdre la raison. Un jouet qui se moque de la douleur qu’il ressent cent fois plus n’a aucun intérêt. Lui transpercer les tripes pour rien. Pff. Autant en finir. Le temps manque, mais il a encore une idée pour se sortir de là.

En prenant appui sur le mur avec sa jambe valide, il réussit à déséquilibrer le Dresseur pour le faire tomber au sol et il finit par se libérer un peu de la force de la gueule béante du masque qui s’enfonçait lentement dans son crâne pour le tuer.

Même avec une jambe de moins, une épaule foutue, un visage laminé par le tissu qui semble en avoir mangé une bonne partie, un œil crevé, quelques doigts en moins et une fracture au crâne, il ne le laissera pas gagner. Ce n’est pas juste un espoir ou une vague idée, mais bien sa détermination qui reste toujours aussi affûtée.

Il maintient le Dresseur au sol en se servant de son genou où la lame qui s’y trouvait a déjà été réduite à l’état de liquide. Il attrape rapidement un couteau dans son inventaire qu’il plante aussitôt dans le bras blessé qui lui tient encore le cou. Charade peut voir l’effet de la lame dans le bras grâce à une fumée noire épaisse qui semble détruire la chair en quelques instants.

Il suffit d’un instant pour qu’il voit que le Dresseur souffre réellement alors que son visage se déforme en tremblant.

Charade peut ensuite sentir que la souris cherche à lui faire lâcher son arme en frappant son bras, mais il ignore la douleur alors qu’elle ricoche simplement sur la doublure en cotte de mailles. Il ignore même le serpent qu’il peut sentir se déplacer en lui en allant le mordre ici et là en arrachant des morceaux de sa chair. Il ignore aussi le tissu qui en profite pour lui dévorer tout ce qui entre en contact avec son maître.

Même s’il suffit peut-être pour lui d’en blesser un sérieusement pour finir ce combat, ils sont bien trop rapides ou dans un état trop étrange pour qu’il y arrive facilement.

Non… Il préfère se concentrer sur le Dresseur dans un état pitoyable en commençant à frotter la lame pour lui couper graduellement le bras et le faire souffrir encore plus. Il le lui arrache finalement complètement alors que le tissu le relâche pour reculer. Le bras tombe mollement par terre alors qu’il se contente de ricaner.

Même en approchant lui-même de ses limites, voir la souffrance du Dresseur est un plaisir alors qu’il n’est réduit qu’à un tas de chair fraîchement découpé.

La lame commence à fondre et il en attrape une autre. Il est temps d’en finir.



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