Auteur : Brother Ling
Traductrice : Moonkissed
Dans le manoir de la famille Ji.
Ji Hongyuan entra d’un pas fanfaron dans le salon et demanda même qui l’avait fait appeler : « Le Patriarche t’a dit pourquoi il me faisait venir ? »
La domestique baissa seulement la tête en marchant devant lui, n’osant rien avancer : « Sixième Aîné, j’ignore la raison. Le Patriarche ne m’a rien dit. Il m’a seulement demandé d’aller vous chercher. »
Ji Hongyuan fronça les sourcils. « Le Patriarche ne t’a rien dit ? »
« Non », répondit vaguement la servante.
Voyant qu’il n’obtiendrait rien, il trouva la situation étrange. Il releva la tête et entra d’un grand pas dans le salon du manoir des Ji.
La domestique qui l’avait guidé s’était arrêtée à l’entrée, n’osant pas franchir le seuil.
Ji Hongyuan entra seul.
Il se rendit vite compte que Ji Lingfeng n’était pas le seul présent. De nombreux anciens de la famille Ji étaient là, et la table ronde de conférence était pleine.
Tous chuchotaient et discutaient de quelque chose.
Lorsqu’ils le virent entrer, ils se turent net. Ils se tinrent droits, impassibles, sans croiser son regard.
« Patriarche. » Ji Hongyuan fronça les sourcils. Ayant déjà senti que quelque chose clochait, il ne regarda personne d’autre et salua l’homme assis à la place d’honneur.
« Oui. » Ji Lingfeng, toujours aussi posé et raffiné, avait l’air ferme mais demeurait courtois : « Sixième Oncle, assieds-toi. »
Ji Hongyuan tira la première chaise à la gauche de Ji Lingfeng et s’assit. À peine installé, il demanda avec impatience : « Patriarche, pourquoi m’avoir convoqué ? »
À en juger par l’atmosphère, il s’était sans doute passé quelque chose d’important dans la famille ce jour-là.
Pourtant, jusqu’à présent, Ji Hongyuan n’avait reçu aucune information et ignorait donc la raison de sa convocation.
Un domestique entra servir le thé.
Ji Lingfeng n’y alla pas par quatre chemins. Il posa la main sur la table de conférence. Son regard demeurait aussi sombre qu’à l’accoutumée, son ton poli et chaleureux : « Sixième Oncle, Qiao Nian a rencontré He Lin et a déclaré que tu avais touché à la famille Jiang de Pékin. Est-ce exact ? Pourquoi n’en ai-je pas été informé ? »
Son ton était d’une politesse irréprochable, mais le visage de Ji Hongyuan se décomposa soudain, stupéfait.
L’expression de Ji Lingfeng, elle, ne changea pas. Pas un sourcil ne bougea. Il le regarda et poursuivit : « Qiao Nian nous demande des explications. Quelle réponse, selon toi, devrais-je lui donner ? »
« Patriarche. » La gorge de Ji Hongyuan semblait serrée par une main invisible ; sa pomme d’Adam remua, mais il ne parvint qu’à articuler ce seul mot, d’une voix sèche.
Sans se presser, Ji Lingfeng répondit avec élégance : « Sixième Oncle, prends ton temps. Si je t’ai fait venir aujourd’hui, c’est pour entendre la vérité de ta bouche. »
Sur ces mots, il se renversa légèrement, prit la tasse posée devant lui, baissa les yeux et but lentement, lui laissant clairement le temps de réfléchir.
Ji Lingfeng avait donné le signal, puis s’était tu.
Personne, autour de la table, n’osa prendre la parole.
Un silence pesant s’installa dans l’immense salon. La pression intimidante s’abattait sur le cœur de chaque membre de la famille Ji.
Ji Hongyuan régnait depuis des décennies au sein du clan et avait traversé bien des tempêtes.
Il en avait vu d’autres.
D’abord, il n’avait été que surpris que Qiao Nian puisse remonter si vite jusqu’à lui.
Puis il se calma rapidement.
« Patriarche, qu’avez-vous l’intention de faire de moi ? » Il savait bien que Ji Lingfeng n’était pas homme à se laisser berner ; aussi prit-il soin de ne pas faire d’esclandre.
