Auteur : Brother Ling
Traductrice : Moonkissed
Le vieux Maître Ye n’avait jamais vraiment compris à quoi s’occupait son petit-fils d’ordinaire, mais il ne s’inquiétait pas pour Ye Wangchuan. Surtout depuis le braquage des marchandises de la famille Ye — quand Ye Wangchuan avait montré ses liens étroits avec la Porte Lumineuse du Continent Indépendant — le vieux Maître Ye posait rarement des questions sur ses affaires privées.
Il n’insista pas davantage, cette fois encore. Il se contenta de lui recommander de bien veiller sur Qiao Nian, puis raccrocha.
Ye Wangchuan l’avait appelé principalement pour lui demander de garder un œil sur les autres membres de la famille Jiang, afin que Ji Hongyuan ne se mette pas à agir comme un chien enragé. Puisque le camion n’avait pas « fonctionné » cette fois, s’il s’en prenait aux autres membres de la famille Jiang…
S’il arrivait quoi que ce soit au vieux Maître Jiang ou à Jiang Li, Ye craignait que Qiao Nian ne fasse quelque chose d’irréparable.
Après l’appel, Ye Wangchuan baissa la tête et joua avec son téléphone. Il retrouva l’avatar de la jeune femme sur WeChat, réfléchit un instant, puis envoya un message.
***
Dans un café du centre du Continent Indépendant.
Qiao Nian était assise en terrasse. Le temps de novembre était très froid, et le climat du Continent Indépendant particulièrement mauvais.
Elle portait un fin pull et une veste, avec une écharpe blanche autour du cou. Sa capuche était relevée. Sous la casquette, son visage, d’une beauté saisissante, attirait immanquablement les regards.
Devant elle, une tasse de chocolat chaud dégageait encore de la vapeur. Rien d’autre : elle n’avait commandé aucun en-cas.
Les jambes croisées, elle pianotait sans cesse sur son téléphone.
On eût dit qu’elle attendait quelqu’un.
Cao Yanhua lui avait envoyé un message pour lui demander si elle n’allait vraiment pas à l’institut cet après-midi. Il précisait que Shi Fu était passé au labo, ne l’y avait pas vue et avait demandé où elle était ; Xie Xinyao en avait profité pour dire du mal d’elle.
Cao Yanhua n’avait pas détaillé ce qu’avait dit Xie Xinyao ; il s’était contenté d’expliquer que Shi Fu n’était pas très content, et lui conseillait de revenir au laboratoire dans l’après-midi si elle n’avait rien d’urgent.
Qiao Nian n’avait répondu que d’un mot : Occupée .
Toujours aussi indocile qu’au moment où elle était partie dans l’après-midi : une sauvagerie que rien ne semblait pouvoir dompter.
Elle ne lut pas les réponses.
Ce n’est que lorsque Ye Wangchuan demanda si elle rentrerait dîner que la froideur dans ses yeux se fit un peu moins vive.
Qiao Nian baissa la tête pour répondre.
À cet instant, la personne qu’elle attendait arriva enfin.
« M-Mademoiselle, désolé de vous avoir fait attendre. »
Qiao Nian interrompit sa réponse, éteignit son téléphone et le posa à côté d’elle. Puis elle leva les yeux.
He Lin tira la chaise en face et s’assit. Il appela le serveur avec un sourire et commanda un café pour lui-même.
Voyant que Qiao Nian, en dehors d’une boisson, n’avait pas commandé ces petits gâteaux raffinés que les filles appréciaient d’ordinaire, il commanda discrètement les deux meilleures ventes de la maison.
Après le départ du serveur…
He Lin ne parvint plus à contenir son excitation. Il regarda la jeune fille en face de lui et demanda : « Mademoiselle, pourquoi m’avoir fait appeler ? Je pensais que… »
Il pensait qu’après la rupture avec la famille Ji, la dernière fois, il y avait de grandes chances qu’elle ne le contacte jamais plus.
Il ne s’attendait pas à ce que la personne qu’il n’avait pas réussi à faire venir auparavant prenne l’initiative, cette fois, de l’appeler et de lui donner rendez-vous.
Inopinément, avant qu’il ne finisse sa phrase, la jeune fille prit une gorgée de chocolat chaud. Après avoir reposé la tasse, elle demanda d’une voix calme : « Vous vous en êtes pris à mon père ? »
« … »
He Lin, d’abord tout heureux, se figea aussitôt. Il la regarda, stupéfait, comme s’il ne comprenait pas ce qu’elle voulait dire.
