Auteur : Entrail_Jl
Traductrice : Moonkissed
Je fixai mon bras, les yeux écarquillés.
La sensation de picotement avait disparu, et ce qui la remplaçait était une étrange chaleur qui semblait s’infiltrer dans chaque partie de mon corps.
En fixant la feuille incandescente, je ne savais pas comment réagir.
C’était une situation inattendue.
Comment étais-je censé réagir à cela… ?
Tout d’abord, quels critères me permettaient de débloquer soudainement la troisième feuille ?
« Serait-ce parce que j’ai soudainement atteint le niveau 3 ? »
Était-ce le critère ?
J’y ai réfléchi un moment avant de secouer la tête. Ce n’était sûrement pas aussi simple. Il y avait certainement plus que ce que mes pensées permettaient.
Mais au final, je savais qu’il était inutile d’y réfléchir maintenant.
En regardant autour de moi, j’ai rapidement bandé mon bras et je me suis assis sur le lit.
« Hooo. »
Allongé sur le lit, je fixai le plafond, le regard vide.
J’étais tenté d’essayer le nouvel effet de la feuille, mais je décidai que ce n’était pas le bon moment. J’avais besoin d’être dans un environnement plus sûr pour le faire.
« Je vérifierai quand je serai de retour dans mes dortoirs à Haven. »
Qui savait quel genre d’effet secondaire la nouvelle capacité avait ?
« Tu te détends ? »
« … ! »
Je me précipitai vers l’avant, d’où provenait la voix.
Elle était assise sur la chaise en bois près du bureau de la pièce, et ses yeux noirs comme de l’encre étaient rivés sur moi.
Me léchant les lèvres, je pris quelques respirations pour me calmer avant d’affronter le regard de Delilah.
‘Quand est-elle arrivée ?’
Non, plutôt…
« N’ai-je pas d’intimité ? »
« D’intimité ? »
« Oui… »
Je regardai autour de moi, d’un air entendu. J’essayais de lui faire comprendre que c’était ma chambre et tout ça.
« … ? »
Mais voyant qu’elle ne semblait toujours pas comprendre le message, j’abandonnai.
« Ça fait un moment. »
Je la saluai en premier.
« Ça fait un moment… ? »
Delilah pencha la tête et ses yeux s’aiguisèrent. À ce moment-là, j’eus envie de me gifler pour cette erreur soudaine……
Quelques minutes seulement devaient s’être écoulées depuis que quelque chose nous était arrivé. Entre-temps, cela ne faisait qu’un jour que nous avions quitté l’Académie.
C’était un fait qu’elle ne comprenait que trop bien.
« C’est juste une façon de parler. »
J’essayai de jouer la comédie, mais cela ne fonctionna pas.
Ses yeux ne me le permettaient pas.
« As-tu des souvenirs de l’incident ? »
« …. »
Je ne répondis pas.
Je pensai mentir, mais en fixant ses yeux profonds et perçants, je ressentis soudain un sentiment de terreur écrasant.
C’était comme si son regard pouvait me transpercer, enlevant chaque couche de déception. Le poids de son regard me donnait l’impression de m’enfoncer dans les profondeurs de la terre, englouti par la terre elle-même.
C’est alors que j’ai abandonné cette idée.
« Eh bien… ? »
« Oui. »
Finalement, j’ai fini par lui dire la vérité.
‘Ça ne devrait pas me faire de mal de toute façon.’
Elle était de mon côté.
Du moins, pour l’instant….
Et en même temps, je pouvais l’utiliser pour trouver le véritable coupable derrière tout ça.
Pour cette raison, j’ai commencé à raconter tout ce qui s’était passé dans l’illusion jusqu’à la toute fin.
Pour des raisons évidentes, j’ai omis la partie sur « Hibou-Tout-Puissant » et je lui ai juste révélé que j’avais trouvé la page et que j’avais pu effacer toute l’illusion, libérant ainsi tout le monde de l’emprise d’Hibou-Tout-Puissant.
« C’est à peu près tout. »
Une fois que j’eus fini de raconter mon histoire, Delilah me regarda un bref instant. Elle semblait essayer de déterminer si je mentais ou non.
Mais je n’étais pas inquiet.
Mon histoire correspondait à toutes les informations disponibles sur l’Arbre d’épineébène.
Comme prévu, après quelques secondes longues et angoissantes, elle détourna son regard de moi et hocha la tête.
« Tu pourrais recevoir beaucoup de récompenses si tu révélais ce qui s’est passé. Es-tu sûr de ne pas vouloir le faire ? Si tu le souhaites, je peux essayer de t’obtenir une récompense adéquate. »
« … C’est bon. »
J’avais déjà reçu une récompense adéquate dans l’os d’arbre.
De plus, les choses allaient certainement devenir extrêmement problématiques à l’avenir si la vérité était révélée.
« Je ne te forcerai pas. »
Dalilah se leva de la chaise en bois. Je pensais qu’elle allait quitter la pièce directement lorsqu’elle se tourna vers moi.
Ses yeux noirs et profonds me transpercèrent lorsqu’elle parla.
« Tu dois cacher ta force correctement. »
« Hein ? Qu… »
« En seulement un jour, tu as pu améliorer tellement ta force. Beaucoup trouveront cela suspect. »
« … »
La prise de conscience me frappa comme un camion.
Je savais exactement de quoi elle parlait, et j’y avais réfléchi auparavant, mais son apparition soudaine m’avait empêché de me préparer correctement.
Mais, oui.
Mon soudain regain de force était certainement suspect.
J’avais essayé de me creuser la tête sur la question, mais j’avais été trop occupé pour y réfléchir correctement.
Son avertissement m’a servi de réveil.
« Tu devrais être content que tout le monde ne puisse pas voir à travers ta force comme moi, mais la plupart des chefs de poste le peuvent. Fais attention à ça. »
« …. »
Que pouvais-je même dire ?
En fin de compte, je ne pouvais que hocher la tête en réponse à ses paroles.
« Viens me trouver quand nous arriverons à l’Académie. Il y a quelque chose dont j’aimerais te parler. »
Elle disparut peu de temps après.
Mes pensées continuaient de s’attarder sur ses derniers mots.
‘Quelque chose dont elle aimerait me parler… ?’
Je sentis mes yeux s’écarquiller légèrement alors que je prenais conscience de la situation.
« Ça ne peut pas être à propos de ça, n’est-ce pas ? »
Une étrange excitation monta en moi à cette pensée.
Les récompenses au sujet desquelles j’avais posé des questions auparavant…
Étaient-ils d’accord ?
***
« …. »
Leon regarda fixement la ville devant lui.
Elle était vide, et il n’y avait presque personne dans les rues. Malgré cela, l’image actuelle se superposait à celle de ses souvenirs. Mais contrairement à ses souvenirs, le monde était entièrement rouge.
À la fin…
« Je suis mort. »
C’était peut-être une illusion, mais c’était indéniable.
Il était « mort » en vain….
Bien qu’il comprenne la raison de son échec, il n’en a jamais tenu Julien pour responsable. S’il était vrai que la raison pour laquelle il était « mort » était due aux effets secondaires de la Magie Émotive de Julien, en fin de compte, tout était dû à son manque de compétences.
« Que dois-je faire… ? »
Le sentiment qu’il éprouvait actuellement était terrible.
C’était difficile à décrire……
Mais c’était comme si des mains le traînaient dans des sables mouvants, ne le lâchant pas jusqu’à ce qu’il soit complètement étouffé.
C’était un sentiment que Leon détestait.
‘Ce sentiment d’impuissance…’
Il serra silencieusement le poing et prit une profonde inspiration.
Se penchant en arrière pour regarder le ciel, il ferma les yeux un bref instant avant de se lever enfin et de dépoussiérer ses vêtements.
« Bon. »
Il était inutile de pleurer sur le lait renversé.
Il devait juste être meilleur.
Tournant la tête vers l’entrée du logement, Leon fronça légèrement les lèvres.
Il était vraiment…
Un gars incroyable.
« … »
Cette pensée ne dura cependant qu’un bref instant.
Se massant l’arrière de la tête, il se souvint d’une certaine scène et fronça les sourcils.
Laisse tomber.
J’emmerde ce gars.
***
Deux jours.
C’est le temps qu’il a fallu pour que toutes les personnes impliquées soient interrogées et innocentées.
Finalement, la décision a été prise de laisser tout le monde retourner d’où il venait, le poste de ravitaillement étant temporairement fermé dans l’espoir de trouver le coupable de l’incident.
C’est tout ce que je savais de la situation.
« Tout le monde, veuillez vous mettre en rang avec précaution. Veuillez vous mettre en rang avec précaution ! Nous avons besoin d’un ordre correct ou nous ne pourrons pas vous escorter jusqu’à la sortie ! »
Je faisais la queue pour sortir de la Dimension Miroir. Enfin, cet échange épuisant prit fin.
« Plus jamais. »
Au moins pendant un bon moment, je n’avais pas l’intention de sortir de l’Académie.
J’étais sorti environ trois fois, et à chaque fois, je faisais face à une sorte de problème. C’était tout. Pendant au moins un mois ou deux, je n’avais pas l’intention de quitter l’Académie.
Espérons…
Je savais que ma réalité était bien plus triste que cela.
Il y avait forcément un événement qui allait me forcer à quitter l’Académie.
Ce n’était même pas un drapeau rouge, mais juste un fait.
Un triste fait qui reflétait l’état actuel de ma vie.
‘Je veux des vacances.’
Ou du moins, un peu de temps seul pour moi où je pourrais me concentrer uniquement sur l’entraînement.
« Hein ? »
Sentant quelques regards, je tournai la tête et fus surpris de voir Aoife et Kiera me fixer. Nos regards se croisèrent brièvement, mais elles détournèrent rapidement les yeux.
Leur comportement me déconcerta.
Mais pourquoi diable…
« Je me demande à quoi ressemble le monde extérieur. »
« … ! »
Surpris, je regardai vers mon épaule.
Là, Hibou-Tout-Puissant se tenait fièrement, le regard fixé devant lui.
« Ah. »
Je finis par comprendre.
La raison pour laquelle on me regardait fixement.
« Que fais-tu ? Pourquoi es-tu dehors… ? »
Je chuchotai doucement pour m’assurer que personne ne m’entendrait.
Le fait qu’un hibou soit sur mon épaule était déjà bizarre. S’ils apprenaient qu’il pouvait parler… ?
« Tu devrais savoir que tu ne devrais pas être dehors. »
« Pourquoi pas ? »
« C’est… »
« Il n’y a pas lieu de s’inquiéter, humain. Je ne suis pas mon corps principal. Personne ne le découvrira jamais. Pas même cette femme effrayante que tu as rencontrée avant. Ils supposeront simplement que je suis un hibou spirituel ordinaire. »
Une femme effrayante ?
Parlait-il de Dalilah ?
« Hmm. »
En y réfléchissant, elle était effrayante, mais en même temps, je ne pouvais pas vraiment la prendre au sérieux.
Peut-être était-ce parce que je l’avais vue sous sa forme plus petite, mais elle ne m’avait jamais vraiment semblé effrayante.
Pour Hibou-Tout-Puissant, elle avait l’air effrayante, et c’était probablement la même chose pour ceux qui ne la connaissaient pas bien, mais elle était vraiment tout sauf effrayante.
Quoi qu’il en soit, je n’avais pas le temps de m’attarder là-dessus.
« Viens par ici. »
C’était à mon tour de quitter la Faille.
Arrivé avant lui, je regardai le garde et attendis son signal. Le garde fixa Hibou-Tout-Puissant un bref instant avant de détourner les yeux et de me donner le feu vert.
Faisant un léger signe de tête, je franchis le portail.
Enfin….
C’était enfin terminé.