Chapitre 926 – Daos et outils !

Meng Hao prit une profonde inspiration et gravit le sommet de la montagne.
À son arrivée, il aperçut un vieil homme en robe blanche, entouré d’un brouillard tourbillonnant. Il se tenait là, dos à Meng Hao. Lorsque celui-ci s’approcha, l’homme se tourna et lui adressa un sourire.

Les yeux de Meng Hao s’écarquillèrent aussitôt.

Le sentiment qu’il éprouva en voyant ce vieil homme était presque identique à celui qu’il avait ressenti face à Pill Demon !

En réalité, c’était troublant de similitude. Même si leurs traits physiques différaient, l’énergie qui émanait d’eux semblait pratiquement la même.

Debout au milieu des brumes, Meng Hao avait presque l’impression de contempler son maître.

Tous deux portaient des robes blanches et de longs cheveux argentés. Tous deux étaient âgés, baignaient dans un parfum médicinal et dégageaient une bienveillance mêlée d’une pointe d’impatience.

Le vieil homme fixa Meng Hao et déclara :
— Fang Hao, réussir à concocter la Pilule de l’Esprit Solaire du Palais Céleste, surtout en dehors de toute période précise liée à sa formule, prouve que ton Dao de l’alchimie a déjà atteint son sommet.

À ces mots, Meng Hao comprit que la rumeur affirmant que Pill Elder ne pouvait pas préparer les trois pilules médicinales sacrées était probablement fausse.

La clé de la Pilule de l’Esprit Solaire résidait dans le fait qu’il n’existait « ni moment ni heure spécifiques » pour la préparer. Le simple fait que Pill Elder mentionne cet aspect montrait qu’il en maîtrisait parfaitement les secrets.

Meng Hao réfléchit un instant. Le bourdonnement des Licornes Immortelles emplissait ses oreilles : parfois toutes à la fois, formant un grondement assourdissant ; parfois seulement quelques-unes, produisant un son plus diffus, mais continu.

— Fang Hao, regarde là-bas et dis-moi ce que tu vois, dit Pill Elder en désignant les nombreux sommets couronnés de nuages.

À cet instant, Meng Hao réalisa que son cœur s’était apaisé dès qu’il avait posé les yeux sur Pill Elder. Une étrange sérénité s’était emparée de lui.
Il se sentait libre, détendu… comme si écouter cet homme le plongeait dans un état hors du commun.

Sans répondre directement, il demanda :
— Ancien des Pilules, puis-je savoir ce que vous voyez, ou ce que vous souhaiteriez que je voie ?

Pill Elder rit de cette réponse subtile, sans s’en offenser. Il semblait même l’approuver.

— Je vois des montagnes et des nuages, répondit-il. Je vois les cultivateurs de la Division du Dao de l’Alchimie, et le monde qui nous appartient.
Il soupira longuement.

Meng Hao resta silencieux, cherchant le sens caché derrière ces paroles.

— Ces objets sont des outils, reprit Pill Elder. Tangibles ou intangibles, visibles ou invisibles. Ce sont les outils du Dao de la Division Alchimique… ou peut-être son incarnation physique.
Il y a trente mille ans, notre Dao de l’Alchimie connut son âge d’or. Dao et outils étaient unis, indissociables… Mais de nombreux patriarches entrèrent en méditation éternelle. Les derniers d’entre eux trahirent notre héritage et fondèrent la Secte de la Médecine Immortelle.
Puis les théories d’autres Daos d’alchimie venues du monde extérieur nous assaillirent. Nos outils furent détruits.

Des générations d’alchimistes se sont efforcées de retrouver cette grandeur passée. Mais… leur Dao avait oublié nos outils, influencé par des philosophies étrangères.
C’était un Dao sans âme.
Comme une coquille vide.

Le Dao de l’Alchimie du Clan Fang errait tel un rêve creux, frappé par trop d’influences extérieures. Il ne possédait plus d’âme et cherchait en vain dans les idées du dehors ce qu’il avait perdu.
Si les choses continuent ainsi, il se dissipera dans l’oubli.

Daos et outils doivent être unis. Retrouver notre Dao et nos outils, c’est restaurer notre apogée. Voilà le seul chemin pour redonner à notre Division sa place légitime.

Et ainsi… les trois pilules médicinales sacrées.

— Tu comprends ? demanda-t-il en plongeant son regard dans celui de Meng Hao, comme pour sonder son âme.

Après un long silence, Meng Hao hocha la tête.
— Je crois saisir une partie de ce que vous voulez dire, Senior. Les outils peuvent être tangibles ou intangibles. La Division du Dao de l’Alchimie les a utilisés pendant des siècles, jusqu’à leur donner une âme. Si cette âme ne retourne pas dans le corps, la Division sombrera dans l’ignorance.

Pill Elder ne répondit pas.

— Cependant, ajouta Meng Hao, n’est-il pas inévitable, pour qui comprend le Dao, d’absorber diverses écoles de pensée afin de former le sien ?

— S’imprégner d’autres courants pour affermir son Dao est juste, répondit Pill Elder. Mais cela suppose que l’on possède déjà un Dao. Sinon… ce sont ces courants qui t’absorberont.

Les outils sont comme une maison. Le Dao est le cœur. Quand les deux sont unis, le cœur trouve son foyer.
Fang Hao… comprends-tu vraiment ?

Il marqua une pause avant de reprendre :
— J’ai entendu dire que le Grand Ancien t’a remis deux Fruits du Nirvana.

À cet instant, les Licornes Immortelles bourdonnèrent si fort que Meng Hao ne les entendit que parce qu’il se trouvait tout près de Pill Elder.

Pill Elder agita la main. Un sac spirituel vola jusqu’à Meng Hao.
— Voici les récompenses pour la Pilule de l’Esprit Solaire du Palais Céleste, hors Trésor Immortel. Réfléchis à ce que tu veux pour ce trésor, et je le ferai forger.

Meng Hao trembla intérieurement. Les paroles précédentes du vieil homme lui revinrent en mémoire. Y avait-il un lien avec ses Fruits du Nirvana ? Peut-être cachaient-ils encore des secrets…

Finalement, il dit :
— Senior, je n’ai pas besoin de trésor immortel. Puis-je l’échanger contre autre chose ?

Pill Elder esquissa un sourire :
— Et contre quoi donc ?

— Eh bien… murmura Meng Hao, un peu audacieux, j’ai toujours trouvé vos Licornes Immortelles fascinantes. Pourriez-vous m’enseigner un peu le Dao des insectes ?

— Oh ? répondit Pill Elder, amusé. Ces Licornes possèdent le pouvoir d’Éveil Ancestral. Je les ai élevées pendant des années. Le Dao des insectes est un art secret : même au sein du clan, il faut passer une évaluation pour y accéder.

Les yeux de Meng Hao brillèrent. Pill Elder ne l’avait pas refusé… Depuis son retour des Ruines de l’Immortalité, il rêvait de manier un essaim destructeur comme celui qu’il avait vu là-bas.

— Senior, vous savez… je suis un cultivateur à l’ancienne. Je n’aime pas dépendre d’armes extérieures. Les objets magiques affaiblissent. Mais le Dao des insectes… c’est un art, un talent, un Dao.
Je ne veux pas d’armes. Je cherche le Dao.

Pill Elder l’observa longuement, puis fit apparaître une feuille de jade verte, gravée d’une Licorne farouche d’un côté, et d’une Licorne paisible de l’autre.
— Voici le premier des trois volumes du Dao des insectes. Si tu as le talent, je t’enseignerai la suite.
Dans ce sac se trouve aussi un médaillon : en préparant cette pilule, tu es devenu un alchimiste de niveau 8, avec le rang d’Ancien. Tu peux choisir librement ta montagne dans les Montagnes Intérieures.

Sur ce, il agita sa manche. Un vent doux enveloppa Meng Hao, et lorsqu’il recouvra la vue, il était déjà loin.

Meng Hao se retourna, contempla le sommet central, salua, puis repartit.
Sur son chemin, de nombreux alchimistes le croisèrent et l’accueillirent avec respect. La nouvelle de son exploit s’était répandue dans tout le clan Fang.

Alors qu’il quittait les Montagnes Intérieures, il s’arrêta brusquement. Une montagne verte, couronnée de neige et de nuages, attira son regard.
Soudain, un cri perçant retentit depuis la brume… le cri d’un paon. Puis une vieille femme rugit :
— Espèce de chien ! Viens te battre, je vais te transformer en pilule !

Et la voix hautaine d’un perroquet répliqua :
— Vieille sorcière, le Seigneur Cinquième dominait déjà le Jianghu avant ta naissance ! Et tu sais qui est mon maître ? Fang Hao !