Auteur : Entrail_Jl
Traductrice : Moonkissed
Les fils présentaient des inconvénients.
L’un d’eux était que si l’on y prêtait suffisamment attention, on pouvait savoir exactement où ils se trouvaient.
C’était particulièrement vrai lorsque je combinais [Mains de Maladie] avec Tissage d’Éther. Dès que je combinais les deux, il était presque certain qu’on détecterait les fils. Du moins, pour les mages. Ceux qui se spécialisaient dans [Corps] étaient moins sensibles au mana environnant.
C’est pourquoi j’ai trouvé une meilleure façon de les utiliser.
« … »
Je fixai ma main.
Quatre fils flottaient. Mon attention se porta sur un fil dont la pointe était violette.
« … Distraction. »
En effet, comme il était plus facile de détecter les fils qui étaient reliés aux [Mains de maladie], j’en utilisai un comme distraction pendant que je connectais les autres fils.
Le temps qu’il réalise que quelque chose n’allait pas, il était déjà trop tard.
« … »
Fixant le corps gisant sous moi, je fermai les yeux un bref instant.
Je savourai la scène dont j’avais été témoin.
Lorsque je le fis, tout mon corps trembla légèrement. Ma poitrine me démangeait et je commençai à ébouriffer mes cheveux.
« Haa… »
Lorsque j’ouvris à nouveau les yeux, le monde autour de moi changea un peu.
Je ne pouvais pas dire de combien, mais c’était certainement différent. Malgré cela, je ne pouvais pas y prêter beaucoup d’attention.
Il y avait des choses que je devais faire.
Fixant la relique en ma possession, j’ai jeté un nouveau coup d’œil au fil relié à mes pieds avant d’enfiler une nouvelle capuche et de m’enfoncer plus profondément dans le donjon.
Tuer…
Ma poitrine tremblait légèrement.
« Ah. »
Il y avait beaucoup de morts à faire.
***
——Quelques instants après que l’équipe [Julien et ses acolytes] ait rencontré le personnage encapuchonné.
La diffusion de l’événement se déroulait sans accroc. Tout le monde pouvant regarder le streaming depuis chez soi ou dans le stade, l’excitation était à son comble.
Tout se passait bien, jusqu’à ce que…
« Que se passe-t-il ? »
Certains téléspectateurs avaient remarqué qu’une certaine émission avait été coupée.
« … Est-ce juste moi ou je ne peux pas suivre [Julien et ses acolytes] ? »
S’il était impossible de suivre individuellement chaque cadet, puisque les seuls à avoir ce privilège étaient les chanceliers, il y avait quelques exceptions.
Les exceptions étaient les équipes dont les diffuseurs savaient qu’elles pouvaient attirer un grand nombre de téléspectateurs.
L’une de ces équipes était [Julien et ses acolytes].
Compte tenu de ce qui s’était passé auparavant avec les interviews, ils suscitaient beaucoup d’intérêt. C’est pourquoi on leur avait attribué une chaîne spéciale que l’on pouvait suivre.
Bien que l’émission n’ait pas été très intéressante en raison de sa lenteur, les gens la regardaient quand même.
Si ce n’était pas pour leur talent, c’était pour leurs plaisanteries.
— Hé, Kiera. Hé, Kiera… Kieraa~
— Putain !!! Ferme ta gueule une seconde. J’essaie de me concentrer là.
— Non, mais… Je me demandais.
— Quoi ?
— Est-ce que tu as des couilles ?
— ….
Surtout entre Josephine et Kiera qui finissaient par se chamailler toutes les deux minutes. C’était suffisamment divertissant pour maintenir l’intérêt de la foule.
Mais…
Quinze minutes après le début de leur plongeon, leur émission s’est arrêtée.
C’était une situation particulière.
Une situation qui n’a pas échappé à de nombreux téléspectateurs qui ont commencé à se plaindre à la fois à Haven et aux stations de radiodiffusion.
« Que se passe-t-il ? Pourquoi l’émission s’est-elle arrêtée ? »
« C’était sur le point de devenir intéressant aussi ! »
« Est-ce parce que le nombre de téléspectateurs diminuait ? Ah ! Je regardais encore ! »
[Nous rencontrons des difficultés techniques, ce qui provoque l’interruption inattendue de la diffusion. Notre équipe travaille activement à résoudre le problème afin de rétablir le service. Nous vous remercions de votre patience pendant cette période.]
Telle fut la réponse de la station de radiodiffusion lorsqu’elle contacta Haven pour obtenir des réponses. Malheureusement, la seule réponse qu’elle obtint fut un simple « Nous ne savons pas ».
Dans une pièce bien décorée.
« … Nous avons reçu une autre plainte. Cette fois, elle provient d’un autre chancelier. »
Une femme grande et mince, aux longs cheveux noirs et portant des lunettes, s’approcha de l’homme assis derrière son bureau. Il arborait un gant noir alors qu’il feuilletait nonchalamment les pages de son livre.
Flip…
« … »
Pendant un bref instant, le silence régna dans la pièce, le seul son qui résonnait étant celui des pages tournées.
Mais peu à peu, Atlas leva la tête pour répondre.
« Dis-lui que nous travaillons à résoudre la situation. Certains des appareils d’enregistrement sont défectueux. Je suis sûr qu’ils comprendront étant donné que plusieurs sont en panne en même temps. »
« Je l’ai déjà fait. Ils ne sont pas satisfaits de la réponse. »
« Alors tu peux leur dire de venir me voir personnellement s’ils ont des problèmes. »
« … Compris. »
Après s’être légèrement inclinée, la femme quitta la pièce.
Atlas fixa son regard sur la porte pendant quelques instants, puis ajusta son gant avant de tourner la page.
Flip
Tout en le faisant, il parla avec désinvolture.
« Alors, toujours pas de nouvelles de Phecda ? »
— Non.
Une voix répondit depuis l’orbe placé à côté de lui.
« … »
Sans rien dire, Atlas tourna la page suivante. Alors que ses yeux parcouraient les mots du livre qu’il lisait, il détourna le regard.
« … Donc pas de nouvelles. »
Alors qu’il avait été convenu que Phecda rencontrerait un autre membre, le dérangement n’aurait pas dû durer plus de quelques minutes. Il était prévu qu’il reprenne l’émission peu après.
C’est pour cette raison qu’il avait choisi un membre assez puissant. Pour que les choses soient faites rapidement.
À ce stade, son émission aurait déjà dû être réparée….
Et pourtant, ce n’était pas le cas.
« Quelque chose s’est mal passé. »
Mais où… ?
Serait-il possible que Phecda se soit débarrassé de Giel ?
« Non, c’est peu probable… »
Phecda était fort, mais Giel était plus fort. Cela étant dit, ce n’était pas impossible.
« Peut-être a-t-il décidé de ne pas activer le flux. Hmm, en effet. Maintenant qu’il a la carte et la relique, il ne veut peut-être pas être suivi par l’appareil d’enregistrement. Cela pourrait paraître suspect aux yeux du public et d’elle. »
C’était une explication possible de la situation.
Bien sûr, ce n’était qu’une explication que Atlas avait trouvée sur le moment. Qui savait quelle était la vraie réponse ?
« … Phecda mis à part, tout se passe-t-il bien ? »
— Oui, pour l’instant, il n’y a pas d’irrégularités. Delilah a fait son mouvement. Elle est actuellement contenue par le Siège sous la Genèse.
« Ah, Aziel. »
Dans Ciel Inversé, il y avait les Hauts-Sièges et les Bas-Sièges.
Les Bas-Sièges étaient généralement des individus qui avaient les capacités de devenir un Haut-Siège.
Pour devenir un Haut-Siège, il fallait soit vaincre un Haut-Siège, soit devenir son disciple, pour éventuellement prendre sa place.
Aziel était le disciple du Siège de la Genèse.
Pour cette raison, son nom au sein de l’organisation était le « Siège sous la Genèse ».
Dans le cas d’Atlas, il était le Siège de l’Aurore.
Contrairement au Siège de la Genèse, il n’avait pas de disciple ou de successeur désigné. Il n’y avait pas encore eu quelqu’un qui ait pu attirer son attention.
Cela dit, personne n’était intéressé par la prise de son siège par la force. Son pouvoir… C’était juste si intimidant.
Fip…
Il tourna la page suivante de son livre.
« … Combien de temps penses-tu qu’il pourra tenir ? Même si c’est sa spécialité, il ne pourra pas contenir Delilah longtemps. »
— Nous estimons qu’il lui reste environ cinq heures. Compte tenu du fait qu’elle ne veut pas envenimer la situation étant donné le grand nombre de spectateurs et d’invités, elle va probablement se retenir un peu. Trois heures se sont déjà écoulées. Il devrait être proche de ses limites.
« Cinq heures ? C’est mieux que ce à quoi je m’attendais… Je suppose que je peux comprendre pourquoi il est un Siège potentiellement élevé. Mais même ainsi, c’est plus long que je ne le pensais. Même moi, je n’ai pas la confiance nécessaire pour retenir cette femme aussi longtemps. »
— Il n’y a pas lieu de s’inquiéter à ce sujet. Le Siège situé sous la Genèse n’est pas le seul que nous avons envoyé.
« Oh, vraiment ? »
Eh bien, ça avait beaucoup plus de sens.
« Qu… »
— Hum… ?
Un bruit soudain interrompit les paroles d’Atlas alors qu’il regardait l’orbe.
« Quelque chose ne va pas ? »
— Oui.
La réponse arriva après quelques secondes.
Juste au moment où Atlas allait demander ce qui s’était passé, la voix le devança.
— Plusieurs membres n’ont pas bougé depuis plusieurs heures. Quelque chose s’est passé.
***
« Huu… Haaa… »
Après des heures de recherche de Julien, Kiera, Josephine, Luxon et Anders étaient à bout de souffle lorsqu’ils tournèrent un autre coin du Labyrinthe. Depuis combien de temps couraient-ils ?
« Combien de temps devons-nous continuer à courir pour… ? »
« Ha, putain. Je ne sais pas… ! Je suis juste le putain de fil. Ah putain ! »
Jurant à voix haute, Kiera voulait frapper Josephine à la tête, mais elle se retrouva incapable de faire grand-chose d’autre que de jurer.
Elle était épuisée.
Elle n’était pas la seule, tout le monde était épuisé. Ils couraient depuis aussi longtemps qu’ils s’en souvenaient, et juste au moment où elle pensait qu’ils étaient sur le point de le trouver, ils étaient déçus de voir qu’il était toujours introuvable.
« … Économiser… Haa… des conneries d’énergie. »
Au rythme où ils allaient, ils n’auraient probablement même pas l’énergie de toucher le Boss.
« Conneries… ! »
Bien qu’elle se plaignait beaucoup, Kiera continuait à suivre le fil.
Pour une raison quelconque, elle croyait que Julien les attendait. C’était une pensée folle. Une pensée pour laquelle elle s’était fait du mal pendant tout ce temps.
« Haa… »
Ils venaient de tourner un coin et étaient sur le point de s’enfoncer plus profondément quand tout à coup, ils s’arrêtèrent.
« Haa… Haaa… »
Une silhouette se tenait au milieu du couloir.
C’était une silhouette familière.
« Toi… »
La silhouette qu’ils poursuivaient depuis le début.
« F-finalement… » s’exclama Josephine en s’appuyant contre le mur, épuisée.
« Tu vas bien… ? »
« Que t’est-il arrivé… ? »
Alors que l’autre posait la question, il resta immobile. Aux yeux de Kiera, il semblait un peu déconnecté. Outre le fait qu’il était seul et qu’il n’y avait aucun personnage encapuchonné en vue, son expression était également un peu étrange.
« Non, ce n’est pas son expression. »
C’était ses yeux.
Ils continuaient à clignoter. Et subtilement, Kiera pouvait également voir son expression changer.
« Qu’est-ce que… »
Kiera ne pouvait pas l’expliquer, mais c’était effrayant. Le fixant du regard, elle sentit tous les poils de son corps se dresser.
« Pourquoi… ? »
Pourquoi la scène lui semblait-elle si familière ?
Ce n’était pas la première fois qu’elle le voyait faire quelque chose comme ça. En fait, c’était la deuxième fois.
Et le voir une fois de plus lui fit frissonner.
« … Pourquoi a-t-il l’air d’être une personne complètement différente ? »
Du point de vue de Kiera, de son comportement à son regard et à ses expressions, il semblait qu’une personne complètement étrangère se tenait devant elle. Une personne qui était le contraire du Julien qu’elle connaissait.
En clignant des yeux, son expression changea à nouveau.
Tout comme son comportement.
« …. »
Une fois de plus, Kiera vit une personne différente.
Il cligna des yeux à nouveau.
Son expression changea à nouveau. Tout comme son comportement.
Trois clignements, trois personnes.
« Dingue. »
Non, effrayant.
« Julien… ? »
Tout cela finit par s’arrêter jusqu’à ce que Josephine l’appelle. Clignant à nouveau des yeux, il tourna la tête et Kiera croisa son regard.
Une fois de plus, Kiera se retrouva incapable d’associer le Julien qu’elle connaissait à celui qui se tenait devant elle.
Devant elle se tenait un inconnu dont elle ne savait rien.
Cependant, cela changea rapidement après qu’il eut cligné à nouveau des yeux, et que son regard revint à celui qui lui était familier.
« … Vous êtes là. »
Sa voix était plutôt rauque.
Cependant, comme s’il s’en était aperçu, il se massait la gorge avant de regarder au loin.
« Nous n’avons pas beaucoup de temps. Nous devrions y aller. »
« Euh… ? »
« Quoi ? Que veux-tu dire par « nous devrions y aller » ? »
Devant les voix stupéfaites de Josephine et de Luxon, Julien les regarda brièvement avant de se masser la nuque.
« Le Boss. Nous sommes proches. »
